Table Of ContentQUAND LA CHINE S'ÉVEILLERA ...
Attribuée à Napoléon, la prophétie d'où est tiré le titre de ce livre ne
figure dans aucun de ses écrits. L'Empcn·ur l'aurait prononcée en 1816,
après avoir lu la relation, dont il sera souvent question dans ces pages,
du Voyage en. Chi ne et en Tartarie de Lord Macartncy, premier ambassadeur
du roi d'Angleterre t~n Chine; à moins que cc fût à l'occasion de la visite de
Lord Amherst - successeur malchanceux de Lord Macartney -, qui, au
retour de Pékin, avait fait escale à Sainte-Hélène. Lénine a repris ce pro
nostic à son compte dans son dernier texte, ùicté le 2 mars 1923, ~.Voins
nombreu.x mais meilleurs.
Alain PEYREFtl 1 B
QUAND LA CHINE
S'ÉVEILLERA ...
•.. le monde tremblera
NAPOLÉON Jer
REGARDS
SUR LA VOIE CHINOISE
FRANCE LOISIRS
30, rue de l'Université - Pari~
&lition du Oub France Loisirs, Paris,
avec l'autorisation de la Librairie Arthàne Fayard.
Pbotop-apbies de Marc R.iboud.
C Ubrairio Arthàne Fayard, 1973.
ftÛmOÎ,.,
A la ile Pafll CORMIER,
,,..,~ tlispan~,
 Vi1SCMII A.NSQUER, Marcel BtRA.UD,
G«Wges CARPENTIER, Albm CATALIFAUD,
Femaffll ICART, A.Zbm MARCENET,
PA.PON, Clwisliaff PONCELET,
Mat~riu
Ht~bm ROCHET, Louis SA.LLt,
,., ,., a•is,
eolUgt~U,
saM pi u Ziwe ff'edl pa lU "*epm.
sÂa fJ"S" 'la /q"fu"U"e" ü ,., e4t ;a lU W..l.
Remerciements
Je voudrais aussi exprimer ma reconnaissance :
aux autorités chinoises, qui ont accordé à. notre mission d'études les
facilités souhaitables et nous ont ~rvé le meilleur accueil; à. commencer
par L.L.E.E. le Premier ministre Chou En-lai, le président Kuo Mo-jo, le
ministre des Aftaires étrangères Chi Peng-fei et l'ambassadeur Huang Chen,
aux citoyens chinois - ouvriers, paysans, militaires, intellectuels,
cadres, responsables de comités révolutionnaires, étudiants, écoliers, gardes
rouges -, dont la conversation nous a été précieuse,
à. l'ambassadeur de France 1 Pékin, ttienne Manac'h, et à. ses collabora
teurs Robert Sanson, conseiller commercial, Jean-Paul Réau et Jacques
Costilhes, secrétaires d'ambassade et sinisants confirmés, qu'il avait détachés
pour nous accompagner,
au consul général de France 1 Hong Kong, Gérard de la Villœbrunne,
qui m'a ménagé d'utiles contacts,
aux administrateurs qui nous accompagnaient, Françoise Monet et
Paul Cahouat, qui ont eu la patience de prendre note des entretiens et de
tenir heure par heure notre journal de voyage,
aux journalistes dont la curiosité d'esprit a grandement contribué 1
enrichir notre moisson : Jean Carlier, Maurice Delarue, Jean-François
Kahn, Georges Menant, André Pavolini, Jean-Claude Turjmann, Bernard
Volker; et, tout particulièrement, Robert Guillain- dont c'était le sixième
séjour depuis 1937 -, Max Olivier-Lacamp et Marc Riboud, qui établis
saient des comparaisons significatives avec des voyages qu'ils avaient
accomplis en Chine 1 dülérentes époques.
aux sinologues qui ont bien voulu m'éclairer de leur science, nommément
Lucien Bianco,. professeur d'histoire de la Chine 1 l'tcole Pratique des
Hautes ttudes, Jacques Gulllermaz, directeur d'études et directeur du
Centre de Documentation sur la Chine contemporaine aux Hautes ttudes,
et mon vieux camarade Robert Ruhlmann, professeur de chinois à. l'Institut
national des Langues et Civilisations Orientales,
aux quelques amis fidèles qui m'ont aidé de leurs conseils,
sans oublier les directeurs du Figaro, du Monde, de LaCroix,d'Entrejwise,
de France-Soir, des Nouvelles Littéraires, du Pari,ien Libéré, de la Revt~~
tles Deu% Mondes, de Démocrates, des A•nales de la Société de Géographie,
qui m'ont autorisé 1 reproduire tout ou partie des articles qu'ils m'avaient
demandés.
N.B. : Parmi les trois transcriptions du chinois qui sont en usage en
Occident - la transcription anglo-saxonne (W ad~), la transcription offi
cielle chinoise (pinyin) et la transcription de l'École française d'Extrême
Orient - nous avons choisi la première, la plus répandue de beaucoup.
Le lecteur trouvera, à. l'Index des fJOmS, en fin de yolume, un tableau de
concordance des trois transcriptions.
PLAN DE L'OUVRAGE
I•otltlctitm : Modèle, mode, méthode.
PumiŒ PARTIE : Quelques secreta de la Vole chlnolae
I. Le culte du sage, du héros, du saint
II. La ~ée-maotsetung : une c bombe atomique spirituelle 1
III. Chou En-lai
IV. Médecine du pauvre, ou médecine de pointe?
DBuXIto PARTŒ: Chanaer l'homme
V. Le remodelage des esprits
VI. tducation ou mise en condition de l'enfance
VII. Des universités c prolétarisées •
VIII. c Révolutionnons la recherche scientifique et technologique •
IX. Information et communication
X. Le concassage de la société
XI. c Sur des pensers nouveaux .•• 1 011 un art révolutionnaire conser-
vateur
XII. Les figures exemplaires du .r épertoire
TROISilME PARTIB: Lea auccêa de la Vole chlnolae
XIII. La multitude mattrisée
XIV. La féodalité ~
XV. L'Empire-du-milieu restaure
XVI. La mis«e vaincue
XVII. Une agriculture nourricière
XVIII. Industrie industrielle et industrie industrieuse
XIX. Entre l'économie de subsistance et l'économie d'échanges
XX. Le décollage
QuATRŒMB PARTIB : Le co6t de la r6aaalte
XXI. Le prix du afta
XXII. Le sacdfice ~hDertés
XXIII. Des esprits courbés
XXIV. Les fugitifs de Hong Kong et de Macao
XXV. La fragilité du régime
XXVI. La révolution perpétuelle
CoNCLtTSIOlf : L'6veU de la Chine : ~ • modèle • ou ua • miracle a 1
Â81NUS:
1. Chronologie de la RépubHque et de la Révolution chinoises (1911-
1966). !. Clironologie de la Révolution culturelle et de sa c réàction
thermidorienne • (1966-1973). 3. Quel est le Produit national brot de
la Chine populaire? 4. Notes documentaires et références. S. Biblio
graphie. 6. Index des noms chinois. 7. Table des illustrations.
Table des matières analytique ••••••••••••••••• p. 491
»
R S
AE
PC
N
E I
TV
UIO
DR
NP
OT
CI
U
S H
E-
DX
UDI
T
ÉS
D'E
D
N E
ON
SIHI
SC
MIc
c
A LA
E LNs·
D
A
E D
R
AIUR
RE
ÉT
NU
TIA
IL·
N
A
N
U
H
1
t • ;r ~~ C. D 1 A: t-i vi 'l fa .g il • i 1 r li
Introduction
MODÈLE, MODE, MÉTHODE
Quelques jours avant mon déparl pour la Chine popula~re, le
président des étudiants de l'université polytechnique .de Berlin-Ouest
m'affirmait avec fougue : « M e1 camarades et moi, nous ne som,us pas
ici pour faire des études, mais pour jaire la révolution. Nous ne nous
séparerons pas avant d'avoir fondé la société socialiste. - Qu'est-ce
qu'une société socialiste} - Une société vraiment égalitaire, oil les
classes ont disparu, où les hommes ne vivent pas pour eu%-mi~Ms mais
pour les autres, pas pour le prof it mais pour la justice. • Mon .ami
Fritz Stern demanda : « Une pareille société a-t-eUe jamais e%istéJ
Peut-eUe e%ister; - Nous sommes bien placés pour savoir que le
modèle soviétique a échoué. Mais la société que nous voulons, eUe
e%iste... en Chine. Nous acclimaterons en Allemagne le modèù
chinois. •
« Chinesisches ModeU • : à Brime, à Hambourg, à Stuttgart, la
mime expression revenait, et des affirmations semblables, dans la
bouche de responsables étudiants, d'assistants, voire de projess,.rs
titulaires. Nous les avions entendues en France; nous les entendions en
Allemagne. Le «modèle» n'était-il pas plutôt une mode?
La mode de la Chine est fille de l'én~gme. Trop de mystère décou
rageait la curiosité : un peu moins l'aiguillonne. Pendant la Révolution
culturelle, on n'en apprenait pas assez sur ce pays en délire pour
s'intéresser à lui; ou l'on niait ce qui venait de lui. A près cinq années
de repliement, les quelques visas accordés, la reprise du dialogue avec
l'Occident ont provoqué en faveur de la Chine le mime engouement que,
naguère, la Russie d'après la mort de Staline. Sur le chemin du retour,
je fis une brève étape touristique à ] érusalem,· tandis que j'escaladais
les grottes de Qûmran, je fus rejoint par des journalistes israéliens :
mon arrlt ne signifiait-il pas que.je venais négocier en secret l'établis
sement de relations diplomatiques entre Pékin et Tel-AvivJ Â Orly,
une cohue m'attendait : n'étais-je pas porteur d,' un message du
président Mao au président Pompidou?
Déjà, dans le spécimen le plus fameu%· de la littérature de voyage, ·
Le devisement du monde, Marco Polo porle témoignage d'un ·spectacle