Vie et oeuvre d'Eugène Petitcolin

100 Pages·2010·4.64 MB·French

ÉCOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT
Année 2010
VIE ET ŒUVRE D’EUGENE PETITCOLIN,
PREPARATEUR D’ANATOMIE A L’ECOLE
VETERINAIRE D’ALFORT
DE 1882 A 1922

THESE
Pour le
DOCTORAT VETERINAIRE
Présentée et soutenue publiquement devant
LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL
le……………

par
Julien LOPEZ-JUGANT
Né le 25 avril 1981 à Bonneville (Haute-Savoie)

JURY

Président : M.
Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL

Membres
Directeur : Mr Christophe DEGUEURCE
Professeur à l’ENVA
Assesseur : Mr Bernard TOMA
Directeur honoraire de l’ENVA

REMERCIEMENTS

Au Professeur de la Faculté de Médecine de Créteil,
Qui nous a fait l’honneur de présider notre jury,
Hommage respectueux.

A Monsieur Christophe Degueurce
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort,
Conservateur du Musée Fragonard,
Qui nous a fait l’honneur de diriger cette thèse,
Pour ses conseils, son aide précieuse et sa disponibilité,
Sincères et profonds remerciements.

A Monsieur Bernard Toma
Directeur honoraire de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort,
Pour sa participation à notre jury de thèse,
Sincères remerciements.
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION...............................................................................................................................3
I. La vie d’Eugène Petitcolin...........................................................................................................4
A. Les origines d’Eugène Petitcolin.............................................................................................4
1. Des origines vosgiennes.......................................................................................................4
2. Son arrivée à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort...........................................................................5
3. La recherche des descendants..............................................................................................9
B. La carrière d’Eugène Petitcolin à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort.............................................11
1. Des débuts de carrière modestes........................................................................................11
2. Des années « fastes » : de 1883 à 1911..............................................................................11
3. La fin de carrière d’Eugène Petitcolin...............................................................................12
II. L’œuvre d’Eugène Petitcolin.....................................................................................................14
A. L’analyse quantitative de son héritage...................................................................................14
1. Le recensement des œuvres de Petitcolin..........................................................................14
2. La provenance de son œuvre..............................................................................................16
3. Une œuvre prolifique.........................................................................................................17
B. L’analyse qualitative de son œuvre en quelques images.......................................................18
1. Un moulage impressionnant : la myologie superficielle du chien.....................................18
2. Un chef-d'oeuvre de mise en couleurs : la peinture de l’écorché de cheval......................19
3. Les coupes transversales de la jambe du boeuf et du cheval.............................................20
4. Les moulages de lésions de morve.....................................................................................21
5. Les pièces osseuses colorées..............................................................................................24
6. Les montages ostéologiques...............................................................................................26
7. Le moulage des muscles de bras et de la main du cheval..................................................28
8. Un exemple de moulage de viscère : le caecum du cheval................................................29
9. Le moulage du cœur de porc..............................................................................................30
10. Dissection séchée de trachée et poumons de cheval......................................................31
11. Injections veineuses du membre thoracique du cheval..................................................32
12. La collection des encéphales..........................................................................................33
13. Les moulages d’oreilles internes de chevaux et de dromadaire.....................................36
C. L’apport des œuvres de Petitcolin aux collections du Musée................................................39
1. Le moulage dans les collections du Musée : étude historique...........................................39
a) Etat des collections en 1794...........................................................................................39
b) Etat des collections en 1870...........................................................................................40
2. Les principaux contributeurs aux collections du Musée....................................................42
a) Les Ecorchés d’Honoré Fragonard (1732 – 1799).........................................................42
b) Les sculptures de Jacques-Nicolas Brunot (1763 – 1836).............................................44
c) Les moulages d’André Richir (1882 – 1962).................................................................47
D. Les méthodes de travail de Petitcolin....................................................................................48
1. Le choix des matériaux......................................................................................................48
2. La céroplastie.....................................................................................................................52
a) La céroplastie et la représentation anatomique avant 1882 (19)....................................52
b) L’utilisation de la cire par Eugène Petitcolin.................................................................55
3. Les squelettes et préparations osseuses..............................................................................55
4. Le moulage d’après nature en plâtre..................................................................................57
a) Les moulages d’après nature en plâtre en 1882 (7,8)....................................................57
b) L’utilisation du plâtre par Eugène Petitcolin.................................................................59
CONCLUSION..................................................................................................................................67
ANNEXE...........................................................................................................................................69
III. BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................................93
INTRODUCTION

Véritable cabinet de curiosités moderne, le Musée de l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort a été une
entité créée dès 1766, à la naissance de l’Ecole. Il est à la fois un lieu au charme désuet et un pôle
scientifique et culturel toujours d’actualité. L’austérité apparente du lieu ne peut faire oublier les trésors
qu’il préserve : des collections uniques, tant par leur originalité que par leur esthétisme, dédiées à
l’étude et la contemplation du monde animal et de sa diversité.

Plus de 7000 pièces anatomiques confèrent au Musée un éclectisme rare sans toutefois sombrer dans le
désordre. En effet, malgré les nombreuses restructurations ou fermetures au cours de son existence, le
Musée de l’Ecole offre au visiteur une collection particulière, constante et imposante : de nombreux
moulages à cadre noir, des centaines de pièces osseuses éclatent sur les grands murs blancs des vitrines,
des dizaines de créations en cire cernées de linge blanc.

Ces œuvres offrent des similarités confondantes au milieu de l’hétérogénéité des objets exposés, tant
dans leur exécution que dans leur esthétique. Le visiteur attentif pourra y retrouver, gravée dans le plâtre
ou écrite dans le bois, une signature récurrente : les initiales « E.P. » ou le nom « E. Petitcolin ». Elles
marquent la paternité de ces centaines d’œuvres qui ne sauront passer inaperçues.
Pourtant leur auteur subit l’anonymat depuis près d’un siècle : rarement mis en lumière sur la scène
artistique et peu commémoré depuis son décès, Eugène Petitcolin ne marquera le monde des arts et celui
de la science que par cet immense héritage. A ce jour, il est pour chaque visiteur un travailleur acharné
sans visage.
Au cours de cette étude, nous tâcherons de donner corps à ce formidable artiste dont la vie a été laissée
dans l’ombre depuis tant d’années. Ce travail d’investigation sera poursuivi et éclairé par l’examen
attentif de son œuvre afin de révéler les caractères artistiques et techniques qui pourront réhabiliter
Eugène Petitcolin au rang de véritable artiste mouleur.

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I. La vie d’Eugène Petitcolin
A. Les origines d’Eugène Petitcolin
1. Des origines vosgiennes

Joseph Eugène Petitcolin, Eugène de son prénom d’usage, est né le 3 janvier 1855 à Colroy-La-
Grande, un petit village de Lorraine, à proximité des Vosges (cf. figure 1).
Ses origines sont modestes : un père cabaretier, Jean-Baptiste Petitcolin né en 1824, époux de Marie
Aubert elle-même née en 1815, sont les uniques ascendants connus d’Eugène. Seul son acte de
naissance nous renseigne sur ses parents, peu d’autres documents nous étant parvenus.
Figure 1: Acte de naissance d’E. Petitcolin, Extrait des minutes des actes de naissance de la commune
de Saint-Dié (année 1855)

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De son enfance à sa prime éducation, nous ne savons rien : les sollicitations auprès des services
municipaux de Colroy-la-Grande n’ont malheureusement pas porté leurs fruits.
2. Son arrivée à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort
La période 1855–1881 est totalement obscure. Néanmoins, il apparaît qu’Eugène Petitcolin se maria
avec Marie-Jeanne Canac, née en 1862 à Aubin, en Aveyron. Cet évènement n’est pas référencé dans les
archives départementales du département de la Seine, des Vosges ou de l’Aveyron (14).

De son union avec Marie-Jeanne Canac naît, le 16 mars 1889, un fils, Maurice Adrien. Cet enfant
connaît un destin tragique : incorporé au sein du 167e régiment d’infanterie au cours de la Grande
Guerre, Maurice Adrien perd la vie au champ d’honneur lors de la bataille de la Gruerie en Argonne, le
3 juillet 1915 (cf. figures 2 et 3).
Figure 2: Fiche de décès de Maurice Adrien Petitcolin, Extrait du registre des décès des armées (année
1915)

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Ces quelques années furent funestes à plusieurs titres à Eugène Petitcolin : accusant la perte de son
épouse, décédée le 4 juillet 1914, il doit faire également le deuil de son fils unique un an plus tard (5).
Les décès sont recensés dans la table de l’état civil de la commune de Maisons-Alfort, établie le 3
janvier 1915 (cf. figures 3 et 4).

Figure 3: Extrait de la table de l’état civil de la commune de Maisons-Alfort sur laquelle figure Maurice
Adrien Petitcolin, 1915 (6).

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Figure 4: Extrait de la table de l’état civil de la commune de Maisons-Alfort sur laquelle figure Marie-
Jeanne Canac, 1915 (6)

Après des épreuves aussi brutales, Eugène Petitcolin ne se remariera pas.

Il décède à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris, après avoir résidé de nombreuses années au 8 rue
Eugène Renault, à Maisons-Alfort, à quelques pas seulement de l’Ecole Vétérinaire (cf. figure 5).

Figure 5: Extrait des minutes des actes de décès de la commune de Paris, 1928

Inhumé au cimetière municipal maisonnais, Eugène Petitcolin repose au côté de son épouse et de son
fils au sein de la concession à perpétuité n° 1882 (cf. figures 6 et 7).
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