Table Of ContentSpécificités du patrimoine architectural Méditerranéen //
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Specificity of the Mediterranean coastal architectural heritage
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Le bâti côtier entre patrimonialisation et appropriation
Boustil F.
Université SAADDAHLEB, Blida, Algérie
[email protected]
ABSTRACT:
The seacoast housing between patrimonialization and appropriation.
Through this contribution, we want to measure the incremental impact of the heritage property
management within the futuristic project of the minister of the habitat for the construction of 3
million homes by 2020.
We take as an example the case of the west seaboard of Algiers where housing dilapidation is very
advanced. The demolition solution was chosen because these sites will receive new housing under the
new five-year plan.
But this paper will highlight that the inhabitants of these districts are accustomed to live there and
insist to the status of heritage of these buildings.
We also ask a methodological question, that of the particular interest of studying a process of
revalorization of the coastal habitat, in order to minimize the expenses induced by its restoration.
Mots-clés : Patrimonialisation, Patrimoine colonial, Politique du logement, Ain Benian, Alger, Algérie.
1. INTRODUCTION
Habiter le patrimoine, lorsque ce dernier témoigne des difficultés sociales de notre époque est une
situation très particulière surtout s’il s’agit aussi de préserver des modèles idéologiques et de gérer
un problème social qu’on est fort loin d’avoir dépassé, comme celui de l’habitat populaire ou social.
Le bâti côtier en Algérie émerge de la prégnance et de l’actualité de cette question contre le
modernisme de l’urbanisme des années 1950 et 1960 et celles extrêmement positives de l’avant-
gardisme des vues des architectes ; à cela s’ajoutent les problématiques des utilisateurs de ce bâti, le
plus souvent engagés dans les préoccupations d’un présent écrasant et d’un passé engagé dans un
système de valeur non encore défini.
Notre terrain d’observation est la ville d’Ain Benian (ex. Guyot ville), située à 15 km d’Alger et à 54
km de Tipasa, qui se trouve dans le triangle formé par les trois grandes métropoles Alger-Blida-
Tipasa. Cette zone est caractérisée par la dégradation avancée des logements du bord de mer ainsi
que par la prolifération des masses d’habitats non planifiés.
Apprivoiser cet environnement, l’investir, l’habiter toute l’année ou le temps des vacances peut-être
vécu comme une source de servitudes.
De ce fait, l’appropriation de cet habitat se pose partant de deux postulats :
les contraintes imposées pour la restauration intérieure et extérieure face aux restrictions du
PAC (Plan d’Aménagement Côtier) ;
le choix de la patrimonialisation d’un héritage colonial afin de réguler les incessants
remaniements par remembrement, surélévation et percement des baies qui modifient
profondément les structures de ces habitations.
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2. APPROPRIATION ET LOGIQUE D’USAGE
Pour l’immense majorité des plus anciennes familles (originaires, néo ruraux, estivants habituels,
implantés d’avant les années 80), cet habitat correspond à un lieu de sociabilité ou des liens
familiaux, amicaux ou de rivalité plus au moins intenses unissent les uns aux autres. Mais depuis les
années 90, il a une nouvelle catégorie d’occupants, nommés les transitaires, qui occupent les
logements délabrés dans l’attente d’être relogés dans de nouvelles cités de logements sociaux.
Les anciens occupants les ont mis à l’écart du fait de leur comportement étrange (harcèlement des
voisins, vols, disputes, utilisation abusive des espaces communs tel que cage d’escalier ou terrasse,
etc.). L’appropriation des lieux par ces derniers correspond à un mode de consommation qui consiste
à résider dans un bâti colonial sans jamais chercher à lui donner une âme collective.
Tableau 1. Mode d’appropriation des groupes de résidents selon la logique d’usage (suivant souche étudiée).
Appropriation anciens contemporains isolés transitaires estivants professionnels
et logique d’usage
identitaire vivre habiter - -- - -
fonctionnelle - - résider - habiter exploiter
opportunisme - - - approprier - -
mercantile en force
collective vivre habiter résider -- - -
Selon les usages étudiés, l’appropriation résulte de constructions socioculturelles et historiques
différentes, qui révèlent que la notion de patrimonialisation n’englobe pas les mêmes dimensions
pour tout le monde de sorte qu’elle conduit à des usages et des modes de valorisation propres à
chacun.
Le premier exemple concerne les deux groupes les plus impliqués (anciens et estivants). Le fait qu’ils
développent simultanément des modes de vie et de réjouissances différents et qu’ils entretiennent
pour cette raison des relations conflictuelles, tend à mettre en péril l’identité du lieu.
Le second a trait aux attitudes développées par les professionnels quant à leur intérêt à tirer parti
financièrement du capital local alors que d’autres cherchent à préserver la qualité de leur vie
quotidienne loin de tout vacarme, d’encombrement d’espaces collectifs ou du manque de retenue
de certains touristes en période estivale.
Ces différences contextuelles montrent que la modification de la façon de s’approprier un habitat
sensé être patrimonialisé ne remet pas en cause cette valeur, par contre dès que ce dernier perd ce
symbole, sa valeur tend à s’estomper.
Figure 1. Le cadre bâti colonial face aux mutations contemporaines : surélévation et ouverture des baies, plage
El Djemila ex La Madrague.
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Figure 2. Forme d’appropriation de la façade maritime par les professionnels (restaurateurs, marchand de
glace, etc.).
2.1 Effets induits par l’appropriation et actions à entreprendre
Si le cadre bâti étudié est actuellement principalement occupé par les classes populaires, ça ne lui
empêche pas d’être férocement convoité par les promoteurs immobiliers en quête de terrain littoral
vierge où projeter équipements ou résidences de haut standing. Ces derniers pèsent sur toutes
décisions appuyant en faveur de la démolition des logements vétustes avec relogement des
personnes résidentes. On relève l’absence de stratégie pour contrecarrer ces débordements. Le
cadre bâti délabré présente encore des structures résistantes qu’on peut aisément rénover au lieu de
rebâtir.
Tableau 2. Les actions à entreprendre en fonction de la valeur pécuniaire du terrain
Etat des lieux Actions à entreprendre
Démolition et
Identifiant Bon état Vétuste Etat moyen Rénovation
reconstruction
Logement
x x
social
Equipement :
-marché
x
-école
x
-artisanat
x x x
-restaurant
x x x
-glacier
x x
-pêcherie
x x
Ces actions induisent des changements qui ont d’importantes conséquences sur le lieu dès lors que
ces identifiants ont une valeur collective et une dimension identitaire. Dans un tel contexte, les
conditions envisagées pour assurer l’entretien de ce patrimoine, son plein usage et sa transmission,
ou son effacement partiel ou total, sont tributaires des rapports de forces entretenus entre eux par
des groupes dont les intérêts sont contradictoires.
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3. IDENTIFICATION DES ACTEURS ET ENJEUX POLITIQUES ET SOCIAUX
La définition patrimoniale de l’habitat colonial est toujours ambigüe en Algérie. Pour certains
politiciens il est un atout pour un développement touristique du lieu qui fait bouger les investisseurs,
alors que d’autres ne lui accordent aucune valeur et prônent le recours à la parcellisation (après
démolition). Pour les habitants enfin, c’est un bien lourd à gérer puisque son entretien et sa
rénovation doivent obéir à des cahiers des charges très stricts.
Certains universitaires suggèrent de classer le cadre bâti d’Ain Benian patrimoine maritime et
paysager, même si le concept n’est encore guère en vogue dans notre pays, pour ne pas heurter les
sensibilités en déclarant le cadre bâti colonial en patrimoine.
En Algérie, c’est autour de la mobilisation des intellectuels et plus particulièrement des architectes,
des sociologues et des artistes que s’organisent à l’intérieur de certains cercles étatiques mais aussi
hors de ceux-ci, des prises de position en faveur de la préservation de ce cadre bâti maritime.
Ce positionnement intellectuel se réfère théoriquement à des valeurs scientifiques, esthétiques,
sociales et mnémoniques.
La mise en place d’un GPU (Grand Projet Urbain) en 1997 pour le grand Alger a éveillé chez les
habitants le doux espoir de voir leurs logements rénovés en leur état initial ; l’opération a bien
commencé et cette dynamique urbaine a donné naissance à la relance du débat public réunissant
différents acteurs où la justice a reconnu le délit d’atteinte au patrimoine.
La participation citoyenne à la gestion de la cité est devenue d’actualité même s’il elle n’est que
symbolisée par la présence d’un représentant de quartier dans les réunions communales décisives.
4. CONCLUSION
La patrimonialisation des lieux implique souvent des changements sociaux et le volontarisme des
décideurs qui doivent instaurer une politique patrimoniale pratique. Elle implique aussi d’ouvrir le
débat sur la valeur patrimoniale du bâti colonial au risque d’observer une évolution sociale disparate.
Il est indéniable que de participer à une construction réflexive en fonction de la réalité du terrain ou
à l’initiative des habitants révèle des pistes pertinentes à l’attraction d’une vie sociale cohérente et
des projets révélateurs de ressources potentielles.
Cette observation a été transmise avec données réelles au maire d’Ain Benian pour qu’elle serve de
support à toute décision du conseil communal.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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SEGAUD, M., (dir.), 1995, Espaces de vie, espaces d’architecture, Paris, PCA, coll. recherches n° 64.
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VAYSSIERE, B., 1996, Le logement social comme un patrimoine, Projet urbain° 9.
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Essai de morphologie urbaine pour la description comparative des
baies des villes d’Alger, de Marseille et de Naples
Chennaoui Y.
Laboratoire de recherches « LVAP : Ville- Architecture et Patrimoines ». Ecole Polytechnique d’architecture et
d’Urbanisme, Alger, Algérie
[email protected]
ABSTRACT:
An attempt to urban morphology for the comparative description of the bays of the cities of
Algiers, Marseilles and Naples.
The visual sequences composing urban image of Algiers is the synthesis of two ambivalent systems:
The dialectical relationship: geographical morphology versus urban typology is determined by
various geomorphologic incidents.
The definition of many and varied types of urban fabric, whose development was closely
dependent on the geographical nature of the bay.
Our study aims to distinguish between the local character and the general affinities of urban and
architectural models, which would merely emphasize its uniqueness among these Mediterranean
cities.
Mots-clés : Urbanisme, Paysage urbain, Analyse morphologique, Baie d’Alger, Baie de Marseille, Baie
de Naples
1. INTRODUCTION
L’espace Algérois est produit d’un ordre naturel – l’élément premier – sur lequel « l’ordre humain »
s’est imposé. La forme urbaine si particulière d’Alger résulte de la réalité géographique du site, issue
sans doute de plusieurs apports : topographiques, hydrographiques, paysagers et systèmes de
communication.
Deux questions méthodologiques ont défini la problématique de notre recherche :
Peut-on définir une typologie de séquences visuelles que recèle l’image de la baie d’Alger,
compte tenu de la grande diversité actuelle des formes bâties?
Quelle est la règle de composition de la structure globale de l’image de la baie d’Alger ?
Toute la littérature des trois dernières décades sur les ambiances urbaines tend à démontrer que la
morphologie urbaine est fondée sur les interdépendances structurelles entre : forme construite /
forme perçue / forme représentée. Notons que notre réflexion théorique et méthodologique sur ces
ambiances, s’est limitée à un aspect bien circonscrit du phénomène de la perception visuelle. La
perception inclut le critère de modalité morphologique du site et ses composantes font partie
intégrante du processus de formalisation de l’espace.
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Figure 1. Analyse séquentielle de l’image de la baie d’Alger (Chennaoui Y. 2001).
2. ESSAI DE MORPHOLOGIE URBAINE COMPARATIVE : ALGER - MARSEILLE - NAPLES
L’image de la baie d’Alger, malgré des ressemblances régionales parfois très fortes dérivant d’un
contexte physique et d’un modèle urbanistique historique commun, présente des caractéristiques
formelles et spatiales spécifiques. Saisir les affinités que partage Alger avec Marseille et Naples et
faire la part entre le caractère local et la diffusion des modèles urbanistiques et architecturaux, ne
reviendrait qu’à souligner sa particularité parmi les multiples cas d’espèces méditerranéens.
Vu l’espace limité qui nous est imparti pour cette communication et faute de couvrir par une
comparaison exhaustive toutes les étendues des territoires de ces trois villes, on se bornera à
évoquer seulement quelques exemples illustratifs.
Marseille, Naples et Alger, sont chacune issues d’un site naturel.
Marseille est au centre d’une cuvette, les monts qui la bordent sont franchissables. Les chaînes
calcaires qui se précipitent dans la mer forment des calanques bien protégées, mais isolées de
l’intérieur des terres (Atelier du patrimoine de Marseille 1986). Des quais du port jusqu’aux
contreforts d’une butte : c’est le domaine de la ville basse qui se configure en un tissu homogène
régit par un alignement de parcelles rectangulaires. C’est sous le second empire que Marseille se
dote de grands monuments à l’image de son opulence économique. Ainsi, pour son implantation,
Notre Dame de la Garde avait investi une situation culminante dans le site de Marseille. Les analogies
qu’elle partage avec Notre Dame d’Afrique d’Alger, dénotent de cet intérêt de l’époque pour faire
d’un tel monument une dominance architecturale dans le paysage urbain des cités.
Le milieu naturel de Naples présente trois structures physiques bien distinctes selon une direction
nord-ouest et sud-est parallèlement à la côte. Naples, accrochée à 17 mètres au-dessus du golf du
même nom, s’étend sur environ 10 km depuis les derniers contreforts des Campi Flegerei jusqu’au
Vésuve (Volcan éteint, 1279 m) (De Agostini, Novara 1989).
Naples avec son centre historique, tout comme Alger avec sa médina, s’est développée à travers les
siècles en se modelant au delà de son noyau originel médiéval, selon un schéma orthogonal, le long
de l’étroite bande de côte et sur les hauteurs, en exploitant au maximum les aires constructibles. Au
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XXe siècle, la congestion urbaine s’accentua par l’édification des quartiers de manufactures à
l’intérieur du périmètre urbain ; un cas similaire est le quartier du Hamma à Alger.
Naples, encore avec Alger, se développe de façon linéaire le long de la côte, cernée par les pentes du
Vésuve et son parc. Elle est entravée par des barrières très diverses : la ligne ferroviaire côtière, les
rocades et les zones industrielles.
Dans les deux cas, l’aire du front de mer, en sa partie urbaine centrale, se propose avec une
promenade littorale ouverte sur la mer ponctuée par des parcs, des squares et des équipements de
loisirs.
Sur ses hauteurs, Naples a dû exploiter au maximum les aires constructibles. Un funiculaire assure la
liaison entre la ville basse et les hauteurs de la ville. À Alger, le choix avait porté sur le téléphérique.
La zone de Capodimonte ressemble beaucoup par sa configuration géographique et urbanistique à
la forêt des bois des arcades du Hamma à Alger. L’intégration au site avait exigé un maillage
organique, épousant la nature abrupte du relief, d’où la nécessité d’aménager des rampes d’escaliers
venant à contresens des pentes, reliant la zone verte boisée à l’aire portuaire et à ses quais.
Ceci démontre pour ces trois cas que les modèles de planifications urbaines se ressemblent
fortement.
Au-delà des politiques communes de la construction des cités d’habitat social à Marseille et à Alger
durant les deux décennies des années 1960 à 1970 (Gangler A. 2001), et hormis le caractère
industriel de la région de Naples insufflé par des orientations politico-économiques qui datent
d’après la seconde guerre mondiale, l’industrialisation du bâtiment dès les années 1950, proposait
des modèles de paysages standards pour les grands ensembles construits en préfabriqués. Ces
entités urbaines sont devenues caractéristiques aussi bien pour Marseille que pour Naples et Alger.
Figure 1. Naples 1. / Figure 2. Marseille2.
Figure 3. Alger3.
1 http://www.larousse.fr/encyclopedie/ville/Naples/134742
2 http://www.laforet-immobilier-marseille.com/
3 http://www.econostrum.info/2-milliards-d-euros-pour-rendre-a-Alger-son-faste-d-antan_a8227.html
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