Table Of ContentSimon Gouz
J.B.S Haldane, la science
et le marxisme
La vision du monde d’un biologiste
Ouvrage publié avec l’aide du Laboratoire de recherche S2HEP
(Sciences, Societés, Historicité, Education et Pratiques)
Université Lyon 1
éditionS matériologiqueS
Collection « Sciences & Philosophie »
materiologiques.com
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Simon Gouz, J.B.S. Haldane, la science et le marxisme.
La vision du monde d’un biologiste marxisme
ISBN : 978-2-919694-12-9
© Éditions matériologiques, juin 2012.
233, rue de Crimée, F-75019 Paris
materiologiques.com / [email protected]
Conception graphique, maquette, PAO, corrections, photo : Marc Silberstein
Table des matières
Avant-propos .................................................................................................. 9
Notes concernant la traduction, les citations et les références ................. 10
Préface de Jean Gayon ................................................................................ 11
Introduction générale .................................................................................. 15
Première partie : OntOGénIe d’une vISIOn du mOnde .......................... 35
Chapitre 1, La triple vie de J.B.S. Haldane ................................................. 37
1] Parcours scientifique ............................................................................ 38
2] Évolution philosophique ....................................................................... 48
3] Trajectoire politique .............................................................................. 59
4] Conclusion ........................................................................................... 76
Chapitre 2, Haldane en quête d’unité ........................................................... 79
1] Le « point de vue scientifique » ............................................................ 81
2] Place de la philosophie ....................................................................... 101
3] Histoire du futur ................................................................................. 121
4] Conclusion ......................................................................................... 134
Chapitre 3, devenir marxiste ...................................................................... 139
1] Controverse autour d’une conversion ................................................. 140
2] Une première tentative ....................................................................... 152
3] Du complexe science-philosophie-politique à une vision du monde .... 170
4] Conclusion ......................................................................................... 189
ConClusion de la première partie ..................................................................... 191
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deuxième partie : PHySIOLOGIe d’une vISIOn du mOnde .................... 193
Chapitre 4, La vision marxiste du monde de Haldane ............................... 195
1] L’œuvre populaire marxiste de Haldane .............................................. 198
2] Économie de la vision marxiste du monde de Haldane ........................ 207
3] Marxisme et biologie .......................................................................... 232
Chapitre 5, évaluer l’effectivité scientifique du marxisme de Haldane .... 257
1] Que signifie d’évaluer l’effectivité scientifique du
marxisme de Haldane ? ...................................................................... 259
2] Une thèse controversée ...................................................................... 272
3] Mutation-sélection : un modèle dialectique ? ...................................... 301
4] Conclusion ......................................................................................... 338
Chapitre 6, Haldane et l’eugénisme ........................................................... 341
1] L’eugénisme, de sa fondation à ses réformes ...................................... 342
2] L’eugénisme de Haldane ..................................................................... 371
3] Eugénisme et vision marxiste du monde chez Haldane ....................... 400
4] Conclusion ......................................................................................... 411
ConClusion de la deuxième partie ..................................................................... 415
troisième partie : PHyLOGénIe d’une vISIOn du mOnde ..................... 417
Chapitre 7, Racines théoriques : le marxisme
et les sciences de la nature ................................................................. 421
1] Dialectique de la nature : entre ontologie et épistémologie .................... 425
2] Marxisme et théorie de la connaissance .............................................. 446
3] Marxisme et réductionnisme en biologie ............................................. 471
4] Conclusion .......................................................................................... 482
Chapitre 8, Londres 1931 : des chemins qui se croisent ........................... 487
1] Une brève histoire de l’histoire des sciences jusqu’en 1931 ................ 490
2] Science, histoire et philosophie des sciences en URSS ....................... 500
3] Les Soviétiques au congrès de 1931 .................................................. 508
4] Conclusion ......................................................................................... 525
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[table des matières]
Chapitre 9, Les racines sociales du marxisme de Haldane ...................... 529
1] La production historique d’une conscience sociale des scientifiques ... 530
2] Le Parti communiste de Grande-Bretagne et les scientifiques ............. 546
3] Haldane et sa vision marxiste du monde : le produit d’une histoire ...... 562
4] Conclusion ......................................................................................... 574
ConClusion de la troisième partie .................................................................... 577
Conclusion générale ...................................................................................... 581
annexe a, Inventaire thématique de l’œuvre populaire de Haldane
dans la période 1937-1950 .................................................................. 593
annexe B, « Biologie sociale et amélioration de la population » ................... 607
annexe C, Proposition de réorganisation des sciences par
John d. Bernal dans The Social Function of Science, 1939 ................ 611
Notices biographiques ................................................................................ 617
Bibliographie hypertextualisée .................................................................... 627
Ce qui est rationnel est effectif ;
et ce qui est effectif est rationnel.
G.W.F. Hegel
Préface aux Principes de la philosophie du droit, 1820.
À Caroline,
Merci pour tout
— Avant-propos —
Cet ouvrage est très largement issu de mon travail de doctorat mené entre 2006
et 2010 sous la direction d’Olivier Perru, au Laboratoire interdisciplinaire de recherche
en histoire et didactiques des sciences et des techniques (LIRDHiST, aujourd’hui
S2HEP) de l’université Claud- Bernard-Lyon 1. Ce travail lui-même et l’intérêt pour
son sujet trouvaient des racines dans une remarque de Jean Gayon dans un cours
d’introduction à l’histoire des sciences qui mentionnait l’influence pour la discipline
des interventions soviétiques au congrès international de 1931, et dans un travail
de maîtrise sur le sujet mené sous sa direction.
Je souhaite remercier tous ceux qui ont apporté leur soutien matériel comme
intellectuel à ce projet. En particulier l’ensemble de l’équipe LIRDHiST (et notamment
Olivier Perru, Pierre Crépel et Viviane Durand-Guerrier) ainsi que les doctorants
que j’y ai côtoyés, les membres du jury de ma thèse (Stéphane Tirard, Emmanuel
Barot, Patrick Petitjean, et particulièrement Jean Gayon qui a accepté de préfacer
ce livre), l’équipe des Éditions Matériologiques (en particulier Marc Silberstein et
Pascal Charbonnat).
L’autre moteur de ce travail est l’attachement aux idées marxistes, non seule-
ment comme outil pour l’histoire des sciences, mais d’abord pour comprendre un
monde révoltant d’injustice et pour lutter contre sa barbarie. Il doit donc autant à
mes camarades.
La rédaction et la mise en forme de l’ouvrage ont coïncidé avec une période
particulièrement difficile de mon existence. Merci donc finalement à ceux qui m’ont
aidé à la traverser : à mes parents, à Clément et Aurélien. Et avant tout, encore une
fois, à Caroline qui a fait que cette période a été en même temps la plus heureuse
de ma vie.
Le style de l’ouvrage se veut aussi clair et accessible que possible. Je n’ai pu
cependant éviter tout vocabulaire technique.
J’utilise le pluriel (le « nous » en lieu du « je »). Ce choix n’exprime aucune suffi-
sance, et certainement pas de majesté. Il traduit surtout la volonté de mener un rai-
sonnement avec le lecteur et en quelque sorte de l’inclure dans son développement.
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notes concernant la traduction,
les citations et les références
Dans le corps du texte, toutes les citations, pour une grande majorité tirées de
l’anglais, sont données en langue française. Dans la plupart des cas, nous sommes
l’auteur de la traduction. C’est ce qu’il faut considérer, sauf mention explicite d’un
autre traducteur dans la note de référence. La même règle s’applique aux titres
d’ouvrages et d’articles. Les titres de périodiques sont, en revanche, donnés dans
leur langue originale. C’est également le cas pour les sigles, noms d’organisations
ou d’institutions, sauf quand existe déjà l’usage d’une traduction française (c’est le
cas par exemple pour le Communist Party of Great-Britain, qui est connu comme
Parti communiste de Grande-Bretagne).
Les citations apparaissent entre guillemets dans le corps du texte, ou bien sépa-
rées de celui-ci dans une police réduite et précédées d’un retrait. Dans ces citations,
les ajouts de notre part figurent entre crochets et les omissions sont signalées par
des points de suspension entre crochets.
Les citations sont systématiquement suivies d’une note infrapaginale en indiquant
la source. Ces notes comportent l’ensemble des références au moins lors de chaque
première citation d’une référence dans un chapitre. Pour les citations suivantes, elles
comportent généralement le nom de l’auteur et le titre (et le cas échéant la localisation
dans l’œuvre). La référence est toujours celle de l’ouvrage que nous avons utilisé.
Lorsqu’il ne s’agit pas d’une première édition, la date de première édition en langue
originale est indiquée entre crochets.
L’ensemble des sources citées ou utilisées est regroupé dans la bibliographie
en fin d’ouvrage.
Simon gouz
J.B.S. Haldane la science et le marxisme. La vision du monde d’un biologiste
Paris, © éditions matériologiques [materiologiques.com], 2012.
Préface
— —
de Jean Gayon
Professeur à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne
Après avoir été décriées en histoire des sciences, les biographies connaissent
aujourd’hui un regain d’intérêt. En effet, face à une histoire des sciences
partagée entre une école privilégiant la description des collectifs à l’œuvre
dans des circonstances locales (thick history), et une approche plus traditionnelle
focalisée sur la reconstruction d’itinéraires conceptuels et méthodiques, la biogra-
phie permet tout à la fois d’embrasser de larges configurations historiques dans de
nombreuses dimensions, et de préserver la dimension de récit. Par définition, la
biographie est bornée dans une durée et dans des espaces définis ; elle présente un
haut niveau de contingence, qui tient à la description d’un cheminement existentiel
unique. Mais cette centration sur un individu permet d’articuler de manière plausible
de multiples strates de description et d’explication associant le sens et la causalité,
la trame des choix de tous ordres et le rôle de toutes sortes de facteurs sociaux.
Une biographie est toujours un kaléidoscope : la vie décrite y est tout à la fois un
summum de contingence et de liberté, et un reflet d’innombrables idées, mouve-
ments et structures collectifs. Dans sa Philosophie de la volonté, le philosophe Paul
Ricœur a eu cette formule suggestive : « Transportons-nous au sein de la subjectivité :
c’est là que nous surprendrons le nexus de la liberté et du destin1. » En interprétant
librement le « destin » comme l’ensemble des forces sociales qui façonnent la vie
d’un individu, on dispose d’une bonne caractérisation de ce qu’une biographie peut
accomplir : révéler un paysage de forces, toujours partiellement organisé et toujours
partiellement chaotique.
La biographie de John Burdon Sanderson Haldane que nous offre Simon Gouz est
une belle illustration du pouvoir des biographies. Monsieur Gouz a choisi une figure
1. Paul Ricœur, Philosophie de la volonté, Paris, Aubier-Montaigne, 1949, p. 342.
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[simon gouz / j.b.s. haldane, la science et le marxisme]
haute en couleur : l’un des plus notables savants anglais de l’entre-deux-guerres,
pionnier de la génétique des populations, qui fut aussi un écrivain talentueux, et un
intellectuel engagé. Ce n’est sans doute pas la première fois qu’on se penche sur
cette figure remarquable, et qu’on cherche en particulier à comprendre l’articulation
singulière entre une œuvre scientifique exemplaire, une œuvre de popularisation des
sciences, une activité de chroniqueur politique et un engagement marxiste massif
(au moins dans les années 1930 et 1940) ; mais l’étude de M. Gouz est sans doute
la plus systématique.
Au début de son livre, M. Gouz a l’honnêteté de déclarer que son travail « se situe
lui-même dans une perspective marxiste ». Cette formule prend en fait deux sens
dans le remarquable travail universitaire qui nous est présenté. D’une part, il s’agit
de rendre compte avec précision de la nature et de la place de « la vision marxiste
du monde » dans le déploiement de l’œuvre scientifique, philosophique, politique
et populaire de Haldane. D’autre part, la grille d’analyse est elle-même marxiste.
L’auteur dégage d’abord « l’ontogénie » de la vision marxiste du monde de Haldane
puis montre comment cette vision une fois en place a fonctionné, dans les travaux
scientifiques, dans l’activité de vulgarisation scientifique et dans ses engagements
politiques (notamment dans ses prises de position au sujet de l’eugénisme – sujet
délicat et admirablement traité) ; enfin Simon Gouz situant l’itinéraire de Haldane
dans l’histoire à grande échelle des débats sur les rapports entre science et société
au sein de la tradition marxiste, puis en situant Haldane dans l’environnement très
particulier des savants et historiens des sciences anglais qui ont plus ou moins
ouvertement adopté une position marxiste dans les années 1930. Chacun de ces trois
volets de l’enquête est passionnant par lui-même, et l’ensemble ne l’est pas moins.
Qu’il me soit permis de souligner les conclusions de l’enquête qui me paraissent
les plus significatives.
En premier lieu, en accord avec Andy Hammond, auteur d’une thèse remarquée
sur « la tentative de Haldane de construire une biologie marxiste2 », mais sans doute
de manière mieux détaillée, M. Gouz établit que le marxisme a joué un rôle beau-
coup plus important qu’on ne l’admet d’ordinaire dans l’œuvre de Haldane. Il est en
effet courant d’affirmer qu’il y aurait eu un découplage entre l’œuvre scientifique de
Haldane et ses écrits populaires, en particulier dans les éditoriaux du Daily Worker
et les essais philosophiques. Simon Gouz montre qu’en fait le marxisme a joué un
rôle de premier plan dans la phase médiane de l’œuvre scientifique et philosophique.
Haldane n’a pas été d’emblée marxiste ; il est venu au marxisme par paliers succes-
2. Andrew James Hammond, J.B.S. Haldane and the Attemp to Construct a Marxist
Biology, thèse soutenue à l’Université de Manchester, 2004.