Table Of ContentPREVIOUSLY PUBLISHED IN THE SAME SERIES
I. Voltaire and the English Deists. By NORMAN L. TORREY.
II An Etymological Vocabulary to the Libro de Buen Amor of Juan
Ruiz, Arcipreste de Hita. By HENRY B. RICHARDSON.
III. Frédéric Soulié, Novelist and Dramatist of the Romantic Period. By
HAROLD MARCH
LE
JOUHAM
DE LA CHAPELE
DE BLOIS
EDITED
BY
ROBERT
CHAPMAN
BATES
INSTRUCTOR
IN FRENCH IN YALE UNIVERSITY
NEW HAVEN
YALE UNIVERSITY PRESS
LONDON HUMPHREY MILFORD OXFORD UNIVERSITY PRESS
1932
Printed in France
A
MÈRE
MA
–
Mere, je n'en puis el faire.
LE CONTE DOU BARRIL
M. le professeur Raymond Thompson Hill m'a été d'un très
grand pendant je préparais la publication de cette
secours que
thèse. Il a patiemment revu avec moi le manuscrit et tout
renseignant et conseillant, il rendu plus
en me en me a
agréable et plus fécond travail minutieux. C'est un plaisir
ce
pour moi de le remercier en toute amitié.
Je tiens aussi à exprimer ma gratitude envers ceux qu:i
m'ont aidé à réaliser le désir d'écrire et de publier ce livre
à M. l'Administrateur de la Bibliothèque nationale à Paris et
à M.T. FitzRoy Fenwick qui m'ont autorisé à consulter les
;
manuscrits à le professeur Joseph Bédier qui m'a recom-
M.
;
le
mandé à M. Fenwick à M. professeur Alfred Jeanroy qui
;
m'a signalé ce poème inédit à M. le professeur Albert Feuille-
reli-
rat qui m'a fait l'amitié d'améliorer beaucoup ce livre en
sant le manuscrit et puis de s'occuper de tous les détails de
;
la publication et à Mlle Eugénie Droz qui a eu l'obligeance
de corriger les dernières épreuves.
repentir
Ce beau conte d'un chevalier sans » a une vie
«
littéraire qui déjà duré plus de sept siècles. Des versions
a
françaises et latines sont succédées depuis l'année 1218,
se
où la première fois il fut écrit, jusqu'à l'année 1929 où
pour
grand trouvère de jours, M. Joseph Bédier, s'en est servi
ce nos
pour sa pièce de Tristan et Iseut, jouée pour la première fois,
à Paris, au Théâtre Sarah Bernhardt, le 19 mars. Elle fut
publiée dans La Petite Illustration le 15 juin 1929, et qui vou-
dra lire la plus courte et la plus belle version
en prose que
du Conte n'a qu'à reporter à la deuxième scène
nous ayons se
du sixième tableau. Pendant que M. Harment, qui tenait le
rôle de l'ermite Ogrin, racontait l'histoire à Iseut, les assis-
tants, par leur silence et par l'émotion qu'ils ressentaient visi-
blement, démontraient conte garde aujourd'hui,
que ce encore
même pouvoir qui l'avait rendu si populaire pendant le
ce
–
moyen âge le pouvoir d'impressionner les gens, de saisir
l'imagination et d'éveiller la sympathie de qui l'enten-
ceux
dent.
Il faut donc espérer l'oeuvre de Jean de la Chapele de
que
Blois, le premier qui écrivit cette charmante histoire et qui,
d'ailleurs, la composa si bien, trouvera des lecteurs qui sau-
ront en savourer le charme, fait de sincérité, de foi et de can-
deur.
R.C.B.
New Haven, le 30 mai 1931.
I
AUTEUR. PATRIE. DATE
Nous connaissons l'auteur du Conte dou Barril pour autant
sait le
qu'on connaisse » quelqu'un de qui de qui
« on nom,
peut lire quelques opinions et quelques sentiments plus
on ou
moins personnels. Il 8,
se nomme JOUHAM DE BLAIS au vers
au vers 1261. A part ces deux noms,
JOUHAM DE LA CHAPELE
1.
nous n'avons pas sur lui de renseignement précis La Cha-
pele n'est vraisemblablement pas un surnom2, mais désigne le
lieu où naquit l'auteur, bien quelque endroit lequel il
ou avec
s'est identifié pendant vie. Dans la région blésoise, début
sa au
du siècle, trouvait plusieurs villages hameaux appe
XIIIe se ou
:
lés trois
La Chapelle, dont assez près de Blois La Chapelle
Vendômoise à 13 km., La-Chapelle-Saint-Martin à 17 km., et
3.
La Chapelle (près de Meung) à 36 km. A cause des vers 969-
9704, il faut aussi citer La Chapelle-Saint-Mesmin. dernier
Ce
:
1. M. Paul Meyer écrit « Peut-être ce Jean de Blois ou Jean de la Chapelle
»
doit être identifié avec Jean le Chapelain, l'auteur du conte du Sacristain.
(Not. et Extr. des Mss., t. 1, p. 160-161.) Il suffit de lire les deux contes
XXXIV,
pour être convaincu qu'un même homme ne les a pas écrits. Le conte du Sacris-
tain (Montaiglon et Raynaud, Recueil général des fabliaux, t. VI, p. 117-137) est
assez mal composé et écrit, abonde en rimes fautives (p. ex. Cligni : congié,
p. 121 ; gangles : chambre, p. 124 ; trere : fetes, p. 131, etc.:), et n'en contient
trait :
qu'une seule qui rappelle un dialectal de notre auteur (sans bons, p. 118),
tandis qu'on en trouve plusieurs qui ne s'accordent pas avec les phénomènes ca-
ractéristiques : ; :
de sa langue (fame dame, p. 120 lamont mont < p. 134,
MULTUM,
esperons : metrons, p. 135, etc.). Il serait d'ailleurs surprenant qu'un clerc qui
semble aussi dévot que Jean de la Chapelle ait voulu composer un conte aussi
dépourvu de piété que celui qu'a écrit Jean le Chapelain, malgré le témoignage
des oeuvres si variées d'un Watriquet de Couvin, et de tant d'autres. Je doute que
l'identification suggérée par M. Meyer puisse être établie.
2. L'auteur était, selon toute probabilité, moine, comme on verra.
:
3. Voir Cartulaire de la ville de Blois, p. p. Soyer et Trouillard, Blois, 1907,
; ;
p. 312, 374 L. Delisle, Cat. des actes de Philippe Auguste, n° 1682 Cart. de
l'abbaye de la Madelaine de Chateaudun, p. p. Merlet et Jarry, Chateaudun, 1896,
charte 52 ; Mémoire de la société archéologique de l'Orléanais, t. VI, p. 176, t. XIV,
p. 213.
4.... c'il
neis iert sires
de Menin,
car 11 villainz sant le chenin ;...
endroit est trop près d'Orléans pour être le lieu de naissance
de notre poète (à en juger par sa langue) mais sa famille
;
»
à la rigueur pouvait être originaire. plus, le sire
en De «
de Mesmin était l'évêque d'Orléans, c'est-à-dire qu'il n'y avait
5.
pas de seigneur temporel, sauf le roi de France Peut-être,
puisqu'il s'agit dans d'un mariage mal assorti, Jean
ce passage
a-t-il cité le seigneur de cet endroit pour n'offenser personne
de la noblesse 6. Jean connaître aussi la ville de Menin
a pu
(arr. de Courtrai, en Belgique) qui était assez fameuse de son
temps7. Les guerres de Philippe Auguste contre le comte de
Flandre et alliés, et la victoire éclatante de Bouvines,
ses
avaient attiré l'attention de la France cette région, et
sur on
trouve, dans une charte de l'époque, le seigneur de Menin
parmi les prisonniers du roi 8. Si c'est à cette ville, si loin de
natal, qu'il pensé, c'est probablement choisir
son pays a pour
comme exemple de mauvais mariage un ennemi ou, du moins,
un seigneur que ses lecteurs ne connaîtraient vraisemblable-
ment pas. Mais puisque nous n'avons que deux manuscrits, et
l'autre donne, à toute autre leçon (Meon), il
que ce vers, une
est impossible de pousser trop loin la question9, et il serait
5. Voir la copie, par Gaignières, d'un cartulaire de l'abbaye, fait par l'abbé
Adam (en 1257 ou 1270), Bibliothèque nationale, fonds lat. 5420, p. 51-65.
6. Comparer les titres fictifs dans le Roman du Comte d'Anjou, par Jean Mail-
lart.
7. Voir U. Chevalier, Topo-bibliograhie, à l'article Menin.
8. « Nomina militum et armigerorum qui pro aliquibus dictorum prisionum se
plegios aut hostagios erga Philippum regem soustituerunt, » entre lesquels on
trouve les noms de ceux qui sont plegii pro Petro de Mesnin ». (Historiae Fran-
«
corum Scriptores, Francisci Duchesne, tomus V, Lutetiae Parisiorum, anno
p. 270.)
MDCXLIX, lit
9. Le mot que nous avons imprimé « Menin » se dans notre manuscrit-base
;
suivi de cinq traits verticaux absolument pareils le mot à la rime dans le
me-
vers suivant est che- suivi également de cinq traits. Ici, la seule différence est
qu'on peut voir, malgré le mauvais état du manuscrit, comme un trait horizon-
tal au-dessus de la troisième barre, ce qui en ferait un i. Il est évident que ces
deux mots sont difficiles à interpréter. Parmi les autres lectures possibles se
trouve, évidemment, (Meung ?) laquelle serait préférable si ce n'était pour
Mëum
le mot chëum qui devrait alors être à la rime dans le vers suivant, et qui est
inconnu dans le vieux français. (Comp. pourtant kagon, Meyer-Lübke, Rom.–
Etym. Wtb., Heidelberg, 1930, fascicule, art. 1443.) Mëum serait plus près du
3e
Meon que montre l'autre manuscrit que n'est Menin, mais puisque le mot meillon,
qui est à la rime avec Meon, offre autant de difficultés qu'offrirait chëum, j'ai
préféré la lecture imprimée qui peut traduire, et qui est au moins suggérée
se
:
par le trait sur la troisième des cinq barres dans le mot chenin. ...
: :
..U.ne seule autre hypothèse semble possible que le poète écrivit Menil
chenil, et que le scribe changea ces deux mots. Menil était une ville du Berry
assez connue alors (et il cite le Berry, au vers 590, en prêtant à cette province
une assez haute importance), et chenil, plutôt que chenin, est l'orthographe ordi-
naire pour dernier mot – chenin semble même être inconnu en vieux fran-
ce
çais quoiqu'il soit employé siècle (Hatzfeld-Darmesteter, Dictionnaire, à
au XVIe
