La vie animale dans les sols

285 Pages·2014·9.73 MB·French

by  Bachelier, Georges

G. BACHELIER
LA VIE ANIMALE
DANS
LES SOLS
OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ET TECHNIQUE OUTRE-MER

OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE-MER
LA VIE ANIMALE
DANS LES SOLS
par
G. BACHELIER
Maître de recherches à l'ORSTOM
O.R.S.T.O.M.
PARIS
1963

"LA VIE ANIMALE DANS LES SOLS"
ERRATA
- page 3, ligne X., lire PTERYGOTES" au lieu de "PTERIGOTES"
- page 11, ligne 7, lire "Congo ex-Belge"
- page 12, avant dernière-ligne, lire "de nombreux insectivores (taupes), des rongeurs (rats),"
- page 155, lire "Mastigoproctus" au lieu de "Matigoproctus"
- page 157, ligne 6, lire "ZORAPTER~S" au lieu de "ZOROPTERES"
" " ligne 10, lire "PHASMOPTERES" au lieu de "PHASMOTERES"
" " 4ème ligne avant la fin, lire "THYSANOPTERES." au lieu de "TYSANOPTERES"
- page 167, dernière ligne, lire "Baker et Wharton" au lieu de "Barker et Warton"
- page 204, ligne 1, lire "néoténique" au lieu de "néothénique"
- page 221 et 225, lire "Odontotermes" au lieu de "Odontermes"
- page 234, lire "ORDRE DES LEPIDOPTERES"
- page 239; avant-dernière ligne, lire "cigales" au lieu de "grosses cicadelles"
- page 249, ligne 1, lire "Chilopodes" au lieu de "Chilipodes"
- page 263, avant dernier paragraphe, 2ème ligne, lire "clade autonome" au lieu de "clade
automne".
SOMMAIRE
PRÉFACE __________________ 5
AVANT-PROPOS _________________ 7
1. LA FAUNE DU SOL ____________ 9
11. LA FAUNE DANS L'ÉQUILIBRE BIODYNAMIQUE DU SOL 33
Ill. LES PROTOZOAIRES 51
IV. LES NÉMATODES 71
V. LES ANNELIDES 95
LES «VERS DE TERRE » (Lumbricidae, Megascolecidae, ... ) 102
LES ENCHYTRAEIDES 142
VI. RAPPEL DE SYSTÉMATIQUES _________ 151
VII. LES ACARIENS 159
VIII. LES COLLEMBOLES et autres insectes aptérygotes 179
IX. LES TERMITES ______________ 201
X. LES AUTRES INSECTES PTERIGOTES ET LEURS LARVES 227
XI. LES MYRIAPODES 243
XII. LES GROUPES SECONDAIRES 257
BIBLIOGRAPHIE ________________ 271

PRÉFACE
A l'époque où l'on rêve de vaisseaux cosmiques, de conquêtes de l'espace,
il peut apparaître singulièrement terre à terre de s'intéresser encore à notre planète.
Or c'est de la terre, de la simple terre, qu'il va être question dans ce volume,
et de son aspect le plus prosaïque, très précisément du sol. Pour extraordinaire que
cela puisse paraître, en plein vingtième siècle, le sol est encore l'un des milieux les
moins bien connus par les Naturalistes et par les hommes de Science en général.
Certes, la pédologie désormais classique a fait de grands progrès, de telle sorte que
la connaissance physico-chimique que nous avons des sols a rapidement progressé
au cours des dernières décades. A la suite des travaux de ['Ecole Russe fondatrice
de cette préoccupation, les pédologues des pays occidentaux ont amassé une
abondante moisson de résultats dont l'aspect synthétique prend corps dans les
cartes du sol actuellement en voie de publication.
Notons cependant que les connaissances précises ont une répartition géogra
phique extrêmement limitée. On ne connaît le sol, de ce point de vue, dans ses
grandes lignes, qu'en Russie, en Europe et en Amérique du Nord. Nous disposons
de monographies détaillées sur quelques secteurs privilégiés en quelques dizaines
de stations seulement de cette vaste zone géographique.
En ce qui concerne le reste du monde, et en particulier les vastes secteurs
tropicaux, des gens éminents s'en occupent, mais nos connaissances progressent
plus lentement. Notons toutefois les importants travaux sur la pédogénèse conduits
en secteurs tropicaux au cours de ces dernières années, principalement par l'Ecol-::
française, grâce aux merveilleuses bases de travail que sont, entre autres, les
Instituts de Recherches d'Adiopodoumé et de Madagascar.
Mais pourtant, oui pourtant, le sol est vivant. Tous les pédologues classiques,
depuis les origines de cette science, ont insisté sur le fait que le sol était le résultat
de l'activité de la biosphère. C'est d'ailleurs dans cet esprit que les recherches de
microbiologie ont avancé à pas de géant, grâce à des techniques bien mises au
point et parce que l'immense pouvoir de multiplication des bactéries produit
sur l'imagination un effet évident. Mais pourtant, aborder un peuplement naturel
en tenant compte d'un seul de ses constituants est reconnu par tous comme une
6
méthode fallacieuse. Or, il apparaît évident que les recherches sur la faune du sol
sont beaucoup moins avancées, malgré que quelques équipes, particulièrement en
France, en Autriche et en Hollande s'en soient occupé activement au cours dei
dix dernières années.
Nous avons mis en relief par ailleurs la grande importance biologique,
zoologique et évolutive du sol. Nous avons insisté sur les grandes lacunes de nos
connaissances, nous avons également démontré combien une bonne connaissance
de la biologie du sol aura un intérêt et une importance pour la fondation d'une
agrobiologie vraiment dynamique.
Il est évident que nous sommes actuellement seulement dans la phase d' explo
ration. Il faut acquérir, sur les différents groupes qui vivent dans le sol, des
renseignements qualitatifs, avec tout le travail systématique que cela implique,
des renseignements quantitatifs, avec toutes les opérations de comptage nécessaires
et en des stations aussi variées que possible. Il faut expérimenter sur la physiologie
des espèces dominantes du milieu, sur leur rôle spécifique dans la pédogénèse,
en choisissant des cas simples. Il faut prendre conscience du rôle des espèces,
même si elles sont rares, et de leurs qualités en tant qu'indicatrices de conditions
historiques originales.
Il y a là une somme de tâches importantes qui nécessitera au cours des années
qui viennent l'éveil de multiples vocations. Il faut, pour venir à bout de ce
programme, non seulement des chercheurs dans le sens le plus traditionnaliste
du terme, mais encore des bras pour effectuer le travail, c'est-à-dire des colla
borateurs techniques nombreux.
Et celà nous amène tout naturellement à souligner l'importance d'un livre
comme celui de Monsieur Bachelier. Ce livre ne prétend pas à autre chose qu'à
brosser un tableau rapide et néanmoins exact des grandes lignes du travail
accompli. Son dessein n'est pas de se noyer dans le détail, mais d'éveiller la
curiosité, et il le fait avec compétence, sur ce qui est actuellement connu. Tel
qu'il se présente, ce livre doit constituer un excellent outil d'enseignement qui sera
utile à tous les pédologues. Il permettra aussi, je l'espère, de susciter des vocatiow
parmi les biologistes qui n'auraient que trop tendance à croire, en toute logique,
que tout est déjà connu en ce qui concerne le sol. ]'espère que ce sera pour eux
une surprise de constater qu'il reste beaucoup à faire, qu'il y a matière à de
nombreuses thèses et à des travaux qui peuvent se faire au laboratoire, mais
aussi en pleins champs, en pleine nature, dans des contrées neuves qui se prêtent
particulièrement bien à l'appel de vocations ardentes.
C. DELAMARE DEBOUTTEVILLE,
Professeur à l'Université de Nancy.
AVANT-PROPOS
A la fin du xix• siècle quand apparut l'idée que le sol devait être considéré comme
une formation naturelle ayant son évolution propre, Dokuchaev affimait déjà qu'après le climat
et la roche-mère, c'était la flore et la faune qui constituaient le troisième facteur d'évolution
des sols; venaient ensuite la topographie et l'âge du sol.
Cette hiérarchie des cinq principaux facteurs de formation des sols (non valable pour
les sols transportés, érodés ou marécageux) reste actuelle, mais notre connaissance des divers
processus de la pédogénèse et du dynamisme des sols s'est depuis enrichie, et notamment
nos conceptions sur l'action de la flore et de la faune.
Longtemps, la décomposition des débris végétaux a été attribuée à des facteurs physico
chimiques; les réactions d'oxydation et d'hydrolyse étaient alors jugées suffisantes pour
déterminer l'humification et la minéralisation de ces débris. C'est à la fin du XIx• et au
début du xx•, sous l'influence des microbiologistes, qu'apparut peu à peu l'idée que la
destruction des débris végétaux était due à des microorganismes et que l'humification était
uniquement réalisée par les microbes (Waksman, 1927). Ce n'est enfin que beaucoup plus
récemment qu'on a admis que les animaux du sol, non seulement interviennent dans la
destruction des débris végétaux, mais encore influencent les processus d'humification.
A côté de cette action sur la dégradation des débris végétaux (et parfois en conséquence
même de cette destruction), les animaux modifient aussi les caractères physico-chimiques
des sols.
Charles Darwin (1840-1881) fut un des premiers à souligner le rôle des vers dans la
formation des sols, Müller vers 1880 s'jntéressa aussi à la faune du sol, puis vers 1930
plusieurs zoologistes choisirent le sol comme milieu de prospection plutôt que comme milieu
d'étude; le sol est, en effet, un excellent milieu de conservation des espèces animales car les
conditions microclimatiques y varient peu.
Ce n'est que vers 1940-1950, donc assez récemment, que l'intérêt se porta plus parti
culièrement sur le rôle de la faune des sols et non plus sur la zoologie descriptive des
systématiciens, cependant toujours nécessaire. Le travail de Bornebusch marque cette
époque. Aujourd'hui, dans le monde, de nombreux zoologistes et pédologues s'intéressent
à cette faune et en étudient le rôle dans la dynamique des sols.
Ce livre rédigé pour des pédologues essaye de donner un aperçu général de la faune
des sols, de son action, et de ses techniques d'étude les plus simples (1).
Gomme l'a écrit Delamarre Deboutteville : L'analyse physico-chimique, très géné-
ralement employée dans l'étude des sols, en détruisant toute vie, altère définitivement la
conception totale que nous pouvons avoir de ce sol si nous tenions compte de sa partie
(1) Le lecteur désireux d'avoir de plus amples informations sur les techniques de recherche utilisées en
Zoologie du sol peut se reporter à « Progress in Soi! Zoology » (cf. Bibliographie, Murphy, 1962).