Table Of ContentDépartement dlranologie Institut d'études iraniennes
de l'Institut franco-iranien de 1 Université de Paris
BIBLIOTHEQUE IRANIENNE
Dir. H. Corbin
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M o l l a S A D R A S H I R A Z I
( 980/1572.105./1640)
|° livre des
PÈnÉIratinns métaphysiques
( Kitâli aUMasliuir >
Texte arabe publié avec
la version persane de
BADIOL.MOLK MIR7.A 'EMADODDAWLEH
'traduction française et Annotations
par
H e n r y C O R B I N
Directeur d'études ة
l'Ecole des Hautes-Études (Sorbonne)
rt.
TEVIERA.N P A R I S
DEPARTEMENT D'IRANOLOGIE LIBRAIRIE D'AMERIQUE ET D'ORIENT
DE L'INSTITUT ERANCOTRANIEN ADRIEN. MAISONNEUVE
58, Avenu? Shahpour Al؛-Re?a 11, rue Saint-Sulpice (VJ )
1964
ah.
LE L I V R E DE S
P É N É T R A T I O N S M É T A P H Y S I Q U E S
O uwagfi publié ،١ 1ا00ءعل؛0لل
ق!، IV' centenaire ( 1 1 b. ا, (
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MOLLA SADRA SHIRAZI
BIBLIOTHEQUE IRANIENNE
(DIr. H. CORBIN)
publiCe par
LE DEPARTEblENT DIRANOTOGIE DE !INSTITUT FRANCO-IRANIEN
!'INSTITUT D'ETUDES IRANIENNES DE !'UNIVERSITE DE PARIS
Vol. 11)
TEHERAN
IMPRIMERIE TABAN
M o l l à S A D R A S H I R A Z I
) 980ا'1572-1050را640 (
Le Livre des
PéBétratï.ns métaphysiques
( Kitiib nl-Masha ir )
Texte arabe publié avec
la version persane de
BADI OL.MOLK MtRZA ’EMADODDAW'LEH
Traduction française et Annotaiions
par
H e n r y C D R B I N
Directeur d’études à
!’Ecole des Hautes-Etudes LSorbonnoJ
T E H E R A N P A R I S
DEPARTEMENT DTRANOLOGIE LIBRAIRIE D'AMERIQUE ET D'ORIENT
DE !.INSTITUT FRANCO-IRANIEN ADRIEN - MAISONNEUVE
58, Avtnue shahpour Ali-Reza 11, rue Saint-Sulplce (VI. )
1964
NOTE LIMINAIRE
؛fessités typographiques nous ont obligé de renoncer, pour les mots trans-
< 1 f e jjie et du persan, à tout caractère muni de signes diacritiques. L'apostrophe
représente indifféremment le hatnza ou le On s'en excuse auprès ،les lecteurs orien-
talistes, tout en ne doutant pas qu'ils s'y retrouveront facilement. Quant aux pliilosopltes
non orientalistes, que l'on n'a jamais perdus de vue ici, l'inconvénient reste pour eux
mineur. Aussi bien, au fur et ذ mesure que se produira l'interpénétration de nos travaux
et de nos publications, les nécessités typographiques nous imposeront, de plus en plus, ces
simplifications d'écriture.
La quantité restreinte de caractères disponibles nous a contraint, d'autre part, ،le
composer les Notes dans le même corps que le texte, avec un interligne diminué. Pour
résoudre les difficultés de mise en pages qu'eût entraînées leur longueur, les Notes ont
été groupées à la suite de chaque chapitre.
S’il reste des imperfections et des "coquilles", que le lecteur les'excuse en son-
geant aux difficultés du labeur demandé à nos typograpltes iraniens, et à celles ،le cor-
rections d'épreuves devant être assurées au fur et à mesure du tirage. Je remercie cor-
dialement ici M. Hassan Raliavard, assistant d،i Département ،l'Iranologie, pour le dévoue-
,tient si efficace qu'il a manifesté tout au long de la composition des s parties
(arabe, persane, française) du présent ouvrage.
Nous rappelons que les références qorâniques sont données d'après type d'édi-
tion qui a généralement cours en Iran. La numérotation des versets (tradit' de Koufa)
correspond a celle de 1'édition Fluegel. La finale des mots en a(t) est presque toujours
transcrite ctt, afin de ne pas modifier l'orthogr le contexte est arabe ou
persan.
Nous sommes heureux de présenter ici, pour la première fois, 1'édition, avec une
double traduction intégrale, d'une œuvre d'un grand maître de la pensée shi'ite de l'Iran
safavide. Les problèmes évoqués dans notre Introduction et dans nos Notes, ont leur con-
texte dans notre récente Histoire de la philosophie islamique, vol. I, en collaboration avec
Seyyed Hosseln Nasr et Osman Yaltya (Paris, Gallimard, Collection Idées). La continua-
tion de cette Histoire, pour la période safavide et les périodes suivantes, nécessitera maintes
publications du genre de celle-ci. Alors seulement, nous pouvons espérer que les tradi-
tions philosophiques de l'Occident et du monde islamique révéleront ce qu'elles ont en
commun.
H. c.
Téhéran
décembre 1965
Tous droits réservés. Copyright by H. Corbin 1964
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M O L L A s a -DR a S H I R A Z I
(980/1572—1050/1640)
I NT RBD j U CT J DN
ESQUISSE BIOGRAPHIQUE
Sadroddîn Mohammad ibn Ibrahim Sliîrâzî, plus ر
ment désigné sous son surnom honorifique de Mollâ Sadrâ, ou
de Sadr al-Mota’allihîn ( le «chel de file des théosophes» ), est une
des très grandes figures cjui honorent la pensée islamique en gé-
néral, plus particulièrement la pensée de l'Islam shi'ite, et plus
particulièrement encore la pensée et la spiritualité de l'Islam ira-
nien. ,11 est malheureusement resté à peu près complètement incon-
nu des' histoire.s générales de la pliilosopilie en Occident, tant que
l’on conserva l’habitude de n’y considérer la culture et les cho-
ses de l'Islam qu’en foi'iction tic leur influence sur le Moyen Age
latin. Gette influence cessartt environ avec le VIIe/XIIIe siècle,
la philosophie islamique devait s'arrêter, elle aussi, avec Averroës.
C’est une opinion qui a été fréquemment exprimée avec une ,sole.n-
nité définitive.
Le plus grave, en outre, est l'١ignorance où l'on a été long-
temps maintenu de tout ce qui concerne la pensée proprejnent
shi'ite. Or, si l’on peut considérer que quelque chose a pris fit،,
dans le monde sunnite, avec Averroës, il reste que Mollâ Sadrâ,
les maîtres qui l’ont précédé et ceux tjui l'ont suivi, sont par
excellence des témoins qui nous invitent à nous rendre enfin pr.é-
sente à nous-mêmes la conscience islamique telle qu’elle se pré-
sente à elle-même sous sa forjne shi’ite. Un effort tout nouveau
se dessine aujourd'hui. Il, n’interdit pas de rendre hommage: aux
-essais des précurseurs de .bonne volonté., à ceux d'un Gobineau,
2 INTRODUCTION
par exemple) qui eut le mérite de nommer pour la première fois
dans un ouvrage occidental quelques-uns des philosophes iraniens
dont il sera question ici plus loin, ل'liais que l'on peut mallieu-
reusement soupçonner d’avoir pris pour un ouvrage de grand tou-
risme la grande encyclopédie, pliilosophique et théosophique, que
Mollâ Sadrâ intitule: « Les quati.e voyages (Asfar) de l'esprit. »
Un autre précurseur, Edward-G. Brotvne, se souvenant du mot
hébreu sepher, trouvait plus sûr de traduire le titre par : «Les
quatre livres.» Nul doute que l’opinion de ces pionniers eût été
autre, s’ils avaient lu l'ouvrage. Mais l’on reconnaîtra volontiers
que les exemplaires en étaient relativement rares, et que, pour le
lire, il y a un seuil difficile à franchir, au fronton duquel une
inscription invisilile porte sans doute : «Que nul ne pénétré ici,
s’il n'est philosophe..»
Nous savons maintenant que Sadroddin " * Shîrâzî est
né à Shîrâz, aux confins des années 979-980 de 1’hégire, c'est-à-
dire 1571-1572, sous le régne de Shâh 'Lahmasp (1524-1576).
Nos études sont redevables de cette précision à 1'éminent Shaykh
Mohammad Hosayn Tabâtabâ’î, professeur à l’Université théologi-
que de Qomm, et initiateur de la nottvelle édition des Asfar de
Mollâ Sadi'â. En préparant cette édition, le sliaykh retrouva en
effet, dans un manuscrit des Asfar copié en 119711 703 d’aprés
l'autographe aujourd'Itui disparu, la transcription d’un certain
nombre d'annotations marginales que Mollâ Sadrâ avait ajoutées
à son propre texte. En marge du cliapitre affirmant l'unification
( ittihad ) du sujet qui intellige ( ’aqil ) avec la forme intelligée
par lui ( ma’qûl ) — l’on verra au cours du présent traité l’impor-
tance centrale de cette thèse — Mollâ Sadrâ avait noté: «Cette ins-
piration m’est venue au lever du soleil, le vendredi 7 Jomadâ I
de l'ail 1037 de 1'liégire (c'est-à-dire le 14 janvier 1628 ),
alors que cinquante-huit ans de ma vie s’étaient déjà écoulés».
L’opération est simple؛ comptons les années lunaires, cela donne
pour date.de sa naissance 979 ou 980 de 1'hégire, c'est-à-dire
1571 ou 1 572 A. D.٥. Cette date et celle de son départ de ce
mo'nde ( 1050/1640 ) sont les deux seules dates absolument sûres
dont nous disposions pour sa biographie. De cette biographie nous
connaissons les épisodes extérieurs principaux, mais elle est essen-
ESQUISSE BIOGRAPHIQUE
tielJement constituée par Ja courbe de sa vie intérieure.
IJ reste que ل'année 1380 de 1'hégire lunaire (répartie sur
nos années 1960-1961, et correspondant aux années 1338-1339
de 1'hégire solaire du calendrier actuellement en usage en Iran )
marquait celle du quatrième centenaire de la naissance de notre
philosophe, à Shîrâz. Ce IVe centenaire fut solennellement célé-
l.,ré à Calcutta, à l'automne 1961٥, par les soins de The Iran
Society qui devança ainsi le projet qu'avait formé de son' côté
l’Université de Téhéran, niais dont les vicissitudes du moment ont
retardé la réalisation. Pourtant un certain nombre de publica-
tions ont- été élaborées à cette occasion, sous 1’égide de la Fa-
eu lté de Théologie de l'Université de Téhéran, pul-ilications dans
lesquelles on peut voir un indice, à côté d'autres, d'une renais-
sance des études de métaphysique traditionnelle إ . A vrai dire,
jamais 1’étude ni l 'enseignement de la philosophie de ظ-ا0ا1ة
Sadrâ ne se sont interrompus en Iran, depuis plus de trois siècles.
Mais il est devenu urgeiit de penser et de présenter cette
philosopltie en fonction des questions qui se Jiosent aux jeunes
philosophes iraniens de nos jours. Il iniporte qu’elle prenne enfin
toute sa signil'ication aussi (lien pour la pensée islamique de ce
temps que pour l'histoire générale de la philosopltie. Elle ne le
pourra que si on la rattache aux contextes dont elle est restée
isolée. Et c'est à cet effort qu’il nous est permis de contriltuer,
cltaque année, par tin cnseigneitient donné à la Faculté des Let-
tres de l'Université de Téhéran, récapitulant les recherches pour-
suivies parallèlement, à Paris, à l’Ecole des Hautes - Etudes. ..
C'est pourquoi le présent ouvrage voudrait être la contribution
de la «Bibliothèque Iranienne» à la célébration du quatrième
ceirtenaire de la naissance du grand maître dont Shîrâz, comme
pour Rûzbehân, pour Hâfez et pour tant d'autres philosophes et
nrystiques, fut la «patrie terrienne».
On peut distinguer nettement trois périodes dans l’ensemble
de la vie de Mollâ Sadrâ. Son père, un notable, jouissait d'une
aisance de forttine suffisante pour n'épargner aucun soin dans
l’éducation de son fils؛ aussi bien celui-ci s'y prêtait-il par sa
précocité, ses dispositions intellectuelles et morales. A cette épo'_
4 INTRODUCTION
que, Ispahan était non seulement la capitale politique de la mo-
narchie safavide et de l'Etat iranien restauré, mais aussi le cen-
tre de la vie scientifique en Iran. Les plus grands maîtres, dont
l'enseignement s'étendait à toutes les branches du savoir, se trou-
vaient réunis dans ces célébrés collèges dont nous pouvons encore
visiter quelques-uns aujourd'hui. Aussi était-il normal cjue le
jeune Sadroddîn abandonnât Shîrâz, son pays natal, pour accorn-
plir le cycle complet de ses études à Ispahan.
Il y eut principalentent pour maîtres trois personnages, trois
Iiautes figures de la Renaissance safavide, tlont les noms sont il-
lustres dans Ihistoire de la pensée et de la spiritualité iranien-
nes. En premier lieu le shaykl، Bahâoddîn ’Amilî, plus couram-
ment désigné comme Shaykh-e Bahâ’î (ob.l٥30,162 1 ) ٥. L'est
près de lui que Sadroddîir étudia les sciences islamiques tl'adi-
tionnellcs, c’est-à-dire le droit canonique (jiqb), le tafsir du
Qorân, la science des hadith ou traditions des saints Imâms, la
science des rijal (les hommes qui les ont transmises); et la lec-
ture des ouvrages de Mollâ Sadrâ montre à quel point il avait
approfondi ces sciences. Il obtint de Shaykh-e Bahâ'î 1 ijazat ( la
«licence» d'enseigner à son tour ce eju’il avait étudié avec lui).
I.'autre maître à tjui Sadroddîn dut l'essentiel de sa form'a-
tion, fut le grand Mîr Ilâmâd ( ob. 104011631 ), près de qui il
étudia les sciences philosophiques spéculatives. Mîr l)âmâd> pré-
cisément, fut lié avec Bahâ’oddîn 'Amilî par une amitié d’une fi-
délité exejnplaire. c'est à lui que ses disciples donnèrent le sur-
nont qui lui est resté, de Mo’allim thalith, Magister tertius, pour en
marquer le rang éntinent, dans la succession des philosophes, par
rapport à Aristote que la tradition désigne comme Magister pri-
mus ( Mo’allim awwal ر , et par rapport à Fâl'âbî, au IV'C/X'' siècle,
qualifié traditionnellement de Magister secundus ( mo’allim tbânî ).
Cliose curieu.se, les œuvres de Mîr làâmâd, réputées pour leur
.abscondité, sont restées en grande partie inédites. Tout se passe
comme si l'œuvré ،lu disciple avait éclipsé celle du maître. En
tout cas, avec Mîr üâmâd le jeune Sadroddîn fut à 1'école d’un
-.maître cjui professait connne Solirawardî, shaykh al - Isbraq, qu'une
-philosopilie qui n'aboutit pas à la réalisation spirituelle, à l’ex-