Table Of ContentGeneviève Droz
Les mythes
platoniciens
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Les mythes
platoniciens
Geneviève Droz
.Les mythes
platoniciens
Editions du Seuil
COLLECTION DIRIGÉE PAR
VINCENT BARDET ET JEAN-LOUIS SCHLEGEL
Alabastre attique figures rouges.
EN COUVERTIJRE : d
(Céramique, Athènes. Première moitié du v" siècle av. J .-C.) D .R.
« C'est le désir et la poursuite de ce tout qui s'appelle amour. »
(Banquet,
192 a)
Les textes de Platon reproduits dans cet
ouvrage sont extraits de l'édition des Belles
Lettres. On en trouvera la référence précise
à la fin de chaque extrait. Néanmoins, les
notes de ces textes n'ont pas été reproduites
dans leur intégralité. N'ont été retenues que
celles ayant un caractère explicatif.
ISBN 2-02-013520-5
@ ÉDITIONS DU SEUIL, JANVIER 1992.
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coo1rcf� unctionnte pu les articles L 335-2 cl suivanlS du Code de la propritlt inteUwuelle.
cc ... Et c'est ainsi, Glaucon, que le mythe a été
sauvé de l'oubli et ne s'est point perdu. Il peut,
si nous y ajoutons foi, nous sauver nous
mêmes. »
La République, X.
Introduction
<< Et si quelqu'un réduisait Platon en système, il
rendrait un grand service à l'Humanité. »
Leibniz, uttre à Rbnond, 1715.
Longtemps confondus, c'est avec la naissance de la
rationalité scientifique et philosophique en Grèce que le
discours logique et le récit mythique commencent à
s'opposer. Entre logos et mythos il faut choisir. L'hostilité
de la philosophie naissante est de principe : chercher le
fondement ou la raison d'être de ce qui est exclut la
narration ou la fiction. Mais là commence le dilemme :
d'un côté la raison condamne le mythe et se doit de
l'exorciser; de l'autre la vérité ne se laisse pas si aisément
enfermer dans le seul langage de la rationalité concep
tuelle ...
Platon n'échappa pas à cette ambiguïté: sa préoccupa
tion première était bien de donner à la recherche de la
vérité une rigueur de démonstration et de langage encore
inconnue des penseurs antérieurs; il n'a cessé de manifes
ter sa défiance envers les poètes, illusionnistes et men
teurs, et n'a pas hésité à rejeter la fiction poétique du côté
de l'opinion incertaine et suspecte. Pourtant, son œuvre
est nourrie de récits mythiques : il en reprend à la
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tradition, il les remanie au gré de sa fantaisie ou des
besoins de la discussion, il en invente même de toutes
pièces ; il est peu de dialogues -des œuvres de jeunesse à
celles de la maturité -qui ne component un ou plusieurs
mythes, il est vrai d'imponance, de teneur et de fonctions
fort différentes; à l'intérieur du mychos antique, on peut
même dire qu'il crée un genre nouveau puisque le mythe
platonicien, même s'il s'en inspire souvent, ne se confond
ni avec les récits de la mythologie grecque, ni avec les
histoires légendaires telles qu'elles nous ont été léguées
par Homère, Hésiode, les tragiques, ou les poètes orphi
1
ques •
Qu'est-ce alors que le mythe platonicien? à quoi le
reconnaît-on ? quelle est sa fonction dans l'économie du
dialo ?
gue
A défaut d'une définition univoque préalable, nous en
retiendrons cinq caractères :
1. Le mythe se présente à la façon d'un il
récit fictif:
imagine une situation, raconte une histoire, qui, comme
toute histoire, comprend une action et des personnages :
c'est Éros, Prométhée ou Theuth, c'est un captif ou le
démiurge, c'est l'âme voyageant dans !'Hadès ou se
nourrissant de vérités. La forme narrative du mythe,
fantaisiste, bouffonne ou dramatique, le rapproche de la
1. Platon a lui-même esquissé dans La République une analyse
critique des mythes : après avoir réprouvé le contenu des fables
racontées par Hésiode et Homère, il conseille au législateur de
censurer les poètes dont les inventions offusquent à la fois la morale
et la dignité divine. S'il s'est souvent inspiré du patrimoine
mythologique de la Grèce, il l'a largement transfiguré, purifié,
réinvesti au service de ses idées philosophiques ou spirituelles.
Jamais, avant comme après Platon, mythologie et philosophie n'ont
fait corps de façon aussi naturelle et complémentaire.
