Table Of Content© Librairie Arthème Fayard, 2004.
978-2-213-65626-7
Table des Matières
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DU MÊME AUTEUR
Avant-propos
PREMIÈRE PARTIE
1 - La question domaniale
I – HISTORIOGRAPHIE ET PROBLÉMATIQUE : LES GRANDES ÉTAPES
II – LES SOURCES
III – LE SYSTÈME DOMANIAL :
PROFIT SEIGNEURIAL ET PRODUCTION PAYSANNE
IV – LE RÉGIME DOMANIAL ET L'ÉCONOMIE GLOBALE DU HAUT MOYEN
ÂGE
2 - La part du grand domaine dans le décollage économique de l'Occident
e
(VIIIe-X siècles)
e
3 - L'Italie rurale aux VIIIe et IX siècles
I – LA STRUCTURE DOMANIALE ITALIENNE ET SES CARACTÈRES ORIGINAUX
II – LE CONTENU SOCIAL DU GRAND DOMAINE ET L'ÉVOLUTION DES
e
STATUTS PERSONNELS AUX VIIIe-IX SIÈCLES
III – ORIGINALITÉS ITALIENNES À L'INTÉRIEUR DE L'ENSEMBLE
e
TERRITORIAL CAROLINGIEN (FIN VIIIe SIÈCLE-DÉBUT X SIÈCLE)
e
4 - Systèmes de production et structures de l'échange en Italie (VIIIe-X siècles)
I – REGARDS EN ARRIÈRE
II – LES BASES DU SYSTÈME : LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE
III – LE SYSTÈME DOMANIAL
IV – SYSTÈME DOMANIAL ET STRUCTURES DE L'ÉCHANGE
V – ÉCONOMIE DOMANIALE, ÉCONOMIE MONÉTAIRE
5 - Un mythe historiographique :
la sériciculture italienne
e
du haut Moyen Âge (IXe-X siècles)
6 - La liberté personnelle au haut Moyen Âge et le problème des arimanni
I – LES ARIMANNI DE FEDOR SCHNEIDER ET LEUR PROLONGEMENT DANS
LA « KÖNIGSFREIENTHEORIE »
II – LES ARIMANNI DE GIAN PIERO BOGNETTI ET LE CONCEPT D'UN
SECOND ÂGE LOMBARD
III – LES ARIMANNI DE GIOVANNI TABACCO : DE L'« ORDINAMENTO »
PUBBLICO CAROLINGIEN À LA SOCIÉTÉ FÉODALE
IV – BILAN ET PERSPECTIVES
DEUXIÈME PARTIE
7 - L'institution du mariage chrétien
de l'Antiquité tardive à l'an mil
I – L'HÉRITAGE ROMAIN
II – LES AMÉNAGEMENTS DU HAUT MOYEN ÂGE
e
III – MARIAGE ET SOCIÉTÉ (IXe et X siècles)
8 - La théorie du mariage chez les moralistes carolingiens
I – UN AXE DE LECTURE DES SPECULA CONJUGATORUM : LA FIDES
II – PROLES, OU L'ÉTAT CONJUGAL
III – SACRAMENTUM : LE JALON CAROLINGIEN SUR LE CHEMINEMENT
SACRAMENTEL
9 - Familles : le moment carolingien
e
(VIIIe-X siècles)
e
I – FAMILLES PAYSANNES (IXe-X siècles)
e
II – FAMILLES ARISTOCRATIQUES (VIIIe-X siècles)
III – IDÉOLOGIE DU MARIAGE ET FONCTIONS DU MODÈLE MATRIMONIAL
10 - Du nom de personne au nom de famille
Famille et conscience familiale
dans le Latium médiéval1
I – QUELQUES PROBLÈMES
e
II – LES NOMS DE PERSONNES DANS LE LATIUM (Xe-XII siècles)
III – VERS LE NOM DE FAMILLE : L'ANTHROPONYMIE LATIALE VERS 1200
e
IV – LE GROUPE FAMILIAL AUX Xe-XII SIÈCLES :
STRUCTURE D'ENSEMBLE
TROISIÈME PARTIE
11 - La doctrine gélasienne des deux pouvoirs : une révision
e
III – LES TEMPS DE L'OUBLI ET LE RELAIS CAROLINGIEN (VIe-XI siècles)
IV – DOCTRINE GÉLASIENNE ET IDÉOLOGIE DE LA RÉFORME
GRÉGORIENNE
A – LETTRE DU PAPE FÉLIX III À L'EMPEREUR Z ÉNON
B – LETTRE DU PAPE GÉLASE Ier À L'EMPEREUR ANASTASE
C – LETTRE DU PAPE SYMMAQUE À L'EMPEREUR ANASTASE
D – LETTRE DE GRÉGOIRE VII À HERMANN DE METZ (1081)
12 - Scrinium et palatium
La formation de la bureaucratie pontificale
e 1
(VIIIe-IX siècles)
V – CONCLUSIONS
Tableau
DU MÊME AUTEUR
Études sur l'Italie médiévale (recueil d'articles), Londres, Variorum
eds., 1976.
Feudalesimo mediterraneo, Milan, Jaca Book, 1980.
Histoire du haut Moyen Âge et de l'Italie médiévale, Londres,
Variorum, coll. « Recueil d'études », 1987.
Castillos, señores y campesinos en la Italia medieval, Barcelone,
Crìtica Grijalbo, 1989.
Federico II. Tome I : Federico II e il mondo mediterraneo. Tome II :
Federico II e le scienze. Tome III : Federico II e le città italiane, 3 vol.,
in-8e, 1294 pages, cartes et ill. (en collaboration avec A. Paravicini
Bagliani éd.), Palerme, éd. Sellerio, 1994.
Les Structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la
Sabine du IXesiècle à la fin du XIIesiècle, Rome et Paris, 1973, 2 vol.,
BEFAR, 221, rééd., ibid., 1994.
Curtis e signoria rurale : interferenze fra due strutture medievali,
Turin, éd. Scriptorium, 155 p., 1994 (en collaboration avec C. Violante).
Dalla terra ai castelli. Paesaggio, agricoltura e poteri nell'Italia
medievale, Turin, Einaudi, coll. « Bibl. Studio », no 7, in-8e, 358 p.,
1995.
L'incastellamento, Rome, École française de Rome, 241, in-4o,
XVIII-350 p., 1998 (en collaboration avec M. Barceló).
Hommes et sociétés dans l'Europe de l'an mil, Toulouse, Presses
universitaires du Mirail-Toulouse, 2004 (en collaboration avec Pierre
Bonnassie).
de l'Institut
Ouvrage publié avec le concours du Collège de France
Avant-propos
Un premier constat s'impose : l'histoire économique des IXe-Xe
siècles offre depuis longtemps la caractéristique d'être la parente pauvre
de l'historiographie française du Moyen Âge. Certes, les choses sont en
passe de changer depuis une dizaine d'années, au bénéfice principal
d'ailleurs de l'histoire sociale, avec quelques travaux importants comme
la thèse de Régine Le Jan1. Des recherches plus ponctuelles ont porté,
dans le même ordre d'intérêt, sur l'anthroponymie, les fiscs royaux,
l'entourage du souverain, les aristocraties locales et sur quelques grands
foyers monastiques. Mais il est révélateur qu'une aussi brillante réussite
que la thèse de Françoise Dumas, dans le domaine pourtant si neuf et si
riche de la numismatique du Xe siècle2, n'ait en rien suscité l'intérêt des
économistes et qu'elle n'ait pas entraîné les retombées qu'elle méritait en
matière d'histoire monétaire, et donc d'histoire économique tout court.
Bien sûr, le déclin de l'histoire économique française est ancien. Il
procède de causes multiples. Il touche toutes les périodes. Le fait,
cependant, qu'il ait affecté à un tel point le haut Moyen Âge mérite
explication. Celle-ci, me semble-t-il, est à chercher dans la commune
soumission de notre historiographie à un modèle obsolète du « système
domanial » entendu de manière plus ou moins explicite comme une
sorte de mode de production spécifique des temps carolingiens et
postcarolingiens (IXe-Xe siècles3).
Ce modèle inflexible du « système domanial », parfois agrémenté de
l'épithète de « classique », nous avons cherché à en retracer la genèse et
à en suivre les cheminements depuis la seconde moitié du XIXe siècle.
Il nous est apparu qu'il avait trouvé son expression finale dans
l'exposition qu'en avait faite vers 1950 Charles-Edmond Perrin dans un
texte qui a eu l'étrange fortune de s'imposer en France, et quasiment
jusqu'à aujourd'hui, comme un canon de l'orthodoxie en matière de
définition du grand domaine carolingien4. Définition structuraliste au
sens le plus strict puisqu'elle présentait ce domaine comme une entité
économique constamment identifiable par sa bipartition entre une
réserve foncière domaniale en régie directe et des tenures paysannes ou
« manses ».
Parvenue vers l'an 800 au stade achevé d'évolution qui lui valait sa
qualification de « classique », la structure domaniale typique se
caractérisait non seulement par cette bipartition mais par une liaison
fonctionnelle constante entre ses deux éléments constitutifs. C'est en
effet la ponction opérée par le grand propriétaire foncier sur la force de
travail de ses tenanciers au titre de la corvée qui lui permettait, outre la
perception de quelques menues redevances coutumières, d'assurer la
mise en valeur des terres de sa réserve domaniale, à l'exclusion de tout
recours à une forme quelconque de salariat agricole.
Un tel modèle, on en conviendra, n'avait rien pour séduire. Par son
incapacité supposée à dégager des profits et donc à stimuler l'échange et
le ré-investissement, il inclinait les historiens au pessimisme et les
amenait à présenter les VIIIe, IXe et Xe siècles comme une période de
profonde stagnation sur fond d'économie « naturelle », c'est-à-dire
ignorant ou presque le recours à la monnaie.
L'existence avérée d'un commerce à longue distance portant sur
quelques produits de luxe d'origine orientale ne faisait que confirmer
cette stagnation. Elle plaçait en effet les principaux acteurs
économiques, les grands propriétaires fonciers, dans la position
irrationnelle, elle aussi supposée, de surconsommateurs parasitaires
dépourvus de toute capacité à investir dans la production agricole les
maigres revenus d'un capital foncier lui-même prisonnier du carcan
domanial5. C'est à peine si l'on était prêt à admettre, en fin de parcours,
quelques vagues « frémissements » annonciateurs d'une « mutation de
l'an mil », conforme aux imageries de Guibert de Nogent et de ses
suiveurs modernes6. Dans l'ouvrage qui demeure – et de loin – la
synthèse la plus riche et originale dont on dispose pour l'histoire agraire
du Moyen Âge, c'est au fond cette adhésion au modèle du grand
domaine « classique » qui avait amené Georges Duby à conclure de son
