Table Of Content«
V
o
lu
Perspectives économiques de l’OCDE m
e
2
0
Deux fois par an, les Perspectives économiques de l’OCDE analysent les grandes tendances qui 0
marqueront les deux prochaines années. Cette édition couvre les perspectives jusqu’à la fin de 2006 4/ Perspectives
2
et examine les politiques économiques requises pour favoriser une croissance forte et durable dans
les pays membres. Les évolutions dans certaines grandes économies non membres de l’OCDE sont
également étudiées. Complétées par un large éventail de statistiques internationales, les Perspectives économiques
constituent un incomparable outil d’information sur l’économie mondiale.
Au-delà des thèmes traités régulièrement, on trouvera également dans cette édition deux chapitres
de l’OCDE
analytiques abordant les questions suivantes :
• Q uelles sont les principales causes de la flambée récente du prix du pétrole ? Le « prix d’équilibre »
N
du pétrole a-t-il augmenté au cours des années récentes, et si c’est le cas, pourquoi ? Quelles sont
º
les conséquences économiques des chocs pétroliers et quels sont les ajustements de politiques 7
6
appropriés en réponse à de tels chocs ? ,
d
é
• D ans quelle mesure les interventions de politique budgétaire risquent-elles d’être rendues c
e
inopérantes par des évolutions simultanées de l’épargne privée liées aux anticipations ? Comment m
ces comportements diffèrent-ils suivant les pays ? De quelle manière la composition de l’intervention b
r
budgétaire – recettes, dépenses courantes ou investissement public – influence-t-elle la réaction e
compensatrice de l’épargne privée ?
P
e
r
s
p
e
c
t
i
v
e
s
é
c
o
n
o
m
i
q
u
e
s
d
Les abonnés à ce périodique peuvent accéder gratuitement à la version en ligne. Si vous ne bénéficiez pas
e
encore de l’accès en ligne à travers le réseau de votre institution, contactez votre bibliothécaire. S’il s’agit
l
’
d’un abonnement individuel, écrivez-nous à : O
C
[email protected] D
E
www.oecd.org
ISSN 0304-3274 ISBN 92-64-00777-6
Volume 2004/2 Volume 2004/2
ABONNEMENT 2005 12 2004 76 2 P
(2 NUMÉROS) -:HSTCQE=UU\\\W:
Nº 76, décembre Nº 76, décembre
PERSPECTIVES
ÉCONOMIQUES
DE L’OCDE
76
DÉCEMBRE 2004
ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES
L’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE)
qui a été instituée par une Convention signée le 14 décembre 1960 à Paris, a pour objectif de promouvoir des
politiques visant:
– A réaliser la plus forte expansion possible de l’économie et de l’emploi et une progression du niveau de vie dans
les pays membres, tout en maintenant la stabilité financière, contribuant ainsi au développement de l’économie
mondiale.
– A contribuer à une saine expansion économique dans les pays membres, ainsi que non membres, en voie de
développement économique.
– A contribuer à l’expansion du commerce mondial sur une base multilatérale et non discriminatoire, conformément
aux obligations internationales.
Les pays membres originels de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne,
les États-Unis, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal,
le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie. Les pays suivants sont ultérieurement devenus membres par adhésion
aux dates indiquées ci-après : le Japon (28 avril 1964), la Finlande (28 janvier 1969), l’Australie (7 juin 1971), la
Nouvelle-Zélande (29 mai 1973), le Mexique (18 mai 1994), la République tchèque (21 décembre 1995), la Hongrie
(7 mai 1996), la Pologne (22 novembre 1996), la Corée (12 décembre 1996) et la République slovaque
(14décembre2000). La Commission des Communautés européennes participe aux travaux de l’OCDE (article 13 de la
Convention de l’OCDE).
La version anglaise des Perspectives économiques de l’OCDE est
publiée sous le titre OECD Economic Outlook.
Les Perspectives économiques de l’OCDE paraissent sous la responsa-
bilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les appréciations portées sur
l’évolution future des divers pays ne correspondent pas forcément aux
vues des autorités nationales des pays considérés. La source des données
statistiques contenues dans les tableaux et graphiques est l’OCDE, sauf
indication contraire.
© OCDE 2004
Les permissions de reproduction partielle à usage non commercial ou destinée à une formation doivent être adressées au Centre
français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, France, tél. (33-1) 44 07 47 70, fax
(33-1) 46 34 67 19, pour tous les pays à l’exception des États-Unis. Aux États-Unis, l’autorisation doit être obtenue du Copyright
Clearance Center, Service Client, (508)750-8400, 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923 USA, ou CCC Online
(www.copyright.com). Toute autre demande d’autorisation de reproduction ou de traduction totale ou partielle de cette publication
doit être adressée aux Éditions de l’OCDE, 2, rue André-Pascal, 75775Paris Cedex 16, France.
TABLE DES MATIÈRES
Éditorial : en dépit des turbulences pétrolières, un raffermissement de la croissance........... vii
I. Évaluation générale delasituationmacroéconomique............................................................... 1
Vue d’ensemble: une expansion en butte à des vents contraires.................................................................... 1
La hausse des prix du pétrole pèse sur l’expansion mondiale......................................................................... 2
Perspectives à l’horizon 2006: surmonter le choc pétrolier........................................................................... 8
À court terme, les risques sont dominés par l’incertitude relative au prix du pétrole..................................... 16
À quel rythme la stimulation macroéconomique devrait-elle être réduite?................................................... 24
Appendice: Vulnérabilité du secteur des entreprises à une hausse des taux d’intérêt.................................... 34
II. Évolution dans les pays membres de l’OCDE.................................................................................. 37
États-Unis........................... 37 Corée................................... 81 Nouvelle-Zélande............... 113
Japon................................... 42 Danemark............................ 84 Pays-Bas............................. 116
Zone euro............................ 46 Espagne............................... 87 Pologne............................... 119
Allemagne........................... 50 Finlande............................... 90 Portugal............................... 122
France................................. 55 Grèce................................... 93 République slovaque........... 125
Italie.................................... 59 Hongrie................................ 96 République tchèque............ 128
Royaume-Uni..................... 64 Irlande................................. 99 Suède................................... 131
Canada................................ 68 Islande................................. 102 Suisse.................................. 134
Australie............................. 72 Luxembourg........................ 105 Turquie................................ 136
Autriche.............................. 75 Mexique............................... 107
Belgique.............................. 78 Norvège............................... 110
III. Évolutions dans certaines économies non membres...................................................................... 139
Chine................................................................................................................................................................ 140
Brésil................................................................................................................................................................ 142
Fédération de Russie........................................................................................................................................ 144
IV. Évolution des prix du pétrole : moteurs, conséquences économiques et ajustement
des politiques..................................................................................................................................................... 147
Introduction..................................................................................................................................................... 147
Perspectives à long terme du marché pétrolier................................................................................................ 149
Scénarios du prix du pétrole jusqu’en 2030.................................................................................................... 152
Influences à court terme sur les variations du prix du pétrole......................................................................... 157
Effets économiques des variations des prix du pétrole................................................................................... 162
AppendiceIV.1 : le modèle-tableur du pétrole............................................................................................... 168
AppendiceIV.2 : Volatilité des prix, stocks et prix du pétrole....................................................................... 169
V. Comportement d’épargne etefficacité de la politique budgétaire......................................... 171
Introduction..................................................................................................................................................... 171
Variations simultanées de l’épargne privée et de l’épargne publique............................................................. 172
Épisodes de fortes variations de l’orientation budgétaire................................................................................ 177
Variations compensatoires de l’épargne privée:les données empiriques....................................................... 178
Effets de composition...................................................................................................................................... 183
Appendice : estimation de l’effet compensatoire de l’épargne privée............................................................ 185
Chapitres spéciaux parus dans les derniers numéros des Perspectives économiques
de l’OCDE....................................................................................................................................................................... 189
© OCDE 2004
iv - Perspectives économiques de l’OCDE 76
Annexe statistique....................................................................................................................................................... 191
Classification des pays................................................................................................................................................ 192
Mode de pondération pour les données agrégées......................................................................................................... 192
Taux de conversion irrévocable de l’euro.................................................................................................................... 192
Systèmes de comptabilité nationale et années de référence.......................................................................................... 193
Tableaux annexes....................................................................................................................................................... 195
Encadrés
I.1.Hypothèses de politique économique et autres hypothèses sous-tendant les prévisions centrales.................... 11
I.2.Le comportement des consommateurs japonais a-t-il durablement changé?................................................... 14
I.3.Les prix du pétrole ont-ils surréagi?................................................................................................................. 18
I.4.Où se situe le taux d’intérêt «neutre»?............................................................................................................ 26
I.5.Où en sont les réformes des retraites publiques?.............................................................................................. 30
IV.1.Impact d’une crise des approvisionnements pétroliers...................................................................................... 160
IV.2.L’impact de la spéculation................................................................................................................................. 161
IV.3.Canaux de transmission des effets du prix du pétrole sur l’économie............................................................... 162
V.1.Questions théoriques.......................................................................................................................................... 174
V.2.Réactions de l’épargne privée aux déficits budgétaires..................................................................................... 179
V.3.Équations de l’épargne privée: variables de contrôle conventionnelles........................................................... 186
Tableaux
I.1. L’expansion se poursuit................................................................................................................................... 1
I.2. Les estimations à court terme dénotent une poursuite de la croissance.......................................................... 10
I.3. La croissance des échanges internationaux ne devrait pas s’essouffler.......................................................... 16
I.4. D’importants déficits budgétaires persistent................................................................................................... 29
I.5. Ratios d’endettement....................................................................................................................................... 34
I.6. Proportion d’entreprises situées dans la zone vulnérable................................................................................ 35
III.1. Prévisions pour la Chine.................................................................................................................................. 141
III.2. Prévisions pour le Brésil.................................................................................................................................. 143
III.3. Prévisions pour la Fédération de Russie.......................................................................................................... 145
IV.1. Part de marché de l’OPEP selon différentes hypothèses................................................................................. 153
IV.2. Extrapolations du prix du pétrole pour différents scénarios de la demande et de l’offre................................ 154
IV.3. Les prix du pétrole brut sont devenus plus volatils que ceux des autres produits de base.............................. 157
IV.4. Les États-Unis et la Chine ont été des sources majeures d’accroissement de la demande de pétrole
depuis 1995...................................................................................................................................................... 158
IV.5. Effets mécanique d’une variation de 10 % du prix du pétrole sur la hausse des prix à la consommation.......... 164
IV.6. Effets d’une hausse durable de 15 dollars du prix du pétrole.......................................................................... 165
V.1. Réactions de l’épargne privée à l’orientation budgétaire................................................................................ 181
V.2. Réactions de l’épargne privée à l’orientation budgétaire dans certains pays.................................................. 183
V.3. Réactions de l’épargne privée à l’orientation budgétaire : effets de composition........................................... 184
Graphiques
I.1. Les prix du pétrole ont fortement augmenté.................................................................................................... 3
I.2. L’expansion a quelque peu perdu de son souffle............................................................................................. 4
I.3. Les performances des marchés du travail sont inégales.................................................................................. 5
I.4. La reprise en Allemagne et en Italie a été tirée surtout par les exportations................................................... 6
I.5. L’inflation sous-jacente reste généralement modérée...................................................................................... 7
I.6. La confiance est fragile................................................................................................................................... 9
I.7. L’activité dans le secteur des hautes technologies décélère............................................................................ 10
I.8. Les performances à l’exportation desprincipaux pays de la zone euro divergent.......................................... 13
I.9. La reprise de l’investissement a été lente dans certains pays.......................................................................... 20
I.10. Les prix réels des logements plafonnent peut-être dans certains pays............................................................ 21
I.11. Le compte courant des États-Unis est entrée en territoire inexploré............................................................... 23
Table des matières- v
I.12. L’impulsion monétaire est retirée à une vitesse variable et la consolidation budgétaire laisse à désirer........ 24
I.13. Les taux d’intérêt réels restent relativement faibles........................................................................................ 25
I.14. L’investissement public se réduit mais les dépenses sociales augmentent...................................................... 33
IV.1. Prix du pétrole : perspective historique........................................................................................................... 147
IV.2. L’intensité pétrolière de la production a diminué dans les pays de l’OCDE................................................... 150
IV.3. Il est prévu que la demande de pétrole augmente le plus en Amérique du Nord et en Chine......................... 150
IV.4. Les réserves pétrolières prouvées semblent suffisantes pour les prochaines décennies compte tenu
de la production............................................................................................................................................... 151
IV.5. Influences à court terme sur le prix du pétrole................................................................................................ 159
V.1. Épargne privée et publique : écarts par rapport à la moyenne......................................................................... 173
V.2. Épargne privée et épargne publique : corrélations brutes................................................................................ 175
V.3. Évolution de l’épargne privée et publique....................................................................................................... 175
V.4. Épargne publique, ajustée pour tenir compte de l’inflation............................................................................. 176
V.5. Dette publique et patrimoine financier net dans certains pays de l’OCDE..................................................... 182
Légendes
$ Dollar des États-Unis . Décimale
¥ Yen japonais I, II Semestres
£ Livre sterling T1, T4 Trimestres
€ Euro Billion Mille milliards
mbj Millions de barils par jour Trillion Mille billions
. . Données non disponibles c.v.s. Corrigé des variations saisonnières
0 Nul ou négligeable n.c.v.s. Non corrigé des variations saisonnières
– Sans objet
© OCDE 2004
vi - Perspectives économiques de l’OCDE 76
Résumé des prévisions
2004 2005 2006 Quatrième trimestre
2004 2005 2006
T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 2004 2005 2006
Pourcentage
Croissance du PIB en volume
États-Unis 4.4 3.3 3.6 3.5 3.1 3.2 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.3 3.6
Japon 4.0 2.1 2.3 2.8 2.3 2.5 2.5 2.5 2.2 2.1 2.6 2.4 2.1
Zone euro 1.8 1.9 2.5 1.7 1.9 2.1 2.5 2.5 2.5 2.5 1.9 2.3 2.5
OCDE total 3.6 2.9 3.1 2.9 2.9 3.0 3.2 3.2 3.1 3.1 3.1 3.1 3.1
Inflation
États-Unis 2.0 1.8 1.7 1.5 2.1 1.7 1.7 1.7 1.9 1.6 2.2 1.8 1.7
Japon -2.3 -1.3 -0.3 -1.6 -1.5 -1.2 -1.0 -0.6 0.0 0.1 -1.6 -1.1 0.2
Zone euro 1.9 1.7 1.8 1.4 1.9 1.9 1.7 1.7 1.8 1.8 1.7 1.8 1.8
OCDE total 1.8 1.7 1.7 1.4 1.8 1.5 1.7 1.8 1.8 1.6 1.9 1.7 1.7
Taux de chômage
États-Unis 5.5 5.3 5.1 5.4 5.4 5.4 5.3 5.3 5.2 5.2 5.4 5.3 5.0
Japon 4.8 4.5 4.2 4.8 4.7 4.6 4.5 4.4 4.3 4.2 4.8 4.4 4.0
Zone euro 8.8 8.6 8.3 8.8 8.7 8.7 8.6 8.6 8.4 8.4 8.8 8.6 8.2
OCDE total 6.6 6.5 6.3 6.5 6.5 6.5 6.5 6.4 6.4 6.3 6.5 6.4 6.2
Croissance du commerce mondial 9.5 9.0 9.5 8.4 8.7 8.9 9.3 9.4 9.7 9.7 9.4 9.1 9.6
Balance courante
États-Unis -5.7 -6.2 -6.4
Japon 3.5 3.5 3.7
Zone euro 0.7 0.6 0.9
OCDE total -1.2 -1.4 -1.3
Solde corrigé des variations cycliques
États-Unis -4.2 -4.0 -4.2
Japon -6.3 -6.4 -6.6
Zone euro -2.1 -1.8 -1.8
OCDE total -3.4 -3.3 -3.3
Taux d'intérêt à court terme
États-Unis 1.5 2.8 3.8 2.1 2.5 2.7 3.0 3.2 3.5 3.7 2.1 3.2 4.2
Japon 0.0 0.0 0.4 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.2 0.2 0.0 0.0 0.5
Zone euro 2.1 2.1 2.7 2.1 2.1 2.1 2.1 2.1 2.3 2.5 2.1 2.1 3.0
Note : La croissance du PIB, l'inflation (croissance de l'indice implicite des prix du PIB) et la croissance du commerce mondial (moyenne arithmétique des importa-
tions et des exportations mondiales en volume) sont corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables et exprimées en taux annualisés. Les trois
dernières colonnes (quatrième trimestre) sont en taux de croissance annuels s'il y a lieu et en niveaux par ailleurs. Les taux d'intérêt sont : États-Unis :
eurodollar à 3 mois ; Japon : certificat de dépôt à 3 mois ; zone euro : taux interbancaire à 3 mois.
Les hypothèses sur lesquelles sont fondées les prévisions sont les suivantes :
- les politiques fiscales en vigueur ou annoncées restent inchangées ;
- les taux de change restent inchangés par rapport à leur niveau du 5 novembre 2004 ; en particulier 1 dollar = 105.70 yens et 0.771 euro ;
Les prévisions ont été établies à partir de données collectées avant la date limite du 18 novembre 2004.
Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, no 76.
Éditorial- vii
ÉDITORIAL : EN DÉPIT DES TURBULENCES
PÉTROLIÈRES, UN RAFFERMISSEMENT
DE LA CROISSANCE
Depuis le ralentissement de 2001, l’économie mondiale a progressé par à-coups et les économistes, tout autant que
l’opinion publique, sont en quête d’une croissance qui redeviendrait enfin régulière et soutenue, dans un contexte où
risques géopolitiques, embardées des prix du pétrole et instabilité financière ne seraient plus qu’un mauvais souvenir.
Les performances économiques des uns et des autres se sont révélées très contrastées au cours des trimestres
passés, les États-Unis progressant à un rythme soutenu, l’Asie de l’Est ralentissant mais à partir d’une base de croissance
très forte, et l’Europe continentale peinant à reprendre de la vitesse. Mais par delà ces différences, partout au sein de
l’OCDE la confiance des ménages est restée médiocre. Cette inquiétude tenace s’est aussi propagée, plus récemment,
aux chefs d’entreprise, avec un climat de confiance retombant à un niveau tout juste supérieur à la moyenne de longue
période et de faibles espoirs de bénéficier d’un rattrapage de croissance dans les mois à venir.
Au regard du diagnostic prudemment optimiste qui prévalait encore il y a deux mois, ce retournement du climat
conjoncturel est une source de déception. Il fait suite à un ressaut du prix du pétrole qui a pesé tout à la fois sur le pouvoir
d’achat et la confiance au sein des pays de l’OCDE. On peut penser, cependant, qu’en dépit des turbulences récentes du
prix du pétrole, l’économie mondiale va retrouver de la vigueur dans un avenir raisonnablement proche. Soutenue par
une forte amélioration des profits et des bilans des entreprises, la reprise de l’investissement devrait se poursuivre aux
États-Unis et s’engager enfin en Europe, dans un contexte où la consommation des ménages se trouvera soutenue par la
décrue récente des prix du pétrole, un raffermissement progressif des créations d’emploi et le maintien de conditions
monétaires très favorables. Au total, le retour à des taux de croissance supérieurs à la moyenne au cours de l’année 2005
et en 2006 dans les pays de l’OCDE n’apparaît pas hors de portée.
Appréhendée dans une perspective géographique, la reprise attendue devrait bénéficier du dynamisme de la zone
asiatique, notamment en Chine où l’activité a accéléré au troisième trimestre après un ralentissement bienvenu en début
d’année, et aussi au Japon, où une envolée des exportations s’est propagée ensuite à l’investissement, l’emploi et
finalement la consommation, marquant ainsi le retour du pays du Soleil-Levant parmi les économies à forte croissance,
en dépit d’une pause de l’activité au cours de ces derniers mois. La croissance mondiale devrait aussi se trouver stimulée
par des perspectives favorables qui s’offrent à l’Amérique du Nord. Il n’est pas aussi certain en revanche que l’Europe
continentale sera en mesure d’apporter sa propre contribution via une forte reprise de la demande interne.
Sur la question européenne, ces Perspectives économiques font un pari optimiste mais raisonné. Elles tablent sur un
redémarrage significatif de la demande intérieure au sein de la zone euro en 2005-2006, alors même qu’en parallèle le
commerce mondial et l’activité dans la zone OCDE n’accéléreraient pas. L’Europe continentale, et plus spécialement
l’Allemagne, devraient donc trouver en leur sein le ressort suffisant pour s’engager sur la voie d’une reprise autonome qui les
placerait sur une trajectoire de croissance plus élevée. Pour être à même de se matérialiser pleinement, ce scénario requiert une
certaine dose de stabilité, qu’il s’agisse des prix pétroliers ou du taux de change. Un environnement plus apaisé permettrait en
effet à une zone euro traditionnellement peu résiliente d’engager son rattrapage vis-à-vis des pays à plus forte croissance.
Une forte appréciation de l’euro, dans un contexte de déséquilibres extérieurs croissants, ou de nouvelles hausses
de prix du pétrole pourraient donc avoir un impact disproportionné en Europe. La croissance y dépend toujours trop
exclusivement, en effet, des exportations et les prix du pétrole élevés n’y trouvent pas leur contrepartie dans une
croissance soutenue de l’activité, voire une forte demande en produits énergétiques.
S’agissant cependant de la capacité à faire face à des chocs pétroliers, il n’est pas certain que l’Europe soit plus mal
lotie que la moyenne de l’OCDE. En cas de hausse des prix du pétrole, les pays de l’OCDE, y compris ceux de la zone
euro, sont en effet beaucoup moins vulnérables que par le passé. En premier lieu, la dépendance pétrolière de l’OCDE,
exprimée en part du PIB, a été divisée par deux depuis les années 70, soulageant d’autant les revenus des ménages et des
entreprises. Plus important encore, les anticipations d’inflation apparaissent stables et basses, de sorte que les hausses
répétées des prix du pétrole n’ont eu que des retombées inflationnistes limitées. Les prix à la consommation ont certes
accéléré mais l’inflation sous-jacente, qui exclut notamment les prix énergétiques, est restée stable, de même que la
croissance des salaires nominaux. Il serait donc surprenant que les pays de l’OCDE aient à nouveau à connaître les
mêmes mésaventures qu’au cours des années 70, où la course prix-salaires avait atteint des proportions sans précédent,
contraignant ainsi les banques centrales à resserrer brutalement le cours de la politique monétaire.
© OCDE 2004
viii -Perspectives économiques de l’OCDE 76
Il apparaît cependant que dans les discussions concernant les conséquences économiques d’une hausse des prix
pétroliers, le point de vue de l’économiste ne coïncide pas toujours avec celui du grand public. Alors que les estimations
savantes tirées des modèles macroéconométriques suggèrent des conséquences d’ampleur somme toute modeste, les
fluctuations du prix du baril sont au centre du débat public et ont une forte influence sur le climat de confiance.
Dans ce contexte, il était assez naturel qu’un chapitre spécial de ces Perspectives économiques soit consacré à
«l’économie du pétrole». Pour mieux comprendre l’importance du pétrole, il est cependant nécessaire d’aller au-delà du
court terme. Dans un monde où les agents économiques se projettent plus facilement dans l’avenir, l’incertitude sur les
développements à venir en matière de pétrole peuvent avoir plus d’incidence sur la situation conjoncturelle que, par
exemple, les changements au mois le mois des prix du marché.
Dans ce domaine, les travaux réalisés à l’OCDE suggèrent que les prix atteints récemment sur les marchés
mondiaux dépassaient très largement leur niveau d’équilibre de long terme, même en tenant compte du pouvoir de
marché du cartel de l’OPEP. En effet, l’offre de pétrole potentielle est encore loin d’être saturée, notamment au sein de
l’OPEP, et pourrait donc répondre à la progression de la demande dans les années à venir. Il serait en outre possible
d’améliorer l’efficacité des infrastructures existantes sans oublier qu’aux prix actuels un certain nombre de sources
alternatives d’énergie commencent sans doute à être rentables.
Cela ne signifie pas pour autant que le prix du baril retrouvera rapidement les niveaux peu élevés qui prévalaient il
y a trois ou quatre ans. La baisse pourrait, en premier lieu, ne pas être rapide dans un contexte où les incertitudes
géopolitiques et la volatilité des prix du brut tendent à inhiber l’investissement dans de nouvelles installations pétrolières.
Plus fondamentalement, il apparaît enfin que les prix du pétrole, lorsqu’ils redescendront, finiront par se stabiliser autour
de niveaux plus élevés que ceux qui prévalaient dans les années 90.
Dans cet univers caractérisé par un pétrole durablement plus cher, la demande en provenance des économies
émergentes dynamiques jouera un rôle important dans la formation des prix. L’importance des économies émergentes ne
tient pas seulement à leur forte contribution à la croissance mondiale mais aussi au fait que pour un supplément d’activité
donnée, leur demande additionnelle de pétrole est beaucoup plus élevée que la moyenne OCDE. De fait, les prix du
pétrole dépendront à l’avenir de manière cruciale des progrès accomplis par les pays émergents et les États-Unis en
matière d’économies d’énergie.
Le développement durable des pays de l’OCDE ne se réduit pas à une gestion prudente des ressources naturelles
non renouvelables. La remise en ordre des finances publiques constitue aussi une priorité d’importance pour assurer le
bien-être des générations futures. Dans la lignée des éditoriaux précédents sans doute convient-il de rappeler que sur la
base des programmes budgétaires existants, la plupart des grands pays de l’OCDE ne connaîtront pas de réduction de
leurs déficits structurels dans les années à venir. Cette perspective est évidemment regrettable dans un contexte où les
réformes des retraites et des systèmes de santé donnent lieu à des débats douloureux et progressent dans la difficulté.
On peut souhaiter, bien sûr, que face à la désépargne et à la prodigalité publiques, des contribuables avisés et
prudents se mettent à épargner davantage. Il existe d’ailleurs des études empiriques suggérant l’existence de tels
comportements. C’est aussi dans cette direction que penche le chapitre spécial de ces Perspectives économiques consacré
aux effets de long terme des politiques budgétaires. Mais de manière générale, un surcroît d’épargne privée ne vient
jamais complètement compenser la désépargne publique et ces comportements prudents des agents privés peuvent
dépendre de circonstances nationales et historiques particulières. Ils sont, par exemple, assez peu visibles aux États-Unis.
Tout bien pesé, le but de la politique budgétaire n’est pas de venir aggraver les pressions financières que provoque
déjà le vieillissement démographique. Il est, tout au contraire, de les soulager en tirant parti de la reprise en cours pour
s’engager enfin dans la voie d’un véritable redressement budgétaire.
25 novembre 2004
Jean-Philippe Cotis
Chef économiste
I. ÉVALUATION GÉNÉRALE
DE LA SITUATION MACROÉCONOMIQUE
Vue d’ensemble : une expansion en butte à des vents contraires
L’expansion mondiale a ralenti sous l’effet de la vive hausse des prix du pétrole. La La hausse des prix du pétrole
décélération a été particulièrement marquée au Japon et, hors zone OCDE, en Chine. Aux afreiné l’expansion mondiale
États-Unis, il a été moins prononcé mais néanmoins tangible. En Europe, la montée des mais sans la faire dérailler
prix de l’énergie et la faiblesse de la confiance dans certains pays brident une reprise qui
s’était affirmée au-delà des attentes début 2004. Dans la plupart des pays de l’OCDE, la
hausse des prix à la consommation a été avivée, mais l’inflation sous-jacente et les reven-
dications salariales sont restées modérées –signe de la crédibilité acquise par les banques
centrales depuis les chocs pétroliers des années70. Sous réserve que les cours du pétrole
n’augmentent pas davantage, l’expansion mondiale devrait retrouver son allant courant
2005, après une phase de croissance plus molle, et la marge résiduelle de ressources inuti-
lisées serait largement résorbée fin 2006 (tableauI.1). Si, comme on le prévoit, les effets
secondaires sont maîtrisés, les prix à la consommation devraient ralentir. Le chômage
devrait décroître de nouveau une fois absorbé le gros du choc pétrolier, mais en moyenne
il restera supérieur à son niveau structurel.
À court terme, les risques entourant ces prévisions sont dominés par l’incerti- Les incertitudes et tensions
tude relative aux prix du pétrole. Même s’ils ont surréagi, ils pourraient rester élevés sesont accentuées
voire augmenter. Dans ce cas, leur effet préjudiciable sur l’activité, l’inflation et le
Tableau I.1. L’expansion se poursuit
Moyenne T4 T4 T4
1992-2001 2002 2003 2004 2005 2006 2004 2005 2006
Croissance du PIBa 2.7 1.6 2.2 3.6 2.9 3.1 3.1 3.1 3.1
États-Unis 3.4 1.9 3.0 4.4 3.3 3.6 3.8 3.3 3.6
Japon 1.2 -0.3 2.5 4.0 2.1 2.3 2.6 2.4 2.1
Zone euro 2.0 0.9 0.6 1.8 1.9 2.5 1.9 2.3 2.5
Écart de productionb -0.8 -1.4 -1.7 -0.8 -0.6 -0.2
Taux de chômagec 6.8 6.7 6.9 6.6 6.5 6.3 6.5 6.4 6.2
Inflationd 3.9 2.6 2.0 1.8 1.7 1.7 1.9 1.7 1.7
Solde des administrations
publiquese -2.5 -3.2 -3.7 -3.5 -3.2 -3.2
a)En moyenne annuelle ; dans les trois dernières colonnes figure la variation en glissement annuel.
b)Pourcentage du PIB potentiel.
c)Pourcentage de la population active.
d)Déflateur du PIB. Variation en glissement pour le quatrième trimestre.
e)Pourcentage du PIB.
Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, no 76.
© OCDE 2004