Table Of ContentMehdi Azaiez
Le contre-discours coranique
Studies in the History
and Culture of the Middle East
Edited by Stefan Heidemann, Gottfried Hagen,
Andreas Kaplony and Rudi Matthee
Volume 30
Mehdi Azaiez
Le contre-discours
coranique
ISBN 978-3-11-041999-3
e-ISBN (PDF) 978-3-041910-8
e-ISBN (EPUB) 978-3-041916-0
ISSN 2198-0853
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Aux fruits de la Surabondance,
يماس و ةراس
Préface
Le présent ouvrage est une version remaniée d’une thèse de doctorat soutenue
le 18 octobre 2012 à Aix en Provence. Ce remaniement a préservé une part subs-
tantielle du texte original. Néanmoins, quelques légères corrections et additions
ont été inévitables. En outre, un chapitre a été supprimé et l’annexe initialement
volumineuse a été grandement allégée.
Lorsqu’en septembre 2007, je présentai un projet de recherche sur la polémique
dans le Coran à la lumière des contre-discours, je reçus un accueil très favorable
de Monsieur le Professeur émérite Claude Gilliot. Bien que j’eusse soupçonné
l’intérêt d’une telle entreprise, je fus régulièrement surpris par les résultats
obtenus. Au cœur de l’analyse, il s’est en effet confirmé l’importance d’une forme
littéraire singulière : le « contre-discours » ou la mise en scène par le Coran lui-
même des propos de ses adversaires. Aisément identifiable – il s’agit du discours
rapporté direct de l’adversaire introduit par le verbe ‘dire’ –, je proposais alors
d’interroger méthodiquement cette « voix » opposante. Trois mouvements ont
commandé notre investigation : le premier a tenté de cerner et définir notre sujet
(Chapitres I‒III), le deuxième nous a conduit à identifier et quantifier un corpus
(Chapitres IV‒V), le troisième s’est attaché à analyser ce même corpus en inter-
rogeant ses thèmes, ses formes et ses évolutions (Chapitres VI‒IX). Tout au long
de ce parcours, j’ai proposé des clarifications notionnelles (typologies des formes
de contre-discours), des évaluations quantitatives (importance et répartition des
contre-discours), des distinctions formelles et des types de stratégies discursives
(formes de la réfutation, stratégies et effets discursifs, typologie des opposants,
évolution interne). Ce travail s’est accompagné de schémas, de tableaux gra-
phiques et d’une synopse utiles à l’élaboration d’un corpus et à son analyse.
Délibérement synchronique, je m’étais donc engagé dans une démarche
interne et comparative. Interne, j’opérais une lecture dans et avec le texte. Je
restais sensible à sa ‘matérialité’, à ses formes, à ses structures à travers une
variable objectivale car délimitée et répétitive : le discours rapporté direct de
l’opposant. Mais cette parole de l’adversaire n’était en l’occurrence jamais isolée
de sa riposte comme en témoigne la présence de la formule répétée yaquluna … fa
qul. Fort de ce constat, cette parole rapportée, parole ô combien déviante, a été
analysée à l’aune des répliques qu’elle entraînait. Ainsi, à la lecture interne s’est
ajoutée la comparaison systématique. L’opération consista, dès lors, à analyser
pour un même contre-discours les différentes ripostes qu’il engageait.
Si la cohérence de ce travail et la validité d’une telle approche me semblaient
acquises, comme tente de le démontrer cette monographie, il n’en demeurait pas
moins qu’elle constituait une première étape indispensable mais non suffisante.
VIII Préface
Car engager la seule analyse comparative à l’intérieur même du texte n’impliquait-il
pas de s’y enfermer ? Ce repli n’interdisait-il pas un possible surcroît d’intelligence
donnée à ce même texte ? L’objection était à l’évidence justifiée et me conduisit
à engager une confrontation non seulement interne mais également externe.
L’éventuelle concomittance des contre-discours coraniques avec d’autres formes
similaires dans la vaste littérature de l’Antiquité tardive était donc posée. Cette
tâche méritait une attention toute particulière impliquant un travail considérable
de lecture des textes en langues syriaque et hébraïque. Cette recherche engagée
a d’ores et déjà donné quelques résultats encourageants1. Néanmoins, j’ai
fait le choix délibéré d’exclure cette approche externe et comparative de cette
monographie. J’ai, en effet, considéré qu’elle recelait en soi un objet de recherche
distinct, qui méritait une maîtrise et une connaissance beaucoup plus assurée
des langues syriaques et hébraïques. Je souhaite en proposer les prolongements
dans le cadre d’une monographie à venir. Deux années en tant que postdoctorant
d’abord à l’Université de Notre-Dame (USA) puis au Laboratoire d’excellence
Labex-Resmed à Paris auront par ailleurs grandement contribué à entamer cette
recherche.
Ce livre a grandement bénéficié des apports d’ouvrages et d’articles majeurs
de l’islamologie contemporaine. Nombre d’entre-eux sont des travaux consacrés
à la polémique coranique écrits notamment par Patricia Crone, Gerald Hawting
ou John Wansbrough. Mais on s’étonnera peut-être d’apprendre que l’une des
contributions majeures à notre réflexion se situe également parmi des études
critiques consacrées à des oeuvres littéraires, politiques ou historiques hors de la
sphère culturelle arabo-islamique. Je pense ainsi au magnifique ouvrage de Gilles
Magniont sur les Pensées de Pascal, aux travaux de linguistes comme Kerbrat-
Orecchioni sur les interactions verbales ou Christian Plantin sur le modèle
dialogal. Je dois beaucoup à nombre de lectures d’ouvrages critiques sur la Bible
et particulièrement l’une d’entre-elles écrite par Adrian Graffy sous le titre « A
prophet confronts his people: the disputation speech in the prophets ». Ces
lectures croisées plaident encore une fois pour la nécessaire interdisciplinarité
de la recherche en islamologie en général et en coranologie particulièrement.
Ce travail est le fruit, le témoin fidèle de rencontres, de dialogues, d’enthou-
siasmes et de curiosités partagés, de conseils précieux et amicaux. Il m’est donc
fort agréable de remercier tout particulièrement mon Doktorvater et Professeur
émérite Claude Gilliot. En bon guide, il m’a patiemment accompagné et chemin
1 Azaiez (Mehdi), « The eschatological counter-discourse in the Qur’an and in the Sanhedrin
tractatus », in Zelletin H. (ed.), Return to the Origins, The Qurʾān’s Reformation of Judaism and
Christianity (titre provisoire), Routledge, à paraître.
Préface IX
faisant, il m’a transmis le goût immodéré des notes de bas de pages même s’il me
sera bien difficile de parvenir à sa rigueur, à sa précision et son exhaustivité ! Je
remercie le Professeur Gabriel Said Reynolds, un très grand ami, pour ses pers-
picaces observations à l’égard de mon travail et la confiance qu’il m’a toujours
témoigné notamment lors de la co-direction du projet du Qurʾān seminar. Je
remercie également Marie-Hélène Congourdeau, Jacqueline Chabbi, Asma Hilali
et Michel Cuypers pour leurs conseils si précieux et amicaux. J’exprime toute ma
gratitude au Professeur John C. Cavidini qui a été le si généreux artisan de ma
venue à la prestigieuse Université de Notre-Dame. Mes plus vifs remerciements
vont également à l’ensemble de mes collègues de la Faculté de Théologie et
d’Études Religieuses de la KU Leuven mais aussi à l’équipe des chercheurs de
l’IREMAM dont Denis Gril, Pierre Larcher, Frédéric Imbert, Anne-Sylvie Boisliveau
et tout particulièrement Mme Ghislaine Alleaume.
Je remercie également les nombreux chercheurs et amis qui ont contribué à
poursuivre ma réflexion sur le contre-discours particulièrement lors du Qurʾān
seminar : S. M. Omar Shaukat Ali, Emran El-Badawi, Patricia Crone, Guillaume
Dye, Reuven Firestone, Sidney Griffith, Marcin Grodzki, Gerald Hawting,
Nejmeddine Khalfallah, Manfred Kropp, Daniel Madigan, Michael Pregill, Andrew
Rippin, Munim Sirry, Emmanuelle Stefanidis, Devin Stewart, Esma Tengour,
Tommaso Tesei, Shawkat Toorawa, Abraham Winitzer, Munther Younes, Hamza
M. Zafer, Holger Zellentin.
Je remercie également d’autres chercheurs croisés sur les chemins de la
« coranologie » contemporaine : Mustapha Bentaïbi, Antoine Borrut, Stephen
Burge, Abdelmajid Charfi, Abdallah Cheikh Moussa, Viviane Comerro, Muriel
Debié, François Déroche, Hichem Djaït, Alba Fedeli, Geneviève Gobillot, Nader
Hammami, Ghilène Hazem, Todd Lawson, Pierre Lory, Ephrem Malki, Michael
Marx, Abdelwahab Meddeb, Christopher Melchert, Françoise Micheau, Sabrina
Mervin, Angelika Neuwirth, Samir Khalil Samir, Michael Sells, Nicolai Sinai,
Mathieu Tillier, Omar Alí-de-Unzaga et A. H. Mathias Zahniser.
Je remercie les personnes qui ont contribué par leurs écoutes, conseils et
contacts à améliorer notre texte ou à l’enrichir de nouvelles réflexions : Isabelle
Ardonceau, Jean-Robert Armogathe, Rémi Brague, Jean-Luc Marion.
Je remercie les membres de ma famille, ma mère Kalthoum, mes deux sœurs
Sonia et Fatma et notre frère Riadh qui, pour ce dernier, n’a pas ménagé sa peine
pour m’aider à achever ce travail.
Enfin, je remercie ma tendre épouse, Kaouthar, notre fille Sara et notre fils
Samy. Tout au long de ce travail, ils ont été ma joie quotidienne, celle d’un époux
et celle d’un père.
Ce livre est également dédié à mon père, récemment disparu. Je n’oublie pas
qu’il m’avait offert, il y a 20 ans déjà, un « Que sais-je ? » écrit par Régis Blachère
X Préface
et intitulé simplement « Le Coran ». Rétrospectivement, « Baba » aura été le
grand initiateur de ma recherche. Je lui exprime, ici et encore, mon éternelle
reconnaissance.
Paris, janvier 2015.