Table Of ContentABSTRACT
Title of Thesis : L’EXPRESSION DE L’ABSURDE CHEZ
IONESCO: DU TEXTE ECRIT A LA
REPRESENTATION
Eva Heppelmann, Masters of Arts, 2011
Thesis directed by: Professor Joseph Brami
Department of French
Eugène Ionesco belongs to a group of dramatists known as the Theater of the
Absurd, a concept coined by Martin Esslin. I argue that this concept of the absurd is
inconsistent since the definition is linked to the opinions and conventions of each era.
Therefore, the term absurd is imprecise when applied to theater, an art form that is
directly linked to the period in which it is written and in which it is performed. I propose
the idea of anti-theater, a concept mentioned by Ionesco within his work, to better define
Ionesco's plays.
L’Expression de l’absurde chez Ionesco: du texte écrit à la
représentation
by
Eva Heppelmann
Thesis submitted to the Faculty of the Graduate school of the
University of Maryland, College Park in partial fulfillment
of the requirements for the degree of
Master of Arts
2011
Advisory Committee:
Professor Joseph Brami, Chair
Associate Professor Andrea Frisch
Associate Professor Hervé Campangne
@ Copyright by
EvaHeppelmann
2011
Table of Contents
Introduction : Qu’est-ce que « l’Absurde »? ................................................... 1
Les Auteurs : Des influences ........................................................................... 7
Ionesco ...........................................................................................................17
La Cantatrice Chauve ....................................................................................30
Les Chaises ....................................................................................................41
Tueur sans gages ............................................................................................48
Rhinocéros .....................................................................................................58
Le Roi se meurt ..............................................................................................69
Le Piéton de l’air ...........................................................................................73
La Mise en scène ...........................................................................................82
Conclusion : l’Influence d’Ionesco................................................................87
Bibliographie .................................................................................................92
ii
Introduction : Qu’est-ce que « l’Absurde »?
Il me paraît toujours paradoxal de me faire dire ce que j’ai
dit puisque je l’ai dit de la façon dont ce fut dit. Je n’ai
jamais su me résumer. Mais je crois que ce que j’ai voulu
présenter ou proposer, ce ne furent jamais des solutions, ce
ne furent jamais des réponses, ce furent des questions.1
- Eugène Ionesco
Eugène Ionesco fait partie d’un groupe d’auteurs de théâtre des années cinquante,
soixante, et soixante-dix qui a mis en question les conventions théâtrales. Souvent, nous
comparons Ionesco à des auteurs comme Samuel Beckett, Arthur Adamov et Jean Genet
qui étaient les chefs du théâtre d’avant-garde français de cette période. Nous utilisons le
nom le théâtre de l’absurde. Bien que les pièces d’Ionesco aient semblé absurdes en
comparaison avec les pièces réalistes décennies précédentes, Ionesco n’est pas
simplement une extension de Beckett ou Genet. Ces auteurs ont des similarités parce
qu’ils traitent des idées similaires mais chacun a établi son propre chemin. Bien
qu’Ionesco partage les caractéristiques des autres auteurs que je viens de citer, le Théâtre
de l’Absurde réfère à un groupe vaste de pièces. Dans le cas spécifique d’Ionesco, nous
pouvons être plus précises ; au lieu d’utiliser le mot absurde, je préfère le nom donné par
Ionesco même : l’anti-théâtre.
Ionesco s’est intéressé surtout à poser des questions. Le théâtre lui sert de moyen
pour poser des questions au public et à lui-même. Les questions qui ont intéressé Ionesco
correspondent à ses propres expériences et à sa propre philosophie. En conséquence,
l’Anti-théâtre ne représente pas une position contre le théâtre mais un théâtre qui explore
1 Ionesco, Eugène. Anecdotes : Extrait d’un Entretien avec Frédéric Towarnicki. Paris : Gallimard, 1977, p.
93.
1
l’opposition : une occasion de poser une question. Chaque pièce met en question une
idée ou plutôt une idéologie. Cependant, à la différence des autres auteurs dramatiques,
Ionesco construit soigneusement ses pièces autour d’une question qui constitue la pièce
jusqu’au bout. La forme de la pièce, la construction des personnages, la mise en scène,
tout correspond au message de la pièce. Toutes les parties du texte viennent du thème
central. Par conséquent, chaque pièce manifeste une unité mais ne correspond pas
nécessairement à une esthétique conventionnelle. Alors, le concept du théâtre de
l’absurde est un bon point de départ :cette notion est très vaste et imprécise et ne permet
pas de bien analyser les pièces d’Ionesco.
Le théâtre de l’absurde est une notion créée par le critique Martin Esslin qui a
choisi ce terme pour nommer certaines pièces, comme celles de Jean Genet, de Samuel
Beckett, d’Eugène Ionesco, et d’Arthur Adamov. D’après Esslin, sa notion n’exprime
pas l’idée de l’absurdité de la vie mais aussi la manière que ces auteurs présentent cette
absurdité.
A similar sense of the senselessness of life, of the inevitable devaluation
of ideals, purity, and purpose, is also the theme of much of the work of
dramatists like Giraudoux, Anouilh, Salacrou, Sartre, and Camus himself.
Yet these writers differ from the dramatists of the Absurd in an important
respect: they present their sense of the irrationality of the human condition
in the form of highly lucid and logically constructed reasoning, while the
Theatre of the Absurd strives to express its sense of the rational approach
by the open abandonment of rational devices and discursive thought.2
Esslin s’est intéressé à la nouvelle forme qu’on trouve chez ces auteurs dramatiques. Les
caractéristiques de cette nouvelle forme varient d’un auteur à l’autre mais toutes les
pièces montrent la nécessité d’une nouvelle forme pour communiquer les messages de
2 Esslin, Martin. The Theatre of the Absurd. New York: Penguin Books. 3rd ed. 1980, p.24.
2
ces pièces. Pourtant, Esslin souligne que ces textes emploient les images plus que le
langage pour communiquer. « The Theatre of the Absurd [is a] poetry that is to emerge
from the concrete and objectified images of the stage itself. »3 Selon Esslin, le but d’un
texte et la forme d’un texte sont inséparables donc pour analyser le message d’un auteur.
Je vais présenter une analyse de plusieurs pièces d’Eugène Ionesco en
m’appuyant sur Esslin mais mon premier objectif est de comprendre la relation entre le
texte et la représentation des pièces d’Ionesco. Par suite, je vais mettre en valeur certains
aspects du texte qui se manifestent dans la représentation. Le texte d’une pièce n’est pas
complet. Puisque le théâtre n’a pas l’autonomie qu’on trouve dans la peinture, ou le
roman, la pièce dépasse le travail de l’auteur dans une manière unique. La représentation
d’une pièce inclut la contribution artistique du metteur en scène, des acteurs, des
techniciens etc. Par conséquent, le théâtre est une forme d’art basée sur une
collaboration. L’auteur n’est pas le seul créateur. De plus, chaque performance inclut la
présence des spectateurs qui change l’ambiance de chaque représentation.
Pour explorer le travail d’Ionesco, il faut considérer les contextes dans lequel
Ionesco a écrit ses pièces et dans lequel elles étaient montées. Esslin choisit de placer
Ionesco avec Samuel Beckett, Arthur Adamov, Jean Genet, Harold Pinter et d’autres.
Cependant, Samuel Beckett a publié En Attendant Godot trois ans après la publication de
La Cantatrice Chauve. Il est certain que ces auteurs étaient les contemporains d’Ionesco
mais je veux aussi considérer les auteurs qui avaient déjà publié les pièces sur la question
de l’absurde avant qu’Ionesco n’ait commencé à écrire pour le théâtre. Je veux situer les
pièces d’Ionesco dans le contexte théâtral du passé.
3 Esslin, Martin. The Theatre of the Absurd. New York: Penguin Books. 3rd ed. 1980, p.26.
3
Eugène Ionesco a commencé à écrire pour le théâtre tard dans sa vie. Il explique
dans un de ses essais qu’il détestait le théâtre. Le jeu des acteurs gênait Ionesco. Pour
une raison qu’il n’explique guère, les acteurs lui apparaissaient trop identifiés aux
personnages qu’ils jouaient, ou au contraire, trop distants d’eux. Il s’est trouvé
embarrassé en regardant ces performances.
Il me semble parfois que je suis mis à écrire du théâtre parce que je le
détestais. Je lisais des œuvres littéraires, des essais, j’allais au cinéma
avec plaisir. J’écoutais de temps à autre de la musique, je visitais les
galeries d’art, mais je n’allais pour ainsi dire jamais au théâtre. […] Je n’y
goûtais aucun plaisir, je ne participais pas. Le jeu des comédiens me
gênait : j’étais gêné pour eux. Les situations me paraissaient arbitraires. Il
y avait quelque chose de faux, me semblait-il, dans tout cela.4
Sur quelles pièces se fondait-il en faisant ses remarques ? Que préférait-il ?
Pour situer Ionesco et ses œuvres, je mettrai en valeur un certain nombre
d’auteurs qui ont défini le contexte historique dans lequel il créa. Jean-Paul Sartre,
Albert Camus, et Jean Anouilh exemplifient la diversité du théâtre français à l’époque
d’Ionesco. Sartre, Camus, Anouilh, et Ionesco partagent des traits similaires quand on les
compare au théâtre de l’époque passé mais ils présentent aussi des différences très nettes.
Il est certain que les différences entre ces auteurs représentent la variété et les frontières
de cette nouvelle période de théâtre.
Toutes les conventions théâtrales se développent en réaction aux conventions
précédentes ou contemporaines ou aux événements historiques. Les pièces romantiques
s’opposent à l’esthétique classique. La réaction contre le romantisme a inspiré de
nouvelles esthétiques : le Naturalisme et le Réalisme. Ces développements correspondent
4 Ionesco, Eugène. Notes et contre-notes : Expérience du Théâtre. Paris : Gallimard, 1966, p. 47.
4
directement au climat historique. L’époque était au développement de la psychologie et
celle-ci influençait le théâtre. De plus, les innovations scientifiques et la progression des
idées scientifiques influençaient la littérature et les arts. On peut noter que beaucoup
d’auteurs dramatiques qui ont défini l’esthétique du Naturalisme se fondaient sur les
progrès de la médecine à l’époque. Parfois les écrivains étaient aussi médecins. Alors,
ils ont emprunté des idées développées par des scientifiques et par des médecins pour
leurs œuvres littéraires. Les scientifiques comme Claude Bernard qui a fondé la
médecine expérimentale où une méthode dirige les expériences ont inspiré des auteurs.
Emile Zola a pris pour modèle cette idée de la méthode pour écrire Le Roman
expérimental. L’intérêt des sciences se manifestent dans les œuvres de plusieurs auteurs
naturalistes.
Avant la première guerre mondiale, le théâtre était centré sur un genre que nous
appelons Réalisme. A la différence des pièces classiques, les pièces réalistes présentent
des situations familiales bourgeoises. En contraste avec le Romantisme, ces pièces de
l’esthétique naturaliste étaient centrées sur les personnages non sur des événements. La
nouvelle forme a rendu nécessaire une nouvelle manière de jeu. Des auteurs comme
Chekhov et Ibsen ont créé des personnages qu’on ne peut pas jouer de façon
mélodramatique.
Stanislavski a développé une méthode adéquate aux nouvelles pièces. Il a insisté
sur l’imitation des gens réels et l’exploitation d’expériences personnelles. Quelques
acteurs et quelques metteurs en scènes français et américains ont admiré les innovations
de Stanislavski et ont adapté leurs propres interprétations en s’appuyant sur cette nouvelle
méthode. The Actor’s Workshop à New York a créé les méthodes qu’on trouve dans la
5
plupart des écoles de théâtre aujourd’hui. Ce développement, la forme et les effets
techniques qui y correspondent, fonctionne encore comme une caractéristique
fondamentale du théâtre occidental. En dépit de ce succès et à l’exemple de l’histoire du
théâtre, ce développement a provoqué des critiques.
Quelques artistes ont écrit pour s’opposer au Réalisme en mettant en scène du
non-réel et aussi du surréel. Le développement du Dadaïsme et du Surréalisme a présenté
un art qui choque et mélange le possible avec l’impossible. Alfred Jarry a mené ce
mouvement en France avec Ubu roi. Spring Awakening de Frank Wedekind et The Last
Playboy of the Western World mélangent les techniques et les caractéristiques du
Réalisme et du Surréalisme. Le développement des conventions n’était pas linéaire.
L’impressionnisme, l’expressionisme, le réalisme, le dadaïsme, et les pièces qui
combinent les idées de plusieurs esthétiques existaient en même temps. L’évolution n’a
pas été la même dans tous les pays et il y avait toujours des exceptions : les auteurs
dramatiques qui écrivait dans des esthétiques presque démodées. Ainsi nommer
l’absurde est complexe et je traiterai l’emploi de ce mot chez les œuvres d’Ionesco.
Le théâtre de l’absurde comme toutes les esthétiques n’a pas commencé nettement
à une date précise. Néanmoins, on peut situer son début au début des années cinquante.
Quatre des auteurs qu’Esslin a cité dans sa définition du Théâtre de l’Absurde, ont mis en
scène des pièces qui ont eu une grande influence sur l’avenir. Je vais traiter des
dramaturges français d’avant-garde dont les œuvres illustrent l’évolution des idées sur le
théâtre en France. Je m’appuierai pour le faire sur la notion de l’absurde telle que l’a
définie Esslin.
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Description:La Cantatrice Chauve. Il est certain pipe anglaise et lit un journal anglais,
près d'un feu anglais. Puisqu'un feu ne peut pas vraiment être anglais, que
veut-.