Table Of Content2 MURRAY ROTHBARD
Renouer avec la liberté
Le manifeste libertarien
(extraits)
RENOUER AVEC LA LIBERTÉ 3
4 MURRAY ROTHBARD
Renouer avec la liberté
Le manifeste libertarien (extraits)
Murray Rothbard
Traduit par Guillaume Duclouet
Paris, octobre 2014
Institut Coppet
www.institutcoppet.org
Cette œuvre est diffusée sous
licence Creative Commons
RENOUER AVEC LA LIBERTÉ 5
6 MURRAY ROTHBARD
Table des matières
Préface....................................................................... 7
PREMIÈRE PARTIE : LE CREDO
LIBERTARIEN .................................................... 10
Chapitre 2 – Propriété et échange ............................... 10
L’axiome de non-agression ...................................... 10
Le droit de propriété .................................................. 15
La société et l’individu ............................................... 36
Libre-échange et liberté contractuelle ................... 40
Les droits de propriété et les « droits de
l’Homme » .................................................................... 44
Chapitre 3 – L’État ......................................................... 49
L’État comme agresseur ........................................... 49
L’État et les intellectuels ........................................... 68
RENOUER AVEC LA LIBERTÉ 7
Préface
Par Damien Theillier, président de l’Institut Coppet
Parmi toutes les présentations disponibles de la philoso-
phie libertarienne, Renouer avec la liberté, de Murray
Rothbard est dans doute la meilleure et la plus icono-
claste en même temps. Écrivain passionné mais toujours
rigoureusement logique, il manifeste ici toute l'étendue
de ses multiples talents : à la fois économiste, historien,
philosophe politique et moraliste. Pour la première
fois, deux chapitres essentiels de cet ouvrage fondateur,
écrit il y a plus de quarante ans, sont offerts au lecteur
francophone.
Rothbard y énonce les principes d'une société complète-
ment libre. Pour cela, il introduit le concept des droits de
l'homme comme droits de propriété. Il démontre que la
seule propriété légitime est la propriété de soi dont dé-
coulent naturellement la propriété des fruits de son tra-
vail ainsi que le principe de non-agression. Partant de là,
Rothbard propose des solutions concrètes aux
grands problèmes de société d'aujourd'hui : l'éducation,
la guerre, la liberté d'expression, la pollution, la crimina-
lité... Il aborde de nombreuses questions avec beaucoup
de perspicacité et de clarté. Certaines idées exposées
dans ce livre pourraient être qualifiées de gauche et
d'autres, de droite. Mais du point de vue libertarien, elles
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sont toutes intégralement en cohérence avec les prin-
cipes de la propriété légitime et donc de la justice natu-
relle.
Cette remarquable traduction de Guillaume Duclouet est
agrémentée de nombreuses notes de bas de page éclai-
rant le contexte historique et les auteurs cités. L’édition
originale de ce livre fut publiée aux États-Unis en
1973, c’est-à-dire au plus fort de la contestation contre la
guerre au Vietnam. Elle n’en reste pas moins tout à fait
actuelle, nombre de dérives étatiques constatées et dé-
noncées à l'époque ne s’étant qu’accentuées depuis.
Il est intéressant de voir que Murray Rothbard y critique
le philosophe français Jean-Paul Sartre pour son collec-
tivisme. En effet, ce dernier attribuait une responsabilité
collective à chacun des citoyens français concernant la
politique menée par le gouvernement français en Algérie,
notamment au regard des exactions commises par cer-
tains éléments de l’armée et des services spéciaux. Sartre
avait publié un article dans l’édition du mois de mars
1958 de la revue Les Temps modernes, intitulé : « Nous
sommes tous des assassins ». Murray Rothbard, dans la
lignée de l’individualisme méthodologique de son maître,
l’économiste autrichien Ludwig von Mises, rejette caté-
goriquement le concept même de responsabilité collec-
tive. La responsabilité ne peut être qu’individuelle, même
dans le cas d’individus agissant de concert.
S'inscrivant dans le courant non-interventionniste en
matière de politique étrangère, il rejette comme immo-
rale toute forme d’agression du gouvernement américain
dans un pays étranger. Il se montre également très cri-
tique envers l’influence du complexe militaro-industriel
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dans la politique étrangère américaine. C'est cette atti-
tude critique que l'on retrouvera quelques années plus
tard dans les discours et les campagnes de l'ancien repré-
sentant au Congrès Ron Paul.
Paris, novembre 2014
10 MURRAY ROTHBARD
PREMIÈRE PARTIE :
LE CREDO LIBERTARIEN
Chapitre 2 – Propriété et échange
L’axiome de non-agression
Le credo libertarien repose sur un principe cardinal :
aucun individu ni aucun groupe d’individus ne peut vio-
ler l’intégrité ou enfreindre la propriété d’un autre indi-
vidu. Ce que l’on nommera l’ « axiome de non-agres-
sion ». « Agression » peut être définie comme l’initiation
ou la menace de recourir à la violence physique contre
l’intégrité ou la propriété d’une autre personne. Agres-
sion est ainsi synonyme d’intrusion.
Si aucun homme ne peut recourir à la force contre un
autre ; si, en un mot, chacun a le droit absolu d’être
« libre » de toute agression, cela implique alors que le li-
bertarien défende fermement ce que l’on appelle com-
munément « libertés civiles » : les libertés d’expression,
de publication, d’association, mais également celle de se
livrer à des activités qualifiées de « crimes sans victimes »
telles que la pornographie, les pratiques sexuelles dé-
viantes, ou la prostitution (le libertarien ne considère pas
ces activités comme des « crimes », puisqu’il définit la
notion de « crime » comme une intrusion violente contre