Table Of ContentRalf Mastin
L’ultime cri
des anges
Témoignage
Ralf Mastin
2012
Tous droits réservés.
Copyright Ralf Mastin 2012
ISBN 979-10-91116-19-0
Avant-Propos
Ceci est mon témoignage. Je me suis attaché, comme le
souhaite Ulrick, à retransmettre le message dans sa substance
exacte.
Je ne suis pas un prophète, un messie, un gourou, un médium
ou un illuminé. Je suis juste un messager. Je ne vais pas créer
d’église, de secte, d’association, de groupe de parole, rien de
tout ceci. Je ne répondrai pas non plus aux questions qui me
seront posées sur le message des anges, ou sur mon
expérience. Je n’ai pas demandé à être porteur de ce message
et malgré sa profondeur et les bouleversements qu’il peut
entraîner dans la conception de la vie chez beaucoup d’entre
vous, je m’en tiendrai exclusivement à la tâche qui m’a été
assignée.
Si les anges ont considéré qu’il était utile, aujourd’hui, de
diffuser ce message, ils ont leurs raisons et elles me sont
étrangères. Certes, la période de trouble que nous traversons
est des plus inquiétantes. Les perspectives d’avenir
apparaissent à chacun de nous comme sinistres, et elles le sont
encore plus si on considère l’état du monde que nous laisserons
à nos enfants. Malgré tout, même à présent, je ne m’explique
pas les raisons qui ont guidé leur choix, d’autres auraient sans
doute pu faire bien mieux que moi.
Ce livre contient trois parties. Le prologue et l’épilogue sont de
mon fait.
Pour aider à comprendre le sens du message transmis par les
anges, il me semblait nécessaire de réaliser une introduction
au plus proche possible de la réalité comme des enjeux. Sachez
toutefois que pour me préserver, j’ai modifié les détails
concernant ma vie privée. Cette première partie est à la fois
une vision de l’avenir qu’il m’a été donné d’entrevoir et un
retour sur les évènements qui ont conduit Erik à me livrer ce
message.
De même, pour terminer l’ouvrage, j’ai voulu mettre en
perspective l’issue de notre monde telle qu’il m’a été donnée de
l’entrevoir, dans l’hypothèse la plus sombre de notre avenir.
La partie centrale, intitulée « L’éveil des consciences », est le
récit intégral de mes échanges avec l’ange Ulrick.
Ce livre n’a pas trouvé d’éditeur dans le cadre traditionnel.
Aussi, fidèle à ma mission, j’ai choisi de le diffuser selon les
procédés de notre époque. Mais je considère toutefois que
l’édition est un métier. Aussi, si un éditeur sérieux se sentait
capable d’assurer une large diffusion du message des anges et
de prendre en charge la promotion, qu’il se fasse connaître.
J’espère que la sagesse que véhicule cet ouvrage donnera à
notre monde un meilleur avenir, une meilleure planète pour
nos enfants.
Ralf Mastin
Prologue
Le soleil se lève à peine, lent, la fougue lumineuse blasée,
engluée dans une brume d’horizon aux allures macabres. Pour
sa dernière apparition, il ne faut pas attendre de lui un baroud
d’honneur, un éclat de panache, il est depuis toujours l’enfant
de la logique stellaire, il ne fait rien pour rien. Pourquoi
sacrifierait-il à l’effort d’une journée magnifique, personne,
demain, ne sera là pour la décrire, s’en souvenir ou s’en
émouvoir. Lui survivra, comme les collines, les monts et les
vallons, les rivières, les torrents, les plages et les champs de
blé. Même les récifs coralliens offrant une couronne à fleur
d’eau aux atolls du Pacifique et que l’on dit en grand péril
verront un jour de plus : pas nous.
Assis devant la fenêtre, j’assiste au spectacle comme à l’ultime
représentation d’un théâtre de geste. Dehors, la vie va
reprendre son rythme insouciant, avec ses détails, ses futilités.
Chaque cervelle débutera la journée en pensant à un être, une
action, une émotion. Ces milliards de pensées, toutes tournées
vers l’avenir, proche ou lointain, imaginent que demain
existera, s’emploient à le concevoir, à leur façon, avec plus ou
moins d’ambition, de raison, ou d’espoir.
En fait, non, puisqu’une partie de cette planète dort, et ne se
réveillera pas. Tout sera soudain imprévisible, comme un rêve
qui s’éveille aux ordres du réveil. L’humanité, un songe
toujours plus grand, toujours plus fort, toujours plus arrogant,
suffisant ! Ils sont des milliards d’êtres, des milliers d’élites,
des centaines de leaders, une poignée de scientifiques
compétents, et aucun pour découvrir ce qui va se passer ! Et
tant mieux, après tout, savoir est une longue souffrance, il y a
tant d’années que je sais, je n’ai jamais cessé d’avoir mal du
mystère de la vie que j’ai renié de ma grande lâcheté.
Je n’ai pas eu le courage de m’habiller, mes pantoufles
réchauffent mes pieds transis par le givre qui transpire du
carrelage. J’attends la pluie. À grands coups de nuages
pourléchant le pic des montagnes, elle a fait la promesse de
s’inviter au tableau.
Ainsi en est-il du dernier jour des hommes, banal, triste à
mourir.
Je n’avais plus entendu sa voix depuis plusieurs années et voilà
qu’elle se met soudain à résonner au plus profond de mon
crâne, avec sa douceur habituelle, précise mais respectueuse,
se clarifie doucement comme une parole amie qui approche.
— Tu as peur, n’est-ce pas ?
— Oui, Ulrick, j’ai peur.
— Ce n’est pas ce qui arrive qui effraie, c’est ce qui n’arrivera
plus. L’homme est incapable de renoncer totalement à ce qu’il
aime, incapable de se projeter dans l’absolu de l’absence, le
temps use sa peine comme le vent use la roche, sans jamais les
dissoudre totalement.
— Le temps ! Combien de temps avons-nous, mon ami ?
— Quelques heures ! Je ne t’en dirai pas plus, cela te rongerait
d’angoisse.
— Y avait-il une chance d’éviter cela ?
— Non.
— L’humanité va cesser d’exister, comme ça, d’un coup. Tout
cela n’avait donc aucun sens ?
— Tu parles avec ton cœur, tu boudes ta raison. Bien sûr que
cela avait un sens puisque je suis là, que vous allez mourir,
mais que nous resterons ensemble. N’es-tu pas curieux de me
rencontrer ?
— Si, mais j’aurais préféré en d’autres circonstances. Et puis,
tous ces esprits fauchés au même instant, il va y avoir
embouteillage.
— Nous y sommes préparés, depuis longtemps, nous avons pris
nos dispositions.
— Et si tout n’était que le fruit de mon imagination, comme le
disaient ces médecins. Après tout, ils n’avaient pas tort,
lorsqu’ils m’ont gavé de tous ces médicaments, tu as fini par
disparaître. Où étais-tu, mon ami, durant toutes ces années ?
— J’étais là.
— Et tu vas me dire que tu me parlais, mais que je n’écoutais
pas ?
— Non, je ne disais rien, cela aurait été vain. Notre voix ne
porte pas jusqu’à ceux qui s’écartent de leur voie, souviens-toi,
la dissipation, la cause du grand silence.
Silence ! Le mot béni, mon credo, mon fardeau. Ulrick est de
ces amis qui ne parlent que rarement en premier. Pour les faire
taire, il suffit de ne plus leur répondre.
La pluie commence à tomber, les gouttes frappent les carreaux
comme pour implorer un secours. Je m’efforce d’ignorer leurs
cris, leurs pleurs et leur destin comme j’ai ignoré celui de tous
mes semblables. J’aimerais verser quelques larmes, qu’au
moins une âme s’attriste de la fin du temps qui a porté Mozart,
Einstein, Da Vinci, Marilyn. Mais je n’en suis déjà plus là.
— Tu m’en veux ? dis-je.
— Non. Pourquoi devrais-je t’en vouloir ?
— Parce que j’ai failli à la mission que tu m’avais confiée.
— Tu t’en es écartée. Mais elle était difficile, tu as fait de ton
mieux.
— Ta sollicitude me touche, mais tu n’es pas supposé
m’épargner. Tu sais que je devais mieux faire, que je devais
faire savoir à ce monde le sens de cette vie, tout ce que tu m’as
enseigné, l’équilibre, la vérité, la réalisation. Tu sais que ceux
qui auraient compris auraient été nombreux.
— Je ne peux pas en être certain. Je sais que tu aurais échoué à
l’œuvre principale, ils ne t’auraient pas cru, pas assez de
profondeur d’âme, pas assez de sagesse, pas assez de mémoire,
pas assez de bon sens, et trop de ce qui fait l’immaturité de
l’homme.
Je me tords les mains. Elles sont froides comme la mort elle-
même. Je sens poindre le déni, encore une fois, comme une
ultime branche à saisir pour amortir la chute, pour forcer le
cauchemar à cesser.
— Je n’aurais pas dû arrêter les médicaments.
— Cesse donc avec cette idée-là. Tu sais que tu voulais assister
à ce jour en ayant l’esprit clair.
— Mais lorsque j’étais sous traitement, j’avais l’esprit clair.
— Foutaises ! Toi seul voyais la vérité, les pilules t’ont
contraint à penser comme les autres, elles ont annihilé ta
révolte contre l’inacceptable.
— Elles m’ont permis de cesser de souffrir.
— C’est vrai. Mais quel sens cela aurait-il, aujourd’hui,
puisqu’il n’y aura aucun lendemain ? Une part en toi espère
encore un peu de la folie, comme un instinct de survie. Le
verdict tombera bientôt. Si tu vois le soleil se coucher, tu
sauras que tu étais juste fou. Mais au crépuscule de ce jour, tu
seras près de moi, le premier, mon ami, parce que ton savoir
fait de toi un être différent.
— Serai-je réalisé ?
— Non. Tu connais le principe, tu as fait ton choix.
— Oui ! dis-je l’esprit las. Je ne le sais que trop bien. J’aurais dû
m’agripper à ton enseignement en y puisant la force que ma vie
allait réclamer, mais je n’ai pas pu. Mais vous avez une
responsabilité, vous aussi. Vous vous êtes adressés à la
mauvaise personne, je n’étais pas capable de faire ce que vous
demandiez.
— Si nous te l’avons suggéré, c’est parce que tu en étais
capable, nous ne pouvons pas nous tromper. Tu en sais moins
sur toi-même que le moins expérimenté d’entre nous. Tu as
écrit le livre, tu avais fait le plus difficile.
— Non, je ne suis pas d’accord. Faire savoir à l’humanité,
quelques années avant sa fin inéluctable, les secrets de ses
origines, le sens de sa vie, l’impitoyable injustice qui sévit
jusqu’après la mort n’était pas chose facile.
J’ai eu ce courage un temps, mais j’ai renoncé. Leur infliger le
spectacle de la vanité de l’existence, ce théâtre de
marionnettes auquel chacun participe sans en connaître
l’histoire, était au-dessus de mes forces. Leur condescendance,
leurs quolibets, leurs railleries, puis leur indifférence m’ont
heurté, parfois, mais j’ai eu pitié d’eux. Après des millénaires,
qui étais-je pour leur asséner ainsi la vérité absolue, celle que
les penseurs, les philosophes, les religieux avaient cherchée au
long des siècles. Trop difficile, vraiment, trop difficile !
— Enfin, les larmes viennent former un écho en harmonie avec
la pluie sur les vitres. Et dans ma mémoire soulagée, les
souvenirs d’antan jaillissent comme à l’ouverture d’un coffre à
jouets porteur des trésors de l’enfance.
*
Je participais à une énième réunion de professeurs et
j’écoutais d’une oreille distraite une collègue, attifée d’un
infâme serre-tête en velours vert bouteille et d’une robe
informe qui recouvrait ses godillots mal lustrés. J’étais rongé
par l’ennui et l’indifférence. Personne n’éveillait en moi la
moindre compassion, un quelconque intérêt. Je n’aimais
décidément aucun de mes collègues, ni mes élèves et encore
moins le métier que j’exerçais. Depuis plusieurs années, j’avais
Description:Et si vous rentriez un jour en contact avec un guide du second cercle appelé Ulrick, autrement dit un ange ? S’il vous racontait l’histoire de l’humanité, son origine, son parcours, ses erreurs et ses errements ? Vous penseriez sans doute avoir perdu la raison. Et pourtant, ceci est le témo