Table Of ContentLA CHRONlqUE LA
DEE HI ME PiJRTIl DU XIXe SIECLE
par
Osmill© Joseph LeVois
A dissertation submitted in partial fulfillment of the
requirements for the degree of Doctor of Philosophy,
in the Department of Romance Languages,
in the Graduate College of the
State University of Iowa
May, 1948
ProQuest Number: 10831769
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ProQuest 10831769
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789 East Eisenhower Parkway
P.O. Box 1346
Ann Arbor, Ml 48106- 1346
A la jeunesse da IPAbbaye,
6 rue Ssint-Benoit, Paris Tie,
de l #ann^e 1938-1939, ce livre est d£di^«
Camille Joseph LeVois
i i i
ATABT PBOP0S
La publication de ces recherobes sans pre
tentions a an partie inapirde par ua sentiment de
justice littdraire* On trow e partout dans 1© lite r a
ture franqsise des romaaciers, des pontes, des drama
turges, des historians dont la renomm^e est universelle
et legitim©. J* admire ces grands ma£tres, bien entendu,
mais eela ne m*empeche de trouver du merits dans un autre
genre, plus ldger, mais non moins litteraire* Je trouve
iram&ritd le dd&ain qu’sffeete Xa critique pour la ehro-
nique parisiennej genre littd rsire essentiellement fran-
qals, et j ’ai pens$ qufen donnant, dans oette breve dtude,
quelques aperqus sur I 1oeuvre et l fart des ehroniqueurs
les plus dmi neats, je pourrais oontribuer A fairs appr$-
cier d’une faqon plus juste ua genre ndgligd. Crest dans
ce but qua j ’ai eommencd mes reeherciies. Mais je m© suis
vite aperqu qu© lea mati&res ndcessaires me manquaient ici
aux Btats-Unis. C*est alors {6tS 1938} que je suis parti
pour Paris, o& j ’ai heureusement pu trouver, & la Biblio-
tb&que National©, ce dont j*avals besoin. Malheureusement,
il survint un ^v<laemsnt qui changes tons mes projets* Sous
la menace de la guerre j fai du quitter la France d&s l*dtd
suivant* Je pensais toujours pouvoir obtenir le© renseigne-
ments ndcessaires, a mesure qu® j ’en aurais besoin, par la
voie de mes amis restds en France. Mais le guerre delate
IT
dds mon retour et ceoi a* a pas pu se fairs* Ma documenta
tion rests done necessalreisexit incomplete* H^anmoins, com-
me j * avals d£ja 1Tessentiel, j ’ai cru devoir aciiever eette
€tude dans l Tespoir que* s ’il s*y trouve quelques omissions,
on me les pardonnera*
X
Chapitre X
mrnowGTwm
Tu seres Men toujours le memo, mon
peuvre Gringoire.1
Ofest A WM* Pierre Gringoire, podte lyrique A
Pario*^# qu* Alphonse Baudot sfadresse ainsi dans son conte
chamant *La Ch&vre de M* Seguin#"
*w-
Comment1 on t fof£re une place de ehronl*
queur dans an bon journal de Paris, et tu as
1*aplomb de refuser*** Mais regarde-toi* mal-
heureux garqont Begarde ©e pourpoint troud,
see chausses en ddroute* aette face maigre qui
orie la faim* Yoild pourtant od t fa conduit
la passion des belles rimes! Voild ee que
t'ont vain dix ana de loyaux services dans lea
pages du sire Apollo# *« Est-ce qua tu n*as pas
honte, A la fin?
M
Fais-toi done chroni queur, imbdoile! fais-
toi ehroniqueur! Tu gagneras de beaux dcus A
la rose, tu auras ton convert ehea Brdbant, et
tu pourras t« montrer lea jours da premidre avec
one plume neuve A ta barrette***a
Bfabordt qufest-ee qutuae chronique? On, pour
prdciser davantage, qu*est*06 qu’une ohronioue narisienna? —
car ce n'est qua de eelle-ei qua nous nous oocuperons dans
aette dtude* Hous taoherone d*en donner ici une definition
valable, en ©xposant les oaractdristiques que la distinguent
des autres*
Bans la petite presse de la dernidre moitld du Xixe
sidcle le premier article dtalt gdndralement une chronique de
■'•Alphonse Deudet, Lettres de mon Moulin. Paris 1938, p. 47.
2
vulgarisation, traitant des sujets instructifs ou amusant©
que 1*actuality m ettalt en Evidence, G#dtait un article
blmensual, hebdomadalre, ou quotidian paraissant en premiere
ou en second© page, dan© lequel le® fait® du jour dtaient oom-
mentds sur un ton plain de ddsinvolture, dont las nuance®
allaient du plaisant au slvdre, du bouffon au tragique, selon
le caraet&re de 1*dorivain ou oelui de l'dvdneraent.
Mais eet article de petit Journal nfdtalt pas un
simple reportage de fait# 0© quf il faut entendre par ebronique
parisienne ©test un reportage de fait ou de document qui sert
au journalist© seulement de point de ddpart* Lfinformation ne
sert mxx ehroniqueur© que de guide* 11® partent de Id pour ©e
promener en observetours & travers tout© la vie parisienne*
XI® ©farr§tent qa et Id pour nous en donner le portrait# Ici
e*est un litre ou une nouvelle pl&ee qufils oritiquenti Id
e'est le portrait dfun homm© du Jour quflls peignentI ailleur®
Cfest un souvenir qu’ils dvoquent* Ils ©farrStent auesi de
temps en temp® pour fair© un peu de philosophic ou de morale#
II sufflt qu*lla soient partis d*un document exact• Enfin,
e’est I ’dcrivain lui-m&m© qui remplit 1’article; o*est sa verve,
sa personnel!td, ©a philosophic, ©a morale, son esprit, sa cri
tique, son jugement, m&t© ses procddds d© style, qui font la
valeur et l*intdr§t de le chronique#
Henry Fouquier, un des matt res de la chronique
parisienne, a trds bien ddorit son art, en faisant ressortir
l fdldment essentiel d© la chronique qui la distingue du simple
3
article de reportage*
***1’artifice esseatiel £du ehroniqueur]• • * efest
de ramener II dee iddes gdndrales 1’impression que
lui donnent les dvdnements du Jour en leur varid-
14 infinie# II proedde comm© le fabulist©# qui#
de I 9anecdote de la fable# partout prise# tire sa
morale prepare#**2
Quant au fait qui donne lieu k la chronique# ©fest
presque touJours quelque nouvelle ou anecdote tirde de la vie
parisienne* Un fait des plus inslgnlfiants# une affaire des
plus trivial©®# suffit au ehroniqueur# qui# en brodant sur ee
thdme, en fait une ebronique* It la varidtd de ees sujets eat
presque sans limit©®* On y trouve les fStes# les marlages#
les seandales# les histoires de eomddiens# les portraits des
hommes du jour# les questions philosophique® et politique©# la
critique littdraire# la revue dramatique, et les modes et lea
moeurs contemporaines. On y trouve aussi l 9 amour# lea femmes#
le divorce# 1*Education des jeunes filles# les affaires des
court!sanes# ete* H’import© quel incident sert de prdteacte &
fair© un© chronique# pourvu que l 9auteur puisse y injeeter de
I 9 esprit*
L9esprit# voild une des ceractdristiques essentielles
d© la chronique et# si on peut le dire# un de sea ddfauts aussi*
L© ehroniqueur met souvent de I 9©sprit meme Id ok il n9en faut
pas* Mais cette faute n© se rapport© seulement aux chroni queura*
%©nry Fouquier# Philosophic parisienne* Paris 1901# p* v ii.
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Le ton spiri tuel ou boulevardier fut exact ©men t la maniere de
tout Faria aoua le aeeond Bmpire, et, o’est prdeisement dans
eette periods qu*il faut chercher lea causes d® eet dtat d*es
p rit, comme on aura 19oeoasion de le fair® plus tard.
Si, & eette dpoque, la ebronique const!tue & Paris
un genre littd raire, elle eonstitue aussi une profession*
Comme on l fa vu, la facility de gagner sa vie & dcrlre des
chroni que s est Men ddmontrde par Daudet dans La Ch&vre de M»
Seguin* Un bon ehroniqueur touchait jusqu’d deux mill® franca
par xnoia ehez un journal ooimae le Figaro*
XI faut done oroire que le parisien de l 9dpoque
goutait ees commentaires plains de fantaisie* Les petite Jour-
naux lui donnaient, surtout le dimanche# des Editions llttd -
raires od il pouvait suivre, & la premiere page, la plume co
quette d’un ehroniqueur trds en rue brodant sea chroniques
autour de faits que lu i, le leeteur, ©onnalssait trds Men*
On comprend encore mieux une autre earaotirlstique
de la ebronique parisienne quand on a lu la devise de Xules
Janin dens la preface du Gi l MM*
&mser les gens qui peasant, leur plaire
aujourd9hul, et reoommeneer le lendemaln,
voild mesdames, me devise*3
Oar la plupart des chroniques sont derites avee
gaietd, avee une philosophic souriante et un esprit gaulols,
gGll Bias* Pari®, le 19 novambre 1879*
5
qui les rendent aimables. Bien enten&u, 11 ne faut y chercher
&i des pensdes profondes ni des rues larges* Cfest surtout la
peintur© des menus faits de la vie parisienne, faite de la fa*
qon tout 4 fait spdeiale que nous avons indiqude, qu’il faut
y cheroher*
telle est la chronique qui nous oeeupera dans eette
dtude* II rest© Il voir, maintenent, quelles dtalent les forces
politiques et soeiales qui aldirent 4 son ddveloppement*
le soup dflta t du a ddoembre 1851 et l farrlvde du
seeond Bmpire erddrent de grands changements dans la soeidtd
franqaise* Ces changements eurent des repercussions dans la
lite ra tu re , ou les ©xagdrations du Romantisme dtalent ddjA
d©venues ennuyeuses. Les iddalistes politiques aussi avaient
eouffert un disenchantment dans la chute de la Rdpublique de
1848 qui avait 4%4 fondde sur le vrai, le beau, et le bon# Les
gens dtaient fatiquds des Utopias sociologiques* 11s eurent
qu*il valeit mieux sa ddbarasser de ses responsibility et, en
se tournfnt vers le materialisms* sa donner 4 tine vie df insou
ciant s plaisirs sous un despots bieuveillant*
Napoldon III sa servit de eette recherche du mate
rialism© afin d’agrandir la splendour de son rdgne* II a vu
qu’il fallait 4 tout prix, arauser les Franqais* et surtout les
Parisians* et 11 fit tout ce qu#il put pour donner 4 Paris la
reputation de gaftd ©t de frivolitd quo eette vill© a eonservd
jusquf4 nos jours* Aussi fit~ il de grands travaux afin de
l ,embellir.