La nouvelle fortification

240 Pages·2014·16.256 MB·French, Latin

by  Goldmann, Nikolaus

LA
Nou-velle
FORTIFICATION
. De
~ICOLAS GOLD~.
ALEIDE$ .
~e21es ELSJW:tE1tS;
J.o+5·
BIBLIOTECA
A SON A L T E SSE.
~DEL EXCMO.
SENOR l\lARQUES
DE ASTORGA.
LE TRESILLVSTRE 'PRINCE ET SEIGNEVR,
110NSEIGNEUR
FREDERIC HENRY,
PAR LA GRACE DE DIEU PRINCE D'ORANGE,CONTE
DE NASSAU, CATTENELLEBOGUE, VIANDE , DIETZ,
LINGE ,MOERS, TONNERRE, PONTYEVRE , CHARNY
•
BURE , LEERDAM, &c. MA'RQVIS DE LA VERE ET DE
FLESSINGVE: SEIGNEVR ET BARON DE BREDA, DE LA
VILLE DE G,RAVE,ET DV PAISDECVYCK,DIEST, GRIM
BERGVE, HERSTAL, CRANE'NDONCK, WARNESTON.
ARLAY,NOSEROY, ARGVEIL, CHASTEAVBELIN, CHA-
STEAVGVYON,ORBE,GRIGNON, MONTFAVCON)ROV.
GEMONT,ROLLENCOVRT, LES BAVX S.VYT DOES.
:J J
BOVRG, POLANE ,WILLEMSTAD , NYERVART, YSEL
s.
STEIN, ~1ARTENSDYCI(, GERTRVDEBERGVE, CHA
STEAY-.R.EGNARD,DE LA HAVTE ET BASSE SWALVVE,
N AELDVIC, GRAVESANDE, &c. VICONTE HEREDITAI•.
RE D'ANVERS ET DE BESANCON. MARECHAL HERE
DITAl.RE DE HOLLANDE: GOUVERNEVR, CAPITAINE
GENEP,AL,ETAMIRALDES PROVINCES VNIES DVPAIS
BAS,CHEVALLIERDE L'ORDREDE LAJARRETIERE,&c.
M
ON SEI GNE U R,
E £era une chofe, laquelle £emble meriter Ie blafine
de tout Ie monde, que d'o[erpre[entera VoftreAI..
.~-....-..",~ tdfe un livre de Fortification, de Iaquelleles plus
~ ~ excellentes fortereifes du monde font efte li peu
.. dbmees, qU'on les a veu ferendre) devant que Ie
bruit de leurGege peuft arriveraux Provinces dhangeres. MeG
lhes les places qui avoientla reputation, parIa propre confelIion
del'ennemi,d'dheimprenables/efontrenduesenpeude femaines,
pouraugmenter Ie nombre des res triomfes; & pour monftrera
tout
, T 2.
D
E DIe A T ION.
toutIemonde,qu'iln'y arien de Gfort, qui ne cede auxefforts de
VofireAlteffe. Onme reprochcra done p~t~efire que mes for
tifications fur Ie papier ne kront rien efiimees d'un Efprit rcleve
pardeffusIerefte des hommes, & qui n'efiaccoufl:ume de voir au
cune fortereffe ou place imprenable, quepourfaire voir qu'die
D'ell: pas invincible, mais en peu de jours monll:rer Ie contraire,
& abbailfer un orgueil fi glorieux. II faut bien que jeconfdle de
D'avoirque refpondre atelle objeCtion: routesfois ilme fouvient,
quel'invicibleRoy des animaux,monftrantfarigueuratout cequi
a
s'oppok (on puilfant effort, k monfire quant au refl:e doux &
gratieux atoutcequi s'abbaiffe devantks pieds. NOils avons affez
veu querienne pouvoit reGfl:eraVoftre Altdfe, ains que tout ce
quis'y efioppofe, aefie brifecomme.leverre, c'eft en quoy nous
lavoyons epandre[on eclat par [outIe mande: mais aulliceux qui
luyfontdes[oumiL!ions, & ceux qui luy temoignentdel'obeiffan
ce, [ont tousjours traittes avecnne gratieu[edouceur. Etprinci
paIementa-on veu Vofl:re Alte.lfe avoir tousjours en honneur Ies
bons efprits; ce qui nous donne a reconnoifl:re une fouveraine
PrudencemarieeavecunCourageinvicible enIa GrandeurdeVa
Ie
fire Perfonne. Carfesglorieuxfaits d'armes ne pourront mieux:
immortalikr, quepar les bans efprits,lefquels en feront Ierecit a.
lapofterite de tauslesGecles a venir. Nonpas que je me veuille,
ny me puiffe mettre aunombredeces banse[prits, mais fay kuIe
ment takhedefaireman poffibIe, pourne paroifl:reignorant~out
a a
fait;& prelCnceicy, Vofhe AltefIe,un petittraitte,quicommen
ceIaoules maiftresde fortification ant ceKe:mais telquefait cet
ouvrage, s'il efi bien receu de Vofire Alteffe, jenedouteray pas,
qu'il n'en acquiere une reputation eternelle. C'efl: pourquoy je
me jet~e auxpieds deVofire AlteIfe,lafupplianttreshUlublement,
d'avoirce petitreuvreenrecomnlendation; &croyeque{i tout ce
qui s'ytrouven'eftpas dignede Voftre rei!gratieux, au moins la
peineinfupportable, Iaquellej'yay prifeunIufireenrier)touchera
Iecreurde Vofire Grandeur, & donnera queIque efperance deIe
a
cours fonauteur; lequel nedeGre rien avec plus de paffion) que
d'avoirlebonheur,d'eHre toutefa vie,
MONSEICN~VR
DeVoftre A L T E 5 SE
tres..hllmble&tres-obeiffintflrvitcnr,
NICOLAS GOLDMAN.
P R OE M E.
a
~ A fa?riqu~ des villes, fil'onrega~de fin
ventlon,n eitpasnouvelle,oy fralchement
inventee; toutaurebours ellea commence
avec Ie premier fiecle d~ lTIonde. POllr
nousalfeurerd'un certainauteur, nOllS ne
~ trouveronspointde plus ancien queCain,
lequel poulle duremords de fa mauvai[c
con[ciepce, combleed'une crainte conti
nuellepourl'affaffinatde{onfrere, aeIl:eIe
~ ...~~ ~ premier, quientourafa ville d'un enclos:
a
~ ~~~~--~- ~ mais pourcelaon ne reprochera pas l'ar-
r
~ .' ~. chitectureque auteurfoitalfaffin;car il ell:
fouvantesfois, que les plus mechants ontCOlltrouve des inventions admi
a
rabIes, & beaucoup profite leur pofterite. Ainfi nous avons veu queles
mauvai[escoufiun1es, & les forfaits ontengendredebellesLoix; Ainfi les
J
Enlpiresontcommence deNimrod,cegrandchalfeurd'hommesinon tou
tesfois fansepandrebeaucoupdefang. Etneantlnois, les bonnes loix, &
les empires,{cronttousjoursenluH:re, ny nemanquantpas deduree, d'au
tant quelaMajeftedivine les a efrablis & lesmaintiendra tousjours , ala
chargequela jufl:iceyfait con[crvee avec une rigueurconv~nable. Enla
a
premiereliberte des hommesil n'y avoitcrainteaucune, quiles obligeaft
chercherlesabrys, & fen1ettreenaucunecloifiure; lacraintevel1antapres
a
Ie criole,elle efleIacau[ede(e defierdu reftedesvivans,&de s·enfermer
enunepri[onvolontaire. Mais telle fa~C?n de baltira elte, fansdoute, fort
grofliere, comn1e nous voyonsfe faireordinairement,queIesinventionsne
feCOl1duifentjamaisall plushautpailltparleursinventeurs.Etpourdire ce
quej'en penCe, je.netiendray pas eela pour la premiere epreuvedefortili
catipn)dtautantqlleIemonde n'eftoitpasfiavance, quede pouvoirdonller
desarmees, & [rairerlesarmes avec quelquedexterite: c'efioit plultofi: une
haye, pourfegarderdes belles, qu'une fortification, pourrefilteraJaforce
des11ommes. Maisnousconfefferons tresvolontiers, que cettefcience fl1e
iIlvelltee,peu~pres queIe monde renouvella faface, quiavoit efr6 noyee&
a
plongee quelque telnps en un abifme d'eaux: ce qui {era bienay{e de
Ie
nl0n!l:rer, enprenantgarde auxchofes qui pafferentalors. Car la guer..
a
re commel1ca s'e[cllauifer furieufement en cefieclela; apres plufieurs
grandscarnages elle porta les pri[o11s& la(ervitudequand& foy. Les hom
a
mes ayans donetrouve uneterreabondante & fertile, ils commel1cerent
baftir une tour,ou plufl:ofi:unchafteau,avecunecitte,laplus fuperbe,qui [e
peufl: voir:laquelle fut en aprestousjoursIe tranede l'empire, & laprinci
a
pale fortere£Ie d'iceluy. LaquellefabriqueDOllS prendrons plusjufl:esrai
fo)~s pourIa premiereFor~ification. & pourIe commencement.decet art.
L lUvention efiant trouyee, tout auffi toft s'augmenta cette[clence, veu
* )
qlle
PRO E M E.
quelaguerreell:oitalorsfifurieufe & continueIle, qu'elle necelfoitonques
detravaillerlapauvreAlie.CarIesAffyriens & Babiloniens ayans ravy l'em
pirede laterreauxhommes, les Medes & lesPer{esy Curviendrent le{qllels
les mirene par terre, &ceux-cyfurentpuis apres traittesdeIa me(mefor
te, efiantsreduits[ousl'obeiffancedes Grecs; quiperdirentaul£enfill tant
laliberte, que l'empire, parlesglorieufes conquefies des ROlnains. Dece
fte confideration ilneferapas malaif6 ,de juger de!'origine de cerneftier;
carondira, que cette fcience s'eLt levee au mefme elldroit queIe Soleil[e
levee Etles terres du Levantfonteiles fans doute Iespremieres habitees &
cultivees" Del'AGeon a puis apres veu deriver les colonies da11s Ie re
fte de la terre; d'ou les peuples villdrenten grande abondance, pourfai-
.re(entirIeurenlpireau reitedumonde. NOlls avons aufliladefcripti*on de
cemiracledes Murs deBabilone,dans l'hiftoire d'Herodote. PareilJenlent
li(on5 nouslagrandeurenorme des murs & des tours deIaville d'Ecbatane
en Med,e; Ie toutefiantmis pare[crieesSaintesec~ittures. 1vlais l'Efprit de
Grecs fue indubitablemene plus releve, & plus adroiten ce cas; carils en
tourerent non feulement leurVillesd'un cnclos, capable de foufrenirtout
effort, maisgarderentauffi fortbienles pal1agesdes nl0ntaignes; & fortifie
rentl'lf.l:med'uneTraverfe) &decertaines Cittadelles:aufIi retrcl1cherent
.ils Ieurcamp& donnerent moyen;lux Romaips d'apprendre la Cafrrame
tation;lefquelsenprindrentaufIipuisapres Iepourtrait,& pratiquere11ttel
Iechofeenleursguerres... Etles derniers D.nteItcfi ru[es, qu'ils prevoyoient
quela defenCeeftneceilairelaquellevientdecofre ;&ainfiJule C~{ar forti
fia lavilledeTapfus, avecun camp) qui avoitun enclosen forme deligne
J
ferpentine. Voireles uifsmefmesont[~eu telaventage: carnous trouvons
es a
hifioires, dllgrandauteur, qu'ilsavoientachete force d'argentIeprivi
legedefortifierleurcitte; & celaarrivaparl'avaricedufiecle de }'empirede
Claudius. Enoutreils bafiirentIes murs detelle fa~on, & avectel artifice,
queceuxquieftoient en ordrededonnerl'affaut, pouvoient cfire endorn
magesdecofte,En fin Iefiecledenosperes efttombe enunaccident,Ieplus
horrible, &ell!'invelltiol1 Ia plus epouvantable; qui furjamais pratiquee
d'unefureurdefefperee;parlaquelle les murseterneIs,(ainii Vitruveappel
laltceuxdebrique) ontefremisde fond en comble. Ce nouveau Pronle
thee ayantnon feulementderobEla foudredeJupin, maisauLIi enfeigneaux
hommes la compolition de la foudre en trouvant Ie moyen de mcttrepar
terretouteforte dedefenfes ) & leur oller lavaine efperence de l'eternite.
ContreIaquellefoudre l'Italiea ell:6la prelniere, quiy a cl1erche du retl1e
de, endonnantdu (ouflien aux Inurs)par Ie moyen d'ul1edigue ouamas de
terre qu'ilsmettoyent derriere; Inaisleurmode fe prattique rousjours avec
Ulle depenceexce!Iive,& de plus on ytrouvebeaucoup defaures in(uppor
a
tables. Nousavons veu, l]ue noltreSiecle a eu ce bonheur, quel'art efi:tS
a eu
conduit au plus hane point, lafaveur dtl Pai·s-bas; les invention~ ne
font pas toutesell:inlees, relIesqU'onIes trouve dansIes Iivres, mais exami
neesparlesplus grandschefsdeguerre;(urles fondemensdefquelsnOllSba
ftirons nosenCeignemens. Oreftalfezclairceque I10US entel1doI1S parrel
Ie Architecture,alfavoirrart de ball:irIes ouvrages commeilfaut) & de les
p'ouvo'irgaignerfutl'ennemi. Telledefcription comprend les partiesdela
Science, aufli bienla defenfive comnlel'offenfive ; carencor qutiIs n'y aic
nul ouvrage,auquelIa defenCe & l'offellfefoiellt[eparees,ou rune fans l'au
tre; liefr~cequel'un (eratousjours Ie principal, & d'iceluy fe donnera Ie
nOlU
PRO E M E.
a e'en:
no~ l'ouvrage. uneautredill:inaion deFortification, quand ondie
qu'elle eft Geometrique ou Mechani~ue. La Geolnetrique {era celIe qui
mon£l:re la (cience dtl fondement, allavoir eny employant nne certitude
mathematique, & fai[ant toutavec nneexactecalculation,poureareaffeu
rede[on fait Ie plus qu'ileft pallible, en prenant egardala Trigonome
trie. Mais la Mechanique, retient feulement Ies principes plus generaux
de lapredite,lai{fant Iechagrineux'exercicedes proportions, pour ac11ever
plufiofl:[afortification,&ygaigncrdutemps.Au refieilne(eraparheroinde
traitter descau[es deI'art, veu qu'elles'ne ·(ontquetrop connues. Auffin'y
a-ilidiotel1treles gens dequalite, quirfe(~ache, queceluy, quifaitlesFor
tifications, eftappelleIngenieur,d'~lltant qU'avec[onefpritreleve,ilavance
plusenternps deguerte, que Ies foldats ne fOl1t avec leur-e[pees. Auqucl
on pourroit ajufre t'ilrre donne~ IaDefinitiond'unhonnefie homme bien
experimente en l'art de fortifier. Majs pourtant ce tiltre n'appartiendra
a
tous ceuxquis'enme£lcnt; parcequeles ouvriers & Ies arti[ans n'ont pas
befoin d'un efpritrelevep.ardeffus celuyduvulgaire. 11femble queCur tout
a
la Geometrie foicnecelfaire un homme, qui s'e.fforcedebienfaireen ce-.
fie art, fans Iaquelle j"amaisil nepourra .rendre·aucunerai(011 defes DeC.
feins,IClqueIle[oircertaine& affeuree. Enapres Iuy[era neceffaire }'Arith
metique, & Ia.Trigonometrie) laqtlclle a en ceGecle trouve Ie nom d'une
a
fcience part; d'otlilfautqu'un excellentt:naifrreprenneresmefures. IIne
[erapas autIiignorantde lapeinture, n'ymefmes-deIaPer{pefrive ; carce
a
feroitunegrandehonte unmail1:redegrandeel1:im~, n'avoirpasl'addref..
[caucapacitc de tirerIe pourtraird'unouvrage,qu'on a entreprisde faire,
quand (anGeneralIedemendetoit. L'Architecture s'ydoit auffi joindre,
a
rai[on que les portes )& autresBafiimens)les Pontllevis, & leurscontre
a
pais, s'apprendront faireparcette{cience,& parcelIe,qui l'accom.pag.ne
ince{famment.affavoirla Mechanique. La Phyfiolog~e ne {era non plus
inutile~ veuque d)icelleon prendra Ie prognofiique dela diverlitedes ter
res, del'air,& deseaux. Lalecturedes hifioires, & des lieges plus lignales,
m·ais beaucoup plusla veu'cQcuIaired'uncampement,ollonvoittellescho
fes, fervironc extremement carce fai[ant il apprendra beaucoup auxdef
j
pens defon ennemi, & [egarderabien des fautes paffees d'autant qu'enla
guerreil n'eftpas permisde fairedeuxfoislame[mefaute,la premiereayant
a
deliadonne ungrand avencagerennemi.&luyayancfait emporterlespla
ces. Lesamateurs deIaSageffel'infrruirontdopius deleurs vertus, & Ie de
frourneront deI'avarice,&delan1oroGte, affinde ne(e Iai1Teremporterde
tels monltres, & ne vouloir(emettreauferviced'unTyran, pour fe rendre
a
[on e(clave,l'aider ruinerlespauvres(ujets,&leurofterleurlibene.MaisIe
principalell:)defavoir donnerde bonnes Raifons de[on Deffein)enIemon
ftraneclairement; & ainG gaignerfacau[econtre toutIe monde: car celui
la(craie bien malavife qui croiroit, fans avoiraucuneDemonfiration. II
fautauffiqu'il pratiqueles uns& les autr'esaucamp,pour entendrediverfes
chofes,& liles oreillesne font pastout,nlaisfautaufIi mettreIamainal'tru
vre, & regardertoutes~ho(es avecun reilattenti£ Mais lafin, ollmire tou
telaFortification, ell: l'incolumite & confervationde res Citoyens & Su
jets. Voyla pourquoy les plusexcellens efpritsont tousjours ·prefere de
a
beaucoup laDefell11ve r'O.ffenllve, & on trouveraquelapren1iereparti·c
~£l: ordinairementplus cultiveedetaus. 'A proposdequay on paurra.con..
a
ftdererlesrets, que Vulcanusprepara Mars,lorsqu'ilfuelitemeraire, que
, d'en·
PRO E M E•.
d'entreprendrefur fonhonneur; Ies Iignes flanquanresdefque1s, s'cntre
La
COllpantellforme de filet , vousIeP9urrontbien expliquer. Oll[etrou
veextremelnentblafmable.l'enornlire decec.rime, qual1don met Icsc11ai[
a
nesaux piedstles pauvresfujets, en afTatllnant leurliber'te force des Cita
a
delles. Laquellion ell: beaucol1p plus difficile re[oudre ,quand 011 traitte
. dela n1atieredesFo.rtificatio11S; veu que1'011 ne trouve po.inc partout des
eae
en
pierres,dont ont faits les rempars de Ia nouvelle ville de Valette,
l'lfie de Malee, felon qu'elleeft de{crite parSpeclin,eri IaF'orrificatiol1 AI;..
Ielnande; Ia natllredefqu.elles pierres ell: celIe, queles baulers decanOll'en·
·trentdedans, fansfaireaUCUl1 domnlage au relle. Aufli ne-pourroit onpra-
.tiquer ailleursl'invention,delaquelle ons'y ell:{ervy,aiTavoirqu'ils ontofi~
la terre d.'alentou.r dela Contre[carpe,. & par ce m'oyen de[couvert Ie ro
cherdel'Ifie; c~r c'efi: une chofe particulieJ;c,d,ontIanaturea pourveu cet..
a y
te lae,,que quand onyfouit deux au trois'piedsde haut, 1'00 trouve du
rocl1er vi£: qui(ert defond.enlelltalatcrre. Pourbafiiravecdu rv1arbreou
avecdespierres, cela ne [eferait pasfi non ave~ linedepence in{upporta-
,bIe; & relIes fortifications ell:antendommages del'Artillerie)footunegreC
Iede pierre; & relnpliffent les foffes. LabriqueyeftafIez bonne) mai£ aufli
avecpe.aucoupdefrais. Par .ainli on rrouve.ra en hn) qu'il n'yachQreplus
propre,nidenloindresfi"ais,qu'unebonne& gralleterre~aqueIle engloutifi:
auO,iles Balles de Canons) fans aUCU11 dommage. Au furplus ellefe pent
tousjours reparer ~e nuiCt, &[erefornler COlntne l'onVeut. Les fables d·es
a
anciensPoeces nefonlpas conrraires cefreopinion;efque1strouvons,que
a
lesMurs dePergameavoient.elle ball:is par Apollo) & parNeptul1e,c'elt
dire,qu'ilscfroientfabriques detelleInati.ere,I~quelle pouvoitendurerle[0
leiI & les eaux;aqueIeffetIaterre(embleeares demoindrefrais quelespier
res. Mais esgrandesCittes)ou l'o'n nere.garde pas de!ipresanlefilagerles
deniers,on po·urra bienfaire unpetitmur , pour borderIefaKe par dedans,
& poura{feurerlesfon'denlcnts des.rempars. II ya p'lufieurfortesde fortifi..
cations, les.form~s defquellesfeprendrontfelon les accidens. La prenli.e.re
differ~nce pre11d.[~n originede lagrandeur oU.,petitelfedulieu, gu'ondoit
fortifier. Carce[eroic.unechofebien ridicule de vouloitfortifier une hut
ted~ payfan)laquell~,com prend.a grandepeine l'efpaced'unlit, afo.rce des
:Boulevards. Maisc'e~LJn{peaacIe tres-pitoyable, devoirdegral1des ville!
entouresd'un fiolplerempart & foffe fans aucune defenfion, & delesouir
l1cantmoinsfairegIoired'efrreimprenClbl~s:oules habit.ans l011t fiaveugles,
qu'ils ne voientpas ell l'extr·emiie delaguerrelInn1alfacreinevitabled'une
infinitedegensill0ocens, & queIes Pyramides de leurs tours Ceronefemees
la
~a & par terre.· On IesvoitaufIiquelquefois procurer leu,r properuine~
quandellesfontgloired'avoirenduretel &tel Siege,fansconfidererqueles
anciensn'efl:oientpasfi crueIs, quede vouloir faire nlourirles couJpables
avecIes inll0cellS, mefnles ell cas qu'ilseufTent,Iavillorieentreleursmains.
Mais les igtlorans pe,n[oienc jadis {eulelnent qu'on fedeuoit eftonner du
tonnerreduCallan; & li aprcs avoir faittonnerune horrible tempeftede
coupsdeCanons,onnefevouloirpas rendre, toutefioitdefe[pere, &Javille
a.fiiegceimpre·nable;c'efioitqu'ils ne(~av.oient pasIe .n1efiierdegaigner.Ies
placesavecaventage. Maisnaus monfireronscyap.res leiforme defvrtifier.
Mainrenantpourre{oudreIaquell:ion, quellelituationde Fortificatiol1fait
laineilleure,nous refpolldronsbriefveme'nt,quecelIelaoeftla meilleure,&la
plusrare,enlaquell~ unevilleeftfitueefurunplan,quivaju{quedanslahaute
Iner.'l
PRO EM, E.
mer, en forme de langue)ollde Promontoire; comnlepourexelnpleFli[
finO"ue e11 Zelande. La{econdefituation (eracelIe) quiadegrandes revie
b
res des deuxcofies) ouau mainsdel'un~
PourI)ordre que nous tiendrons, nOtlS dirons quelamaniere Geonletri
que (car rune & l'autreme (era indifferenre) eftIa premiere; & parainli
qu'elle dait avoirIe cleva11t ; d'autantqu'elleell:plus fo-ndamentaIe: toute[
a
fois nOllsyjoindrons la fin la Mechanique, pour remedier auxdeffallts.
Mais la fa~on geometriqueconfidereun ouvragede troisCortesi"; l'unefelon
les lignes, & teltraitte [eraau premierli.vre~ou [e traiteront Jes Gmples DeC
ou
feins. La d.euxime coniifreen laconfideration des plalls, IesProfiIs &
les Ichnographies {erontexpliquees au deuxiClne livre. Latroifielne111a
niereell:lacontemplation des Corps, Iaquelle{era parfaitenlenten[eignee
autroifiemelivre. Au ~attrienle livre(emonfrrer~ Ia Mechanique, & les
principes de l'offenfe : & Ietout[€ filliraIe plus fuccinCtement & diligem-
ment, quefaire [e pOllrra. '
Mais pourconclufion 110US prierons Ie lecreur) debien remarquer, que
nofrre Ine[ure,neferapas Ia Vergede Hollande , maisIepied de Rinlande
alfavoir ladOllzielne partiede telle virge, & reI pied [eradivif6en dixpri
nles, en cent fecondes , & en mille tierces ; car nous trouVOl1S cefre ma
niere plusgenerale) & les tables en(erombonnes) par tout ollIe pied ne
[urpaL[era pasdebeaucoup Ie pie-d de Ril1Iande: auffi e'ell:unechofe qui
caufede laconfufion, quandon trouve queIepiedeftde deux diverfeslon..
gueurs enunmefme ouvrage, alfavoir Ie pied desarpenteurs) & celuyde
Rinlande: vayiapourquoyDOUSneparleronsjamaisde Verges> mais tous-
joursdespiedsde Rinlande.
FinalementTouchantladifpolirionde toutI'ouvrage, nous enmettrons
icyladiCpolition enformede cables,avecIeRegiltredes Propofitions &des"
tablesm~fmes) quiy [ontcompri[es;prianstres affectueufement IeleCl:eur)
delevouloir·trouverbon & ~greable, & n'en parler pascomme quelques
a
ignoransont-fait,fansfujet, noftre defaventage. . -
DISPO-
DISPOSIT ION DU PREMIER LIVRE.
Laconfiruaiondel'echelle. En1aPropofition.
I.
(Lespreparati£S~touchant LaDefenfe {maUvaife&~e.iettee,en la'Propofidon.
I { bonne& legitime"deIaquelleefilaPcopofition.
des{1" • {sans calculation.
( Sansdefenfe Invention aveccalculation.
~ Redoutes Iaconu.[U~J"lOln..n0{{fUaurcIehapmappi.er.
I l'inVentiOu {fanscalculatio.n.
Petits (dCiEfioiles . .avecca1cu1.luon.
I , Iaconfiruaio~l{fur Iepapier.
Avec defenfion . auc~amp.
(. comlUC {.desFortsa fI'invention { fuD.Sca1cuJati.on.
IdemisBoa-, aveccalculation
<
II llevards. \.Jaconfiruetion{ furIepapier
(I.La I(IaDeli.< auchamp.
I S
Geome· neation {fanscalculationd {ACUrangulaires.
trique, " des au- i l'invention . . es Re6tangulaircs.
qtl·Uelo·ct·.~n- I vrages I(Regu".l. . aveccalculauo{D.d 1 fi "
I lieIS JfurIerapier e a gureentlere.
(-a I lacon!lruaion,\.. ' d'unepartie:d'icelle.
I ~ auchamp.
~~~~r. I, ~ I ~ (DesOvales,delapremieremaniere
dlieounxa <' tBU 5~ < l Grands<I rrlnv- .<J(,~§-I(I.~~J ~~ {I'inVe.ntiOn{faavnescccalcaullact~oQn.lauon.
ac[Hpaevcoesir, .g8<I AU~ I.ne. )1f[il.ondeens ""~00 tCubt)l~lesfaeLoansco{nH1.rdueaUi.oX.nle.mc:.
~ Igu· " gures I l~ ~ latroificmc:.
~ I l L\.hers I .lpointordonnees.
I\,.~ aconilruc'hon,l'apph.ca.noll {.dqeul'oanfiglauirtea.uchamp.
I
IIaperfce~l:.lOnn" touchant{lelc:ssfCuorfraces,}IeProfil& I'!chnog.raphieauLivre:
• I . ps detoutcelaell:traiceauLivt.e.
J \.Desouvragescompoles, desClladelles '.
\..LaMechanique)tantDefentiveqU'offenfive;dontils'agitauLivre
DIS P 0 SIT ION D 11 SEC 0 N D L I VR E.
au
feUIs, {leurconfiruC\:ion,en1aProp. I-
r ( desparapets 1'onvena lacalculationduContenu. 1-
l'inven~ion J { avecdiversBanquets,ellla. 3-
l {repliSauterrepleines.4'
1. desremparspourIesBoulevards V·des
( 1•lePro5.1)auqueIonrega!de. lacompofitioll{del'inventionduParapetduchemU1inc•ouvert. 65-.
I ouilfctIaitte dufolfe,deschemins,& de1alifierc. 7-
f Sansddenfe~ afiavoir {Iacalculation.8-
• -lDesRedoutes,deleurIchnographic Iade.lineation•.,.
(IDespents {la 1 .
auvrages desEfioiles ca~ulat~on. 10-
(etinetheo-<. (Regu..-)I avecladefenCe{ DesFortsade-{laladechanlceualuaotino.n. 1I11·.
I · I lic:res , misBoulevards ladelineation. 1J•
I I . .( QE.adrantaux& demis,{calcules. 14'
Les Su- (IedsufRigeumresparr,<l tIDesgrandSOuvrageS)} IDd0q,durealnstfaounx:t&Ro- { cua'alcdu:slI.es. '.1lc6..
perfices<• :z..l'lchno.<I I t yaux,auffi traces. 17-
1~ (011- ~graphie lIrreguHeres,delJ'Ichnograp~ic: de~ figuresirregutaires. 18.
11derenc I ° fansdefcole,aflavoirdesRedoutes. J9'
I"Dufolfe() despetusouvrages\.avecIadClr'.eDrl.edes{EFfioOrtisleasd.emisBoulevards. ~~:
.' l
desgrandsouvragescomme {Q!!adramaux,& DemIs. 22..1,..
, Dodrantaux,&Royaux
l enpratique,oueftmonfhcelafa~on devoirfilcsremparsfontbientaiu. 2.~.
D15-
DISPOSITION ntT TROISIEME LIVRE.
r
( lid ' l DesSolidesquadtangulaire{sI.aPropofitiOl1
) con1 erauon fethon.
(Iesvrayfondemens,la) ° dessol~des T(~angulaires laocalculation.
I l p.roporuon {desSohdesTna.ngUlairesexteneurs.• '. '
desSolidesTriangulairesincerieurs.
Sansdefenfe ~ux Redoures.
fpetitsouvrages{ dfc C~ f EHodes.
mefmes "vec eenes,'"Fottsademi.boulcvaIds,
e'"\ {quadrantaux& detnis.
~ 19rands ouvrages Dodrantaux& Royaux.
( les I1i\,e•l- ' Des.So-lla[etHo.nengeneral. fu erieurs 12.
{rI.neneurs.
Steteo-{ • peneurs propornonquand
mettl.e " .,descorps'& I°nfcc;. lalargeur fechcange',es l.upflen0euIs.
I quon J<IIieut$ [petitsouvrag.es. Inen0eurs. 11S6•.
I (L~~,S~o~h~-u o I. doicoller f1'inve-l {Forts{Q.!!ad.&dem, 17.
u I (Prin- dones grands Dod.& Roy, 18.
I ~g~s Iyppoapfnar.nOeen-{I. lPDoenses <!I•pcmaipreanaCle~eld-~nt0')lLalSeo{leidxitcoeeuuvqe•u~ruarogsen,s{ydd'dUFo'aoilUt1noterCrepdstoefreco.hst..o.lefevsisr.equiC 2211..29o1."..-
. . 5 l
conlhutbons interieured'unCorpsdeguarde. 2.;.
(lt1nClpa- ! ~ < Lacalculationde1aSoliditevulgaiIc. 2.4-
I:;~nt ~ l~ red~B:ion
II J lIdIc'uofna'E-e,{ univ.erfe.lle-ment {{LLeaproJetdes-ddeeespments[.ures. 2:.t6f·•
{temps. 2.7-
ere parucubercment l'l'11'dl'catl'ondu b d". 8
nom Ie esouvners. 2. •
lettoi-<I fa SOli-}onlesdifpofeJquelater.requienefiprife[oitfuffirante ° , " 2.9·
beme I ' dire desl (. {sansdefenfe,esRedoutes. 3o.
es
ttauOe tfc6omte~ltes· onfaitleutcalcaIationJ petitsouvrages aV,ecdefc,nlion{eessfEofrlt:soiilteds.emo~s. boulev.,~1I..
) , {Q!!adrantaux & clewIS. ,3.
" l esgrandsouvragescomme Dodrantaux&Royaux. 34-
ls ·
ph' • Cl {Vulgaire,oucommune:delaquelletraitte. 3f·
I . ctagra Ie,qUIe Parfaice,quivicnrdel'artdela!Jerfpeaive. 36•
~par aCCIdent)delaconfiructiondesChaiteaux& Cittadelles. ;7-
DISPOSITION DU QlIATRIEME LIVRE.
ouchamp {POUt£..u'reIesTn'ang1es{eq&uialuatrreesres, propofition_ 1I."
f {f'
r {drOits d'unpoinCl:furunelignc:. 3.
1espreparati£$)dontl'ufagef~trouve pourlasangles dubourdeligoc. 4.
I 1 & autres.leurdivifion• S'.
l furIepapier,pouryfaircuncfigureregulicr.. . 6.
l'inventiOndeschoresquiyfontrequires. 1-
( commefoIts,{ {COnlhuaion. 8.
Lrqua-, ... fen Royalesl) ou.ona delafigure,&defa .Fortification. ~.
particuIierl} {conflrUB:ion. 10-
t~eme <I (":"3'-1(E i(VJfReg111ierslaldesfigures & Forterdres,leur Fortification. I I_
byre ~ o~ oueft[raite Petites,defquellesilfecraiteenlao J1._
pcortmnd- ~ <8~ <'AE)lIrteguIiers deEfqnueglesn{eLrael)Sderesigfilgeusre[asnrtegeufclireitreess.,p.ourlesfilireauchamp. J143..
I ~ ~ I ) & quelquesexemplesdImpottance. Jf·
~Q I :bc;:n lPlans,al~liVOU•: {ddue1I')lrCohfnilogtap'hIOe{. d.U 1l7b-.
I.!! ~ Ravelin. Ig.
I 1e1sRe•l-<I~ I\ ~0 1J( fceu1s,{petits, laconllruaion {dde'uln'oeudvermagieeal,uCneo$rnes.. 1109..
,ges ,ouvragesexterieurs ". g.ranadS,,laconllrucHon d.e1.'OU.vrageCouronne . . 2.h
Iointesrun l'autre)commed'unRav{elin."& d'UDouvrageCouronec. 2.1.
(engen,eral,ladifpoliciond'UDSiege... .13_
I Fortifier unchamp{'cl 14·
(I~g (.ufLacafl:rametation,comenton part{J·rnfanrerie.1r-
1tDel'offenfe<~Mg~ <I(eao~<I~u.e>.·E<II-~;;LI"adcoointneX.Io-nparIes1I·gnes{cgoanr6mdf.eaesirrdeeeleedss·I,Qvpe.a!rr!safroautviyreag.ress~ penougrenerafaLCavalIer. 2222....6g7,....
;§ I< ~ l Lapraa:ique,dequeUefason011.fer,aIepounraitd'unSiege. 3o.
-~ {BattetJes 3~...
l ~ "l'oppugnationparl"aydedes {APpro.ches. 31.
~ avencemens)pat Gallene. ~;.
~ lAffieges)leursdernieJ:Seffons&refuges. 3....
REGI-