Langue française et parler bilingue au Burundi

170 Pages·2015·2.152 MB·French

by  Jacques Hatungimana

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Langue française et parler bilingue au Burundi
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Jacques Hatungimana
Langue française
et parler bilingue
au Burundi
Editions Modulaires Européennes
Collection IRIS
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À tous ceux et celles
qui aident à franchir les frontières linguistiques.
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Remerciements
Ce texte est une émanation de la thèse de doctorat défen-
due publiquement le 28 novembre 1997, à l’Université
catholique de Louvain. Il est donc redevable à plusieurs
personnalités ou institutions, qu’il serait impossible
d’énumérer, sans courir le risque d’oublier l’une ou
l’autre.
Je me permets cependant de signaler que la thèse a
bénéficié de l’aimable direction du professeur Michel
Francard et de la performante logistique du Centre de
recherche VALIBEL. L’encadrement a été assuré par
plusieurs professeurs, dont les figures de proue restent
Messieurs Jean-Marie Pierret et Luc Collès.
Je remercie également tous les services et les personnes
qui, dans la plus grande discrétion, ont permis le finance-
ment de cette recherche, complétant ainsi les efforts de
l’État burundais qui m’a offert la bourse d’études.
Je rends un hommage singulier au professeur Venant
Bamboneyeho, qui a su défendre l’idée que le Burundi a
autant besoin de sciences humaines que de sciences natu-
relles. C’est à cette source que je retourne chaque fois que
je travaille avec mon « frère » Salvator Nahimana et avec
mes amis du RIC (Réseau interdisciplinaire de chercheurs
burundais).
Je songe aussi aux compatriotes, qui ont rendu possi-
bles les enquêtes en m’offrant qui un vélo ou une voiture
pour le déplacement, qui le gîte ou le couvert, qui un peu
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de sa disponibilité. La liste est trop l ongue pour ê tre ra p-
portée ici. Je m’en voudrai s cepe ndant de ne pas ci ter le s
noms de Léandre Nshimiriman a et de Cani sius Cishaha yo,
ainsi que les familles d’Anselme Nyabenda, de Thaddée
Baracikebeye et de Rémy Nsabumuremyi.
Enfin, je ne peux ouvrir ces pages sans penser un ins-
tant à tous ceux qui auraient aimé y retrouver une parcelle
de leur legs : mon papa, Tante Concessa, ainsi que les
Abbés Paul Burire, Laurent Bihege, Charles Rusagabandi,
Michel Sinankwa et André Havyarimana. In memoriam.
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Préface
L’arrivée de Jacques Hatungimana à l’Université catholi-
que de Louvain, en septembre 1991, représentait pour son
équipe d’accueil, le centre de recherche VALIBEL, un pari
risqué à plusieurs titres. Outre un dépaysement matériel
et humain assez radical, le futur doctorant se voyait
confronté à des méthodologies de recherche et à des
orientations théoriques qui ne concordaient pas toujours
avec celles qu’il avait déjà acquises en tant que chercheur
confirmé à l’Université de Bujumbura. Quant à ses hôtes,
ils étaient conscients du chemin à parcourir pour épauler
la recherche doctorale de J. Hatungimana, eux dont
l’expérience concrète des métissages de langues se limitait,
pour l’essentiel, aux interférences des langues romanes en
Wallonie.
Rapidement, la dégradation de la situation au Bu-
rundi a représenté une épreuve supplémentaire pour
J. Hatungimana, dont les proches étaient restés au pays.
Même si cette situation a entravé l’écriture de la thèse, elle
n’a toutefois jamais été invoquée par le principal intéressé
pour différer les échéances de travail ou pour lésiner sur la
qualité de la recherche en cours. Source de solidarités
diverses, ce contexte a probablement favorisé la collabora-
tion scientifique entre des chercheurs néo-louvanistes de
plus en plus conscients du « confort » de leur situation et
de plus en plus proches de ce collègue du Sud auquel ils
ne pouvaient apporter qu’une aide limitée.
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Si je me permets d’évoquer ces circonstances diffi-
ciles, ce n’est pas pour les faire entrer en ligne de compte
dans la réception que le lecteur aura des pages qui sui-
vent : J. Hatungimana est resté, tout au long de sa recher-
che doctorale, extrêmement discret sur les difficultés — et
parfois même sur les drames — qu’il affrontait. C’est au
contraire pour mieux souligner le bonheur qu’a constitué,
en 1997, la défense de thèse brillamment réussie par
J. Hatungimana et qui se prolonge aujourd’hui par cette
publication. Chaque page a nécessité une somme
d’opiniâtreté et de courage face à l’adversité, mais ce n’est
que le filigrane du remarquable travail scientifique qu’il
nous est donné d’apprécier aujourd’hui.
Dans ce livre, l’auteur fait à la fois œuvre pionnière
et œuvre utile. Novateur, J. Hatungimana l’est moins par
un apport théorique (il s’est approprié la riche littérature
existante) que par le choix de son objet d’étude. Pour la
première fois, nous disposons de données illustrant les
pratiques linguistiques métissées de Burundais instruits,
c’est-à-dire pratiquant le kirundi, langue maternelle, et le
français acquis durant la scolarité. Pour la première fois
également, les matériaux recueillis appartiennent à un
corpus de grande envergure, constitué de 36 heures utiles
d’enregistrement, dont la transcription fine est encodée
sur support informatique. Pour la première fois enfin, ce
type de données est analysé par un Burundais, associant
sa compétence de locuteur et sa compétence de linguiste.
Des données recueillies et étudiées dans de telles
conditions sont donc extrêmement utiles pour la commu-
nauté scientifique qui y trouvera un matériau fiable pour
prolonger la recherche. Une communauté scientifique
composée à la fois d’africanistes, de francisants et de
spécialistes de la linguistique générale : l’imbrication du
kirundi et du français en contexte informel est illustrée et
analysée méticuleusement, depuis les plus petites unités
de la phrase jusqu’aux unités discursives, pour le plus
grand profit des spécialistes des deux langues ; mais
l’auteur n’hésite pas, sur certaines questions théoriques, à
remettre en cause les acquis d’études antérieures portant
sur d’autres cas de « parlers bilingues ». Et si certaines
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données peuvent donner lieu à des divergences d’analyse,
on saura gré à l’auteur d’avoir toujours eu le souci de les
rendre aisément accessibles à ses lecteurs, sans laisser dans
l’ombre des matériaux d’interprétation plus délicate — au
risque de porter le flanc à la critique.
Ce livre ne reprend pas la totalité des matériaux
présentés dans la thèse de 1997. J. Hatungimana avait
alors pris soin d’associer à son étude formelle celle des
attitudes et des représentations linguistiques des locuteurs
qu’il avait interrogés. Le parler bilingue, comme le mon-
trent à loisir les analyses qui vont suivre, est non seule-
ment un résultat, mais aussi un processus dynamique de
construction d’une interaction complexe entre locuteurs
plurilingues. Les discours épilinguistiques recueillis par
J. Hatungimana apportent un éclairage indispensable à la
compréhension des choix linguistiques des kirundiphones,
matériau qui mériterait, lui aussi, d’être porté à la connais-
sance d’un large public.
Se prolongerait ainsi le bonheur d’une rencontre, deve-
nue complicité linguistique et humaine, entre des cher-
cheurs, des locuteurs et leurs langues.
Michel FRANCARD
Professeur ordinaire
Centre de recherche VALIBEL
Université catholique de Louvain
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Liste des signes et abréviations
CLG : Cours de linguistique générale, de Ferdinand de
Saussure.
ed., éd. : éditeur(s).
F : femme
Exemples : F1118 est une femme dont les propos ont été
transcrits dans le corpus 11 ... F2107 appartient au corpus
21 ...
L0 : l’enquêteur
L1 : l’informateur (ou l’informatrice)
M : homme
MLF : Matrix language frame, dans la théorie de C. Myers-
Scotton.
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