Scolarisation à 2 ans et réussite de la carrière scolaire au début de l'école élémentaire

71 Pages·2001·0.72 MB·French

Scolarisation à 2 ans et réussite
de la carrière scolaire
au début de l’école élémentaire
Jean-Paul CAILLE
Bureaudesétudesstatistiquessurl’enseignementscolaire
Directiondelaprogrammationetdudéveloppement
D
L’observationpendantles epuisvingtans,lafréquen- queparrapportàuneentréeenma-
premièresannéesdescolarité tationdel’écolematernelle ternellesurvenueseulementà3ans,
primaired’unpanelde8661 s’effectueselondesmodali- lascolarisationà2ansapporteaux
écoliersquesuitleministèrede tés relativement stables. enfants un bénéfice significatif en
l’Éducationnationaledepuis1997, L’accès à 3 ans à ce cycle termes d’acquis et de réussite sco-
montrequeleschancesd’accéder d’enseignement est devenu la règle laireultérieurs.Lesecond,c’estque
auCE2sansredoublersont tandis qu’une entrée à 2 ans reste cetavantageestplusintenselorsque
d’autantplusgrandesquel’élève minoritaire,touchantseulementun l’élèveestissudemilieudéfavorisé.
estentréprécocementàl’école enfantsurtrois.Cettestabilitéreflète Danscetteperspective,l’accueildes
maternelle.Maisladifférencede d’abordlesconditionsquiréglemen- enfantsà2ansenmaternelleserait
réussiteentrelesenfants tent l’accès à l’école maternelle à donc susceptible de déboucher sur
scolarisésà2ansetleurs 2ans:seulslesenfantsayant2ans uneréductiondesinégalitéssociales
camaradesentrésàl’école révolus à la date de la rentrée sco- deréussiteàl’école.
maternelleà3ansestfaible.En laire peuvent bénéficier d’une telle Lamanièredontcesdeuxpostu-
revanche,lepetitnombre mesure. Elle traduit aussi la poli- lats se vérifient a fait l’objet d’un
d’écoliersentrésàl’école tique engagée par les pouvoirs pu- examenrécentparJ.-P.JEANTHEAUet
maternelleaprès3ansrencontre blicsdepuisledébutdesannées80. F.MURATquiontpumesurerl’impact
desdifficultés L’accueildesenfantsdès2ansdans de la scolarisation à 2 ans sur les
relativementmarquées. lesécolesmaternellesestprioritaire- compétences des élèves au moment
Lascolarisationà2ansapeu mentcibléverslesenfantsissusdes de l’entrée au cours préparatoire
d’effetsurlesinégalitéssociales milieux sociaux les plus défavori- [1].Lesrésultatsdeleurétudevali-
deréussitequirestentsensibles sés1. Il est notamment encouragé dentpourl’essentiellesfondements
aucoursdesdeuxpremières dans les zones d’éducation priori- actuels de la politique de scolarisa-
annéesd’écoleélémentaire.En taire(ZEP),avecl’idéesous-jacente tionà2ans.D’unepart,uneentrée
termesdecarrièrescolaire,ce qu’unescolarisationà2anspourrait précoce à l’école maternelle dé-
sontlesenfantsdecadresetles constituerunsubstitutefficaceàun bouchesurdescompétencessignifi-
élèvesétrangersouissusde manque de stimulants culturels au cativementplusélevées,notamment
l’immigrationquisemblenttirerle seindelafamille. dans le domaine de la familiarité
plusgrandbénéficede Unetellepolitiquereposesurdeux avecl’écrit.Parailleurs,ceteffetpo-
cettemesure. postulatsimplicites.Lepremier,c’est sitif joue bien de manière différen-
tielleselonlesmilieuxsociaux.Mais
NOTE c’est aux deux extrémités de
l’échellesocialequel’impactpositif
1.L’article2delaloid’orientation estleplusfort:lesenfantsdecadres
surl’éducationdejuillet1989pré-
etceuxd’ouvrierssontlesélèvesqui
cise que l’accueil des enfants de
profitent le plus de cette mesure.
2 ans est étendu en priorité dans
lesécolessituéesdansunenviron- L’influence positive de la scolarisa-
nement social défavorisé, que ce tionà2ansestaussiplusprégnante
soitdansleszonesurbaines,rura-
lorsque l’école élémentaire est
lesoudemontagne
classée en ZEP. Les conclusions de
Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001 7
cetteétudepeuventêtremisesenre- TABLEAU1–Impactbrutdel’âged’entréeàl’écolematernelle
lationaveclestravauxréalisésaudé- surlaréussitedelacarrièrescolaireàl’écoleélémentaire(%)
butdesannées90parJ.-P.JAROUSSE, Âged’entréeàl’école Accèssans Redoublement Redoublement
A.MINGATETM.RICHARD[2].Cesau- maternelle redoublementenCE2 duCP duCE1
teurs concluaient aussi sur un effet Deuxans 90,8 4,3 4,9
positif d’un accès à l’école mater- Troisans 87,7 5,4 6,9
nelle à 2 ans. En revanche, cet effet Quatreansetplus 76,6 11,1 10,9
étaitgénéraletnesemblaitpasprofiter Ensemble 88,0 5,4 6,5
plus particulièrement aux enfants de
SOURCE–Paneld’élèvesdupremierdegrérecrutéen1997.
cadresouauxélèvesoriginairesdemi-
LECTURE–90,8%desélèvesentrésàl’écolematernelleàdeuxanssontparvenusen
lieuxsociauxdéfavorisés. CE2sansavoirredoublé.
La présente étude se situera en
avaldecestravaux.Enutilisantles 1991, sont entrés au cours prépara- qu’àquatreansouplus.L’effetpro-
mêmes données que J.-P. JEANTHEAU toireà6ans.Eneffet,lesenfantspar- tecteur d’une scolarité maternelle
etF.MURAT(cf.encadré«Sourceset venus en avance au cours prépara- longue apparaît tant au niveau du
méthode»),elletenteradecernerles toiresortentpardéfinitionduchamp cours préparatoire qu’à celui du
effetséventuelsd’unescolarisationà d’investigation:mêmes’ilssonten- CE1:plusunélèveestentréprécoce-
2ansplusavantdanslascolaritédes trésàl’écolematernelleà2ans,au- mentàl’écolematernelleetmoinsil
élèves,enobservantlamanièredont cun d’entre eux n’a bénéficié de redoublel’undecesdeuxniveaux.
se sont déroulées les premières an- quatre ans de scolarité à ce niveau Mais une seconde conclusion se
nées de scolarité élémentaire. C’est d’enseignement avant d’aborder la dégagedecesdonnées.Leclivagede
plus précisément l’impact d’une scolarité élémentaire. Par ailleurs, réussite se dessine nettement entre
entrée précoce à l’école maternelle les quelques élèves qui entrent au lesélèvesentrésà3ansetceuxqui
sur l’accès sans redoublement au cours préparatoire à 7 ans ont sou- n’ont accédé à l’école maternelle
CE2 qui sera examiné. En effet, les ventrencontrédesproblèmesdesan- qu’à4ansetplus:11pointsséparent
écoliersdupanel1997n’ontétéjus- té au cours de leur scolarité mater- les taux d’accès sans redoublement
qu’ici observés que pendant trois nelle. Leur durée d’exposition à auCE2desdeuxcatégoriesd’élèves,
ans. Il est encore trop tôt pour tirer l’écoleenaétéd’autantréduiteeton et les redoublements du CP ou du
un bilan global du déroulement de peutpenserquemêmelorsqu’ilsont CE1sontpresquedeuxfoisplusfré-
leur scolarité élémentaire. Le choix pubénéficierdequatreansdescola- quents parmi les enfants entrés le
deréaliserdèsmaintenantcetteinves- rité maternelle, leur présence effec- plus tardivement à l’école mater-
tigation apparaît néanmoins oppor- tivedanscecycled’enseignementa nelle. En revanche, la différence de
tun puisqu’on peut faire l’hypothèse étépluscourte.Autotal,cesont8661 réussitequiséparelesélèvesscolari-
que les effets des différences d’âge écoliersquiserontobservésici.Ilsre- sésà2ansdeleurscamaradesentrés
d’entréeàl’écolematernelleontten- présentent97%desécoliersdupanel enmaternelleavecunandeplusap-
danceàsedilueraufuretàmesureque 1997dontlescarrièresscolairesont paraît beaucoup plus floue : seule-
l’élèveavancedanssesétudes. pu être observées pendant les trois ment3pointsdifférencientlestaux
premières années de scolarité élé- d’accès au CE2 sans redoublement
mentaire.31%d’entreeuxsonten- de ces deux groupes d’écoliers qui
LESCHANCES trésàl’écolematernelleà2ans. ontredoubléleCPouleCE1dansdes
Unpremierexamendesdonnées proportionsquirestenttrèsproches.
D’ACCÉDERAUCE2
recueilliessurcesélèvessuggèreque Ce caractère très ténu des diffé-
SANSREDOUBLEMENT
l’âged’entréeenmaternelleestsus- rencesderéussite,entermesdecar-
SONTD’AUTANTPLUS ceptibled’avoirunimpactsignifica- rièrescolaire,entrelesélèvesscolari-
ÉLEVÉESQUEL’ÉLÈVE tifsurlaréussitedelacarrièresco- sésà3ansetceuxquiontpul’êtreà
ESTENTRÉ laireàl’école.Eneffet,plusl’enfanta 2ans,n’estpasnouveau.Ilapparais-
été scolarisé jeune et plus ses chances sait déjà parmi les enfants entrés à
PRÉCOCEMENTÀ
d’accèsauCE2sansredoublementap- l’écoleélémentaireprèsdevingtans
L’ÉCOLEMATERNELLE
paraissent élevées. 91 % des élèves plustôt,enseptembre1978[3].
scolarisés à 2 ans sont parvenus au
Danslacontinuitédeladémarche CE2sansredoubler(tableau1).Un
mise en œuvre par J.-P. JEANTHEAUet telparcoursscolaires’observeparmi NOTE
F. MURAT2, il est apparu pertinent de 88%desenfantsentrésàl’écolema-
2.Noted’Information,98.40,op.
menercetteétudeenobservantexclu- ternelleà3ansetneconcerneplus
cit.,[1].
sivement les élèves qui, étant nés en que77%deceuxquin’yontaccédé
8 Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001
LAFRÉQUENCEDELA TABLEAU2–L’âged’entréeenmaternelle
selonlescaractéristiquesdesécolesfréquentées(en%)
SCOLARISATIONÀ2ANS
Caractéristiquesdesécoles Âged’entréeenmaternelle
VARIEFORTEMENTAVEC
Deux Trois Quatreans
LESECTEURETLA ans ans etplus
Secteurdel’école Public 29,9 64,7 5,4
TAILLEDELACOMMUNE
oudesécoles
maternellesfréquentées Privé 46,8 49,6 3,6
Publicetprivé 36,6 55,5 7,9
Ces premières conclusions sont Tranched’unitéurbaine Rural 36,9 56,9 6,2
établies globalement, en observant del’écoledeCP <20000habitants 36,3 58,4 5,3
de manière indifférenciée l’en- <100000habitants 30,6 65,3 4,1
semble des élèves. Or, la scolarisa- >ou=100000habitants 32,6 62,4 5,1
tionà2ansneconcernequ’unélève
Paris 13,9 79,3 6,8
sur trois et est réglée par une poli-
ClassementenZEP 27,7 65,0 7,4
tiqued’accèssélective;onpeutdonc del’écoledeCP Oui
faire raisonnablement l’hypothèse Non 31,6 63,2 5,2
qu’elleneconstituepasunecaracté- Ensemble 31,1 63,4 5,5
ristique répartie de manière aléa- SOURCE–Paneld’élèvesdupremierdegrérecrutéen1997.
toire parmi les élèves. Selon leur LECTURE–29,9%desenfantsayanteffectuétouteleurscolaritématernelledansune
durée de scolarisation, les écoliers écolepubliqueontétéscolarisésàdeuxans.
peuvent présenter d’autres différen-
cesquipèsentaussisurleschances différencesdesituationfamilialeou niveau du classement en ZEP de la
deréussitependantlesdeuxpremiè- de caractéristiques individuelles première école élémentaire. Même
resannéesdescolaritéélémentaire. commelesexeoulemodedegarde lorsqu’elle est menée sur les seuls
Ainsi,silesélèvesdemilieusocialdé- antérieur. élèves du public, la comparaison
favorisé sont surreprésentés parmi Lesdonnéesconcernantlesecteur ZEP/horsZEPnemontrepasunefré-
les écoliers scolarisés à 2 ans, les del’écolematernelleontpuêtrere- quenceplusfortedesentréesà2ans
écarts de réussite présentés dans le cueillies lors de l’enquête réalisée en maternelle parmi les élèves des
tableau 1 ont toutes chances d’être auprèsdesfamilles.Parailleurs,on écolesélémentairesdeZEP.
sous-estimés:lapartplusgrandede connaît le classement éventuel en
cesélèvesparmilesenfantsentrésà ZEPetlatranched’unitéurbainede
l’écolematernelleà2ansauraitten- lacommunedel’écoledanslaquelle LESÉLÈVESÉTRANGERS
danceàpesernégativementsurleur l’enfantaeffectuésapremièreannée
ENTRENTMOINS
degréderéussite.Enrevanche,sice decourspréparatoire.Cespremières
sont les enfants de cadres qui sont informations suggèrent l’existence SOUVENTÀL’ÉCOLE
plusprésentsparmilesécolierssco- de fortes inégalités en matière MATERNELLEÀ2ANS
larisésà2ans,onsetrouveraitdans d’offre. La scolarisation à 2 ans a
unesituationinverse:laréussitedes concerné 37 % des élèves de milieu
élèves présentant cette caractéris- rural mais seulement 14 % de ceux Commeill’aétérappeléaudébut
tiqueseraitsurestiméedufaitqueles qui habitent l’agglomération pari- decetteétude,lesconditionsd’accès
enfants originaires de ce milieu so- sienne (tableau 2). Elle constitue àl’écolematernellesontréglemen-
cial ont tendance à présenter de aussiunphénomènequiaplustou- téesparuncritèred’âge.Onnepeut,
meilleuresscolarités. chélesélèvesdel’enseignementpri- en effet entrer à l’école maternelle
Aussi,précisercespremiersrésul- vé que leurs camarades des écoles sansavoir2ansrévolus.Onnesera
tats implique préalablement d’exa- publiques.47%despremiersetseu- doncpasdoncétonnéque,detoutes
minerlesdisparitésd’accèsàl’école lement30%dessecondsontétéac- lescaractéristiquesindividuellesdes
maternelleà2ansafindemieuxcer- cueillis à 2 ans. En revanche, ainsi élèves, ce soit le trimestre de nais-
ner le profil des élèves qui bénéfi- que J.-P. JEANTHEAU et F. MURAT sancequidonnelieuauxdisparités
cientdecettemesure.Enrichiespar l’avaient déjà noté3, on n’observe d’accèslesplusmarquées:46%des
uneenquêteauprèsdesfamillesréa- pas de différences significatives au écoliers nés au premier trimestre
liséeen1999,lesdonnéesrecueillies contre seulement 27 % de ceux nés
surlesélèvesdupanel1997permet- NOTE au troisième trimestre et 17 % de
tentd’analysercesdisparitésàpartir leurs camarades nés au cours des
d’undoublepointdevue:celuides 3.Note d’Information, 98.40, op. trois derniers mois de l’année 1991
cit.,[1]
caractéristiquesd’écolesetceluides sont entrés à l’école maternelle à
Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001 9
TABLEAU3–L’âged’entréeàl’écolematernelle
selonlescaractéristiquesdel’élèveetcellesdesafamille
En%
CARACTÉRISTIQUESDEL’ÉLÈVE Âged’entréeàl’écolematernelle
Deuxans Troisans Quatreansetplus
Sexe Garçon 30,6 63,9 5,5
Fille 31,6 62,8 5,6
Trimestredenaissance Premiertrimestre 46,2 48,8 5,1
Deuxièmetrimestre 35,4 60,2 4,3
Troisièmetrimestre 26,7 67,6 5,7
Quatrièmetrimestre 16,6 76,4 7,0
Rangdanslafratrie Rang1 30,3 63,5 6,2
Rang2 31,4 64,4 4,2
Rang3 34,2 60,8 5,0
Rang4 29,9 62,3 7,9
Rang5etplus 26,3 65,1 8,7
Nationalitédel’élève Français 31,6 63,2 5,2
Étranger 21,4 66,5 12,1
Lieudenaissancedel’élève France 31,4 63,4 5,2
Étranger 14,1 63,5 22,4
Modedegardeavantl’écolematernelle Crèchecollective 25,8 69,1 5,1
Crèchefamiliale 26,4 68,0 5,7
Nourriceagréée 37,5 59,0 3,5
Gardeàdomicile 32,2 61,7 6,1
Pèreoumèreimmigré Oui 25,0 67,2 7,9
Non 32,2 62,7 5,1
Professionetcatégorie Agriculteur 46,0 49,5 4,5
socioprofessionnelledelapersonne
Artisan,commerçant 32,1 60,3 7,5
deréférenceduménage
Cadre,chefd’entreprise 25,7 69,8 4,5
Professeur,instituteur 35,5 59,9 4,6
Professionintermédiaire 32,6 63,2 4,2
Employé 29,3 65,3 5,4
Ouvrierqualifié 33,0 61,2 5,8
Ouvriernonqualifié 32,1 62,2 5,7
Inactif 25,0 63,6 11,4
Diplômeleplusélevédétenuparlamère Aucun 28,7 62,6 8,6
Certificatd’étudesprimaires 31,2 60,7 8,1
Brevet 32,8 62,2 5,1
CAP,BEP 34,2 61,8 4,1
Baccalauréat 35,5 60,0 4,5
Étudessupérieures 29,8 66,1 4,0
Structureparentale Pèreetmère 31,8 63,0 5,2
Famillemonoparentale 26,9 66,4 6,6
Famillerecomposée 30,3 62,9 6,9
Autresituation 27,7 62,8 9,6
Activitédelamère Mèreactive 32,5 62,9 4,6
Mèreinactive 28,0 64,4 7,6
Tailledelafamille Unenfant 24,8 68,2 7,0
Deuxenfants 31,6 63,8 4,7
Troisenfants 33,5 61,6 4,9
Quatreenfants 31,9 60,6 7,5
Cinqenfants 27,0 64,4 8,7
Sixenfantsetplus 27,7 64,5 7,9
Ensemble 31,1 63,4 5,5
SOURCE– Paneld’élèvesdupremierdegrérecrutéen1997.
LECTURE–30,6%desgarçonssontentrésàl’écolematernelleàdeuxans.Lespourcentagesenitaliquesportentsurdeseffectifs
comprisentre50et100.Ilsdoiventdoncêtreappréciésavecprudence.
10 Éducation&formations–n°58–juillet-septembre2001
2ans4(tableau3).Ils’agitd’unesi- 2ansqueleurscamaradesfrançais. L’ACCÈSÀL’ÉCOLE
tuationquis’observeavecuneampleur 32 % de ceux-ci contre seulement
MATERNELLEÀ2ANS
équivalentedanslesécolespubliqueset 21%despremiersontbénéficiéd’un
danslesécolesprivées. telaccès.Unetellesituationnes’ex- ESTD’ABORDLIÉAU
Maisdesdisparitéstrèsfortesap- plique pas seulement par le fait TRIMESTREDE
paraissent aussi sur d’autres carac- qu’unepartdecesécolierssontnés NAISSANCEETÀLA
téristiques. Ainsi, la scolarisation à dansunpaysétrangeretpeuventêtre
TAILLEDELACOMMUNE
2 ans constitue un phénomène qui arrivés en France tardivement. Les
DESCOLARISATION
touchedansdesproportionsinégales naissances à l’étranger ne concer-
les différents milieux sociaux. nent que 20 % d’entre eux et cette
L’entréeàl’écolematernelleà2ans moindre scolarisation à 2 ans s’ob- Pour préciser cet examen des
atteintsafréquencemaximumpar- serve aussi parmi les enfants étran- conditions d’accès à l’école mater-
mi les enfants d’agriculteurs qui gers nés en France. Elle peut être nelleà2ans,ilestapparuopportun
sont46%àenbénéficier.Elleestaus- miseenrelationavecd’autresparti- deréaliseruneanalysetouteschoses
sisupérieureàlamoyennedansles cularités des élèves étrangers ou is- égales par ailleurs qui prenne en
familles d’enseignants. À l’opposé, sus de l’immigration qui, en se cu- comptelesdifférentsaspectsinstitu-
lesenfantsdecadresetceuxd’inac- mulant, peuvent aller à l’encontre tionnelsouindividuelsquiviennent
tifs entrent moins souvent à l’école d’un accès précoce à l’école mater- d’êtreévoqués.Onpeutainsiestimer
maternelleà2ansquelesélèvesori- nelle : faible fréquentation de l’en- l’effet propre de chaque variable
ginairesdesautresgroupessociaux. seignementprivé,moindreconnais- quand les autres dimensions expli-
Respectivement26%et25%d’entre sance de la réglementation en vi- catives sont tenues constantes, et
euxontpubénéficierd’unetelleme- gueur, taux d’activité des mères hiérarchiserl’ampleurdeleureffet5.
sure.Lesenfantsissusdesautresca- moinsélevé,appartenanceàdesfra- Les résultats de cette analyse mon-
tégoriessocialesconnaissentlasco- triessouventtrèsétendues. trentquelascolarisationà2ansdé-
larisation à 2 ans dans des propor- Si garçons et filles accèdent dans pend d’abord du trimestre de nais-
tionsprochesdelamoyenne. desproportionscomparablesàl’école sance.Entreunenfantnéaupremier
Par ailleurs, on observe une fré- maternelleà2ans,ilfautnoterqu’en trimestre et son camarade parta-
quence plus faible des entrées à revanchelascolarisationprécoceap- geant les mêmes caractéristiques
l’écolematernellequandlamèreest paraîtassezsensibleauxdifférencesde maisnéauquatrièmetrimestre,les
inactive. La scolarisation à 2 ans priseenchargeantérieure.Cesontles chancesd’accèssonttrèsdifférentes
varieaussiaveclenombred’enfants enfantsgardésparunenourriceagréée puisque,touteschoseségalesparail-
dans la famille. Elle est moins fré- quibénéficientleplussouventdecette leurs,48%despremiersetseulement
quente parmi les familles à enfant mesure(tableau3).Àl’opposé,celle-ci 16 % des seconds entrent à l’école
unique, atteint sa fréquence maxi- constitue un phénomène moins fré- maternelle à 2 ans (tableau 4).On
mum parmi celles qui comportent quent quand l’enfant a pu aller en notera que la fréquence d’accès dé-
entre deux et quatre enfants et di- crèche, que celle-ci soit collective ou clinedemanièrelinéaireaufuretà
minue sensiblement au-delà. Cette familiale.Lesécoliersgardésàleurdo- mesure que la date de naissance de
évolution « en cloche » se retrouve micile connaissent la scolarisation à l’enfantesttardive.L’écartentreles
auniveaududiplômedelafamille, 2ansdansuneproportionprochedela écoliers nés le premier trimestre et
mesuréiciparlediplômelepluséle- moyenne. ceuxnésseulementlesecondestdéjà
vé des mères qui s’impliquent plus trèssensible:ilestestiméà13points.
dans la scolarité. L’accès à l’école
maternelleà2anstouche36%des NOTE
enfantsdontlamèreesttitulairedu
4.Laprésencedecesderniersparmilesélèvesentrésà2anss’expliquele
baccalauréatetseulement29%des plussouventparunaccèsencoursd’annéescolairepostérieurementàladate
écoliers dont la mère est sans di- delarentréescolaire.
5.Afinde pouvoirmobiliserdesinformationsquisontdisponiblesquedans
plômeet30%deceuxdontlamère
l’enquêteFamille,seulslesélèvesdontlesparentsontparticipéàcelle-ciont
est diplômée de l’enseignement été retenus. L’analyseporte sur 7 703 écoliers qui représentent 89 % des
supérieur. 8661élèvesobservésdanscetteétude.Parailleurs,lesinformationsrecueil-
liesdanslepanel1997nepermettentpasdeconnaîtrelatranched’unitéur-
Bienqu’enraisondeleurorigine
baineetleclassementéventuelenZEPdel’écolematernelle.Cesdeuxinforma-
sociale souvent défavorisée, ils de- tionssontestiméesàpartirdescaractéristiquesdelapremièreécoleélémen-
vraientaprioriconstituerunecible tairefréquentée.Lagrandemajoritédesécoliersnedéménagentpasentrele
débutdeleurscolaritématernelleetleurentréeàl’écoleélémentaire.Onpeut
privilégiée de cette mesure, les en-
doncfaireraisonnablementl’hypothèsequelesécolesmaternellesetélémen-
fantsdenationalitéétrangèreentrent tairesfréquentéesparlesélèvesdel’échantillonprésentent,surcesdeuxas-
moinssouventàl’école maternelle à pects,undegréd’homogénéitésatisfaisant.
Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001 11
TABLEAU4–Impactnetdesdifférencesdesituationfamilialeetscolaire
surlaprobabilitéd'entreràl'écolematernelleàdeuxans
Modalitéderéférence Modalitéactive Coefficient Effetmarginal
Constante -0,99
Probabilitédelasituationderéférence 27,2%
Sexe
Garçon Fille ns
Rangdanslafratrie Rang2 ns
Rang1 Rang3 ns
Rang4 ns
Rang5etplus ns
Nationalitédel'élève
Français Étranger -0,31 -5,7
Trimestredenaissance Premiertrimestre 0,92 21,2
Troisièmetrimestre Deuxièmetrimestre 0,39 8,3
Quatrièmetrimestre -0,68 -11,2
PCSdelapersonnederéférenceduménage Agriculteur ns
Ouvrierqualifié Commerçant,artisan ns
Cadre,chefd'entreprise -0,45 -8,0
Professeur,instituteur ns
Professionintermédiaire ns
Employé ns
Ouvriernonqualifié ns
Inactif ns
Diplômedupère Sansdiplôme ns
CAPouBEP Certificatd'étudesprimaires -0,27 -5,0
BEPC,brevetdescollèges ns
Baccalauréat ns
Enseignementsupérieur 0,28 5,8
Inconnu ns
Diplômedelamère Sansdiplôme ns
CAPouBEP Certificatd'étudesprimaires ns
BEPC,brevetdescollèges ns
Baccalauréat ns
Enseignementsupérieur ns
Inconnu ns
Activitédelamère
Mèreinactive Mèreactive 0,22 4,5
Structuredelafamille Monoparentale ns
Pèreetmère Recomposée ns
Autresituation ns
Tailledelafamille Unenfant -0,35 -6,4
Deuxenfants Troisenfants ns
Quatreenfants ns
Cinqenfants ns
Sixenfantsetplus ns
Modedegardeavantl'écolematernelle Crèchecollective -0,29 -5,4
Gardeaudomicile Crèchefamiliale ns
Nourriceagréee 0,16 3,3
Autremodedegarde ns
Inconnu ns
Tranched'unitéurbainedel'écoledeCP Rural ns
>ou=100000habitants <20000habitants ns
<100000habitants -0,15 -2,8
Paris -1,17 -16,8
Secteurdel'écolematernelle Toutprivé 0,72 16,2
Toutpublic Àlafoispublicetprivé ns
Classementdel'écoledeCPenZEP
Non Oui 0,20 4,1
SOURCE–Paneld'élèvesdupremierdegrérecrutéen1997.
LECTURE–Àsituationcomparable,lesenfantsdenationalitéétrangèreentrentmoinssouventàl'écolematernelleàl'âgededeuxans
queleurscamaradesfrançaispuisquelecoefficientestiméestnégatif(-0,31)etsignificatif(p<.05).Àlasituationderéférence
(présentéedanslacolonnedegauchedutableau),ladifférenceestestiméeà5,7points;leurprobatilitéestiméed'accèsàdeuxans
àl'écolematernelles'élèvedoncà21,5%(27,2%-5,7).Lescoefficientssontprésentésselonleurseuildesignificativité:engras
1%,enromain5%etenitalique10%.Au-delà,ilssontmarquésns(nonsiginificatif).
12 Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001
La situation particulièrement défavo- surlaréussitedelacarrièrescolaire de scolarité, les disparités mises en
rabledeParisestlargementconfirmée. àl’écoleélémentaireenprenanten évidencesontdéjàappréciables:les
Unélèvequipartageraitlescaracté- compte les disparités qui viennent chancesderéussitedesenfantsdont
ristiquesdelasituationderéférence, d’être mises en évidence. Pour ce la mère est sans diplôme sont de
mais serait scolarisé dans l’agglo- faire, on utilisera un modèle de ré- 15pointsinférieuresàcellesdeséco-
mération parisienne au lieu d’une gression logistique qui permettra liers qui peuvent compter sur une
villeégaleousupérieureà100000ha- d’estimer l’effet de l’âge d’entrée à mère diplômée de l’enseignement
bitants voit ses chances d’entrer à l’école maternelle sur l’accès sans supérieur. L’effet associé aux diffé-
l’écoleà2ansbaisserde17points. redoublementauCE2enraisonnant rencesd’originesocialeprésenteune
Parailleurs,lesconditionsdescola- toutes choses égales par ailleurs en ampleur proche : quand ils parta-
risationà2ansrestentsensiblement matièredetrimestredenaissance,de gentlesautrescaractéristiquesdela
différentes selon le secteur d’ensei- caractéristiques d’écoles ou encore situationderéférence,95%desen-
gnement.Àprofilscolaireetfamilial dedifférencesdesituationfamiliale. fantsdecadresetseulement82%des
équivalent,laprobabilitéd’êtresco- Plus précisément, deux analyses écoliers dont le père est inactif par-
lariséà2ansestplusfortedansl’en- ontétésuccessivementconduites.La viennentsansretardauCE2.Parail-
seignement privé que dans l’ensei- première (modèle 1 du tableau 5) leurs,d’autresaspectsdelasituation
gnementpublic.Enrevanche,quand examineleschancesd’accèsauCE2 familiale entrent aussi en relation
les écoliers de ce dernier secteur étu- sansredoublementàpartird’unmo- avec la probabilité de réussite dans
dientenZEP,ilsontlégèrementplusde dèle qui intègre quatorze dimen- lespremièresannéesdescolaritépri-
chances que leurs camarades de sionsexplicatives:quatred’entreel- maire. L’ampleur de leurs effets est
mêmescaractéristiquesd’êtreentrésà les concernent le jeune lui-même moinsmarquée,maisilspèsenten-
l’écolematernelleà2ans. (sexe,rangdanslafratrie,nationa- core sensiblement sur la manière
Àdatedenaissanceetcontextede lité,trimestredenaissance),sixpré- dontvasedéroulerledébutdelasco-
scolarisationcomparables,lesdiffé- cisentsasituationfamiliale(PCSde laritéélémentaire.Ainsi,onobserve
rencesdesituationfamilialepèsent lapersonnederéférenceduménage, aussidefortesinégalitésderéussite
d’une manière plus réduite et plus diplôme le plus élevé détenu par le selonlatailledelafamille.Àpartir
diluée sur la scolarisation à 2 ans. père, diplôme le plus élevé détenu du troisième enfant, les chances
L’analyseconfirmelemoindreaccès parlamère,activitédelamère,avec d’effectuer les deux premières an-
des élèves de nationalité étrangère, quivitl’enfant,tailledelafamille), néesd’écoleélémentairesansredou-
ainsiqueceluidesfilsetdesfillesde une prend en compte le mode de blerdéclinentaufuretàmesureque
cadresetdesenfantsuniques.Enfin, garde avant la scolarisation et les le nombre de frères et sœurs s’ac-
àsituationscolaireetfamilialecom- troisdernièresprécisentsoncontexte croît.Leniveaudediplômedupèrea
parable, l’entrée à 2 ans en mater- descolarisation(secteur,classement des effets moins marqués que celui
nelle constitue un phénomène qui enZEPettranched’unitéurbainede de la mère mais qui vont dans le
varieencoreselonlemodedegarde lacommunedel’écoleélémentaire). mêmesens:pluslepèreestdiplômé
antérieur : toutes choses égales par Dansunesecondeanalyse,cepremier et plus la probabilité d’effectuer sa
ailleurs,lesenfantsinscritsdansune modèleaétécomplétéenajoutantl’âge scolarité sans redoublement s’ac-
crèchecollectiveentrentmoinssou- d’entréeàl’écolematernellecommedi- croît. Les différences de réussite se-
ventàl’écolematernelleà2ans. mension explicative supplémentaire lonletrimestredenaissancerestent,
(modèle2dutableau5). àsituationfamilialeetsocialecom-
Regardons d’abord les résultats parable,trèssensibles:plusl’enfant
LASCOLARISATIONÀ delapremièreanalyse,quineprend estnéendébutdel’annéeetplusila
pas en compte les différences d’âge dechancesdeparvenirauCE2sans
2ANSAPEUD’EFFET
d’entrée à l’école maternelle (mo- avoir connu le redoublement. On
SURLESDISPARITÉS dèle1dutableau5).Ellemontrele noteaussiunevulnérabilitéauxdif-
SOCIALESDERÉUSSITE maintiendefortesinégalitéssociales ficultésscolairesplusgrandequand
AUCOURSDESDEUX deréussitedansl’écoleélémentaire l’enfant vit en famille monoparen-
desannées90.Detouteslescaracté- taleourecomposée.Enfin,dèsceni-
PREMIÈRESANNÉES
ristiquesobservées,cesonteneffetle veau d’enseignement, les filles se
DESCOLARITÉ
diplômematerneletlemilieusocial distinguent déjà des garçons par de
ÉLÉMENTAIRE quipèsentleplussurleschancesde meilleurescarrièresscolaires.
réussite.Pluslamèreestdiplôméeet Que se passe-t-il quand on ajoute
Cetteanalysedesconditionsd’ac- plusleschancesd’accèsauCE2sans l’âged’entréeàl’écolematernelleàces
cèsàlascolarisationà2ansinciteà redoublementsontélevées.Bienque différentes dimensions explicatives
réexaminerl’impactdecettemesure l’analysen’observequedeuxannées (modèle 2 du tableau 5) ? Deux
Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001 13
TABLEAU5–Impactnetdesdifférencesdesituationfamilialeetscolaire
surlaprobabilitéd'accèssansredoublementauCE2
Modèle1 Modèle2
MODALITÉDERÉFÉRENCE MODALITÉACTIVE Coefficient Effetmarginal Coefficient Effetmarginal
Constante 1,82 1,81
Probabilitédelasituationderéférence 86,1% 85,9%
Sexe
Garçon Fille 0,38 4,0 0,38 4,0
Rangdanslafratrie Rang2 -0,17 -2,1 -0,18 2,3
Rang1 Rang3 ns ns
Rang4 ns ns
Rang5etplus ns ns
Nationalitédel'élève
Français Étranger ns ns
Trimestredenaissance Premiertrimestre 0,56 5,4 0,53 5,3
Troisièmetrimestre Deuxièmetrimestre 0,21 2,3 0,18 2,1
Quatrièmetrimestre -0,24 -3,1 -0,21 -2,7
PCSdelapersonnederéférenceduménage Agriculteur 0,53 5,2 0,55 5,4
Ouvrierqualifié Commerçant,Artisan 0,35 3,6 0,38 4,0
Cadre,enseignant 1,10 8,8 1,11 9,0
ProfessionIntermédiaire 0,76 6,9 0,74 6,9
Employé ns ns
Ouvriernonqualifié -0,26 -3,5 -0,28 -3,7
Inactif -0,29 -3,9 ns
Diplômedupère Sansdiplôme -0,36 -4,8 -0,35 -4,7
CAPouBEP Certificatd'étudesprimaires -0,31 -4,1 -0,28 -3,8
BEPC,brevetdescollèges -0,31 -4,1 -0,32 -4,3
Baccalauréat 0,33 3,5 0,31 3,4
Enseignementsupérieur 0,52 5,2 0,51 5,1
Inconnu ns ns
Diplômedelamère Sansdiplôme -0,50 -7,1 -0,48 -6,9
CAPouBEP Certificatd'étudesprimaires -0,28 -3,7 ns
BEPC,brevetdescollèges ns ns
Baccalauréat 0,66 6,2 0,67 6,3
Enseignementsupérieur 0,91 7,8 0,92 8,0
Inconnu -0,38 -5,2 -0,36 -5,0
Activitédelamère
Mèreinactive Mèreactive 0,24 2,6 0,22 2,4
Structuredelafamille Monoparentale -0,36 -4,9 -0,36 -4,9
Pèreetmère Recomposée -0,50 -7,1 -0,49 -7,0
Autresituation ns ns
Tailledelafamille Unenfant ns ns
Deuxenfants Troisenfants -0,33 -4,5 -0,34 -4,6
Quatreenfants -0,59 -8,7 -0,60 -8,9
Cinqenfants -0,67 -10,0 -0,67 -10,3
Sixenfantsetplus -0,94 -15,4 -0,96 -16,0
Modedegardeavantl'écolematernelle Crèchecollective ns ns
Gardeaudomicile Crèchefamiliale ns ns
Nourriceagréée 0,39 4,1 0,37 3,9
Autremodedegarde ns ns
Inconnu ns ns
Tranched'unitéurbainedel'écoledeCP Rural ns ns
>ou=100000habitants <20000habitants ns ns
<100000habitants ns ns
Paris ns ns
Secteurpendantlascolaritéélémentaire Toutprivé ns ns
Toutpublic Àlafoispublicetprivé -0,56 -8,1 -0,56 -8,3
Nombred’annéespasséesenZEP Uneannée ns ns
Aucune Deuxannées ns ns
Âged'entréeàl'écolematernelle Deuxans 0,19 2,2
Troisans Quatreansetplus -0,58 -8,6
SOURCE–paneld'élèvesdupremierdegrérecrutéen1997.
LECTURE–àsituationcomparable,lesélèvesentrésàdeuxansàl'écolematernelleaccèdentplussouventauCE2sansredoubler
puisquelecoefficientestiméestpositif(+0,19)etsignificatif(p<.05).Àlasituationderéférence(présentéedanslacolonnede
gauchedutableau)ladifférenceestestiméeà2,2points;leurprobabilitéestiméed'accèsenCE2sansredoublerestdoncde
88,1%(85,9%+2,2).Lescoefficientssontprésentésselonleurseuildesignificativité:engras1%,enromain5%,enitaliques10%.
Au-delà,ilssontmarquésns(nonsignificatif).
14 Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001
enseignementsprincipauxsedégagent maternelle.Eneffet,silascolarisa- constitueunphénomèneindépendant
nettementdecettesecondeanalyse: tion à 2 ans jouait un fort rôle desconditionsd’accèsàl’écolemater-
–l’âged’entréeàl’écolematernelle compensatoireparrapportauxiné- nelle,àreliersansdouteàdesdifféren-
a bien un impact significatif sur la galités de ressources culturelles du ces sensibles de maturité.
réussite de la carrière scolaire au milieu familial, on aurait pu s’at-
cours des deux premières années tendreàcequelesécartsderéussite
d’écoleélémentaire,maislegainas- entre les enfants de cadres et ceux LESENFANTSDE
sociéàunescolarisationà2ansest d’ouvriers soient plus prononcés
CADRESETLESÉLÈVES
relativement faible. Par rapport à dans le modèle 2 que dans le mo-
leurscamaradesdemêmescaracté- dèle1:danscelui-ci,leschancesde ÉTRANGERSOUISSUS
ristiques scolarisés à 3 ans, les en- réussite des enfants d’ouvriers au- DEL’IMMIGRATION
fants entrés à l’école maternelle à raientétéfavorablementinfluencées
BÉNÉFICIENTPLUSDES
2ansvoientleurschancesd’accèsau parlefaitqu’ilsbénéficientplusfré-
EFFETSPOSITIFSD’UNE
CE2 sans redoublement progresser quemment d’une scolarisation à
ENTRÉEPRÉCOCEEN
seulement de 2 points (tableau 5). 2ans.Or,iln’enestrien.Raisonner
Enrevanche,onobserveànouveau ounonàâged’entréeàl’écolema- MATERNELLE
unedifférencederéussitebeaucoup ternelle comparable n’a pas d’effet
plusmarquéeentrelesélèvesscolari- surledéficitderéussitedesenfants Cette relative indépendance des
sés à 3 ans et ceux qui ne l’ont été d’ouvriersparrapportàleurscama- inégalités sociales de réussite par
qu’à4ansouplus.Cesderniersre- rades dont le père est cadre. Un rapportàl’âged’entréeàl’écolema-
doublentplusfréquemmentleCPou mêmeconstatpeutêtreétabliauni- ternellepeutaccréditerl’idéequela
le CE1. À situation familiale et veaudesdisparitésdecarrièressco- scolarisation à 2 ans n’aurait pas
contextescolairecomparables,leurs laires selon le trimestre de nais- d’effetsdifférentielsselonlesautres
chancesd’accèsauCE2sansredou- sance.Ellesneseréduisentquetrès caractéristiques de l’élève. Un tel
blementbaissentsensiblement;elles légèrement d’un modèle à l’autre. constat peut surprendre et poser
passent de 86 % à 77 % ; Or,silameilleureréussitedesélèvesnés question. En effet, quand on exa-
–lapriseencomptedel’âged’entrée audébutdel’années’expliquaitprinci- mine l’impact de la scolarisation à
àl’écolematernelleapeud’effetssur palementparunescolarisationà2ans 2anssurcertainessous-populations
les inégalités de réussite mises en plusfréquente,cetteréductionauraitdû définies par leur origine sociale, le
évidence dans le modèle 1. Elles se sedessinerplusnettementpuisqueces rapportàlamigrationouencorele
reproduisent presque inchangées élèves bénéficient d’une telle mesure faitd’êtrescolariséenZEP,c’estpar-
d’uneanalyseàl’autre.Cettestabili- beaucoupplussouventqueleurscama- foisunrésultatcontrairequisemble
téderésultatsmontrequecesinéga- radesnésauxtroisièmeetderniertri- se dégager. Ainsi, quand ils ont été
litéssontengrandepartieindépen- mestres.Larelativestabilitéderésultats scolarisésà2ansaulieude3ans,les
dantesdeladuréedescolarisationen montre que leur meilleure réussite enfants d’ouvriers et d’employés
TABLEAU6–Impactbrutdel'âged'entréeàl'écolematernellesurl'accèssansredoublement
auCE2selonlemilieusocial,lanationalité,lerapportàlamigrationetlascolarisationenZEP
En%
Âged'entréeàl'écolematernelle
Quatreans Gain2ans/
Deuxans Troisans
etplus 3ans
Professionetcatégorie Indépendant 93,4 91,9 74,6 1,5
socioprofessionnelledelapersonne
Cadre,enseignant 98,9 97,2 94,6 1,7
deréférenceduménage
Professionintermédiaire 95,6 95,3 89,1 0,3
Employé 89,6 84,9 73,8 4,7
Ouvrierouinactif 85,3 79,9 68,7 5,4
Nationalitédel'élève Français 91,1 88,4 78,0 2,7
Étranger 82,8 75,6 66,1 7,3
Pèreoumèreimmigré Oui 89,4 82,2 74,8 7,2
Non 91,0 88,8 77,1 2,2
ScolarisationenZEPenCPouenCE1 Oui 82,0 79,0 68,2 3,0
Non 92,0 89,1 78,4 2,9
Ensemble 90,8 87,7 76,6 3,1
SOURCE–Paneld'élèvesdupremierdegrérecrutéen1997.
LECTURE–lorsqu'ilssontentrésà2ansàl'écolematernelle,93,4%desenfantsd'indépendantsparviennentsansredoublerauCE2.
Lespourcentagesenitaliquesportentsurdeseffectifscomprisentre50et100.Ilsdoiventdoncêtreappréciésavecprudence.
Éducation&formations–n°60–juillet-septembre2001 15
semblentplusprofiterquelesautres français.Dansl’exempledelanatio- oul’appartenanceàunefamilleissue
élèves de cette scolarisation en ma- nalité,c’estdoncl’impactdesixin- del’immigrationdébouchesurdesré-
ternelleàlafoisplusprécoceetplus teractionsquiestestimé,deuxsitua- sultatsconvergentsavecceuxquiap-
longue. Leur taux d’accès en CE2 tions de nationalité (française ou paraissaientautableau6.L’effetposi-
sans redoublement s’améliore de étrangère)quipeuventsecombiner tifassociéàlascolarisationprécoceest
5 points alors que le gain est plus avectroisâgesdepremièrescolarisa- toujoursplusmarquéquandl’enfant
faible – voire parfois inexistant – tion(2,3ou4ans). estdenationalitéétrangèreoulorsque
danslesautresmilieuxsociaux(ta- Concentronsl’examendesrésul- ses parents ont immigré. Au niveau
bleau6).Unemêmetendanceappa- tatssurlesdifférencesderéussiteob- global,onobservechezcesélèvesun
raîtquandonobservel’effetdelasco- servables entre les élèves entrés à phénomène de compensation ana-
larisationà2anssousl’angledelana- l’écolematernelleà2ansetleursca- logue à celui qui vient d’être mis en
tionalitéoudurapportdelafamilleà marades scolarisés seulement à évidenceparmilesenfantsdecadres:
la migration. Le gain associé à cette 3ans(tableau7).Troisconclusions lefaitquelascolarisationprécoceaun
mesureestsensiblementplusmarqué sedégagentdecesanalyses: impactpositifplusfortchezlesécoliers
parmilesélèvesétrangersouissusde –l’effetpositifassociéàunescolari- étrangers ou issus de l’immigration
l’immigration. En revanche, aucun sationà2ansnes’observepasdans n’apasd’effetsurleursdifférencesde
effetdifférentieln’estmisàjourquand touslesmilieuxsociaux.Iln’appa- réussiteparrapportauxélèvesfrançais
oncomparelesélèvesselonleclasse- raîtpasparmilesindépendantsetles carilestannuléparlefaitqu’ilsaccè-
mentéventueldeleurécoleenZEP. professions intermédiaires. En re- dentmoinsfréquemmentquecesder-
Pour tenter de dénouer cette vanche, la meilleure réussite des niers à l’école maternelle à 2 ans ;
contradiction, il apparaît opportun écoliersscolarisésà2ansestsensible – en termes de déroulement de la
d’estimerplusprécisémentleseffets parmi les enfants de cadres, d’em- carrière scolaire, la scolarisation à
del’interactionentrel’âged’entréeà ployés et d’ouvriers. Mais l’examen 2 ans ne semble pas avoir d’effets
l’école maternelle et ces différentes des coefficients montre que cet im- parmi les écoliers de ZEP. Aucune
caractéristiquessocialesouscolaires pactpositifestplusmarquédansles différence significative de réussite
des élèves. Prenons l’exemple de familles de cadres que dans celles n’apparaît selon l’âge d’entrée en
l’interaction entre la nationalité de d’employésoud’ouvriers6.Onnote- maternelle, alors qu’hors ZEP, on
l’élèveetl’âged’entréeàl’écolema- raquecerésultatn’estpascontradic- observe,aucontraire,unemeilleure
ternellepourexpliquerladémarche toireavecceluimisenévidencedans réussite – mais légère – parmi les
d’analyse:aulieud’estimer,dansle letableau5.Lefaitqueglobalement élèves scolarisés à 2 ans.
modèle2présentédansletableau5, les enfants de cadres engrangent De tels résultats suggèrent qu’il
leseffetsdelanationalitéetdel’âge plus les bénéfices d’une scolarisa- nefautsansdoutepasattendred’une
d’entréeàl’écolematernelleséparé- tionà2ansestannuléparlefaitque, extensionéventuelledelascolarisa-
ment, une variable unique croisant par ailleurs, ils bénéficient moins tionà2ansuneréductionsignifica-
ces deux aspects est construite. Le souvent d’une telle mesure. C’est tivedesdisparitéssocialesderéussite
modèlen’estimeplusalorsleseffets pourquoi les modèles 1 et 2 du ta- quimarquentencoreprofondément
respectifsdel’âged’entréeàl’école bleau 5 présentent une stabilité de les premières années de scolarité à
maternelle et de la nationalité de résultatsauniveaudesdisparitésde l’école élémentaire. En revanche,
l’élève sur les chances d’accès au réussite entre cadres et ouvriers ; unepriseenchargeprécoceenécole
CE2sansredoublement,maisl’effet –l’analysedeseffetstouteschoseséga- maternelle apparaît souhaitable
del’âged’entréeàl’écolematernelle les par ailleurs de l’âge d’entrée à pourlesélèvesétrangersouissusde
selon que l’enfant est étranger ou l’écolematernelleselonlanationalité l’immigrationauxquelsellepermet
sans doute une appropriation plus
NOTE rapideetplusefficacedelalangueet
6.Cerésultatestétabliparlacomparaisondescoefficients.Lorsquel’élèveest delaculturedeleurpaysd’accueil.
entréà2ouà3ansàl’écolematernelle,êtreunenfantdecadreaunimpactpo- Elle apparaît d’autant plus néces-
sitifsurleschancesd’accèssansredoublementenCE2d’unélèvequipartage- saire que, pour des raisons qui ne
raitlesautrescaractéristiquesdelasituationderéférence.Maisceteffetpositif semblent pas relever seulement
estplusmarquéquandl’enfantestentréà2ans(+1,89)quelorsqu’iln’aété
d’unearrivéeplustardiveenFrance,
scolariséqu’à3ans(+1,14).Unedifférencede0,75séparelesdeuxcoeffi-
cients.Elleestplusélevéequel’écartquisépare,touteschoseségalesparail- ces enfants bénéficient moins sou-
leurs,lesenfantsd’ouvriersscolarisésà2ansdeleurscamaradesdemêmeori- ventdelascolarisationà2ans(cid:1)
ginesocialequinel’ontétéqu’à3ans(+0,23).
16 Éducation&formations–n°58–janvier-mars2001