numéro de juillet-août 2014 du magazine Pulsations

28 Pages·2014·2.32 MB·French

MAGAZINE
juillet-août
2014
Actualité 6 › 7
Interview de
Bertrand Levrat
Décodage 8 › 9
Suivre la scoliose
d’un enfant
Reportage 18 › 19
Don du sang,
don de vies
Dossier 11 › 17
Le défi des troubles
H
C
alimentaires E.
G
G-
U
H
W.
W
W
SmartHUG, la nouvelle
application des HUG
Pour tout savoir sur
le Réseau des
urgences genevois
les consultations
médicales
l’actualité des HUG
Proximos_190x62.pdf 1 03.04.14 08:43
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Champel 25, 1211 Genève 14, Suisse. Vous pouvez aussi vous abonner en ligne sur www.hug-ge.ch/abonnement-pulsations
Sommaire 3
juillet - août 2014 Pulsations
Juillet & août
A prendre
au sérieux
Dre Françoise Narring
Médecin adjointe, respon-
sable de l’unité santé jeunes
Actualité
4 Statines :
vrai ou faux ?
5 Polyarthrite 18
rhumatoïde
sous la loupe
Dans notre société qui valorise
Invité 20›21 Texto
la minceur, la performance et
6›7 « Rester l’hôpital
le consumérisme, les troubles
de référence 10 La raison
du comportement alimentaire
du Grand Genève » des émotions Reportage
peuvent passer inaperçus. Ils ont
pourtant des complications phy-
22›23 Murs en joie à Loëx
siques et psychologiques graves
Décodage Dossier troubles
et doivent être pris au sérieux.
alimentaires
La majorité de ces troubles s’ins-
8›9 Suivre une scoliose Junior
tallent à l’adolescence, période
sans risque pour Trop ou pas assez,
de transition et de développe-
l’enfant c’est toujours 24›25 Pourquoi on
ment entre l’enfance et l’âge
une souffrance transpire ?
adulte qui induit des change-
ments majeurs.
12›13 Quand l’alimentation
Au cœur du réseau, la consulta-
pose problème Vécu
tion santé jeunes est une porte
Editeur responsable
Bertrand Levrat d’entrée dans le traitement mul-
14 Reprendre le contrôle 27 La spirale de l’angoisse
Responsable des publications tidisciplinaire alliant l’abord psy-
Sylvia de Meyer
chologique et somatique pour
Rédactrice en chef 15 Sortir l’anorexique
Suzy Soumaille 15 ces jeunes et leurs parents. Le
pulsations-hug@ hcuge.ch de l’impasse
programme transversal des
Abonnements et rédaction
Direction de la communication Troubles du comportement
et du marketing 16 Utiliser la créativité
Avenue de Champel 25 alimentaire des HUG aide à la
CH-1211 Genève 14
Tél. [phone] continuité des soins en renfor-
Fax [phone] Pacifier la relation
La reproduction totale ou partielle çant les liens entre les services
des articles contenus dans Pulsations avec la nourriture
est autorisée, libre de droits, médicaux et psychiatriques.
avec mention obligatoire de la source.
Consultations ambulatoires,
Régie publicitaire
Imédia SA (Hervé Doussin) Reportage hospitalisation de jour ou hos-
Tél. [phone]
Fax [phone] pitalisation avec soins intensifs
[email protected]
offrent toute une palette d’aide
Conception/réalisation 18›19 Don du sang,
csm sa pour traverser les moments
don de vies
Impression difficiles de la maladie dans la
ATAR Roto Presse SA
cohérence et la transition entre
Tirage
33 000 exemplaires soins pédiatriques et soins pour
les jeunes et les adultes.
Actualité 4
juillet - août 2014 Pulsations
Statines :
vrai ou faux ?
Des réponses aux idées reçues
sur ce médicament destiné à faire
baisser le cholestérol.
Les statines : efficaces ou pas ? Les statines doivent
La polémique autour de ces mé- également être prescrites
dicaments destinés à diminuer chez des personnes ne
N
O
le taux de cholestérol dans le souffrant d’aucun trouble M
SI
sang est récurrente, notamment cardiovasculaire.
leur prescription en prévention. Faux. On ne peut pas générali- La levure de riz rouge peut d’ailleurs la première cause de
Le point avec le Pr François ser ainsi. En prévention primaire remplacer les statines. mortalité en Suisse (35%).
Mach, médecin-chef du ser- (éviter l’apparition), il est très Faux. De sérieux doutes sub-
vice de cardiologie. important d’évaluer le risque sistent concernant l’efficacité L’excès de cholestérol
de futur événement cardiovas- et surtout la sécurité de ce pro- est le seul facteur
Après un infarctus culaire au cas par cas. Pour ce duit de fermentation. D’ailleurs, de risque de maladies
du myocarde ou un acci- faire, les médecins disposent selon une ordonnance fédérale cardiovasculaires.
dent vasculaire cérébral de tableaux/scores qui esti- de mars dernier, elle n’est plus Faux. Il y a d’autres facteurs de
(AVC), il faut prendre ment le risque cardiovasculaire commercialisable en Suisse ni risque : l’hypertension artérielle,
des statines. global (calculateur de risque comme médicament ni comme le diabète, le tabagisme, la sur-
Vrai. Depuis 1994, plus de cin- sur www.gsla.ch). Si le risque denrée alimentaire. charge pondérale, la sédentarité
quante études cliniques ont de survenue sur dix ans est et le stress. On peut agir sur ces
démontré qu’un traitement de faible (moins de 5%), la société Le cholestérol augmente facteurs. Par contre, l’âge et la
statine, abaissant le taux de suisse de cardiologie ne préco- les risques de maladies génétique, qui jouent également
cholestérol, diminue de façon nise aucun traitement. S’il est cardiovasculaires. un rôle, ne sont pas modifiables !
très importante le risque de fu- élevé, il faut, comme pour les Vrai. Rappelons d’abord que le
tur événement cardiovasculaire personnes ayant déjà eu un in- cholestérol n’est pas un poison. Une bonne hygiène
ainsi que la mortalité chez les farctus, prendre des statines. Notre corps est fait de liquide et de de vie est primordiale pour
personnes ayant déjà fait un cholestérol. Celui-ci est un compo- prévenir les maladies car-
infarctus ou un AVC. Ainsi, en Les statines ont sé essentiel des membranes cel- diovasculaires.
prévention secondaire (éviter la des effets secondaires. lulaires, de nombreuses vitamines Vrai. Elle consiste à ne pas fu-
récidive), ces patients prennent Faux et vrai. Elles n’induisent ou hormones. Heureusement, on mer, pratiquer des exercices phy-
tous à vie un traitement de sta- pas d’effets secondaires ma- a tous du cholestérol ! Par contre, siques réguliers (2x30 minutes
tines, ainsi que de l’aspirine car- jeurs comme un cancer, une dé- il devient dangereux lorsqu’il cir- par semaine au minimum) et avoir
dio (faible dose). pression ou des hémorragies. cule en quantité trop élevée dans une alimentation saine (fruits et
Par contre, chez quelque 10% nos artères. Les dépôts de cho- légumes quotidiens). Malgré cela,
des patients, elles amènent lestérol (plaque d’athérome) certaines personnes ont tout
des douleurs musculaires qui, s’accumulent dans les parois de même un cholestérol élevé
Savoir Ì la plupart du temps, dispa- des artères et provoquent des ou de l’hypertension et doivent
raissent en changeant de sta- rétrécissements qui peuvent in- être traitées.
http://elips.hug-ge.ch tine (il y a cinq composés sur duire un infarctus ou un AVC. Les
le marché). maladies cardiovasculaires sont Giuseppe Costa
Actualité 5
juillet - août 2014 Pulsations
Polyarthrite rhumatoïde
sous la loupe
Quels sont les facteurs OVEA
H
de risques, à qui et quand prescrire O / P
ORI
leusn o tbrajeitcetmifse ndt’u pnreév éetnutdife ? eTenl sc osournst, JULIEN GREG
dirigée par les HUG.
Douloureuse et chronique, la Intervention précoce
polyarthrite rhumatoïde, une C’est un coup de tonnerre dans
maladie auto-immune, détruit le monde médical. « Nous sa-
les articulations des mains et vions déjà qu’une intervention
des pieds. Très vite invalidante, précoce donne de meilleurs ré-
son coût social compte parmi sultats, un peu comme en on-
le plus élevé en Europe. Elle cologie. Nous avions même
est considérée comme incu- trouvé qu’un traitement adminis-
rable une fois que les symp- tré au tout début de la maladie
tômes sont manifestes. Une retarde fortement le développe-
lueur d’espoir filtre aujourd’hui ment d’une polyarthrite rhuma-  Echographie articulaire.
au travers d’une vaste étude toïde, voire la prévient tout à fait
en cours, lancée aux HUG en dans environ 20% des cas. Dé- nous aimerions savoir quelles les résultats définitifs, il fau-
2010, à la suite d’une décou- sormais, nous pouvions envisa- combinaisons de facteurs – dra toutefois encore attendre
verte surprenante. ger l’hypothèse d’un traitement génétique, environnementaux, cinq ans.
En effet, en 2003, des cher- préventif chez des personnes etc. – confèrent le plus haut L’étude multicentrique dirigée
cheurs suédois et hollandais, avec une forme préclinique risque. Ensuite, nous pourrons par les HUG, en collaboration
en examinant des échantil- de la maladie, avant même mieux définir à qui et quand il avec le Fonds national de la re-
lons de sang stockés dans l’apparition d’arthrite », s’en- convient de prescrire un trai- cherche scientifique (FNRS),
un centre de transfusion, dé- thousiasme le Dr Axel Finckh, tement préventif », explique regroupe les cinq centres uni-
tectent des auto-anticorps (qui médecin adjoint agrégé au ser- le Dr Finckh. versitaires suisses, ainsi que les
attaquent les tissus du corps vice de rhumatologie. Les premières données hôpitaux cantonaux de Saint-
lui-même, lire ci-dessous) spé- L’étude vise plusieurs objec- montrent déjà que le tabagisme Gall, Neuchâtel et Fribourg.
cifiques de la polyarthrite rhu- tifs. Dans un premier temps, et une paradontose chronique Quelque 900 participants ont
matoïde chez des donneurs il s’agit de déterminer quelle – une maladie qui entraîne la déjà été recrutés. Ce chiffre de-
sains. Après enquête, c’est frange de la population présente chute des dents – augmentent vrait croître à 2000 personnes
la surprise: les donneurs por- le risque le plus élevé de dé- le risque de développer les auto- (lire « Appel à volontaires »).
teurs de ces auto-anticorps velopper une polyarthrite rhu- anticorps spécifiques de la
ont développé la maladie en matoïde. « Plus précisément, polyarthrite rhumatoïde. Pour André Koller
moyenne cinq ans après leur
apparition dans le sang.
Appel à volontaires
La polyarthrite rhumatoïde inflammatoire entre 18 et 75 ans ? Participez à l’étude visant
chronique touche un peu moins de 1% de la au dépistage et au traitement précoce de cette
70 000
population suisse, dont les trois quarts sont affection. Une seule visite aux HUG suffit. Un
des femmes. Contrairement à une idée reçue, questionnaire, une prise de sang, un examen
personnes en Suisse ce n’est pas une maladie du grand âge. Le pic médical… et le tour est joué. Le suivi est assu-
souffrent de polyarthrite d’incidence (nouveaux cas par an) se situe ré par Internet. Informations : www.arthritis-
rhumatoïde entre 40 et 50 ans. Vous avez un parent direct checkup.ch, 022 372 36 81 ou 022 372 36 97
– frère, sœur, père, mère ou enfant – souffrant ou courriel : [email protected]
de polyarthrite rhumatoïde ? Vous êtes âgé A.K.
Actualité 6
juillet - août 2014 Pulsations
« Nous avons l’ambition de rester
l’hôpital de référence du Grand Genève
Le souhait de OVEA
H
O / P
Bertrand Levrat, ORI
directeur général ULIEN GREG
J
des HUG, est
de développer
les collaborations
au service d’une
population qui vit
dans la région.
A la tête des HUG depuis le
1er juin 2013, Bertand Levrat
met sa passion et son enthou-
siasme au service du plus gros
employeur de l’Etat de Genève.
« En une année, j’ai gagné da-
vantage de connaissance et
donc de respect pour le travail
qui est réalisé ici et en même
temps j’ai acquis plus d’humi-
lité par rapport à tout ce que j’ai
à apprendre», dit-il sans hésiter.
Rencontre avec un directeur
général ambitieux, fier d’occu-
per ce poste, attentif à garder
un équilibre entre vie profes-
sionnelle et privée, mais aussi
conscient des fabuleux défis à  Bertrand Levrat donne le cap sur les enjeux majeurs tout en étant proche des préoccupations de l’opérationnel.
relever ces prochaines années.
choix stratégiques tout en étant particulier ceux de l’hôpital des Et les urgences
Vous êtes à la tête proche des préoccupations de Trois-Chêne. Aujourd’hui, il y pédiatriques ?
des HUG depuis l’opérationnel. On doit naviguer a des admissions jusqu’à 22h, On a mis en place une alerte
une année, comment entre les deux. ce qui permet de transférer par SMS en développant un
vous sentez-vous ? des patients en aval. Très pro- outil informatique qui gère les
Bertrand Levrat : Très bien. D’entrée, une de vos chainement, les horaires se- files d’attente. Après une pé-
Parce que ce job est magnifique, priorités a clairement ront aussi étendus dans les riode test de quelques mois, elle
les enjeux sont complexes, mais été d’améliorer la situation étages de l’hôpital. Depuis le démarre cet été. On veut per-
déterminants pour les Genevois aux urgences. Qu’en est-il 1er avril, un scanner supplémen- mettre aux parents d’attendre
et que les collaborateurs sont aujourd’hui ? taire est ouvert jusqu’à 20h, au chez eux plutôt que dans la salle
extrêmement motivés et compé- Cela avance bien. C’est une lieu de 18h. Depuis le 1er juin, d’attente. L’enjeu est d’organiser
tents. J’ai une grande confiance question de gestion d’un flux un bureau d’admission directe deux files d’attente distinctes :
dans le dynamisme institution- qui se résout en relation avec est ouvert afin que les méde- une pour les urgences immé-
nel. Les HUG, c’est une ville, le ce qui existe avant et après cins traitants puissent hospi- diates, une pour celles néces-
plus gros employeur du canton. le passage aux urgences. Je taliser leurs patients sans les sitant de consulter un médecin
Il faut piloter en donnant le cap remercie les collègues hors envoyer aux urgences. Cela dans les trois heures. Cela oblige
sur les enjeux majeurs et les du service des urgences, en améliore le travail en amont. une organisation différente.
7
Nous avons l’ambition de rester
du Grand Genève »
C’est une révolution culturelle La récente création avec le déplace au CHUV. C’est emblé- ce projet : je vois là une oppor-
importante qui vise à organiser CHUV d’un centre univer- matique d’un nouveau mode de tunité de mieux travailler en-
l’hôpital autour du patient et de sitaire romand de chirurgie travail : nous construisons des semble et du coup de mieux
ses attentes. pédiatrique et d’un centre logiques de compétences par- œuvrer pour la population du
de compétence en cardio- tagées. On disposera toujours Grand Genève.
Comment mettre logie et cardiochirurgie de deux hôpitaux parce que
les patients au centre ? pédiatriques sont les der- nous avons besoin de structures Comment construire jus-
Les patients au centre, cela nières collaborations entre proches de la population, mais tement le Grand Genève ?
ne veut pas dire que c’est au Vaud et Genève. Pourquoi si on considère la collaboration Nous avons l’ambition de res-
détriment des professionnels, faut-il travailler ensemble ? comme une capacité de faire ter l’hôpital de référence pour
mais cela signifie accompa- On vit dans un monde qui bouge mieux ensemble, nous avons l’ensemble de cette population.
gner le virage ambulatoire. avec des patients et des profes- une force extraordinaire. Notre souhait est de poursuivre
Les patients ne vont plus fré- sionnels mobiles. D’une cer- l’accueil des patients frontaliers
quenter l’hôpital de la même taine manière, on travaille à Le Campus Biotech et de développer les collabora-
manière. Ils ne vont plus ve- abolir ces 60 km. Deuxième- accueille le plus gros projet tions au service d’une popula-
nir pour plusieurs semaines, ment, on a des compétences de recherche européenne tion qui vit ici. Il est choquant
mais pour quelques jours et, remarquables entre Lausanne sur le cerveau. Quel rôle d’imaginer qu’un enfant dont
pour certains, venir et revenir et Genève. Si on les fédère et doivent tenir les HUG ? on découvre une forme rare
plusieurs fois. La préoccupa- on les additionne, on devient Le Campus Biotech et l’Institut de cancer, habitant à Anne-
tion doit porter sur l’ensemble très compétitif sur le marché Wyss vont se développer ces masse, doive aller à Lyon ou
de leur parcours : nous de- européen. Passer d’une logique prochaines années. Nous allons à Grenoble alors que les HUG
vons adapter les structures, de site à une logique de réseau fédérer les forces de l’EPFL, sont un hôpital à dix minutes
les prises en charge en inté- est un changement important. des universités et hôpitaux de chez lui et compétent pour
grant le fait que leur passage René Prêtre vient opérer ici une universitaires de Lausanne et le prendre en charge.
à l’hôpital comporte un avant fois par semaine depuis plusieurs Genève. On a une chance for-
et un après. mois et Barbara Wildhaber se midable d’être partenaires dans A l’initiative des HUG
et de la Faculté de méde-
cine, la fondation Artères
« Une occasion fantastique
soutient des projets de
de repenser l’hôpital » recherche médicale et
d’amélioration du confort
En septembre, un bâtiment des laboratoires L’ouverture du nouveau bâtiment des lits, ce des patients. Pourquoi
ouvre, puis, en 2016, un nouveau bâtiment n’est pas juste supprimer les chambres à six la collecte de fonds
des lits. Pour Bertrand Levrat, cette moder- lits, élément important pour le confort des pa- est-elle si importante
nisation des infrastructures permet de mieux tients, mais c’est aussi réfléchir à l’impact que aujourd’hui ?
organiser l’hôpital de demain : cela a sur notre organisation des soins. On va Je suis très ouvert au partenariat
« Ce sont des réformes profondes de l’hôpital. vivre dans les années qui viennent un certain public-privé parce que je pense
La modernisation de nos infrastructures in- nombre de rocades autour des différents bâti- que le public doit assumer un
fluence également la manière dont on prend ments pour mettre du sens dans notre organi- certain nombre de tâches sur
en charge les gens. L’ouverture d’un nouveau sation. Ce sont des opportunités fantastiques de nos budgets de manière récur-
bâtiment des lits va permettre de réfléchir à repenser l’hôpital. Il y a aussi le CMU qui s’agran- rente. Le privé peut amener ce
l’actuel bâtiment des lits et à Beau-Séjour, dit, une nouvelle Maternité et des constructions petit supplément d’âme sur cer-
mais aussi à notre organisation autour de autour de l’Hôpital des enfants. tains projets qu’on n’aura jamais
pôles d’activités. Je perçois déjà un change- Il ne faut pas oublier les hôpitaux de Loëx, de Bel- les moyens de financer, mais
ment: on va passer d’un hôpital où on iden- lerive et le domaine de Belle-Idée (hôpitaux des qui font une différence impor-
tifie la rotonde comme l’entrée principale à Trois-Chêne et de psychiatrie) : ce processus de tante. Dans ce cadre-là, le par-
un véritable quartier où les entrées se fe- modernisation des infrastructures doit se pour- tenariat avec le privé porte sur
ront également par le nouveau bâtiment des suivre dans les autres sites. La qualité du soin de la recherche, de l’innovation,
lits et par le CEVA. Le visage et l’identité de passe aussi par la qualité de l’environnement du confort pour les patients.
l’hôpital vont changer. dans lequel on est pris en charge. » G.C.
Giuseppe Costa
Décodage 8
juillet - août 2014 Pulsations
Suivre une scoliose sans risque pour l’enfant
Faible irradiation, haute qualité des images, reconstruction 3D :
trois excellentes raisons qui propulsent EOS au rang
d’appareil de radiologie exceptionnel. Ses fonctions ?
Détecter une scoliose, des déformations du bassin ou encore
des problèmes d’axes des membres inférieurs.
Laser de positionnement
Deux rayons laser verts, po-
sitionnés par le TRM, fixent
très précisément les limites
supérieure et inférieure de
la radiographie numérisée.
Poste de commande
Le TRM s’assure de la qua-
lité des images. Au cours
d’une étape ultérieure, il
les utilise pour reconsti-
tuer la colonne vertébrale
en 3D. Cette technique per-
met une analyse plus pré-
cise de l’équilibre du tronc,
de la rotation et de l’incli-
naison de chaque vertèbre.
Par exemple, une vue plon-
geante du rachis montre de
façon évidence la vertèbre
la moins bien positionnée.
TEXTE ANDRÉ KOLLER PHOTOS MAREK DONNIER/GLOBALVISION RÉFÉRENT PRE SYLVIANE HANQUINET
9
sans risque pour l’enfant
Colonnes émettrices
Deux émetteurs de rayon X
Eléments de stabilisation se déplacent verticalement
Structures fixes qui aident le dans les colonnes d’EOS. Les
patient à ne pas bouger pen- images de face et de profil
dant la radiographie. Comme sont acquises simultané-
les émetteurs sont mobiles, ment en 10 à 20 secondes. La
l’immobilité du patient est dose de rayon est au moins
spécialement importante 10 fois moins irradiante que
pour la qualité des images. celle utilisée par une radio-
graphie classique et 800 à
1000 fois moins que pour
une imagerie à résonance
magnétique (IRM). Une ir-
radiation faible est particu-
lièrement importante pour
les enfants souffrant de sco-
liose. Car ils ont besoin d’une
dizaine de radiographies en
moyenne pendant leur trai-
tement.
Position du patient
L’enfant doit toujours se tenir
debout. Ce n’est que dans
cette position que le méde-
cin peut détecter et analy-
ser les courbures et torsions
pathologiques de la colonne
vertébrale.
Technicien en radiologie
médicale (TRM)
Le TRM est un spécialiste de
l’imagerie médicale compé-
tent dans le domaine de la
radioprotection. Il a suivi une
formation de trois ans (ba-
chelor), combinant des com-
pétences soignantes et des
connaissances techniques.
VISITE VIRTUELLE sur l’application « Pulsations » pour l’iPad
Voir toutes les visites virtuelles HUG http://www.hug-ge.ch/visites-virtuelles
Invité 10
juillet - août 2014 Pulsations
La raison des émotions
Longtemps déconsidérées, Qu’est-ce que crises internationales. Dans le
la révolution cognitive ? monde du travail, la valorisation
les émotions jouent en réalité
C’est le nom donné au mouve- de l’intelligence émotionnelle,
un rôle important dans les décisions ment scientifique qui, en dé- c’est-à-dire la capacité à gérer
passant le cadre béhavioriste ses émotions et à comprendre
rationnelles, affirme
– la psychologie par l’étude celles d’autrui, amène les entre-
le Pr David Sander. des comportements – s’est prises à confier des postes de
intéressé aux représentations management à des personnes
mentales et à la manière dont évaluées sur leurs compétences
Codirecteur du Laboratoire du on peut modéliser l’esprit. Dès émotionnelles.
cerveau et du comportement, de les années 80, des chercheurs
la Faculté de médecine de Ge- ont trouvé que les outils utilisés Quels sont vos prochains
nève, et directeur du centre dans ce but pouvaient très bien sujets d’étude ?
interfacultaire en sciences servir à étudier des émotions. Je compte approfondir mes re-
affectives de l’Université de cherches concernant les effets
Genève, le Pr David Sander, L’opposition classique des émotions sur l’attention, la
psychologue, a reçu le Prix entre raison et émotion mémoire et la prise de décision.
Latsis national 2013, doté tend-elle à s’estomper ? Et, bien entendu, continuer à étu-
de 100 000 francs. Ses Il devient en effet difficile d’avan- dier les facteurs déclenchants
travaux revalorisent le cer des arguments scientifiques des émotions.
rôle des émotions en pour étayer une opposition. L’ima-
les plaçant au cœur gerie cérébrale montre que les André Koller
des processus cogni- parties du cerveau impliquées
tifs dits « rationnels », dans la cognition (attention, mé-
comme les jugements moire, etc.) jouent un rôle impor-
ou la mémorisation. tant pour les émotions. De plus, Bio Ì
celles-ci ont justement pour rôle
Les émotions de faciliter et renforcer la cogni- 1976 : naissance à Paris
David Sander,
sortent-elles enfin tion. Un phénomène connu pour 1994 : études de mathéma-
psychologue. 
du long purgatoire où la mémorisation : les gens se sou- tiques et de psychologie à
les avait plongées une viennent très bien de ce qu’ils l’Université René Descartes
tradition philosophique ? faisaient le 11 septembre 2001. (Paris)
En fait, certains philosophes Mais c’est vrai aussi pour la ra- 2002 : thèse en sciences
aux 17e et 18e siècles accor- pidité de la prise de décision ou cognitives (Lyon)
daient déjà un rôle positif aux encore pour les jugements mo- 2005 : coordinateur scienti-
émotions. Plus tard, Charles raux. Des patients souffrant de fique du Pôle de recherche
Darwin, dans un ouvrage peu pathologies inhibant les émotions national (PRN) en sciences
connu du grand public, L’ex- ont plus de mal à se décider vite. affectives, Université de
pression des émotions chez Genève
l’homme et les animaux, a éga- Quelles conséquences 2009 : professeur associé
lement insisté sur leur l’impor- en tirez-vous ? en psychologie de l’émo-
tance évolutionnaire. Concernant Il faut savoir que plus les enjeux tion, Université de Genève
les approches expérimentales, sont importants plus le poids 2012 : directeur du PRN en
OVEA le coup d’accélérateur principal des émotions pèse lourd dans sciences affectives
H
O / P est donné dans les années 60 les prises de décision. Cela est 2013 : professeur ordinaire
JULIEN GREGORI réglv’oroânlcu enti ooamnu xcm oeegff neaitutsijvo deue.r dc’eh uqiu lea clqeeusro ttdaiidéniceeimns iqeounnets t popoueutr ars uloasn gsnie vesrltalieoi spn o dduuer enta rtéiocinpaiel n2d0a1i3re du Prix Latsis
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