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dans la même collection
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COHEN-TANNOUDJI: Réalitée t virtualitéd ans less ciences
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Tome2 : Lesg randsn avigateurdsu XVIII' siècle
Tome 3 : Les Voyageursd u XIX' siècle
VERNADSKY : La Biosphère
BREDEKAMP
MACHINEEST C ABINETS
DEC URIOSITÉ
traduit de l'allemand par Nicole Casanova
DIDEROT ~DITEUR
Mise en page et couverture :
Eric Bonnet
© VERLAG KLAUS WAGENBACH, Berlin 1993
© DIDEROT MULTIMEDIA, 1996
ISBN : 2-84352-058 4
REMERCIEMENTS
Quand on me demanda de préparer, pour une
réimpression dans la « Kleine kulturwissentschaft
liche Bibliothek » ( « Petite Bibliothèque d'histoire
de la culture ») des éditions Wagenbach, l'essai théo
rique sur les cabinets de curiosité que j'avais publié
dix ans plus tôt, il n'était question que de modifier
légèrement la présentation et d'actualiser quelque
peu la documentation. Le texte avait obtenu le prix
Aby Warburg de la ville de Hambourg et devait gar
der pour l'essentiel sa forme originelle. Toutefois,
l'abondance de nouveaux documents concernant le
goût de collectionner, l'évolution des questions
posées, et avant tout les changements survenus dans
la manière actuelle d'appréhender l'image et l'art,
m'ont amené à me décider pour une refonte totale
du texte. De la version primitive, il ne reste plus
BREDEKAMP
guère que le titre et la courte dernière phrase de la
partie principale.
Je remercie tout d'abord le Wissenschaftskollegd e
Berlin, qui, lorsque j'y étais fellow durant l'année
1991-1992, m'a donné la possibilité d'écrire le texte.
Que Silvia Baumgart, Hartmut Bôhme, Heike Hardt,
Thomas Ketelsen, Wolfgang Krohn et Martin
Warnke soient ici remerciés pour leur lecture cri
tique du manuscrit, de même que Marita Bermes,
David Freedberg, Thomas Fusenig, Stephen Holmes,
Patrizia Pinotti et Edgar Lein, pour· les importantes
indications qu'ils m'ont communiquées.
Horst Bredekamp
3
. I
LE PROBLÈME DU MOUVEMENT
SCULPTURE ET AUTOMATE
Benvenuto Cellini, dont la vie fut riche en
difficultés de tous genres, connut un moment parti
culièrement pénible en janvier 1545, dans la galerie
du château de Fontainebleau. Il avait reçu comman
de, pour le roi François Ier, d'une série de statues
d'argent, mais il n'en avait achevé qu'une seule,
représentant Jupiter. Pour dissimuler sa négligence
et parer au mécontentement de la puissante
Madame d'Étampes, il eut recours à des moyens
inhabituels afin de mettre en valeur cette unique sta
tue. Il commença par tourner à son profit une cir
constance défavorable. Madame d'Étampes, en effet,
4 BREDEKAMP
Automate d'un singe dessinant, 1895, Strasbourg , Musée Historique.
avait retardé la visite du roi jusqu'au soir : « Ou le roi
ne viendrait pas du tout, ou s'il venait mon ouvrage
ne serait pas à son avantage dans l'obscurité. Grâce
à Dieu qui protège ceux qui ont foi en lui, il arriva
juste le contraire : voyant qu'il faisait nuit, j'allumai
la torche qui se trouvait un peu au-dessus de la tête
du dieu et la lumière, tombant d'en haut, faisait un
bien plus bel effet que celle du jour. »
MACHINESE T CABINETSD E CURIOSIT:e 5
Pour accroître encore l'effet produit, Cellini
avait placé sa statue sur un piédestal doré, posé à
son tour sur un socle de bois à peine visible : « [Ce]
socle de bois discret [était] monté sur quatre billes
de bois à moitié cachées dans l'encastrement à la
manière des noix d'arbalète. Tout cela était si bien
ajusté qu'un petit enfant pouvait facilement sans la
moindre fatigue faire avancer, reculer, tourner la
statue. » Quand enfin le roi et toute sa suite entrè
rent dans la galerie, « je fis signe à Asc.anio [son
aide] de pousser doucement le beau Jupiter en sa
direction : le léger mouvement que j'avais savam
ment calculé donnait à la statue, par ailleurs très
bien faite, l'apparence de la vie. Les statues antiques
se retrouvèrent un peu en retrait et tous les regards
se portèrent agréablement sur mon ouvrage. »
Madame d'l?.tampes, en attirant l'attention du roi
sur l'inégalable perfection des statues antiques,
essaya de nuire à l'effet produit, mais le roi, sans se
laisser troubler, déclara : « Celui qui a voulu défa
voriser cet homme lui a rendu un fier service. La
comparaison avec ces admirables statues prouve
que la sienne est encore plus belle. Il faut faire grand
cas de Benvenuto puisque ses ouvrages soutiennent
la comparaison avec les antiques et même les sur
passent. » Le message était clair. Le mouvement
mécanique qui animait la statue aida son créateur à
gagner le concours -l'art moderne devenu machi
na ternissait la splendeur des œuvres antiques1
•
Description:Ancêtres de nos musées, les cabinets de curiosité se présentent à nos yeux comme des collections d'objets hétéroclites dont la raison le plus souvent nous échappe. Selon quelles principes organisait-on les collections d'automates , de sculptures antiques et de fossiles ? C'est ce que nous ap
