Table Of ContentAlfred Adler (1911)
Le tempérament nerveux.
Éléments d’une psychologie individuelle
et application à la psychothérapie
Traduction de l’Allemand par le Dr. Roussel en 1948.
Un document produit en version numérique par Gemma Paquet, bénévole,
professeure à la retraite du Cégep de Chicoutimi
Courriel: [email protected]
dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"
fondée dirigée par Jean-Marie Tremblay,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi
Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html
Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque
Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi
Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm
Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 2
Cette édition électronique a été réalisée par Gemma Paquet, bénévole,
professeure à la retraite du Cégep de Chicoutimi à partir de :
Alfred Adler (1911)
Le tempérament nerveux. Éléments d’une
psychologie individuelle et applications à la
psychothérapie.
Une édition numériques réalisée à partir du livre d’Alfred Adler (1911), Le
tempérament nerveux. Éléments d’une psychologie individuelle et applications à la
psychothérapie.. Traduction de l’Allemand par le Dr. Roussel en 1948. Paris :
Éditions Payot, 1970, 306 pages. Collection : Petite bibliothèque Payot. Traduction
précédemment publiée dans la Bibliothèque scientifique des Éditions Payot.
Polices de caractères utilisée :
Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.
Édition électronique réalisée avec le traitement de textes
Microsoft Word 2001 pour Macintosh.
Mise en page sur papier format
LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’)
Édition complétée le 23 février 200e à Chicoutimi, Québec.
Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 3
Table des matières
Préface de l'auteur
Avant-propos de la deuxième édition française, par Paul Plottke, Paris, janvier 1948.
Partie théorique
Introduction
1. - Origine et développement du sentiment d'infériorité. Ses conséquences
2. - La compensation psychique et sa préparation
3. – La fiction renforcée, considérée comme l'idée directrice de la névrose
Applications pratiques
1. - Avarice. - Méfiance. - Jalousie. - Cruauté. - Critique humiliante exercée par le
nerveux, - Aperception névrotique. - Névroses de la vieillesse. - Changements de
forme et d'intensité de la fiction. - Jargon des organes.
2. - L'ascèse, l'amour, la passion des voyages, le crime comme moyens d'amplification
de la névrose. - Simulation et névrose. - Le sentiment d'infériorité chez la femme. -
Le but de l'idéal. - Le doute comme expression de "hermaphrodisme psychique. -
Masturbation et névrose. - Le « complexe incestueux » comme symbole de la soif
de domination. - La nature de la folie.
3. - Principes nerveux. - Pitié, coquetterie, narcissisme. - Hermaphrodisme psychique.
- Protection hallucinatoire. - Vertu, scrupules de conscience, pédantisme,
fanatisme de la vérité
4. - Tendance à la dépréciation. - Indiscipline et sauvagerie. -Valeur symbolique des
rapports sexuels des nerveux. -Dévirilisation symbolique. - Sentiment de
diminution. - Aspiration à une vie ayant pour programme l'égalité de la femme et
de l'homme. - Simulation et névrose. - Les substituts de la virilité. - Impatience,
insatisfaction et taciturnité
5. - Cruauté. - Scrupules de conscience. - Perversion et névrose
6. - « Haut-Bas ». - Choix d'une profession. - Lunatisme. -Caractère antithétique de la
pensée. - Élévation de la personnalité par l'abaissement des autres. - Jalousie. -
Sollicitude névrotique. - Autorité. - Oscillation de la pensée entre deux pôles
opposés et manière dont ce fait s'exprime dans la protestation virile. - Attitude
hésitante et mariage. - La vie symbolisée par la tendance à l'ascension. - La
Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 4
masturbation comme effet d'un penchant irrésistible. - Curiosité et désir de savoir
chez les névrotiques
7. - Ponctualité. - Le désir d'être le premier. - Signification symbolique de l'homo-
sexualité et de la perversion. - Pudeur et exhibitionnisme. - Fidélité et infidélité. -
Jalousie. -Névrose de conflit
8. - La crainte du partenaire sexuel. - L'idéal dans la névrose. -Insomnie et somnolence
irrésistible. - Comparaison entre l'homme et la femme dans la névrose. - Forme
que revêt la crainte inspirée par la femme
9. - Remords, angoisse du péché, repentir et ascèse. - Flagellation. – Névroses des
enfants. - Suicide et idées de suicide
10. - Sentiment de famille chez les nerveux. - Désobéissance et obéissance. - Taciturnité
et loquacité. - Tendance au renversement des valeurs matérielles et morales. -
Comment un trait de caractère peut être remplacé par des moyens de sécurité, par
des mesures de préservation, par une profession, par l'idéal
Conclusion
Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 5
ALFRED ADLER
(1870-1937) est, avec C. G. Jung, l'un des principaux disciples et
dissidents de Freud. Ancien professeur au Long Island College de New York,
il est considéré comme l'un des pionniers de la psychologie des profondeurs.
Depuis la fin de la 2e guerre mondiale, l'enseignement adlérien se répand
de plus en plus et son retentissement est considérable sur l'évolution des idées
en psychologie, en pédagogie et en médecine.
Faisant suite à d'autres ouvrages d'Adler édités dans la même collection,
Le tempérament nerveux est une étude à la fois théorique et clinique qui est
peut-être le livre le plus fondamental d'Adler.
Né en 1870 dans un faubourg de Vienne, Alfred ADLER est, avec C. G.
JUNG, l'un des principaux disciples et dissidents de Freud. Il est mort en 1937
à Aberdeen, en Écosse, OÙ il était venu faire des conférences.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l'enseignement adlérien se
répand de plus en plus et son retentissement est considérable sur l'évolution
des idées en psychologie, en pédagogie et en médecine.
Après la publication de trois autres ouvrages d'Alfred ADLER: « L'enfant
difficile », « Connaissance de l'homme », et « Le sens de la vie », la Petite
Bibliothèque Payot réédite aujourd'hui Le tempérament nerveux, étude à la
fois théorique et clinique que l'on considère comme l'ouvrage fondamental
d'ADLER.
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Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 6
Dr. Alfred Adler
LE
TEMPERAMENT
NERVEUX
Éléments d'une psychologie individuelle et applications à la
psychothérapie
Petite Bibliothèque Payot, n° 151, 308 pages.
Traduction française de l'allemand par le Dr. Roussel, 1948.
Titre de l'original : Über den nervösen Charakter.
Cet ouvrage, traduit de l'allemand par le Dr ROUSSEL, a été
précédemment publié dans la « Bibliothèque Scientifique » aux Éditions
Payot, Paris. Texte revu pour la présente édition.
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés Pour
tous pays.
Couverture de Bénédicte DINTRICH.
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Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 7
Préface de l'auteur
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Il ne sera peut-être pas inutile d'avertir les lecteurs que nous ne concevons
pas la psychologie individuelle telle que, pour la première fois, elle se trouve
exposée dans ce livre, comme étant liée nécessairement à un substratum
organique.
Nous cherchons plutôt à montrer que l'évolution psychique de l'homme et
les déviations qu'elle subit, c'est-à-dire les névroses et les psychoses, sont
déterminées par l'attitude qu'il adopte à l'égard de la logique absolue de la vie
sociale. C'est du degré de la déviation, c'est-à-dire de l'inadaptation aux
exigences cosmiques et sociales, que dépendent et la nature et le degré des
troubles Psychiques. Le nerveux vit et s'épuise pour un monde qui n'est pas le
nôtre. L'opposition dans laquelle il se trouve avec la vérité absolue est plus
grande que la nôtre.
Cette opposition n'a pas pour cause telle ou telle structure cellulaire du
cerveau et n'est pas sous la dépendance de telles ou telles influences
humorales : elle est déterminée par un sentiment d'infériorité dont les origines
remontent à une enfance difficile et Pénible. Ce sentiment ouvre la vole à
Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 8
toutes sortes d'erreurs qui exercent une influence décisive sur le développe-
ment psychique. Nous nions la prédisposition organique à la névrose, mais,
tout en la niant, nous croyons avoir fait ressortir, mieux que les autres auteurs,
la manière dont l'infériorité organique contribue à la création de certaines
attitudes psychiques et le mécanisme par lequel la faiblesse corporelle fait
naître le sentiment d'infériorité.
Ainsi que nous l'avons fait dans notre Étude sur l'infériorité des organes 1,
nous n'utilisons dans la psychologie individuelle la base empirique que pour
établir une norme fictive, destinée à fournir un critère pour l'appréciation des
déviations et pour leur comparaison. Aussi bien dans l'étude de l'infériorité
organique que dans celle de la psychologie individuelle comparée, la recher-
che comparée porte sur l'origine du phénomène, y rattache son présent et
s'applique, sur la base des données ainsi obtenues, à deviner son orientation
future. Grâce à cette manière de procéder, on arrive à voir dans les nécessités
qui président au développement en général, et à celui des formations patholo-
giques en particulier, le résultat d'une lutte pour le maintien de l'équilibre,
pour l'aptitude fonctionnelle et pour la domestication qui a lieu entre les
différentes parties de l'organisme. Une lutte du même genre a lieu dans le
domaine psychique, cette lutte ayant pour point de départ l'idée fictive que
l'individu se fait de sa personnalité et dont l'action se manifeste jusque dans
l'édification du caractère nerveux et dans la formation de symptômes nerveux.
S'il est vrai qu'au point de vue organique « l'individu représente un ensemble
unifié dont toutes les parties coopèrent en vue d'un but commun» (Virchow),
et s'il est également vrai que les diverses aptitudes et les divers penchants de
l'organisme se réunissent pour produire une personnalité unifiée, rationnelle-
ment orientée, nous pouvons voir dans chacune des manifestations vitales
comme le lien de convergence du passé, du présent et de l'avenir, régis par
une idée supérieure, directrice.
C'est en suivant cette méthode que l'auteur de ce livre a acquis la convic-
tion que chaque trait, même le plus infime, de la vie psychique est pénétré
d'un dynamisme finaliste. La psychologie individuelle comparée voit dans
chaque fait psychique l'empreinte, autant dire le symbole, d'un plan de vie
présentant une orientation rigoureusement unique, laquelle apparaît avec une
netteté particulière dans la psychologie des névroses et des psychoses.
Alfred ADLER
1 Studie über Minderwertigkeit von Organen, 1907.
Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 9
Avant-propos
de la deuxième édition française
Par Paul Plottke,
Paris, janvier 1948.
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Alfred ADLER est né le 7 février 1870 dans un faubourg de Vienne
(Autriche) comme deuxième fils d'un commerçant ; il est mort le 28 mai 1937
lors d'une conférence à Aberdeen, Écosse, où il était venu de New York, dont
le Long Island Medical College lui avait offert en 1932 une chaire de
psychologie médicale. Il a fait des conférences à Paris, d'abord en 1926 à la
Sorbonne, puis en 1937 au Cercle Laënnec.
Adler, enfant faible et rachitique, mais actif et sociable, décidait de très
bonne heure de devenir médecin pour « lutter contre la mort », cet événement
fondamental qui l'avait beaucoup impressionné à plusieurs reprises. Au lycée,
il était mauvais élève en mathématiques, et c'est contre le conseil d'un
professeur (qui proposait de l'envoyer en apprentissage chez un cordonnier)
que son père lui fit doubler la classe. « Si mon père avait suivi le conseil de
mon maître, dit Adler plus tard, je serais probablement devenu un bon cor-
donnier, mais j'aurais cru pendant toute ma vie que certaines gens ont
vraiment le « don » des mathématiques. » En effet, l'élève « non doué » s'était
Alfred Adler, Le tempérament nerveux (1911) 10
transformé vite en le meilleur mathématicien de sa classe. Déjà comme enfant
il montrait un esprit rationaliste, en prouvant la non-existence des « anges » ;
il eut un amour immense pour le théâtre de Shakespeare, dans lequel il
admirait un connaisseur inégalé du comportement humain.
L'économie politique et la sociologie l'intéressaient certes plus que la
philosophie spéculative ; mais ce fut surtout à l'étude médicale qu'il s'adonna
de tout son être. En 1895, il fut promu docteur en médecine de l'Université de
Vienne. D'abord spécialiste des yeux, puis des maladies internes, il devint
plus tard surtout psychothérapeute. Ses Règles d'hygiène pour la corporation
des tailleurs qui le révèlent dès 1898 comme un partisan ardent de l'hygiène
sociale contiennent cette phrase significative : « Je me suis efforcé dans ce
petit ouvrage de montrer le rapport étroit entre la situation économique et les
maladies d'une profession, ainsi que les dangers pour la santé populaire qui
viennent d'un standard de vie diminué. Aucun médecin ne peut plus se
dérober à des recherches qui considèrent l'homme non pas comme un individu
en soi, mais comme un produit social. »
AU tournant du siècle, Adler rencontra Freud et le défendit publiquement
contre des collègues incrédules ou hostiles. Pourtant, dans le cercle de
discussion de Freud auquel participait Adler, ce dernier, tout en appréciant le
génie du fondateur de la psychanalyse, critiqua sa théorie sexuelle des
névroses. La grande différence dans leurs conceptions en psychopathologie
aussi bien que dans leur manière générale de voir le monde se trouvait
aggravée par un manque de sympathie personnelle entre les deux savants. Dès
1904, Adler voulut se retirer du cercle freudien, mais Freud le retint alors, et
leur collaboration continua.
En 1907 Adler publia son « Étude sur l'infériorité des organes », qui ne fut
nullement appréciée de Freud et de ses disciples. De fait, elle constitue le
fondement biologique et physiologique de la nouvelle « connaissance scien-
tifique de l'homme » élaborée par Adler. Dépassant le rigide concept classique
de « maladie », Adler définit celle-ci comme la résultante d'une infériorité (ou
insuffisance) organique et d'une attaque extérieure. « Inférieur » est l'organe
qui a été empêché de se développer pleinement, soit dans l'ensemble, soit dans
ses parties. Ces infériorités organiques sont héréditaires, mais aussi compen-
sables à l'aide du système nerveux central. Dans la superstructure psychique
se développe un sentiment d'infériorité qui pousse l'individu à rechercher une
supériorité, c'est-à-dire une protection, une sécurité compensatrices.
On trouvera un exposé détaillé de la nouvelle « psychologie individuelle
comparée » dans le présent ouvrage, dont la première édition allemande date
de 1912. C'était en effet fonder une nouvelle école que de voir ainsi dans
l'espace social le dynamisme de la personnalité une et indivisible ; d'étudier de
près son mouvement psychique d'un en-bas vers un en-haut, de la « fémi-
nilité » * vers la « masculinité », de l'infériorité et l'insécurité vers la
supériorité et la sécurité ; de découvrir enfin que ce « but compensateur »
détermine de son côté uniformément tous les détails, même les plus infimes,
les souvenirs aussi bien que les rêves et les actes manqués, et que l'individu se
crée son « style de vie », son caractère, selon son but qui doit compenser son
* Tel quel dans le livre [JMT]
Description:Adler und Furtmüller, Heilen und Bilden, München, 1914. Adler, Praxis und Theorie Theorie der Individualpsychologie, l. c. 2. Dans Heilen und Bliden, l. c. Der psychische Hermaphrodismus. communiquant avec son Dieu, se tenant plus près de lui que les autres. Et ce qui l'attend, c'est la « joi