Table Of ContentPsychopathologie de la scolarité
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Collection Les âges de la vie
Dirigée par Pr Daniel Marcelli
Psychopathologie
de la scolarité
De la maternelle à l’université
3e édition
Nicole Catheline
Psychiatre, praticien hospitalier,
Accueil thérapeutique de jour pour adolescents,
Centre hospitalier Henri Laborit, Poitiers
Préface du Professeur Daniel MARCELLI
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Préface
En France, tout particulièrement, l’école est une véritable institution…
nationale ! Elle a son langage, ses codes, ses rites, elle est le premier
employeur du pays, dispose de son propre Bulletin Officiel qui diffuse des
circulaires, arrêtés, règlements multiples et nombreux. Bien que ses membres
soient tous avides de savoir et de connaissances nouvelles, l’institution
se montre particulièrement sensible à la moindre idée de changement ou
d’évolution institutionnelle ! Il n’en faut pas beaucoup pour que l’école se
sente menacée et que les vagues protestataires déferlent sur le macadam
des grandes villes. Depuis qu’elle existe, l’école a assurément procuré à tous
ceux qui la fréquentent, élèves comme enseignants, de grandes joies, un
enrichissement intellectuel et même affectif, elle a permis des promotions
individuelles impensables quelques siècles auparavant, elle a contribué au
combat contre la pauvreté, la misère sociale et culturelle liée au manque
d’instruction. Mais elle a été aussi et est encore productrice de souffrance,
chez les enseignants certes mais aussi dans les familles, chez les parents
comme chez les élèves : elle stigmatise, rejette, révèle des pathologies et
parfois même en fabrique… La psychopathologie liée à la scolarité peut
s’entendre de bien des manières, et nombreuses sont les façons de l’aborder.
Le mérite du présent ouvrage est de s’être attelé à cette tâche et d’apporter
au lecteur un ensemble de faits et de connaissances très complet.
Les plaintes concernant la scolarité chez un enfant ou un adolescent
représentent un des motifs de consultation les plus fréquents auprès d’un
professionnel de santé. Certes, la plainte peut recouvrir des problèmes
extrêmement variés témoignant de la complexité d’un tel « symptôme » : il
n’y a pratiquement aucune pathologie de nature psychique qui, à un degré
ou à un autre, ne présente un retentissement scolaire. Même dans l’ano-
rexie mentale, la scolarité « fait symptôme » par son hyperinvestissement.
Mais au-delà de cette approche classique : les difficultés scolaires liées à telle
ou telle condition psychopathologique : retard mental, dépression, psy-
chose, etc., on rencontre bien évidemment d’autres difficultés spécifiques.
Celles liées aux apprentissages scolaires (pathologies en « dys » : dyslexie,
dysorthographie, dyscalculie, etc.), mais aussi celles qui se rapportent au
cadre de la scolarité (phobie scolaire par exemple). Enfin, la pathologie pro-
duite par l’école elle-même (stigmatisation par l’échec scolaire, harcèlement
et violence à l’école…) jusqu’à l’éventuelle pathologie des enseignants qui
n’est pas sans retentir sur l’élève, sa manière d’investir la scolarité et son
bien-être.
Rompant avec une perspective académique qui se serait limitée à une
liste de conditions pathologiques et à leur retentissement sur les apprentis-
sages, Nicole Catheline adopte un mode de présentation très innovant, à
partir d’un point de vue développemental qui correspond parfaitement au
titre de cette collection, Les âges de la vie. Successivement sont abordés les
VI
problèmes liés à la scolarité à l’école maternelle, à l’école élémentaire,
puis au collège, au lycée et enfin, brièvement, à l’université. Chacun de
ces grands chapitres s’ouvre sur une analyse des enjeux développementaux
propres à chaque âge et des ressources cognitives ou affectives sollicitées
par l’acquisition de nouvelles connaissances, puis sur les particularités de
l’organisation de l’école à ce niveau, avant d’aborder la partie plus classique
des troubles proprement dits. Cependant, ces derniers sont toujours décrits
en fonction du cadre scolaire, et pas simplement en fonction des critères
diagnostiques internationaux qui toutefois sont régulièrement rappelés. En
effet, le défi est d’arriver à repérer les diverses difficultés le plus tôt possible,
mais aussi à impliquer dans ce repérage des professionnels qui ne sont pas
nécessairement des spécialistes de la psychopathologie de l’enfant ou de
l’adolescent. Grâce à des descriptions très vivantes, « en situation », l’auteur
réussit fort bien ce pari. Enfin, les grandes lignes de l’approche thérapeutique
sont énoncées. Le rôle des parents et les actions possibles de l’école une fois
le problème ou le trouble identifié est abordé également par l’auteur : que
peut faire l’école (mais aussi le collège, le lycée) face à cette conduite ?
De manière fort pertinente, Nicole Catheline a ajouté à ces chapitres
déjà originaux des chapitres « transversaux » abordant des problèmes plus
généraux mais qui ont un lien incontestable avec la question de l’épa-
nouissement de l’enfant, son équilibre affectif et intellectuel ou sa décom-
pensation. Ainsi sont traitées de façon claire, vivante et informative, les
questions portant sur la place des parents dans la scolarité, la mixité et
ses enjeux, le groupe-classe avec la dynamique propre qui en dépend, les
rythmes scolaires, la psychopathologie du redoublement, etc. Dans chacun
des cas, outre le rappel des données scientifiques disponibles, l’auteur situe
ces questions dans une perspective historique et sociologique, montrant
comment l’école condense en son sein des enjeux sociaux qui parfois la
dépassent. Les services de repérage et d’aide en milieu scolaire et la ques-
tion de l’intégration des handicapés ouvrent à de nombreuses réflexions.
Le « peuple » des enseignants fait également l’objet d’une brève analyse
qui se penche surtout sur l’épineuse question de la relation pédagogique.
Chemin faisant, l’auteur apporte régulièrement des notations personnelles,
témoignant de sa grande expérience avec l’Éducation nationale, faisant
parfois discrètement quelques propositions qui permettront aux lecteurs
d’alimenter leur propre réflexion.
Issue d’une famille d’enseignants, Nicole Catheline a en effet une longue
pratique clinique en collaboration avec l’Éducation nationale. Outre son
travail classique de pédopsychiatre assurant des consultations en centre
médico-psychologique, elle a été pendant plusieurs années médecin conseil-
ler technique d’une CDES. Elle a ensuite conçu une structure de soin très
originale : un hôpital de jour à temps partiel pour collégiens et lycéens en
difficultés, structure qui fonctionne en réseau avec les établissements sco-
laires. Enfin, elle coordonne et supervise depuis plusieurs années une unité
d’intervention en collèges et lycées où sont mises en place des permanences
d’évaluation par des infirmiers spécialement formés à ce type d’action.
VII
Cet ouvrage n’est pas seulement le résultat d’un savoir académique, il est
aussi celui d’une longue expérience clinique qui en imprègne toutes les
lignes.
Tous les professionnels qui reçoivent des enfants liront cet ouvrage avec
intérêt : psychiatres et pédopsychiatres mais aussi médecins généralistes,
pédiatres, médecins de l’Éducation nationale, psychologues, infirmiers,
éducateurs, travailleurs sociaux, etc., car son style est accessible à tous et
tous y trouveront matière à réflexion et à enrichissement professionnel.
Cette 3e édition fait une large place à l’évolution du système scolaire
depuis le milieu des années 2000, suite à la loi d’orientation d’avril 2005.
Ces cinq dernières années ont en effet été particulièrement fécondes en
remaniements structurels, certains profonds comme celui concernant la
formation des enseignants ou la scolarisation des handicapés. Ces change-
ments concernent toutes les étapes de la scolarité : réforme de l’université
en 2005, du primaire en 2008, des lycées en 2010, développement des voies
par alternance au niveau du collège depuis 2009. L’impact des enquêtes
internationales sur ces réformes, en particulier sur la question des rythmes
scolaires, ainsi que la comparaison avec d’autres systèmes européens sont
développés dans cette 3e édition. Enfin, un nouveau chapitre concerne les
phénomènes de school bullying, harcèlement entre pairs en milieu scolaire.
Professeur Daniel Marcelli
À la mémoire de ma grand-mère,
Hussard noir de la République.
À André et Jeanine
de Chateau-Guis
Introduction
Les difficultés scolaires sont en passe de devenir un véritable phénomène de
société. L’échec scolaire a reçu au cours de l’histoire de nombreuses interpré-
tations tantôt morales (paresse), tantôt médicales (déficiences intellectuelles
ou instrumentales), tantôt psychologiques (désir ou refus d’apprendre),
et actuellement sociales (la réussite dépendrait de la congruence entre les
valeurs culturelles transmises par la famille et celles attendues par l’école).
Ces lectures doivent cohabiter dans une vision holistique. Un enfant naît
avec un potentiel génétique dans une famille où il vit des interactions affec-
tives et dont il reçoit un bagage culturel. Il évolue dans une société qui a
édicté ses propres valeurs. Il serait vain de n’attribuer l’échec qu’à l’un de ces
facteurs. Décrier les recherches dans l’un ou l’autre de ces domaines ne nous
paraît ni raisonnable ni fructueux pour répondre aux sollicitations dont
les médecins et psychologues sont l’objet. Toutes les approches peuvent
cohabiter à condition de ne pas ériger l’une d’entre elles au rang d’explica-
tion univoque. L’approche psychanalytique a payé le prix fort d’une telle
attitude dans les années 70-80. L’approche neurologique et instrumentale
pourrait bien à son tour écoper du même traitement si elle n’y prend garde.
Pourtant, il est important d’effectuer des recherches dans tous ces domaines.
Compte tenu de la spécialisation de chacune de ces approches, il nous paraît
raisonnable d’envisager la lutte contre l’échec en s’appuyant sur le travail
en réseau, personne ne pouvant plus raisonnablement prétendre détenir
la somme nécessaire des connaissances pour avoir une vision complète de
la situation. Mais ce travail s’avère difficile car de même qu’un pêcheur
remaille après chaque pêche son filet, il faut sans cesse raccommoder les
liens du réseau (Marcelli, 1999), les personnes changeant fréquemment.
En outre, le travail en réseau demande une certaine ouverture à d’autres
milieux, d’autres logiques de fonctionnement. Cela oblige à se départir de
ses propres outils d’évaluation pour accepter ceux des autres. Les difficultés
scolaires se trouvent au confluent de plusieurs champs : champ médical
neurologique ou psychiatrique, champ psychologique et champ social.
Chacun répond à des logiques propres qui souvent s’ignorent.
Si l’exercice de la profession de médecin comporte, comme le définit
l’étymologie même du nom, une fonction de médiateur, alors l’échec sco-
laire doit être une préoccupation médicale. Sans présumer d’une origine
somatique des difficultés, le médecin est celui qui veille avant tout à la santé
(au sens large du terme) des individus. Dans notre société, l’échec scolaire
constitue non seulement une tare que peu d’élèves arrivent à surmonter,
mais comporte des risques en termes de santé psychique et physique (par
exemple, consommations de produits). À ce titre, le médecin qu’il soit
généraliste, pédiatre, médecin scolaire ou pédopsychiatre est concerné. Il
est donc important que l’approche des difficultés scolaires soit enseignée
aux étudiants en médecine pour que puisse être réalisé ce travail en réseau.
XVI
Sur un plan plus social, l’école, malgré les reproches qui lui sont faits, a
malgré tout su s’adapter, même avec lenteur, même avec maladresse à un
public de plus en plus hétérogène qui la fréquente de plus en plus long-
temps. Beaucoup plus que la succession des réformes dont l’accélération
au cours de ces vingt dernières années (depuis 1989) a fait couler beaucoup
d’encre, les principaux reproches concernent la formation des enseignants
d’un côté et la lourdeur administrative de l’autre.
Les enseignants sont encore laissés bien trop seuls face à des élèves qui ont
beaucoup changé et dans lesquels ils ne se retrouvent plus. Leur formation
initiale est encore trop sommaire en matière de psychologie de l’enfant et
de l’adolescent. Bien que beaucoup d’entre eux refusent l’idée de s’occuper
de « l’éducation » des enfants, il est devenu évident que l’école ne peut plus
se contenter d’instruire et que l’enfance et l’adolescence y ont désormais
fait leur entrée.
D’un autre côté, la hiérarchisation très forte de l’Éducation Nationale,
premier employeur de l’État constitue un autre obstacle à la nécessité adap-
tative qui se profile compte tenu des changements sociaux de ces cinquante
dernières années. On ne peut pourtant pas faire le reproche du manque
d’idées pour tenter d’apporter des solutions aux problèmes posés par la mas-
sification de la scolarité, mais il s’agit aussi de faire changer les mentalités,
ce qui est plus difficile. La forte hiérarchisation fait que si un responsable
est réticent voire hostile au changement, il a la possibilité de bloquer toute
innovation pour plusieurs années.
Malgré toutes ces insuffisances, l’école constitue un lieu indispensable
pour la construction de l’identité et l’acquisition de connaissances. Il faut
donc s’atteler à mettre en commun les connaissances des uns et des autres
plutôt que de s’affronter dans une lutte stérile à propos d’options théo-
riques divergentes.
Bibliographie
Marcelli, D. (1999). Prévention du suicide chez les jeunes, prévention de la récidive
de la tentative de suicide. Communication orale. Forum Santé. Les états généraux
de la santé, Pays de Loire : La-Roche-sur-Yon.