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LE DIALECTE
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PARIS
E. DENTU, LIBRAIRE-EDITEUR
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Tous droits ré-<Qr\6s
PRÉFACE
L'étude sur !e diatecte s'ouvre
sarde, partaquenc ocvutume,
M une portée plus générate que ne l'indique son titre. Si je ne nu-
elle éclaire d'un nouveau la encore con-
trompe, jour question
troversée de l'origine des langues romanes. En c<et,j'y signatc
l'existence de textes sardes des huitième, dixième, onzième~
douzième siècles, les uns encore inédits, les autres récemment
mais connus faute d'une suffisante
publia, peu publicité (<).
Les anciens de ces textes ont tous les caractères dis-
plus qui
les romanes du et comme ils se sont
tinguent langues latin,
dans un a l'abri de toute invasion et en de-
produits pays iso!e,
hors de toute influcnce directe ou Us
germanique indirecte,
prouvent évidemment que les langues romanes ontth'cde !ent'
propre fond et n'ont pas emprunté uu\ (.ermains h's traits essen-
(1) Au moment où ce vohmie s'imprimait, M. tn C. Pietro Martini
1~ des textes sardes cites et d'un certain
commentait publiottion que j'ai
nombre d'antres textes italien~ ~rdes et ~tins conserves tt ta HibHoth".
que de Cagliari. (Per~amfxe fn</«'K ~<t c~r<acf«r~r/<or~a.) .le ne saurais
m<' prononcer sur l'authenticité de tous les textes annonce:! par M. Pietro
Martini. Beaucoup me sont inconnus; les un?, parce qu'Us n'ctaicnt point
acquis encore parla Bibliothèque de Cagliari lorsque j'étais en ~ardai~m-,
et d'autres parce que n'ayant pas trait !t mes études, i!s n'ont pat été do n):t
part l'objet d'un examen minutieux. J'avoue même, qu'« priori, ~elquc~-
uns m'inspirent des duutes; inaiBJen'en ai aucun sur la lettre pastoral'
de 740, la Citronique farde du neuvième siècle et les autres textes des
onzième et douzième siècles qui importent seu)f à la démonstration de
:u)t thèse et sur me suis
lesquels je appuyé.
liels les caractérisent. (!e n'est la une thèse
qui point neuve,
mais lu dont est nouvelle et ne me
preuve je l'appuie paraU
sans
pas importance.
Du dialecte sarde aux chants de la
populaires Sardaigne,
soit la différence des la transition est naturelle.
quelleque sujets,
Car si l'un nous montre la telle l'instinct la
langue que crée,
avant les littérateurs ne la nxcnt et tes
que que grammairiens
ne la ou ne la les autres nous font voir la
règlent déforment,
poésie sous sa première forme et dans sa première ileur, telle
qu'elle jaillit d'Ames incultes et ardentes, avant que l'art ns
ou ne la refroidisse. La et la sont les
l'épure langue poésie
deux. manifestations à la fois les les inti-
plus spontanées, plus
mes et les de la nature d'un
plus complètes peuple.
La de ce volume ne s'adresse
partie philologique peut-être
pas aux mêmes lecteurs que sa partie littéraire. Mais j'ai pensé
ceux à la d'être
que qui reprocheraient première trop aride,
me de ceux trouveraient la seconde fri-
vengeraient qui trop
vole, et c'Mt ce qui m'a engagé les réunir.
PREMIÈRE PARTIE
LE DIALECTE SARDE
LE
DIALECTE SARDE
I. Évolutions des langues. Régularité de cet évolutions constatée à la
fois dans la grammaire et dans le vocabulaire. Formation des mots
dans les dérivées.
langues
11. Naissance des langues romanes. Multiplicité des dialectes. Dis-
tribution des dialectes
par familles.–Apparition.des langues littéraires.
Les langues romanes comparées entre elles. Les causes do leurs
analogies et de leurs différences. Infiuence des invasions
germaniques
eur leur formation.
III. Le dialecte sarde. A quel point de vue il doit être étudie. Im.
portance de l'étude des dialectes pour tout ce qui se rapporte a l'ori-
des de la
gine langues. Dialectes principaux Sardaigne.–Multi-
plicité des sous-dialectes. Place du dialecte sarde dans la famille des
dialectes italiens. -Ses analogies avec le latin. Cinq cents mots a la
fois sardes et latins. Formation des mots sardes. Rôle de l'accent
latin dans cette formation. –Dimoulté de remonter aux radicaux.
Lois de permutation des lettres dans la formation des mots sardes.
Deux tendances Tendance novatrice. Tendance conser-
opposées.
vatrice. Sons des dialectes sardes au latin.– D'où ils vien"
étrangers
nent. Influence de 1 euphonie et de l'analogie dans la permutation
des lettres. Grammaire du dialecte sarde. Sa. ressemblance et ses
différences ~.eo la grammaire des autres idiomes romans.–L'article.–
Les cas. –Les nombres. I.es auxiliaires nombreux en sarde
plus que
dans les autres langues romanes. Particularités relatives au futur..
IV. Le dialecte sarde formé en dehors de toute influence directe ou indi-
recte des invasions germaniques. Preuves historiques et philolo-
Les textes sardes sont les anciens textes romans connus.
giques. plus
-Texte do 740. du neuvième siècle.- Textes ou
Chronique publiés
iuédits des onzième, douzième, treizième, quatorzième et quinzième
< DIALECTE ~.U:D!:
siècles. –Etude comparée do ces textes.- Lumières qu'ils jettent sur la
formation des langues romanes. Part do l'influence germanique dans
cette formation. De l'infiltration dans les
germaniquR patois latins.
V. Histoire du dialecte sarde. Son immobilité. -Influence de
l'espa-
gnol sur le dialecte méridional de la Sardaigno. Part dn grec dans la
formation du vocabulaire sarde. Caractères du dialecte sarde. Ou-
écrits dans ce dialecte.
vrages
Les incessamment comme les idées
langues changent
des et leur état social. Pas les institu-
peuples plus que
tions elles ne peuvent rester immuables, et au moment
même où on les croit fixées, elles se transforment. Ces
transformations de deux Tantôt elles
s'opèrent façons.
suivent une marche normale et comme le
régulière
train ordinaire des sociétés, comme les pulsations du
cœur, et les contemporains qui participent à ce mouve-
ment à de même le
l'aperçoivent peine, que nageur, ~em~
porté par les flots, ne sent point la rapidité du courant
il se livre. Tantôt elles aboutissent à des
auquel seco~s-~
ses brusques et profondes qui, en agitant les hommes,
renouvellent à la fois la forme et le fond de leur
pensée.
Mais de nature soient les évolutions
quelque que que
subissent les soudaines ou radi-
langues, progressives,
cales ou et bien ces évolutions res-
superficielles, que
tent à celles de
toujours proportionnelles l'humanité,
elles ne s'écartent des inhérentes à la
jamais règles
nature même du
langage.
Les en effet, comme les et les ani-
langues, plantes
PIALECTE SARDE
maux, ont en elles-mêmes une force, un principe, en
vertu desquels elles grandissent, meurent, se repro-
duisent et elles ne sauraient se soustraire.
auxquels
Comme chez les êtres c'est leur constitution
organisés,
détermine avant tout leur Créa-
qui développement.
tions spontanées de l'esprit humain, la raison, le ca-
price, le hasard peuvent bien agir sur elles, et l'histoire
leur imprimer au passage la marque des événements;
mais elles n'en sont moins des lois
pas régies par régu-
lières, absolues, fatales comme l'instinetqui les produit.
Cette se retrouve à la fois et dans les élé-
régularité
ments les c'est-à-dire dans les mots, et
qui composent,
dans les modes suivant ces éléments se combi-
lesquels
nent, c'est-à-dire dans la grammaire.
Non-seulement toutes les ont un fond
grammaires
commun humain est iden-
(1), parce que l'esprit partout
tique mais, destinées à exprimer, au moyen de formes
variées, les les idées entre elles, elles
rapports qu'ont
les mêmes formes les mêmes
emploient toujours pour
En sorte les
rapports. que règles grammaticales qui
avec l'état intellectuel des sont tou-
changent peuples
jours les mêmes chez les peuples qui ont les mêmes
idées, les mêmes sentiments, les mêmes besoins. La
formation des mots ne suit des lois moins
pas régu-
lières. On ne peut pas remonter, pour constater ces lois,
à la création des car les
premiers radicaux premières
(1) Unter alleu Vœlkern Jer Erde, ist die Grammatik beinahe nu
einerlei Art gebaut. »
Herder t~<r dit t/r<prwty der SpracA<.
