QUE mANGENt LEs Ados?

32 Pages·2010·20.86 MB·French

internet mobile
Des réseaux trop chers
et trop lents
FRC www.frc.ch NO 33 novembre 2010 – 6 francs – 4 euros
magazine
FÉDÉRATION ROMANDE DES CONSOMMATEURS INDÉPENDANT ET SANS PUBLICITÉ
Pause de midi
QUE
mANGENt
LEs Ados?
l
a i
r
l e s l e c t e u r s
j u g e n t
l e s c f f
ÉDITORIAL
FR C magazine NovEmbrE 2010 No 33
imPressum
réinventons le clair-parler
éditeur
Fédération romande
des consommateurs

Présidente
deux salves de courrier ont s’ils touchent des domaines de Monika Dusong

visé les boîtes aux lettres de la consommation assez éloignés, rédacteur en chef a. i.
Luc-Olivier Erard
nombreux romands durant ces deux courriers se ressemblent:
le mois de septembre. deux cour- ils traduisent les efforts répétés de rédaction
Aline Clerc
riers qui, a priori, n’étaient pas faits deux entreprises bien établies pour agriculture, environnement
pour se rencontrer, mais qui vont se noyer des informations factuelles Nadine Frossard
juriste Permanence
télescoper... ici. dans les bons sentiments de la «re-
Valérie Legrand-Germanier
le premier vient du siège d’ubs. lation client». santé
Huma Khamis
la banque s’est attiré les foudres de plusieurs la langue de bois administrative et com-
sciences, tests
lecteurs qui nous ont confié avoir assez peu merciale vise à placer sur le terrain des senti- Florence Bettschart,
apprécié l’envoi d’une carte de crédit sup- ments et du bien-être des décisions purement droit
Valérie Muster
plémentaire qu’ils n’ont jamais demandée. économiques. c’est souvent le signe que l’on conseil Permanence
s’il est précisé que ladite carte est gratuite, cherche à cacher plus qu’à révéler, à vanter Anne Onidi
journaliste
comment blâmer ceux qui ont un peu de mal plus qu’à présenter, c'est aussi pourquoi de
Nadia Thiong ane
à croire en la réalité de ce terme si souvent nombreux consommateurs n’en veulent plus. économie

malmené? et ce n’est pas tout... comme les Luc-olivier Erard ont collaboré
pires démarcheurs à domicile dont on conte à ce numéro
François Maret
les exploits à longueur de FRC Mag’, les res- P. S. Le questionnaire distribué dans FRC
Mathieu Fleury

ponsables d’ubs demandent poliment à ceux Magazine No 29 de juin 2010 nous a été re-
Photo
qui ne veulent pas de ce bout de plastique de tourné à près de 5000 exemplaires. Merci à nos ARC/Jean-Bernard Sieber

le signifier à la banque par écrit. lectrices et lecteurs! Le dépouillement de ces concePtion et
la romande energie a, elle aussi, fait œu- documents nous permettra de mieux orienter réalisation graPhique
ADN Graphik
vre de communication pour annoncer une l’évolution de FRC Magazine en fonction des [email protected]

baisse de tarifs. las, le marché de l’électricité avis et des remarques qui nous sont parvenus.
directeur artistique
n’est ni des plus simples ni des plus transpa- Mais, surtout, il permet un éclairage inédit sur Martin Nieva
graPhiste
rents. du coup, il faut se contorsionner un trois sujets majeurs de préoccupation. Vous
Jonas Pahud
peu pour trouver une baisse, qui ne va pas découvrirez dans ce numéro l’enquête sur les
cotisation-abonnement
être effective pour tout le monde (voir en pharmacies (p. 10) et celle concernant le pro- 60 fr. par an (10 numéros),
2 ans 110 fr. (20 numéros)
page 5). jet Swissness (p. 3).
étranger 80 fr.
(10 numéros)
Abo de soutien à la FRC
90 fr. (2 ans 160 fr.)
CCP:
FRC Lausanne 10-21314-6

sOmmaire
adresse rédaction
3 Enquête lecteurs User de 17 Boîte à outils www.frc.ch, [email protected]
cp 6151, rue de Genève 17,
la croix suisse, oui, en abuser, non! 18 Non à la mention
1002 Lausanne
4 Coups de chapeau «sans OGM» Tél. [phone]
5 Bonnets d’âne 19 La colonne Meury Fax [phone]
coPyright
6 La FRC vous défend 20 Cela vous est arrivé
Tous droits réservés.
7 Test Les économiseurs d’eau 22 TEST Aucun article de ce journal
sPÉCiaL saNTÉ Les Gruyère mi-salés ne peut être reproduit
ni diffusé sans autorisation
10 Enquête lecteurs 26 Sous la Coupole expresse de la FRC ou du
Comment choisissez-vous 27 FRC Politique rédacteur en chef.
votre pharmacie? L’utilisation des tests à des fins
28 Ils ont testé pour nous publicitaires est interdite sans
12 Les compléments alimentaires accord expresse de la FRC.
29 C’est vous qui le dites
Sont-ils bien utiles?
imPression
30 Action Oui à l’eau
15 L’euro baisse, mais pas les prix Swissprinters Lausanne SA,
du robinet
sur papier certifié FSC
16 Téléphonie 31 Près de chez vous ber (respectant l’environne-
Des abo illimités… limités J.-B. Sie ment, b2la8n 8c0h0i seaxnesm chplloairree)s,
2
ACTuALITÉ
FR C magazine NovEmbrE 2010 No 33
Stéphane Rossini «Ces mesures
n'étaient pas les bonnes»
Le 1er octobre dernier, le Parlement enterrait des mesures pour endiguer l’augmentation
des coûts de la santé. Plusieurs exigences de la FRC en ont été victimes. Stéphane Rossini,
conseiller national, explique l'échec du «paquet Couchepin».
Comment vivez-vous le fait d’avoir rejeté ces mesures Mais alors les commissions de courtage et le démar-
alors que les primes augmentent? chage téléphonique perdurent, les génériques ne sont
pas encouragés et les franchises à option ne sont pas
Très bien. Ce paquet n’était pas bon: les assureurs al-
améliorées!
laient recevoir tous les détails concernant l’état de
santé des patients dans les factures médicales. Les ta- En effet, mais personne ne savait exactement combien
rifs des professionnels pouvaient baisser de 10% sans ces mesures permettraient d’économiser. En revanche,
disposition concernant la qualité. L’industrie pharma- les risques étaient tout à fait tangibles. Il fallait arbitrer
ceutique était protégée par une disposition floue, alors les intérêts. Maîtriser les coûts est une priorité, mais
que les patients étaient davantage sollicités pour les les vraies économies viendront des réformes structu-
frais hôteliers à l’hôpital. relles.
ASSuRANCE MALADIE
L'administration
admet un manque de contrôle
Plusieurs initiatives canto- toujours au sein de chaque caisse. On
nales ou fédérales – dont attendait au moins la fixation de taux
celle de la FRC et ses partenaires maximaux de réserves, l’administra-
(voir p. 32) – s’attaquent à l’opa- tion fédérale n’en veut pas. On espé-
cité qui caractérise le domaine de rait une séparation plus nette entre
l’assurance maladie, en particu- base et complémentaires, il paraît que
lier le mélange des genres entre c’est superflu. Toujours pas de pool
assurance de base et assurances de hauts risques, mais au moins un
complémentaires, et veulent trou- mécanisme de correction des erreurs
ver une issue à la gestion plus que d’estimation des caisses lors du calcul
douteuse des réserves de l’assu- des primes. Et des limites plus strictes
rance de base par certaines caisses. aux placements financiers des caisses.
Le Conseil fédéral a annoncé mettre En résumé, l’administration fédérale
prochainement en consultation un admet qu’elle manque de contrôle
projet de loi sur la surveillance des sur les caisses, que les pratiques de ces
assureurs: une bonne nouvelle en dernières sont souvent indésirables
soi, mais le contenu de ce projet (réserves, chasse aux bons risques)…
risque de décevoir. On aurait mais pas question de revenir sur les
souhaité un regroupement des principes de concurrence et de mé-
réserves au niveau national, le lange base-complémentaires. Et pour-
projet prévoit la fixation de ré- tant l’objectif est de mieux surveiller!
serves en fonction des risques, mais Valérie legrand-germanier
3
COuPS DE CHAPEAu
FR C magazine NovEmbrE 2010 No 33
Téléréseaux Grande disparité des offres de base
Soixante-deux des plus importants four- 10 pour 38 chaînes (Télémeyrin). Les offres
nisseurs suisses de téléréseaux sont passés les plus avantageuses ont été relevées en
A macdonald's, qui sous la loupe de Monsieur Prix. Le tarif de Suisse alémanique. Par exemple, 5 fr. 36
précise au dos des raccordement mensuel moyen (hors taxes) pour 55 chaînes à Binningen (Bâle). Aucun
sets de table «tout se monte à 17 fr. 44 pour 45 chaînes. Dans lien significatif n’a pu être identifié entre le
ce que contient un le détail, la situation est très hétérogène. prix et le nombre de chaînes proposées. Les
repas» en calories, En Suisse romande, le prix varie de 14 fr. 92 câblo-opérateurs arguent que l’avenir est au
sel, allergènes, etc. pour 32 chaînes (Sinergy Martigny) à 23 fr. numérique et non à l’analogique. CityCable,
56e seulement de l’étude de Monsieur Prix,
Aux librairies suisses, propose en effet près de 110 chaînes numé-
qui lancent e-readers. riques dans son offre de base! Reste qu’en-
ch, une plate-forme viron trois quarts des foyers suisses câblés
Internet pour faire regardent encore la télévision en analogique.
vos achats de livres Le maintien de ce type de diffusion semble
avec la librairie de servir à justifier la création d’abonnements
votre choix, et pour- supplémentaires pour accéder à une offre
quoi pas… la plus numérique, alors qu’il s’agit d’une simple
proche de chez vous? évolution technique. Les lois en vigueur ont
grand besoin d’être revues pour éviter
A emporia, fabricant que les consommateurs ne passent à la
de téléphones caisse pour de prétendus services sup-
qui vient de plémentaires.
s'allier à N. T. /Collaboration
Dominique Tinguely
Photo Sani
Prosenectute, en-
tre autres, pour lancer
un concours d'idées 3,4 milliards 70%
destiné à façonner
un téléphone pour
de francs. Bénéfice net publié
personnes âgées. Estimation des parts de marché
pour la première fois par le géant
détenues par l’iPod sur le mar-
A coop. Une valise de l’ameublement Ikea (2008-2009). ché mondial des baladeurs.
achetée 69 fr. il y a
quelques années avait
un peu trop bour-
lingué. Verdict du
Genève La Constituante aborde la conso
fabricant: irréparable.
Inadmissible pour le
magasin, qui a rem- L'article constitution- constituants. Mais cette victoire
boursé. Demandez nel sur la protection des est amère, comme s'empresse
à faire respecter vos consommateurs a passé la de le préciser Alfred Manuel.
droits et vous verrez, rampe en première lecture de Non seulement, «la formulation
parfois, ça marche! la Constituante genevoise. La retenue par la plénière affaiblit
victoire remportée par Alfred singulièrement la thèse propo-
envoyez-nous vos Manuel, membre de notre sée par la commission», mais,
propositions, vos section genevoise élu sur la de plus, certains acquis de la
coups de gueule, liste Associations de Genève, Constitution actuelle ont été
vos coups de cœur. démontre l'importance de la abandonnés, ce qui amoindrit
dites-nous comment défense des droits des consom- les chances du texte d'être un
vous consommez... mateurs dans l'esprit des jour adopté. L.-O. E.
[email protected]
Uolir
4
BONNETS D’ÂNE
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A lire Le système de santé radiographié
Le système de santé en Suisse est-il équitable? Peut-on
rationner l'accès aux soins? Qui décide des principes
éthiques en vigueur? Comment faire face à la hausse des A globus lausanne,
coûts? Ces questions, et bien d'autres, sont traitées dans qui a inversé le sens
un ouvrage à paraître avec la prochaine livraison de la d'un escalator. Raison
collection «Le savoir suisse». Rédigé par notre collègue invoquée par le maga-
Valérie Legrand Germanier, responsable du domaine sin: forcer les clients à
de la santé à la FRC, et le conseiller national valaisan passer devant le stand
Stéphane Rossini, cet ouvrage synthétise l'état du débat d’Orange. Le premier
en Suisse, apporte les données utiles à la formation blessé téléphone
de l'opinion publique dans cette matière très discutée, gratuitement à vie?
et ouvre quelques perspectives en matière de réformes.
Il sera prochainement disponible en librairie. Aux services
Plus d'infos sur www.lesavoirsuisse.ch industriels lausannois.
DR Le courrier envoyé
aux usagers du ré-
14% 200 000 seau électrique est
tellement tarabiscoté
qu'il a fallu que notre
Augmentation moyenne du Nombre de Funnybands (bracelets en sili- spécialiste Energie
volume des achats en ligne en cone) que les jeunes Suisses se sont arrachés confirme elle-même
Suisse (21 entreprises) en 2009. en Suisse entre août et septembre 2010. à nos membres qu'il
s'agissait bien d'une
baisse de tarifs,
preuve à l'appui.
Bisphenol A
A migros, qui aug-
mente d'à peu
L'Europe ne durcit pas ses recommandations
près 10% le prix
de certains tubes
L'autorité européenne berons. Certains pays euro- par mesure de précaution. (moutarde, mayo-
de sécurité des aliments péens ont donc décidé de le Mais l'Efsa, arguant de naise) en raison de
Efsa vient de renoncer à bannir, comme la France, métodologies imparfaites, la hausse du prix de
durcir sa législation en n'a pas suivi les re- l'aluminium. Entre
matière de Bisphenol A. comandations de avril et juin 2010, l'alu
Le Bureau européen des plusieurs études avait chuté. Devinez
consommateurs (Beuc) scientifiques. La si la mayonnaise
regrette cette décision. En France ou encore était retombée!
effet, ce produit, considéré le Danemark ont
comme un perturbateur déjà annoncé Aux laitiers de
endocrinien, est présent qu'ils enten- migros encore, qui
dans de nombreux biens daient maintenir prétendent, sur un
de consommation destinés leurs interdictions pot de yogourt, avoir
à l'alimentation, malgré l'opinion de affronté les ronces
comme des bou- l'Efsa, indique le dans la forêt pour
teilles ou des bi- Beuc. cueillir des baies
des bois, même au
risque de «déchirer
leurs vêtements».
Un tel héroïsme
Pix 4 U
force l'admiration.
5
ENquêTE
FR C magazine NovEmbrE 2010 No 33
PAuSE DE MIDI
que mangent les ados?
Les adolescents sont plutôt sensibles à la qualité de ce qu'ils mangent
à midi et font de bons choix, quand c'est possible.
S'agissant des boissons, le soda reste en revanche très consommé.
Orgie de frites, de hamburgers et de kebabs arrosés de près de deux fois sur trois en moyenne. Cette proportion
boissons sucrées et de desserts copieux, voilà un cliché est plus importante (plus de 80%) parmi les collégiens de
véhiculé sur les habitudes alimentaires des ados. Même Bulle, de Porrentruy et de Lugano qui habitent loin de
si la santé n'est généralement pas leur première préoccu- l’établissement scolaire et n’ont pas le temps de rentrer
pation, les habitudes prises lors de cette période seront à midi. Certains élèves mangent même leur pique-nique
importantes pour le reste de leur vie, en particulier en ce du mercredi dans le bus, en rentrant à la maison après la
qui concerne le surpoids. Les résultats de notre enquête demi-journée de cours. Le repas pris hors du domicile est
sur le terrain montrent pourtant une réalité bien plus donc une réalité importante dans la vie des jeunes.
nuancée que cette apparente insouciance.
Pas cher et convivial
Plus de 60% des repas pris hors du domicile Quelles sont leurs préoccupations? Le prix, une nour-
Les adolescents que nous avons rencontrés durant no- riture saine, le côté convivial? 62% des jeunes estiment
tre enquête prennent leur repas de midi hors du domicile important de pouvoir manger pour pas cher. «Nous met-
tons au grand maximum 10 francs», expliquent Larissa et
Rafaella, deux préapprenties en graphisme lausannoises
menus cafeteria de 17 ans, qui apprécient spécialement les salades et les
menus (restaurants, invitations) restes à chauffer au micro-ondes; 59% trouvent également
salades et fruits important de passer ce temps avec des amis. Ce côté convi-
sandwichs divers (pain, burritos,etc.) vial est particulièrement recherché par les lycéens.
150
Plats de pâtes ou crêpes La moitié des élèves interrogés souhaitent manger une
hamburger ou kebab nourriture saine, particulièrement les gymnasiens, les ap-
120 frites ou nuggets prentis opticiens et les futures coiffeuses, même si ce sou-
Pizza hait n’est pas systématiquement mis en application lors du
desserts choix de leurs repas. Ce critère est nettement moins cité par
90
les apprentis tôliers-carrossiers et les élèves techniciens.
Globalement, les apprentis apprécient un repas chaud à
midi (69%) et souhaitent avoir un endroit pour pouvoir
60
manger assis. Les cafétérias des établissements représen-
tent donc une attente importante: pendant leur journée
30 d’école, 57% des apprentis interrogés fréquentent la café-
téria pour y trouver leur repas chaud et pas trop cher, mais
73 46 92 131 73 56 55 29 26 n’y choisissent pas toujours le menu le plus équilibré.
0
menus consommés
52% 43% 34% 25% 18% 8%
nourriture consommée (hors repas pris à domicile), Durant une semaine d'enquête, nous avons compta-
le total excède les 456 plats, car les repas peuvent être bilisé 456 repas pris à l'extérieur par des élèves en forma-
panachés (sandwich et fruit par exemple). tion postobligatoire agés de 15 à 19 ans.
6
13%
15%
44%
43% 49%
26% 54% 29%
13% 7% 7%
ALIMENTATION
FR C magazine NovEmbrE 2010 No 33
Concernant la composition de ces repas, de nombreux 2006, qui relevait que seuls 40% des adolescents consom-
élèves ont jeté leur dévolu sur des sandwichs (dans 22% ment au moins une fois par jour des fruits ou des légu-
des cas), que l’on peut facilement emporter et manger ra- mes. Il est donc à espérer que les élèves interrogés ont la
pidement partout. Selon les spécialistes de l’alimentation, possibilité de compléter leurs apports journaliers par un
un sandwich peut très bien faire partie d’une alimenta- repas du soir équilibré…
tion équilibrée, surtout si la garniture est peu grasse et Quant aux frites, elles n’ont été consommées que
s’il est accompagné d’un fruit ou d’un légume. Au total, dans 6% des cas (38 fois), souvent dans la cafétéria de
un peu plus de 40% de tous les repas comportaient une l’établissement scolaire, mais aussi comme accompagne-
portion de fruit ou de légume, que ce soit inclus dans le ment d’un hamburger ou de nuggets achetés à l’extérieur.
menu ou apporté par une salade ou un fruit. Dans ce cas, le décompte calorique est souvent majoré
Ces données corroborent les résultats d’un sondage par une boisson sucrée incluse dans le prix de ces «me-
sur l’alimentation des jeunes en âges scolaire, réalisé en nus». Déguster ce type de plats de temps en temps ne 
7
ENquêTE
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Photos: Bmaksym, Izusek, Tom Fullum, Sielemann, Ncognet0, Track 5, Tom Fullum
pose pas de problème, pour autant que les autres repas donc tout à fait justifié. Un environnement agréable, à
soient mieux équilibrés… l'abri du stress, aide à bien digérer et permet de faire le
plein d’énergie au milieu de la journée.
lieux d’achats
Les parents allouent généralement une certaine somme les cafétérias
à leurs enfants, qui vont profiter de la liberté de choisir Toutes les écoles mettent à disposition des élèves
(43% indiquent cette motivation); les cafétérias des établis- une ou deux cafétérias, selon la taille de l‘établissement.
sements sont donc soumises à la concurrence extérieure. Certaines accueillent les élèves dépendant des aléas des
Nous avons pu décompter, dans un rayon de 500 m autour horaires des transports publics à partir de 6 h du matin.
des écoles, entre 65 (collège de la Planta, Sion) et 18 (col- Au CPLN, à Neuchâtel, les conseillers sociaux ont orga-
lège Sismondi, Genève) points de vente et restaurants où nisé des petits déjeuners événementiels pour sensibiliser
l’on peut acheter ou consommer de la nourriture. Malgré les jeunes à l’importance de ce repas matinal qu'ils omet-
cette offre abondante, 35% des repas ont été consommés tent trop souvent de prendre.
dans les cafétérias. Les apprentis qui ne suivent les cours Le prix du plat du jour se monte, en moyenne, à 10
qu’une fois par semaine y mangent plus volontiers. Ce sont fr 50. Le moins cher est servi pour 8 fr. au Lycée canto-
également eux qui disposent de la pause de midi la plus nal de Porrentruy, et le plus cher coûte 13 fr. 50 au CPLN
courte de notre enquête (quarante-cinq minutes). de Neuchâtel, les menus les plus chers comprenant un
Parmi ces nombreux points de vente, seul un petit nom- buffet de salades en entrée. Mais pour 8 fr. 90, l’assiette
bre d’entre eux sont effectivement visités par les élèves. Cela Fourchette verte du collège Sismondi, à Genève, est ac-
dépend des prix pratiqués, mais également de l’accueil et compagnée de pain, et un complément de légumes ou de
de la clientèle (un établissement était peu fréquenté par féculents peut être demandé, ce qui est particulièrement
les élèves parce que les professeurs y mangeaient volon- adapté aux besoins parfois importants des jeunes adul-
tiers), et des «modes» du moment. Par exemple, certains tes. Les différences de prix relevées d’un établissement
élèves bullois se font livrer des pizzas pour manger selon à l’autre sont très importantes. Or, après avoir interrogé
leur envie et rester entre amis. «C’est vrai que les élèves ont une vingtaine d’adolescents dans la rue, le constat est
tendance à suivre les copains quand il s’agit de choisir un clair: 10 francs pour un repas, c’est un maximum qu’ils ne
endroit pour manger à midi, constate Hélène Bétrisey, une peuvent pas se permettre de dépasser. Les élèves paient
enseignante valaisanne dont la classe a rempli notre ques- en moyenne 8 fr. 50 par repas, ce qui est nettement moins
tionnaire. En créant un agenda scolaire sur le thème de que la moyenne d’un plat de cafétéria. Une baisse du prix,
l'alimentation et du mouvement, mes élèves auront peut- par exemple par une subvention, n’amènerait-elle pas un
être été sensibilisés et l'agenda modifiera éventuellement plus grand nombre d’élèves à profiter de cette offre? Un
le comportement de quelques uns des 650 élèves qui l'ont exemple à suivre: dans le canton du Jura, toutes les can-
acheté. Il est cependant difficile de l'évaluer.» tines scolaires sont subventionnées, et les prix identiques
partout. «Actuellement, nous sommes à 8 francs pour
où mangent-ils? les élèves et 14 francs pour les adultes», précise Nadine
21% des repas ont été consommés dans un restau- Girardin, coordinatrice pour le programme Fourchette
rant ou une cafétéria de supermarché et 13% des repas verte du Jura. A Sion, Francis Rossier, le recteur du col-
ont été dégustés dans un parc; 57% des repas (menus, lège de la Planta s'inquiète du manque de places dans les
plats achetés à l’extérieur ou apportés de la maison) sont cantines: «Sur nos 950 étudiants, 160 environ mangent
consommés à l’école et à proximité immédiate, ou sur le dans notre cafétéria, environ 220 dans une autre cantine
lieu de travail en ce qui concerne les apprentis. Le souhait gérée par la Ville, et une centaine prennent leurs repas
des jeunes d’y trouver des aménagements favorables est dans une salle équipée ou dans un lieu de restauration
8
ALIMENTATION
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rapide. Le Service de l'Enseignement vient de mettre sur fer les plats apportés. Les élèves genevois et lausannois ont
pied un groupe de travail qui va réfléchir à une offre plus la chance de pouvoir manger à table dans la cafétéria et
importante, destinée aux étudiants du nord de la ville.» d’utiliser la vaisselle et les services mis à disposition. Alors
A La Chaux-de-Fonds, les adolescents rentrent souvent que le «fait maison» offre choix et prix bas, peu d’élèves
manger chez eux à midi. «J’en observe qui passent vite apportent leur repas de la maison (10% des repas).
s’acheter des chips avant de rentrer à la maison, note
Souhaïl Latrèche, médecin scolaire depuis quinze ans. la responsabilité de tous
Je ne sais pas ce qu’ils mangent dans leur foyer. Mais, Les élèves disposent de plusieurs options pour se
globalement, j’observe un changement dans la manière nourrir, de manière équilibrée… ou pas. Afin que les
qu’ont les parents de faire attention à ce qu’ils donnent à variantes équilibrées soient effectivement choisies, elles
leurs enfants. J’ai l’impression que les familles ont com- devraient être plus attrayantes, avec des prix intéressants
pris qu’il y a quelque chose à faire à ce niveau.» et une présentation attractive. Au contraire, les menus
La plupart des cafétérias offrent, outre le plat du jour, associant plats gras et boissons sucrées ainsi que la mise
d’autres plats, des sandwichs et des snacks sucrés ou salés. à disposition en permanence de snacks et de boissons
Ces plats ne sont pas particulièrement équilibrés, comme par les automates créent un environnement favorable à
des assiettes de frites ou des tranches panées, mais certains la consommation de ce type de produits. «La présence
établissements font l’effort de proposer des plats plus sains, dans les collèges et les cantines de distributeurs de bois-
et parfois à la mode, comme par exemple des wraps farcis sons gazeuses très sucrées nous inquiète. Nous essayons
de légumes à Neuchâtel. Pour les desserts, les fruits, dispo- de convaincre les autorités compétentes de les suppri-
nibles seulement dans certains établissements, coûtent en- mer», explique Claude-François Robert, président de la
tre 50 ct. (Sion) et 1 fr. (Lugano); ils sont donc concurrencés Commission de prévention et de promotion de la santé
par des barres chocolatés ou des bonbons facturés entre 60 des cantons romands.
ct. et 3 fr., et présents partout. Ces snacks hypercaloriques Bien fréquentées par les élèves, les cafétérias ont un
sont également offerts dans les automates installés dans les rôle important à jouer; mais les points de vente extérieurs
couloirs, ce qui augmente la sollicitation alimentaire conti- qui concentrent leurs visites devraient également être
nuelle et la surconsommation qui s’ensuit. responsables vis-à-vis de cette clientèle dont ils encais-
Tous les établissements offrent également un endroit sent régulièrement le budget repas.
pour consommer un pique-nique apporté de la maison ou Dossier Aline Clerc, Anne Onidi,
acheté à l’extérieur, et un four à micro-ondes pour réchauf- Barbara Pfenniger
Protocole d’enquête Remerciements
Début juin 2010, nous avons interrogé 128 apprentis, lycéens, La FRC remercie tous les élèves qui ont ré-
collégiens et gymnasiens de neuf classes dans sept établisse- pondu au questionnaire, les enseignants, les
ments scolaires du postobligatoire (Bulle, Genève, Porrentruy, conseillers sociaux et les directions d’école
Sion, Lausanne, Lugano, Neuchâtel) pour avoir un «instantané» pour leur aide active, et les responsables
de leur réalité. Ces jeunes femmes et hommes âgés de 15 à 19 des cafétérias pour leur disponibilité. Nous
ans ont noté pendant une semaine tout ce qui concerne leur remercions la Conférence latine des affaires
repas de midi. Pendant ce temps, un enquêteur de la FRC a re- sanitaires et sociales CLASS et Promotion
censé l’offre dans et autour de ces établissements scolaires. Santé Suisse qui ont soutenu ce projet.
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ENquêTE
FR C magazine NovEmbrE 2010 No 33
BOISSONS SuCRÉES Des calories
«vides» qui coûtent cher
Très consommés, limonades et thés froids contribuent au surpoids...
et aux revenus des cafétérias.
Une bouteille de 5 dl de thé froid ou de soda à Neuchâtel). Hors des cafété-
cola apporte entre 143 et 215 calories. rias, les automates à boissons situés
En comparaison, un gros hamburger dans les couloirs les rendent dispo-
en compte 500 et un kebab 580. Rien nibles en permanence. Exception
d’étonnant à ce que la surconsomma- à mentionner: le collège Sismondi,
tion de boissons sucrées soit un des à Genève, les a bannis.
facteurs désormais bien identifié de Face aux boissons sucrées, les élè-
l’augmentation du surpoids dans la po- ves sont partagés. Une collégienne de
pulation. Chez les enfants et les adoles- la Planta, à Sion, ne jure que par l’eau
Stuart Miles
cents, 10% à 15% de l’apport calorique du robinet de son village. Certains élè- résistez à la tentation. des recettes
proviennent des boissons, sans que ves de l’EPSIC, à Lausanne, n’hésitent simples peuvent vous aider.
ces calories servent à autre chose qu’à pas à y consacrer jusqu’à 10 fr. par se-
faire grossir. C15e0 sont des calories vides maine ou à aller acheter meilleur mar- rafes en libre-service encouragerait les
qui donnent de l’énergie sans apporter ché dans un supermarché un thé froid jeunes à s’hydrater sainement. Comme
d’éléments nutritionnels comme des qu’ils boiront en mangeant le menu par exemple au collège du Sud, à Bulle.
120
vitamines ou des minéraux. Elles s’ad- de la cafétéria. Quant aux boissons su- «Notre cafétéria est équipée d’un robi-
ditionnent à celles contenues dans les crées proposées gratuitement avec des net avec détecteur et des carafes d’eau
aliments et inc9i0tent souvent à manger menus, elles font craquer même ceux circulent sur les tables. Les élèves boi-
davantage. qui n’en consomment presque jamais. vent presque tous de l’eau du robinet,
c’est un système qui fonctionne bien!»
très consommé60es, les boissons sucrées l’intérêt économique se félicite l’administrateur du collège,
Sur les 436 boissons recensées, on Au rayon des boissons, toutes les Jean-Marc Oberson.
dénombre 189 boissons sucrées, soit cafétérias offrent l’eau du robinet gra- L’abondance de l’offre en boissons
30
43%. Elles sont omniprésentes: dans tuitement aux élèves, mais cette pos- sucrées répond à un intérêt économi-
les points de vente ext7é3rieu4rs6, le9s 2ca1-31sib7il3ité n5’6est p5a5s to2u9jour2s6 bien mise en que des gérants de cafétérias. En effet,
fétérias et les 0automates à boissons, évidence. Parfois, il faut demander un ils ne gagnent presque rien sur les me-
et souvent incluses dans des menus verre d’eau, possibilité trop compliquée nus et doivent compter sur les ventes
52% 43% 34% 25% 18% 8%
tout compris. Dans les écoles, le prix si on doit refaire la queue parce qu’on annexes. «Nous gagnons sur les ventes
de ces boissons va de 1 fr. (un verre à a encore soif. Une offre facilement ac- de sandwichs, de boissons et de frites»,
Porrentruy) à 3 fr. 40 (5 dl d’eau ou de cessible comme un robinet ou des ca- explique ainsi Chantal Caburet, co-
gérante de la cafétéria 2000 à l’EPSIC,
fonctionnant sans subvention. Même
Que boivent les ados en journée? cas de figure à Bulle: «L’essentiel du
revenu du gérant de notre cafétéria re-
pose sur les ventes de viennoiseries, de
13% repas et de boissons,1 c5a%r c’est lui qui
eau du robinet encaisse les bénéfices des distributeurs
44%
43% de boissons dans le hall d'entré d4u9 %
26% 54% 29%
boissons sucrées (limona- collège.», relève Jean-Marc Oberson.
13% des, thé froid7, %etc.) Difficile dès lors de demand7er% aux gé-
autres (eau minérale, jus de rants de renoncer à cette source de re-
fruits, ect.) venu si on ne complète pas le manque
à gagner par d’autres moyens.
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