Table Of ContentInstitut international   Terre des hommes 
des Droits de l’Enfant 
 
 
 
La situation des mineurs 
non-accompagnés en  
Suisse 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
En collaboration avec la Fondation suisse du Service Social International et 
l’Institut Universitaire Kurt Bösch 
 
 
 
 
 
 
Septembre 2003
La situation des mineurs 
non-accompagnés en  
Suisse 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Par : Aimé Wata 
Juriste, étudiant en Master en Droits de l’Enfant, IUKB Sion 
 
Avec la collaboration de : Flore Agnès Nda Zoa 
Juriste, stagiaire Terre des Hommes 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
En collaboration avec la Fondation suisse du Service Social International et 
l’Institut Universitaire Kurt Bösch 
 
 
 
 
 
 
Septembre 2003
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
TABLE DES MATIERES 
   
  Pages 
 
  Avant-propos  3 
 
1.  Pourquoi et comment partir de 
  chez soi  5 
1.1.   Les raisons de l'émigration  5 
1.1.1  Les raisons sociales et économique   5 
  a) La situation politico-sociale   5
  b) Accès à l'information   6 
  c) Déficience du tissu familial   8 
1.1.2    Les raisons psychologiques   9 
  a) Peurs, frustrations et désespoir dus au manque de perspectives professionnelles  9 
  b) Ambitions des parents  10 
1.2.   Les moyens de l’émigration  13 
1.2.1  Les organisations criminelles  13 
1.2.2  Le visa obtenu grâce à l’invitation d'un parent ou d’un ami  15 
1.2.3  Se faire passer pour l'enfant d'un diplomate voyageant  
  ou se trouvant à l'étranger  15 
   
2.   Le séjour en Suisse : L'asile ou la clandestinité  16 
2.1.  L’asile  17 
2.1.1  Passage obligé ou non ?  18 
2.1.2  Statistiques et pays d'origine des MNA déposant la requête d’asile en Suisse  21 
  a) RAMNA ayant déposé une demande d'asile entre le 01.01.02 et le 31.12.02  21 
  b) Evolution de la situation des RAMNA  24 
2.1.3  Statut du RAMNA dans la procédure d’asile  25 
  a) La détermination de l'âge  25 
  b) Le statut juridique du RAMNA pendant la procédure d'asile  28 
  c) Les mesures de protection du RAMNA pendant la procédure d'asile  30 
2.1.4  Le déroulement de la procédure d'asile  35 
2.1.5  Situation du RAMNA en cas de renvoi et de non-exécution du renvoi  36 
2.1.6  Aperçu de quelques pratiques cantonales  39 
  a) Genève  39 
  b) Zurich  42 
  c) Vaud  42 
  d) Bâle  42 
  e) Valais  43 
  f) Berne  43 
2.2.  La clandestinité  44 
2.2.1  La problématique de l’Untertauchen   44 
2.2.2  La clandestinité pour les enfants ne déposant pas de requête d'asile  45 
2.3.  Les mesures de prise en charge prévues pour les MNA clandestins   47 
 
3.  La délinquance et le MNA  50 
3.1.  Quelques causes  50 
3.1.1  La présence des organisations criminelles   50 
3.1.2  Le manque d’occupation  54 
  1
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
3.1.3  Les besoins financiers  56 
3.2.  Quelques aspects  57 
3.2.1  Le trafic de stupéfiants  57 
3.2.2  La prostitution  58 
3.2.3  Le vol  58 
3.3.   La justice des mineurs  59 
3.3.1  La justice suisse des mineurs  59 
3.3.2  Problèmes posés par les mineurs migrants  60 
3.3.3  Problèmes posés par les MNA  60 
 
4.  Quelques solutions  61 
4.1.   Dans le pays d’origine  61 
4.2.  Dans le pays d’accueil  62 
 
Conclusion  63 
 
Bibliographie  64 
 
  2
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
AVANT-PROPOS 
 
Depuis la ratification quasi-universelle de la Convention des droits de l’enfant de l’ONU du 
20 novembre 1989 (CDE), les Etats cherchent à mettre en oeuvre leurs engagements dans ce 
domaine, ce qui ne s’avère pas toujours aisé en pratique. En l’occurrence les grands principes 
de la CDE, dont la non-discrimination (art. 2), l’intérêt supérieur de l’enfant (art. 3), le droit à 
la survie et au développement (art. 6) et le droit d’être entendu (art. 12) se heurtent parfois à 
des intérêts divergents et des réalités sociales difficiles à gérer. 
 
C’est notamment le cas face aux migrations et aux politiques d’asile où l’on est amené à se 
poser la question du respect des droits de l’enfant. 
 
La migration est définie comme un transfert passager ou durable du lieu de vie au-delà des 
frontières. Son processus comporte plusieurs phases, entre la décision de départ, le transit, 
l'arrivée et l'intégration dans le nouveau pays ou le retour au lieu d'origine.1 Contrairement 
aux idées reçues, la majorité des migrations se fait entre pays émergeants.2 Cependant, le 
phénomène affiche partout des courbes ascendantes et ceci plus particulièrement vers les pays 
riches en raison des disparités économiques. Tous les jours, des milliers d'immigrants en 
provenance d'Afrique, d'Asie ou d'Europe orientale affluent entre autre vers l'Europe de 
l'ouest. 
 
Si les migrations "traditionnelles" ont souvent concerné les adultes et les familles, il n'est pas 
rare aujourd'hui que des enfants voyagent seuls, à savoir sans référent parental. Certains 
auteurs utilisent la notion technique de "mineurs isolés" tandis que la littérature et les textes 
légaux emploient plus communément les notions "d'enfants non accompagnés", de "mineurs 
non accompagnés" ou d'"enfants séparés". 
 
Selon la définition du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), "un 
enfant non accompagné est une personne âgée de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité 
est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable, qui est séparée de ses deux 
parents et n'est pas pris en charge par un adulte ayant de par la loi ou la coutume, la 
responsabilité de le faire". 
 
La terminologie varie entre les Etats, par exemple en ce qui concerne le cercle des personnes 
accompagnantes, ce qui va entraîner de sérieuses différences dans la protection qui sera 
accordée au mineur. Et pourtant, ces enfants migrants fuyant peut-être des persécutions, 
parfois  victimes  d’exploitation  ou  répondant  à  l’espoir  de  construire  une  vie  meilleure, 
peuvent se retrouver dans des situations de vulnérabilité extrême. 
 
Ce travail, comportant 4 parties, se penche sur le parcours des enfants qui arrivent en Suisse 
sans leurs parents. Sans être exhaustif, il a pour objectif d’informer toute personne concernée 
sur la situation et de susciter des réflexions, des collaborations et des solutions adaptées. 
 
La première partie présente les raisons du départ des mineurs de leurs pays d'origine et les 
moyens qu'ils utilisent pour rejoindre la Suisse. 
                                                 
1 Voir dans ce sens Minh Son NGUYEN, Droit public des étrangers, Présence, activité économique et statut 
politique, Staempfli Editions SA Berne 2003, p.21.  
2 Voir dans ce sens NGUYEN, op.cit., p.22. 
  3
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
La deuxième partie traite du dilemme auquel doit faire face le mineur à son arrivée en Suisse 
entre le dépôt d’une requête d’asile et la vie dans la clandestinité. 
 
Dans la troisième partie est abordée la question de la délinquance pour ces jeunes étrangers et 
la réponse que peut leur donner la justice suisse des mineurs. 
 
Enfin, la quatrième partie propose quelques idées à prendre en compte dans la recherche de 
solutions dans les pays d'origine comme de destination, en respectant l’intérêt supérieur de 
l’enfant, de tous les enfants. 
 
La rédaction de ce rapport a été assurée par M. Aimé Wata pour le compte de L’Institut 
international des Droits de l’Enfant (IDE), en collaboration avec Mlle Flore-Agnès Nda Zoa 
du secteur des droits de l’enfant de Terre des hommes(TdH. Une première étude des aspects 
factuels et légaux en Suisse et en Europe avait été menée par M. Patrick Moser en 2002 dans 
le cadre de la campagne internationale contre le trafic d’enfants lancée par la Fondation 
Terres des hommes, relevant l’ampleur que la question des mineurs isolés en provenance des 
pays d’Europe de l’Est, de Chine et d’Afrique noire tend à prendre dans les pays occidentaux. 
 
La démarche a, notamment, consisté à rencontrer et à écouter par téléphone des personnes 
expérimentées et actives dans le domaine de l’asile ou dans la prise en charge des mineurs 
étrangers,  en  particulier  en  Suisse  romande.  En  outre,  il  est  fait  référence  à  plusieurs 
publications en la matière, ce qui permet une confrontation entre théorie et pratique. 
 
 
Lausanne et Sion, septembre 2003 
 
 
 
 
Paola Riva Gapany, juriste, LLM, IDE 
Sylvie Marguerat, juriste Tdh 
 
  4
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
1. POURQUOI  ET  COMMENT  PARTIR  DE  CHEZ  SOI 
 
1.1.  Les raisons de l’émigration 
 
Les enfants séparés peuvent être en quête d’asile par crainte de persécution, par manque de 
protection pour cause de violation de droits de l’homme, en raison d’un conflit armé ou d’une 
agitation  dans  leur  propre  pays.  Il  se  peut  aussi  qu’ils  soient  victimes  d’un  réseau  de 
prostitution ou d’une autre forme d’exploitation ou qu’ils décident de partir pour échapper à 
de grandes privations. 
 
Les raisons de l’émigration des mineurs non accompagnés sont donc multiples. Elles peuvent 
s’entremêler et souvent s’entremêlent. Il convient de préciser que dans les procédures d’asile, 
les principaux motifs allégués sont les crises politiques, les guerres civiles et religieuses, les 
conflits ethniques, la persécution ou la discrimination des minorités. 
 
Nous avons regroupés les causes en deux catégories : 
•  les  causes  sociales  et  économiques  qui  sont  l’ensemble  des  contraintes  liées  à 
l’environnement  familial,  local,  national  du  mineur,  et  qui  rendent  difficiles  ses 
conditions matérielles d’existence. Le mineur n’a pas de contrôle sur elles mais elles 
déterminent sa décision ou celle de ses parents de le pousser à partir à l’étranger. Il 
s’agit  généralement  de  la  situation  politique  instable,  des  guerres  civiles,  de  la 
persécution des minorités. 
•  les raisons plus psychologiques touchant à l’état d’esprit du mineur ou de ses proches, 
telles que la frustration, la peur découlant du manque de perspectives, l’ambition des 
parents, etc… Elles sont influencées par les causes socio-économiques. 
 
1.1.1 Les raisons sociales et économiques 
 
a)  La situation politico-sociale (guerres civiles, conflits ethniques, embargos) 
L’insécurité généralisée dans tout ou partie d’un pays, ou tout simplement les tensions 
internes, sont une cause majeure de mouvements des populations qui décident alors de 
quitter leur domicile en quête d’un lieu plus sûr. Leur souci est de se mettre à l’abri du 
danger. 
 
Les  premiers  dangers  sont  les  agressions  dirigées  contre  l’intégrité  physique :  les 
assassinats, la torture, le viol, etc. Dans certains cas individuels, sans qu’il y ait de conflit 
ouvert, l’Etat ne parvient pas à assurer la protection de ses ressortissants menacés par leurs 
concitoyens, par exemple en raison des déficiences d’un système judiciaire, de la corruption 
ou de valeurs culturelles contraires, notamment quant au statut de la femme… 
 
D’une part, les conflits armés ont changé de nature pour se dérouler aujourd’hui à l’intérieur 
des frontières avec des acteurs dont les motivations ne sont pas toujours claires. D’autre part, 
les  attaques  sur  les  civils  et  sur  leurs  biens  ne  sont  plus  une  conséquence  indirecte  et 
involontaire de la guerre mais une stratégie bien établie. Et comme l’affirme la directrice de la 
division de la protection internationale au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les 
  5
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
Réfugiés (HCR), les attaques sont alors lancées de manière intentionnelle sur les civils pour 
les forcer à quitter leurs maisons et à abandonner leurs propriétés.3 
 
Dans ces conditions, il n’est plus nécessaire de se sentir personnellement visé pour quitter 
son domicile. C’est ainsi qu’en plus des activistes politiques identifiés comme tels ainsi que 
leurs familles, qui ont toutes les raisons de craindre pour leur vie et leur liberté, des citoyens 
anonymes peuvent se sentir également dans l’obligation de quitter leur domicile.  
 
Il en est ainsi particulièrement lorsqu’on considère par exemple que la plupart des guerres 
civiles qui se déroulent sur le continent africain ont une connotation ethnique. Une personne 
peut ainsi se trouver en danger même sans activité politique connue mais par le simple fait 
de son appartenance à une ethnie, appartenance aisément identifiable par son apparence 
physique, les traits de son visage ou la consonance de son nom.  
 
Dans ce contexte incitant bon nombre d’êtres humains à fuir, les enfants se trouvent vite 
être parmi les plus vulnérables. 
 
Par  ailleurs,  les  situations  de  guerre  et  de  troubles  internes  ont  également  comme 
conséquence la destruction du tissu social et économique et la désorganisation des structures 
de production et de distribution, plongeant les populations civiles de la région concernée 
dans la misère et l’extrême pauvreté. 
 
Il a, par exemple, été constaté que la plupart des victimes civiles des guerres internes ne 
meurent pas directement du fait de la guerre mais de ses conséquences indirectes comme la 
maladie et la famine.4 Dans ces conditions, les sanctions internationales imposées aux 
belligérants n’en compliquent que davantage les conditions de vie des populations. 
 
Quant aux mineurs en temps de guerre, certains quittent leur domicile pour partir avec des 
connaissances ou en compagnie des familles amies. S’agissant de la fuite, elle se fait 
souvent par cercles concentriques. Il y a des civils qui décident de rester sur place, d’autres 
qui quittent les zones de combat pour aller trouver refuge dans une partie du pays ou qui 
traversent la frontière pour aller se réfugier dans les pays voisins ; certains enfin continuent 
leur route jusque dans les pays occidentaux d’Europe ou d’Amérique. Dans le chaos et dans 
l’urgence de ces départs, il n’est pas rare que les enfants se trouvent séparés de leur famille. 
Dans la débandade générale, ils ne savent pas le chemin pris par leurs membres leur famille 
et leurs proches. Ils deviennent des mineurs non accompagnés déplacés à l’intérieur de leur 
pays ou réfugiés sur le territoire d’un pays étranger. 
 
b)  Accès à l’information (médias donnant une image idyllique de l’occident) 
La décision de partir en Occident peut également être la conséquence d’une information 
tronquée sur la réalité de la vie dans le pays de destination et le difficile parcours d’un 
requérant d’asile. 
 
                                                 
3 Erika Feller, International refugee protection 50 years on : The protection challenges of the past, present and 
future, in Revue internationale de la Croix-Rouge, septembre 2001, vol. 83, p.587 
4 En 2002 on dénombrait à l’Est de la RD Congo environ 2 millions de morts en quatre ans de guerre civile, 
victimes essentiellement de la famine et des maladies (L'Afrique meurtrière : Guerre civile au Congo, ARTE, 
Thema 29.07.2003 ,copyright ZDF 2003) 
  6
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
En Afrique par exemple, dans tous les milieux, en particulier parmi les jeunes, est répandue 
la croyance que l’Occident est l’endroit où coule le lait et le miel. La tentation est alors 
grande de ne pas affronter les difficultés sur place pour trouver des solutions aux problèmes 
qui se posent mais d’aller en Occident où tout est possible et la vie meilleure. 
 
Les médias ne jouent pas un rôle anodin : la télévision et la radio montrent en général de 
l’Europe  un  visage  attrayant,  la  nourriture  abondante,  les  routes  bien  faites  et  bien 
entretenues, les moyens de transport en commun et individuels accessibles à tous, des 
habitants heureux et en bonne santé, un système scolaire sans grève, du travail pour tous, 
des sportifs fortunés, des vêtements, y compris ceux de marque, en quantité et à la portée de 
chacun.  
 
La réalité de la vie quotidienne n’est pas transmise; les difficultés du périple de migrant, 
l’isolement et la solitude, les difficultés du marché de l’emploi, le chômage, la pauvreté 
parmi  les  "riches"...  Et  comme  le  souligne  le  rapport  d’information  de  l’Assemblée 
nationale française sur les diverses formes d’esclavage moderne : "Les médias contribuent 
également à créer une image irréaliste de l’Europe de l’Ouest, en diffusant l’image d’une 
société idéale et prospère où la vie est meilleure. Au contraire, dans certaines régions, le 
manque cruel de possibilités de s’informer joue également un rôle déterminant. Dans les 
zones  rurales  de  Moldavie,  où  l’électricité  est  coupée  presque  chaque  jour,  où  les 
informations  écrites  et  audiovisuelles  n’arrivent  qu’au  compte-gouttes,  comment  faire 
savoir que le monde occidental n’est pas vraiment l’Eldorado auquel ces jeunes veulent 
croire"5 
 
Il  n’est  pas  inutile  de  relever  le  cas  particulier  des  sportifs.  La  vue  dans  les  médias 
occidentaux de la réussite des jeunes footballeurs évoluant dans les championnats européens 
encourage aussi d’autres jeunes à tenter leur chance à tout prix. C’est ainsi par exemple que 
des sportifs d’Afrique noire en compétition officielle au Maghreb ne reprennent pas l’avion 
pour retourner dans leur pays à l’issue de la compétition et choisissent la clandestinité pour 
tenter de rejoindre l’Europe par leurs propres moyens. Ils espèrent y briller de la même 
manière, sans savoir qu’à côté de cette infime minorité dans la lumière, des centaines 
d’autres ont sombré dans la clandestinité et les petits boulots.  
 
En dehors des médias, les membres de la communauté ethnique déjà établis en Europe 
propagent aussi des idées inexactes sur leur vie d’exilés.6 Les récits qu’ils font de leur vie 
sont embellis à souhait pour fasciner ceux qui sont restés au pays. Et lorsqu’ils y sont en 
visite l’étalage de leur réussite apparente (les vêtements de marque, la quantité et la qualité 
des biens rapportés) finissent de convaincre ceux qui n’ont pas encore tenter l’aventure 
occidentale. 
 
Ces membres de la communauté nationale vivant déjà en Occident se portent volontaires 
pour soutenir dans leurs démarches et lors de leur arrivée à destination, les amis, les 
membres de famille et les jeunes du quartier qui voudraient les imiter.7 Le choix de la 
                                                 
5 Assemblée nationale française, "Rapport d’information déposé en application de l’art. 145 du Règlement par 
la mission d’information commune sur les diverses formes de l’esclavage moderne". 
6 Tel est notamment le cas des filles exploitées sexuellement. 
7 "Comme les flux migratoires se développent aussi très souvent en raison de l’attrait que les migrants exercent 
sur  leur  entourage,  les  nouveaux  immigrés  sont  rejoints  par  des  proches,  créant  d’importantes  filières 
d’immigration. " Marcello Valli : Les migrants sans permis de séjour à Lausanne, mars 2003, p.18. "Par ailleurs, 
toute diaspora africaine qui s’établit longuement dans un pays européen suite à un conflit armé attire à soi des 
migrations secondaires et des demandes d’asile fondées de même origine, même des années après la phase aiguë 
  7
La situation des mineurs non-accompagnés en Suisse 
Suisse comme pays d’asile peut donc s’expliquer aussi par ce rôle d’attraction que jouent 
les nationaux déjà présents dans le pays.8 
 
S’agissant de l’Afrique en particulier, la musique porte aussi l’image idyllique de l’Occident 
et participe à la fascination. Dans de nombreux pays en effet, la musique a une forte 
influence  sur  les  jeunes.  Les  musiciens  qui  sont  des  stars  et  des  faiseurs  d’opinions, 
entretiennent le mythe de l’Occident dans leurs chansons en vantant leur séjour à Paris, 
Londres, Bruxelles, Genève, etc. Et les jeunes qui les imitent y compris dans la façon de 
marcher, de parler et de s’habiller sont encouragés dans leur volonté de partir à tout prix 
pour prendre part à cette vie d’abondance et de luxe.9 
 
Il est sans doute utile de rappeler que la convention de 1969 relative aux réfugiés applicable 
sur le continent africain reconnaît automatiquement la qualité de réfugié à toute personne 
qui a quitté son pays pour échapper à la guerre ou à des troubles généralisées, sans que cette 
personne  ait  à  prouver  nécessairement  la  menace  de  persécutions  dirigées  contre  elle 
particulièrement.10 Il est possible que la tendance des ressortissants africains sollicitant 
l’asile en Europe à s’attribuer une nationalité d’un pays en guerre soit motivée en partie par 
l’espoir que cela suffira pour obtenir le statut de réfugié. En tout cas cette auto-attribution 
empêche l’exécution du renvoi en vertu du principe de la non-exigibilité.11 
 
Un  dernier  volet  relatif  à  la  question  de  l’information  disponible  concerne  les 
représentations  diplomatiques  et  consulaires  des  pays  occidentaux  dans  les  pays 
d’émigration.  Les  informations  sur  le  séjour  éventuel  d’un  étranger  en  Europe  sont 
essentiellement  de  nature  touristique  vantant  les  paysages  magnifiques  et  la  bonne 
disposition  des  autochtones  à  l’égard  des  étrangers.  Il  n’y  a  pas  d’information  sur  la 
condition des migrants, le statut, la loi applicable, etc...  
 
c)  Déficience du tissu familial (parents décédés, familles séparées, rupture du lien) 
La crise économique et sociale qui frappe la plupart des pays pauvres a des conséquences 
non-négligeables sur les familles. Les contraintes économiques et la précarité ont créé une 
instabilité dans les liens familiaux. La solidarité de jadis n’est plus qu’un lointain souvenir. 
Les enfants qui ont perdu leurs parents dans la guerre ou la maladie ne peuvent plus 
compter sur leur famille et sont obligés de se débrouiller tout seuls. Les veuves et les 
orphelins ne peuvent compter sur les institutions étatiques pour les protéger. Là où elles 
existent, ces institutions sont trop faibles et le personnel peu formé. 
 
                                                                                                                                                         
du conflit" : Jörg Frieden : L’Afrique en Suisse :asile et migration. Eléments d’analyse et de politique, Berne 
2002, p.2 
8 "Dans chaque cas, qu’il s’agisse de migration ou de protection, la diaspora résidente joue un rôle d’attrait et 
d’accueil significatif. " Jörg Frieden, op. cit., p.1 
9 En 1997, le CICR a lancé une campagne de sensibilisation à la non-violence en Afrique et a associé à ce projet 
des musiciens connus (Youssou N’Dour, Papa Wemba, Lucky Dube, etc) en leur demandant de faire un disque 
(So Why ?). 
10 Le terme "réfugié" s’applique également à toute personne qui, du fait d’une agression, d’une occupation 
extérieure, d’une domination étrangère ou d’événements troublant gravement l’ordre public dans une partie ou 
dans la totalité de son pays d’origine ou du pays dont il a la nationalité, est obligée de quitter sa résidence 
habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à l’extérieur de son pays d’origine ou du pays dont il a la 
nationalité. (art.1,2 convention de l’OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en 
Afrique) 
11 art 14a,4 LSEE. Sur ce sujet, voir infra p.38 sur la non-exécution du renvoi. 
  8
Description:des musiciens connus (Youssou N'Dour, Papa Wemba, Lucky Dube, etc) en leur demandant .. catégorie particulière d'étrangers prévue par la LAsi.