Table Of ContentMYTHOLOGIE ET G~OGltAPHIE
DUM :8MEA UTEUR
Le problime des Cassitérides, Picard, 196S.
Le périple d'Hannon - The periplus of Hanno, B.A.R.,
Oxford, 1976.
La technique minière et métallurgique des Anciens, coll.
Latomus, Bruxelles, 1977.
COLLECTION D~TUDBS MYTHOLOGIQYBS
HORS SSRIB
- MYTHOLOGIE
ET G:EOGRAPHIE
par
1. I.AMIN
LES BELLES LETTRES
9,, boulevard Raspail, 75006 Paris
1979
Ce volume a été publié
avec l'aide du Centre de
Recherches André Piganiol
« La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2
et 3 de l'article 41, d'une part, que les "copies ou reproductions
~trictement réservées à l'usage pri~ du copiste et non destinées à
une utilisation collective" et, d'autre part, que les analyses et les
courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, "toute
représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le
consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause,
est illicite" (alinéa 1er de l'article 40).
« Cette représentation ou reproduction, par quelque proœdé que
ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionœe par les arti
cles 425 et suivants du Code pénal. •
© Société d'Edition us Belles Lettres, Paris, 1979
ISBN : 2-251-32453-4
8 INTRODucnoN
mythes ou des récits mythiques peut être retrouvée quel
quefois.
Les divers mythographes sont souvent loin d'être d'ac
cord. Les différences que l'on peut constater ne doivent
pas être négligées. Elles sont dues à la diversité des tra
ditions, à l'évolution des idées. Par ailleurs, les plus an
ciens textes sont en général sommaires, ce qui tend à
prouver ou que les mythes étaient bien connus, transmis
d'une manière plus complète de bouche à oreille, ou que
les Grecs se sont longtemps contentés de ce qui leur
paraissait l'essentiel. Ces premiers documents n'ont d'ail
leurs pas été écrits à une époque très reculée et ne per
mettent donc pas de connaître l'éventuelle évolution
antérieure des mythes. En revanche, des textes plus ré
cents peuvent faire état de traditions beaucoup plus
anciennes.
Quoi qu'il en soit, l'influence du temps s'est fait sentir
dans deux domaines différents. D'une part, des épisodes,
des détails nouveaux ont été souvent ajoutés et il n'est
pas toujours facile de distinguer ceux qui sont dus à
l'imagination de leurs auteurs de ceux qui reflètent de
vieilles croyances. D'autre part, les Grecs ont éprouvé
le désir tout naturel de situer dans l'espace les lieux et
les peuples mythiques. Les identifications ont évolué dans
une large mesure avec les connaissances géographiques.
Celles-ci ont été souvent et longtemps indirectes et sont
toujours restées incomplètes (2).
Dès avant l'arrivée des premiers Hellènes, vers 2000 av.
J.C., le monde égéen était en contact avec les peuples du
bassin oriental de la Méditerranée, Egypte et Syrie notam
ment, mais aussi avec l'Occident. L'archéologie prouve
qu'au III• millénaire, des produits de Troie et de Thermi
parvenaient au sud de l'Espagne ; les marins qui les ache
minaient rencontraient des hommes en rapport avec ceux
(2) Voir not. P. Pédech, La géographie des Grecs, Paris, 1976.
INTRODUcnON 9
qui fréquentaient les côtes atlantiques, certainement vers
le nord, peut-,être aussi vers le sud. Puis les Crétois ont
sillonné la Méditerranée d'est en ouest et furent également
en contact avec les navigateurs accoutumés à l'océan;
l'importance de la Crète dans la mythologie grecque est
la manifestation allégorique d'un fait historique : la pré
domirum.ce de la grande lle dans la première moitié du
II• millénaire. Vers 1400, les Mycéniens ont supplanté les
Crétois; ils sont allés moins loin qu'eux, en Sicile et sur
les côtes méridionale et occidentale d'Italie, mais ont
porté aussi leurs efforts du côté de la mer Noire, où les
Minyens s'étaient déjà engagés précédemment; les légen
des des Argonautes et de la guerre de Troie sont la trace
de l'ancienne poussée des Grecs vers l'est et des clifficult~
rencontrées. L'invasion dorienne ou retour des Héraclides
a mis fin à l'hégémonie mycénienne et entraîné une émi
gration vers les côtes d'Asie mineure. Les Hellènes se
sont repliés sur eux~mêmes et ce fait a permis aux Phéni
ciens, libérés par ailleurs du joug égyptien par l'invasion
des Peuples de la Mer, d'acquérir la maîtrise de la Médi
terranée occidentale. Ce n'est que beaucoup plus tard, à
partir de 800 environ, que les Grecs ont commencé à
sortir de nouveau de la mer Egée et à fonder des colonies
sur la côte occidentale de la Grèce, en Sicile, en Italie,
en mer Noire, plus tardivement encore en Cyrénaïque, en
Gaule et en Espagne. Les marins de ces différentes épo
ques ont rapporté des informations, dont le souvenir
vague, déformé, embelli parfois, a été conservé pendant
des siècles. ·
Les Grecs ont ~té fort longs à connaitre l'arrière-pays
de leur résidence, métropolitaine ou coloniale. A titre
d'exemple, le centre de !'Anatolie fut inconnu avant Xéno
phon, malgré la longue implantation de villes sur le litto
ral. Et pourtant, grâce à leurs rapports avec les voyageurs,
commerçants ou transporteurs, les Grecs ont pu acquérir
quelques notions sur l'Europe centrale, septentrionale et
10
INTRODUCTION
occidentale, sur l'Afrique, sur l'Asie bien avant Alexandre :
l'ambre et l'étain parvenaient en Grèce et des caravanes
traversaient le Sahara, se rendaient aux Indes, en Asie
centrale.
Des contradictions peuvent choquer ; l'absurdité de
certains voyages mythiques est de nature à dérouter. Il
ne faut pas juger avec notre logique, d'après nos propres
connaissances, mais chercher à comprendre les raisons
des erreurs commises, d'apparentes aberrations. Cette
recherche est instructive.
Les rapports entre la mythologie et la géographie cons
tituent un domaine immense, mais l'objet du présent essai
est strictement limité. Nous n'aborderons ni la question
de l'origine des dieux, ou des divinités personnifiant des
pays, des villes, etc., ni celle des mythes en rapport avec
la colonisation grecque. Retiendront essentiellement notre
attention quelques mythes, peuples ou récits mythiques
ayant subi une évolution; nous constaterons que celle-ci
est due en grande partie à l'histoire du peuple hellène,
très générale et ci-dessus rappelée, et à celle de ses connais
sances géographiques. Nous serons amenés à citer beau
coup de textes, sans prétendre pour autant en donner une
liste exhaustive. Certaines énumérations pourront paraître
longues, fastidieuses. Elles nous ont semblé nécessaires.
