Table Of ContentLettre de l'Editeur
Pour une vive
mémoire
AMMAR KHELIFA
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es nations se hissent par le savoir et se maintiennent par la mémoire. C’est cet ensemble d’évé-
nements qui se créent successivement aujourd’hui pour qu’un jour on ait à le nommer : Histoire.
Sans cette mémoire, imbue de pédagogie et de ressourcement, l’espèce humaine serait tel un
atome libre dans le tourbillon temporel et cosmique.
L’homme a eu de tout temps ce pertinent besoin de vouloir s’amarrer à des référentiels et
de se coller sans équivoque à son histoire. Se confondre à un passé, à une ancestralité. Cette
pertinence va se confiner dans une résistance dépassionnée et continue contre l’amnésie et les
affres de l’oubli. Se contenir dans un souvenir, c’est renaître un peu. L’intérioriser, c’est le revivre ; d’où cette ardeur
permanente de redécouvrir, des instants durant, ses gloires et ses notoriétés.
En tant que mouvement dynamique qui ne s’arrête pas à un fait, l’Histoire se perpétue bien au-delà. Elle est éga-
lement un espace pour s’affirmer et un fondement essentiel dans les domaines de prééminence et de luttes. Trans-
mettant le plus souvent une charge identitaire, elle est aussi et souvent la proie pitoyable à une éventualité faussaire
ou à un oubli prédateur. Seule la mémoire collective, comme un fait vital et impératif, peut soutenir la vivacité des
lueurs d’antan et se projeter dans un avenir stimulant et inspirateur. Elle doit assurer chez nous le maintien et la
perpétuation des liens avec les valeurs nationales et le legs éternel de la glorieuse révolution de Novembre.
Il est grand temps, cinquante ans après le recouvrement de l’indépendance nationale, de percevoir les fruits de
l’interaction et de la complémentarité entre les générations. Dans ce contexte particulier et délicat, les moudjahi-
date et moudjahidine se doivent davantage de réaffirmer leur mobilisation et leur engagement dans le soutien du
processus national tendant à éterniser et à sacraliser l’esprit chevaleresque de Novembre. Ceci n’est qu’un noble
devoir envers les générations montantes, qui, en toute légitimité, se doivent aussi de le réclamer. A chaque dispari-
tion d’un acteur, l’on assiste à un effacement d’un pan de notre histoire. A chaque enterrement, l’on y ensevelit avec
une source testimoniale. Le salut de la postérité passe donc par la nécessité impérieuse d’immortaliser le témoi-
gnage, le récit et le vécu. Une telle déposition de conscience serait, outre une initiative volontaire de conviction,
un hommage à la mémoire de ceux et de celles qui ont eu à acter le fait ou l’événement. Le témoignage devrait être
mobilisé par une approche productive d’enseignement et de fierté. Raviver la mémoire, la conserver n’est qu’une
détermination citoyenne et nationaliste. Toute structure dépouillée d’histoire est une structure sans soubassement
et toute Nation dépourvue de conscience historique est une nation dépourvue de potentiel de créativité et d’inté-
gration dans le processus de développement.
C’est dans cette optique de rendre accessibles l’information historique, son extraction et sa mise en valeur que
l'idée de la création de cette nouvelle tribune au titre si approprié : Memoria, a germé. Instrument supplémentaire
dédié au renforcement des capacités de collecte et d’études historiques, je l’exhorte, en termes de mémoire objec-
tive, à plus de recherche, d’authenticité et de constance.
[email protected]
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Supplément
N°40 - Octobre - 2015
P.07 P.12
Fondateur Président du Groupe
AMMAR KHELIFA
Direction de la rédaction
Zoubir KheLAiFiA
Coordinatrices
Meriem Khelifa
Chahrazed Khelifa
17 octobre 1961 des aLgériens arrêtés à Paris
Reporter - Photographe
abdessamed Khelifa
P.09
Sanae Nouioua OctObRE 1961
Rédaction
P.07 Histoire
Adel FAthi
Le couvre-feu du 5 octobre 1961 à paris
Boualem touArigt
Lorsque PaPon vouLait en Finir avec Le FLn
Dr Boudjemaâ hAiChour
en France
Farid ZiAD
hassina AMrouNi P.13 Histoire
Mohamed LAMiNe biLan meurtrier d’octobre 1961 a paris
Le sang des aLgériens sur seine
Direction Artistique charLes de gauLLe
halim BOUZID P.12
GUERRE DE LIbÉRAtIOn
Salim KASMI
P.19 Histoire
Impression
Le piratage aérien du 22 octobre 1956
SArL imprimerie ed Diwan
La France déroute un avion marocain
Contacts :
sur aLger
SARL COMESTA MEDIA
P.25 Histoire
N° 181 Bois des Cars 3
La rébeLLion du ffs
Dely-ibrahim - Alger - Algérie
une Histoire à revisiter
Tél. : 00 213 (0) 661 929 726
maurice papon
P.29 Histoire
+ 213 (21) 360 915
aux origines du conFLit
Fax : + 213 (21) 360 899 P.19
E-mail : [email protected] P.33 Histoire
[email protected] Les mystères d’un dénouement
P.37 Histoire
Le témoignage d’un commandant
P.41 Histoire
L’imProbabLe Parcours des négociations
Les prisonniers historiques
www.memoria.dz
P.25 P.37 P.28 Supplément du magazine
ELDJAZAIR.COM
Consacré à l’histoire de l'algérie
Edité par :
LE GROUPE DE PRESSE ET
DE COMMUnICATIOn
Dépôt légal : 235-2008
iSSN : 1112-8860
Hocine ait aHmed commandant yaHa moHand ouLHadJ
P.47 P.57
S
O
moHamed taHar boucHouareb si sLimane boucHouareb
P.47 Histoire P.68
M
Le moudjahid, Le docteur mohamed-tahar
bouchouareb dit « Bounefa ».
Le stétHoscoPe au service de La révoLution
P.57 Histoire
Le coLoneL sLimane bouchouareb
sur Les traces de son oncLe PaterneL « Bounefa »
M
P.67 Histoire
Les transmissions de L’aLn
une arme redoutabLe abdeLhafid boussouf
P.77 Histoire P.77
noëL favreLière,
Le déserteur devenu Héros
A
P.81 Histoire
23é congrés de L’académie arabe de musique
voyage musicaL de La Jeunesse arabe
HIStOIRE D'UnE VILLE
I
P.89 deLLys, La merveiLLeuse
noëL favreLière
R
E
deLLys
Le couvre-feu du
5 octobre 1961 à Paris
Lorsque Papon
voulait
en finir avec
le fln en
france
Par Mohamed Lamine
Guerre de libération
Histoire
Dès 1958, avec l’ouverture par
les dirigeants de la révolution
algérienne, d’un front chargé
de mener la guerre sur la terre
de France, inaugurée par une
série d’attaques contre des
cibles stratégiques, le préfet de
police Maurice Papon mit en
place un dispositif «anti-révo-
lutionnaire» aux fins d’en finir
avec le FLN. ce dispositif fait
suite à la mesure prise par le
président du conseil d’alors, le
général de Gaulle, consistant
en la création d’un «groupe de
travail composé de représen-
tants de différents ministères
pour émettre des recomman-
dations sur les formes les plus
efficaces d’action psycholo-
gique et de propagande en vue
de dégager la masse des mu- A gauche, Maurice Papon (préfet de police de Paris) et Georges
Pompidou (Premier ministre) derrière le général Charles de Gaulle
sulmans de leur soumission au
FLN». c’est que les Algériens
tous les suspects les Algériens face à sa politique
de France étaient en majorité
terroristes, laissant répressive, Papon crée des «struc-
acquis à la révolution, repré-
les autorités mili- tures sociales» en leur faveur,
sentée dans la métropole, par taires leur réserver notamment des nouveaux venus
la Fédération de France du un régime répressif en France, qui fuyaient la guerre
FLN, ou la 7e wilaya. approprié, don- totale en Algérie ouvertes par les
ner davantage de paras pour tenter de réduire les
pouvoir aux tribu- maquis. En réalité, ces structures
F
ace à cette réalité naux militaires » sociales chargées notamment
amère pour les parti- et « autoriser l’assignation à résidence d’aider les nouveaux venus dans
sans de l’Algérie fran- d’individus suspects d’activité FLN leurs démarches administratives
çaise, Papon adresse contre lesquels les preuves ne sont pas n’étaient que des « bureaux de ren-
au groupe de travail suffisantes pour lancer une procédure seignement» mises en place pour
le 1er août 1958, des «Notes sur la judiciaire». Ces mesures sont mises les ficher et suivre leurs activités
répression du terrorisme nord-africain», en œuvre par le gouvernement De au cas où.... Alors que pour les
préconisant de «bannir de métropole Gaulle. Pour tenter de récupérer actions de sabotage d’infrastruc-
( 8 )
Groupe El-Djazaïr.com . MÉMORIA. Supplément n° 40- Octobre 2015.
Guerre de libération
Histoire
le combattaient, notamment dans assassinats de ses membres armés,
la région parisienne, parallèlement sinon leur arrestation, jugement
aux forces de répression fran- et emprisonnement, en recourant
çaises. La politique de Papon al- à des « indicateurs » notamment,
lait se poursuivre et la répression ceux activant dans le commerce
augmentait de niveau, notamment (hôtels, débits de boissons, etc).
avec la création, fin 1960, d’une « La méthode utilisée par les hommes
force de police auxilliaire (FPA) de Montanier est invariable: occupation
formée d’Algériens acquis au colo- d’hôtels habités par les travailleurs al-
nialisme. gériens, infiltration et recueil de rensei-
gnements, violences policières, tortures»,
Les harkis de Paris selon l’historien français Jean-
Paul Brunet. «La première compagnie
Dans l’esprit de Papon et de ses de FPA implantée dans un quartier
soutiens ultras, les agents recru- du XIIIe arrondissement parvient à
tés dans cette police, de par leur disloquer l’organisation frontiste dans
connaissance des milieux algériens cet arrondissement », ajoute Brunet.
à Paris, allaient contribuer à dislo- « Ce succès amène le préfet de police à im-
quer les organisations du FLN. La planter une deuxième compagnie dans le
stratégie adoptée par cette police quartier de la Goutte d’Or. Dès lors, les
dirigée par un militaire français, patrouilles en file indienne de ces hommes
le capitaine Raymond Monta- en calots bleus, mitraillette à la cein-
gner, était d’isoler les militants ture, fait partie du paysage des XIIIe et
du FLN de la population, par des XVIIIe arrondissements. Dans la lutte
tures économiques stratégiques
lancées par le FLN de France, Pa-
pon remet les mêmes recomman-
dations au « Comité de coordination
et d’action psychologique (CCAP) »,
uns structure dirigeant le groupe
de travail, formée des ministres
de l’Intérieur, de la Justice et des
Forces armées. La guerre pour le
démantèlement du FLN de France
était totale, mais cette politique
répressive et « sociale » ne réussira
pas à atteindre ses objectifs. Bien
au contraire, le FLN de France
renforçait sa présence auprès des
Algériens en parvenant à réduire,
fin 1958, les forces messalistes qui Arrêstation massive des Algériens à Paris
LA REVUE DE LA MÉMOIRE D'ALGÉRIE ( 9 ) www.memoria.dz
Guerre de libération
Histoire
que mène la Préfecture de Police de Paris tivités des harkis de Paris contre sont tout simplement supprimés
contre le FLN, les FPA sont en pre- les Algériens. La FPA était dis- pour en faire des exemples auprès
mière ligne», écrit-il. Et de conclure soute au grand dam de Papon et de leurs collègues ultras. Prenant
que «l’efficacité de la FPA a eu pour des ultras de l’Algérie française, prétexte de ces opérations ciblées
contrepartie l’emploi de moyens illégaux qui allaient poursuivre la répres- du FLN, qualifiées par les enne-
et moralement condamnables comme les sion à Paris, profitant des actions mis de la Révolution et la presse
arrestations et détentions arbitraires et armées du FLN contre les enne- acquise à l’Algérie française,
la pratique systématique de la torture». mis de la Révolution qu’ils soient d’«attentats terroristes» contre
Brunet rappelle que ces méthodes d’origine algérienne ou française. des agents «paisibles» de la police
policières dénoncées dans la presse Sont visés les harkis irréductibles, parisienne, des policiers tentent
de gauche, mais aussi l’ouverture mais aussi des policiers et para-po- de sensibiliser leurs collègues réel-
des premiers pourparlers d’Évian liciers auteurs d’exactions contre lement paisibles, notamment lors
entre le gouvernement français et les Algériens. Ces derniers sont des cérémonies d’entrainement, de
le GPRA à la fin du mois de juin d’abord mis en garde de cesser riposter par des représailles contre
1961, mettent fin aux sinistres ac- leurs actions et en cas de de refus, les Algériens.
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Groupe El-Djazaïr.com . MÉMORIA. Supplément n° 40- Octobre 2015.
Description:Consacré à l'histoire de l'algérie créé exclusivement en Kabylie, le raison de l'impasse absolue dans et d'agitation politique et militaire.