Table Of ContentSylvain Bemba
L'Ecrivain, le Journaliste, le Musicien
1934 1995
-
Autres ouvrages publiés par le Département de Littératures et
Civilisations Africaines de l'Université Marien Ngouabi de
Brazzaville" en République du Congo.
1. L'Enseignement des littératures africaines à l'université,
Brazzaville, Série "Colloques de la Faculté des Lettres et des
Sciences Humaines", 1981.
2. Jean Malonga, écrivain congolais 1907-1985, Paris,
L'Harmattan, 1994 (sous la coordination de Mukala Kadima-
Nzuji).
3. Tchicaya U Tam'Si, écrivain de l'altérité, Numéro Spécial
de L'Afrique littéraire, Paris, n087, 1995.
4. Sony Labou Tansi ou laquête permanente du sens, Paris,
L'Harmattan, 1997 (sous la direction de Mukala Kadima-
Nzuji, Abel Kouvouama et Paul Kibangou).
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L'Harmattan, 1997
ISBN: 2-7384-5423-2
Sous la direction de
Mukala Kadima-Nzuji et André-Patient Bokiba
Sylvain Bemba
L'Ecrivain, le JournaIiste, le Musicien
-
1934 1995
Publication
duDépartement de Littératures etCivilisations Mricaines
de l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville, Congo.
L'Harmattan L'Harmattan Inc.
5-7,ruedel'ÉcolePolytechnique 55,rue Saint-Jacques
15005Paris-FRANCE Montréal (Qc) -CANADA H2Y lK9
Dans la collection Critiques Littéraires
dirigée par Maguy Albet et Gérard da Silva
Dernières parutions:
IOUANNY Robert, Espaces littéraires d'Afrique etd'Amérique (t. J),
1996.
IOUANNY Robert, Espaces littéraires de France et d'Europe (t. 2),
1996.
LARONDE Michel, L'Écriture décentrée. La langue de l'Autre dans le
roman contemporain, 1996
Collectif, L'œuvredeMaryse Condé,Apropos d'uneécrivainepolitique-
ment incorrecte, 1996
BARTIIÈLEMY Guy, Fromentin etl'écriture dudésert, 1997.
COLLECTIF, L'œuvre de Maryse Condé. A propos d'une écrivaine
politiquement incorrecte, 1997.
PLOUVIER Paule, VEN1RESQUE Renée, BLACHÈRE Jean-Claude,
Troispoètes face àlacrise de l'histoire, 1997.
JOUANNY Robert, Regards russes sur les littératures francophones,
1997.
EZQUERRO Milagros, Aspects du récitfantastique rioplatense, 1997.
De BURTON Richard, Le roman marron: études sur la littérature
martinicaise contemporaine, 1997.
SEGARRA Marta, "Leurpesant depoudre" :romancièresfrancophones
duMaghreb, 1997.
SCHNYDER Peter, André Frenaud, vers uneplénitude non révélée,
1997.
Sous la direction de Mukala Kadima-Nzuji, Abel Kouvouama et Paul
Kibangou, Sony Labou Tansi ou laquêtepermanente dusens, 1997.
LEBOUTEILLER Anne, Michaux, lesvoix del'être exilé, 1997.
AVNI Ora, D'un passé l'autre. Aux portes de l'histoire avec Patrick
Modiano, 1997.
FIGUEROA Anton,GONZALEZ-MILLANXan, Communication litté-
raire en culture enGalice, 1997.
COHEN Olivia, La représentation del'espace dans l'œuvrepoétique de
O. V.deL.Milosz. Lointainsfanés etsilencieux, 1997.
TIIOMPSON C.W.,Lamie/,fille dufeu. EssaisurStendhal etl'énergie,
1997.
BOURJEA Serge, Paul Valéry, Le sujet de l'écriture, 1997.
LOUALI-RAYNAL N., DECOURT N. etELGHAMIS R.,Littérature
orale touarègue. Contes etproverbes, 1997.
VOGEL Christina, Les "Cahiers" dePaul Valéry, 1997.
Introduction
SYLVAIN BEMBA, LE PATRIARCHE...
par Mukllla Kadima-Nzuji
Il était connu pour sa modestie. Il était apprécié pour sa
discrétion. Il était aimé pour sa disponibilité. Homme affable et
doux, il savait ouvrir son coeur et sa maison de la rue Mère-
Marie à Bacongo, à tous ceux qui désiraient entretenir un
commerce intellectuel avec lui ou bénéficier de ses services, de
ses conseils ou de sa vaste culture. Car il lisait toujours et
annotait sans désemparer les manuscrits que de jeunes auteurs,
ou même ceux déjà confirmés, se faisaient le plaisir et
quelquefois le devoir de soumettre à son appréciation. Non pas
qu'ils aient éprouvé un quelconque besoin d'un imprimatur de sa
part mais parce qu'ils avaient foi en son jugement. Et son
jugement était considéré comme des plus sûrs car il se fondait
sur un socle solide dans la construction duquel entraient les
acquis d'une longue et profonde expérience de l'écriture, et des
connaissances littéraires étendues.
Dans la vie de cet homme que d'aucuns nommaient déjà le
patriarche, la pratique de la lecture allait de pair avec celle de
l'écriture et inversement. Les deux activités y étaient
indissociables à tel point qu'il ne pouvait tenir une conversation
même la plus intime ni écrire deux lignes sans que son propos
ne soit agrémenté de citations et de références comme il ne
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pouvait pas non plus lire un texte sans qu'il ne soit amené à
l'annoter pour son plaisir ou pour une recension. Mais au-delà
de la lecture et de l'écriture, peut-être même à la faveur de cette
double activité de l'esprit, il a contribué à la formation de ce qu'il
appelait lui-même "la phratrie des écrivains congolais" et qu'il
définissait comme "cette extraordinaire chaîne de montage
intellectuel qui voit les écrivains au Congo rassembler page après
page, rêve après rêve, le livre commun de la vie qui transpire de
la douleur des opprimés et saigne de la douleur des souffrants."l
Voilà le souvenir que beaucoup garderont de Sylvain
Bemba que'la mort a surpris le samedi 8 juillet 1995 au Val-de-
Grâce en France où, à l'annonce de la dégradation brutale de son
état de santé, le gouvernement congolais l'avait évacué pour qu'il
y reçoive des soins intensifs et appropriés, Sur son tombeau, au
Cimetière du Centre-Ville à Brazzaville, nous pouvons lire cette
inscription en lettres dorées: "Sylvain N'Tari-Bemba l'écrivain, le
journaliste, le musicien, 1934-1995".
Cette épitaphe reprend à vrai dire le thème des cinquièmes
Journées d'Etudes du département de Littératures et Civilisations
africaines de l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville. Ces
Journées d'Etudes avaient pour but de rendre un hommage
collectif et appuyé à Sylvain Bemba à l'occasion de ses soixante
ans. Mais elles ne purent se tenir aux dates initialement prévues.
Lorsqu'elles furent enfin organisées en juin 1995, Sylvain
Bemba ne put y prendre part, son état de santé ayant nécessité
son admission au Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville
en attendant son évacuation en France. Du message qu'il eut
l'amabilité d'adresser de son lit d'hôpital aux participants à ces
Journées d'Etudes, la clausule du poème liminaire "Qui suis-je?
Qui ne suis-je pas?" avait des accents prémonitoires en même
temps qu'elle révélait le croyant qu'il fut du plus profond de son
être:
1. Notre Librairie, n092-93, mars-mai 1988, p,15.
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J'ai eu soixante ans en 1994
Dieu daignera-t-il fixer
la limite au-delà de laquelle mon ticket cessera
d'être valable?
L'épitaphe résume donc et décrit à la fois les principales
facettes de la personnalité de Sylvain Bemba.
Ecrivain, Sylvain Bemba le fut avec toute la force de son
talent, avec toute la finesse de son tempérament d'auteur
dramatique, de romancier et de nouvelliste. Si ses premiers textes
édités en volume remontent à 1971, il écrivait et publiait des
nouvelles et des fragments de pièces de théâtre dès le début des
années 1950 dans Liaison et Le Petit Journal de Brazzaville. Par
delà la diversité des genres et des styles, la critique sociale et
historique comme le goût et l'écriture du mythe caractérise
fondamentalement son oeuvre qui compte aujourd'hui dix textes
dramatiques publiés, quatre romans édités et de nombreux
inédits.
Journaliste, Sylvain Bemba l'est demeuré toute sa vie. La
presse écrite exerçait une sorte de fascination sur lui. Les onze
années qu'il a passées à servir l'Université de Brazzaville comme
documentaliste ainsi que celles qui l'ont vu arpenter la moquette
des cabinets ministériels en qualité soit de ministre, soit de
directeur général, soit de conseiller, ne l'ont pas détourné de sa
vocation de journaliste. Des journaux comme Mweti et La
Semaine Africaine se souviennent assurément de ce que fut son
apport à l'élargissement de leur audience. C'est sans doute le
journalisme qui a révélé au public son goût du masque. Certes, il
avait publié en 1969 une pièce de théâtre, L'Enfer, c'est Orféo,
sous le pseudonyme de Martial Malinda. Mais c'est dans le
journalisme que le recours au pseudonyme fut des plus
significatifs. Le 24ème Homme, Congo Kerr, Rufus Guinée,
Michel Belvain pour n'en citer que quelques-uns, sont autant de
noms de plume dont usait le chroniqueur sportif, littéraire et
politique que fut Sylvain Bemba pour signer ses "papiers". En
1994, un quidam s'était mis en tête d'écrire et de publier des
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articles dans un journal à caractère politique paraissant à
Brazzaville, sous la signature de "Sylvain Bemba, écrivain".
Choqué par l'imposture, l'auteur de Rêves portatifs décida de
faire paraître désormais ses écrits, à l'exclusion des oeuvres de
création, sous le nom de Sylvain N'Tari-Bemba. Ce coup de
colère fut aussi son dernier clin d'oeil à ceux qui avaient pris le
parti de percer le secret de son jeu de masques.
Musicien, Sylvain Bemba jouait de la cithare. Mais la
postérité retiendra surtout l'apport du musicographe qu'il fut.
Son essai, 50 ans de musique du Congo-Zaïre, paru en 1984 aux
Editions Présence Africaine à Paris, scrute le paysage musical
des deux pays, examine les conditions d'apparition et d'évolution
de la chanson congolo-zaïroise de variétés, et expose en détail
les styles musicaux ainsi que les grands thèmes qui la traversent.
Oeuvre de connaisseur, l'essai de Sylvain Bemba demeure une
excellente contribution à l'historiographie de la musique
africaine moderne.
Né le 17 février 1934 à Sibiti dans la région de la
Lékoumou au Congo, Sylvain Bemba s'en est allé sur la pointe
des pieds. Il s'en est allé comme il a vécu. Discrètement.
Les textes rassemblés dans ce volume ont pour la plupart
leur origine dans les Journées d'Etudes que le département de
Littératures et Civilisations africaines de l'Université Marien
Ngouabi a consacrées à Sylvain Bemba. Deux textes venus l'un
du Cameroun et l'autre des Etats-Unis d'Amérique y ont été
ajoutés parce qu'ils nous ont paru circonscrire avec bonheur la
personnalité et la vision du monde de l'écrivain congolais. Nous
avons réservé la troisième et dernière partie de cet ouvrage à un
choix de textes inédits de Sylvain Bemba. On y découvrira des
poèmes de l'écrivain ainsi que le texte intégral du message qu'il
avait adressé de son lit d'hôpital aux participants aux cinquièmes
Journées d'Etudes. Nous y avons également inséré une
bibliographie littéraire quasi exhaustive établie par André-
Patient Bokiba sous le contrôle de Sylvain Bemba lui-même.
L'intérêt de cette bibliographie est qu'elle mentionne tous les
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textes de création publiés et inédits de l'écrivain. Elle est un
excellent point de départ pour des recherches futures. Il nous
paraît en effet intéressant, pour les générations à venir, que soit
établie au plus vite une bibliographie de tous les écrits de
Sylvain Bemba, qui comprendrait certes des oeuvres de création,
mais aussi des textes de conférence et de communication, des
chroniques sportives, politiques et littéraires, des comptes rendus
et des notes de lecture. Une telle bibliographie aurait le double
avantage de faire prendre la mesure, au chercheur intéressé, de
l'ensemble de la production culturelle, intellectuelle et littéraire
de Sylvain Bemba et de permettre d'évaluer la contribution de
l'écrivain à la connaissance de l'Histoire du Congo. Puisse ce
travail se réaliser! D'ores et déjà le présent ouvrage ouvre la voie.
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