Table Of ContentORGANISATION DES JEUNES TRAVAILLEURS
RÉVOLUTIONNAIRES
LE MILITANTISME
STADE SUPRÊME
DE L'ALIÉNATION
Textes présentés et annotés par Claude Guillon
Parrhèsia / Éditions du Sandre
LE MILITANTISME,
STADE SUPRÊME
DE L'ALIÉNATION
Les éditeurs remercient Bastien Marion.
Éditions du Sandre
57, rue du Docteur Blanche
75016 Paris
ORGANISATION DES JEUNES TRAVAILLEURS
RÉVOLUTIONNAIRES
LE MILITANTISME,
STADE SUPRÊME
DE L'ALIÉNATION
Textes présentés et annotés par Claude Guillon
Éditions du Sandre
PRÉSENTATION
Le Militantisme, stade suprême de l'aliénation a été publié en
1972. Le titre de ce texte est un pastiche de celui de Lénine
— «L'impérialisme, stade suprême du capitalisme» (1917) —,
ce qui explique la présence d'un portrait du grand homme, au
pochoir, en haut à gauche de la première de couverture*, em-
prunté aux brochures éditées à l'époque en français par le ré-
gime de Pékin.
Le Militantisme, stade suprême de l'aliénation est sans doute le
texte de critique du militantisme gauchiste (même s'il s'attaque
à tous) le plus célèbre et le plus reproduit Du moins dans sa
première version. La suite, publiée sous le même titre deux ans
plus tard, est beaucoup moins connue. Elle présente pourtant
l'avantage d'expliquer le lieu et les circonstances dans lesquelles
la première version a été rédigée et diffusée, et le succès qu'elle
a rencontré. Elle permet également de couper court aux spécu-
lations a posteriori sur le caractère canularesque de la signature
OJTR (Organisation des jeunes travailleurs révolutionnaires "*) ou
* Voir en fin d'ouvrage la reproduction de celle-ci.
**Y compris sur Internet, dans une version fautive et lacunaire. Précisons que les
textes qui suivent ont été initialement mis en ligne sur le site <http://claudeguillon.
internetdown.org>. La présentation et les notes ont été revues et augmentées pour
la présente édition. Nous avons utilisé deux exemplaires originaux des brochures.
Merci au Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA) de Lausanne
de nous avoir permis de compléter le texte de 1972.
*** Dans la notice de présentation de la réédition de Lordstovm 1972, autre bro-
chure signée par l'OJTR (quoique postérieure à sa dissolution), Dominique
Blanc explique que certains membres de l'OJTR, dont lui-même, participeront à
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sur les réécritures postérieures des textes. On trouvera dans les
pages suivantes le texte intégral de ces deux brochures.
D'un intérêt historique, le texte documente le rejet polé-
mique, largement inspiré par le situationnisme, d'un militan-
tisme imprégné des valeurs religieuses de sacrifice et de cha-
rité, que l'on rencontrait — et rencontre — aussi bien dans les
groupes marxistes-léninistes que libertaires. Si cette critique
demeure d'actualité, par exemple au regard de l'activisme «hu-
manitaire» en soutien aux étrangers sans-papiers, elle gagnerait
à être confrontée aux formes d'action collective qui rejettent
l'héritage chrétien et les modes d'organisation militaires et hié-
rarchiques, qu'il s'agisse du répertoire des actions pratiquées*
ou de la forme du regroupement même. Je pense ici aux «assem-
blées» qui se sont réunies à l'université de Jussieu" pendant le
mouvement des chômeurs de l'hiver 1997-1998 ou à Montreuil,
après les émeutes de banlieue en 2005.
Celles et ceux qui refusent d'accepter comme une fatalité
l'exploitation capitaliste, pourront, en se servant de leurs
propres expériences, alimenter un travail d'élaboration critique
qui dépasse l'ambition de cette rapide présentation. A défaut, ce
texte pourrait aussi bien servir — cela n'a pas manqué de se pro-
duire ! — à justifier un immobilisme aigri et méprisant. Lequel
est le stade suprême de la soumission.
Claude Guillon
la création du groupe et de la revue La Guerre sociale. Voir, Rupture dans la théorie
de la révolution. Textes 1965-1975, Senonevero, 2003, p. 481.
* On peut évoquer ici l'usage de la nudité dans les manifestations publiques; voir
C. Guillon, Je chante le corps critique. Les usages politiques du corps, H&O, 2008.
** Voir Le Lundi au soleil, recueil de textes et de récits du « mouvement des chô-
meurs», cahier n° 1, novembre 1997-avril 1998, La bande à 35 h par jour,
L'Insomniaque, juin 1998.
Note des éditeurs
L'ensemble du texte se trouve augmenté de quelques courtes
notes s'attachant pour la plupart à préciser le sens de certains
sigles ou l'appartenance politique de certains groupes ou grou-
puscules militants.
Les notes de bas de page originales ainsi que celles qui ont été
ajoutées ultérieurement dans le cadre d'une réédition se trouvent
mentionnées comme telles. Lorsque, à leur endroit, quelques pré-
cisions nous semblaient s'imposer, nous avons placé ces dernières
entre crochets. Les affiches, les dessins et les caricatures détour-
nées présentés ici sont bien évidemment ceux de la brochure ori-
ginale. Ils se trouvent positionnés au plus près de la mise en page
initiale. La mention de l'identité des auteurs des illustrations, pla-
cée entre tirets cadratins, est de notre fait.
BROCHURE DE 1972
Le révolutionnaire est au militant
ce que le loup est à l'agneau.
À la suite du mouvement des occupations de mai [19] 68
on a vu se développer à la gauche du Parti communiste et de
la CGT un ensemble de petites organisations qui se réclament
du trotskisme, du maoïsme et de l'anarchisme. Malgré le faible
pourcentage de travailleurs qui ont rejoint leurs rangs, elles pré-
tendent disputer aux organisations traditionnelles le contrôle de
la classe ouvrière dont elles se proclament l'avant-garde.
Le ridicule de leurs prétentions peut faire rire, mais en rire ne
suffit pas. Il faut aller plus loin, comprendre pourquoi le monde
moderne produit ces bureaucraties extrémistes, et déchirer le
voile de leurs idéologies pour découvrir leur rôle historique véri-
table. Les révolutionnaires doivent se démarquer le plus possible
des organisations gauchistes et montrer que, loin de menacer
l'ordre du vieux monde, l'action de ces groupes ne peut entraî-
ner au mieux que son reconditionnement. Commencer à les cri-
tiquer, c'est préparer le terrain au mouvement révolutionnaire
qui devra les liquider sous peine d'être liquidé par eux.
La première tentation qui vient à l'esprit est de s'attaquer
à leurs idéologies, d'en montrer l'archaïsme ou l'exotisme (de
Lénine à Mao) et de mettre en lumière le mépris des masses qui
se cache sous leur démagogie. Mais cela deviendrait vite fasti-
dieux si l'on considère qu'il existe une multitude d'organisa-
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