Table Of ContentGilles Boileau
Avec la collaboration de Léo Chartier
É T I E N N E
CHARTIER
La colère et le chagrin d’un curé patriote
S
ÉTIENNE CHARTIER
La colère et le chagrin d’un curé patriote
Gilles Boileau
Avec la collaboration de Léo Chartier
É T I E N N E C H A RT I E R
La colère et le chagrin d’un curé patriote
Se p t e n t r i o n
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à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme
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du gouvernement du Canada par l’entremise du Pro gramme d’aide au développement
de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
Illustration de la couverture : Le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière en 1840 (Dessin
d’Épiphane Lapointe, ACSCSA) ; de la quatrième : Ce profil serait celui de l’abbé Étienne
Chartier à l’époque où il étudiait la théologie tout en enseignant au Séminaire de Québec
(ACSCSA) et Les ruines de Saint-Benoît en décembre 1837 (Le Feu de la Rivière-du-Chêne).
Chargé de projet : Gaston Deschênes
Révision : Céline Comtois
Mise en pages et maquette de couverture : Pierre-Louis Cauchon
Réalisation de l’index : Émilie Guilbeault-Cayer
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Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives Ventes en Europe :
nationales du Québec, 2010 Distribution du Nouveau Monde
ISBN papier : 978-2-89448-577-4 30, rue Gay-Lussac
ISBN PDF : 978-2-89664-561-9 75005 Paris
Membre de l’Association nationale des éditeurs de livres
Prologue
Le clergé peut-il rester indifférent à ce qui se passe en Canada ?
Si un jour le peuple devait être malheureux, le prêtre devra être
à ses côtés pour essuyer ses larmes.
Étienne Chartier, La Minerve, 8 avril 1833
Dans le village de Saint-Gilles-de-Beaurivage, comté
de Lotbinière, le 21 mai 2007, les restes mortels du curé Étienne
Chartier furent retirés de la crypte de l’église paroissiale et déposés
pieusement en terre, à l’ombre du clocher, dans le cimetière local. Il y repose
maintenant pour l’éternité, auprès de ceux qui furent les pionniers de cette
paroisse fondée en 1836 et où il est décédé le 6 juillet 1853 après y avoir
été nommé curé quelques mois auparavant par Mgr Turgeon, archevêque
de Québec.
Cette cérémonie marquait la fin d’une longue errance pour ce curé patriote
qui, depuis son fameux discours au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière,
le 23 septembre 1829, et surtout depuis l’insurrection des patriotes, en 1837,
avait encouru l’incompréhension et la vindicte des évêques de Québec et de
Montréal.
Bien que l’Assemblée des évêques du Québec ait reconnu, en mars 1987,
que les patriotes n’avaient jamais été exclus de l’Église, qu’ils n’avaient subi
aucune sanction véritable de la part de la hiérarchie mais qu’ils avaient
simplement ignoré les directives de Mgr Lartigue, il faut malheureusement
constater que, pour des raisons incompréhensibles et surtout inexplicables,
il fut conseillé au curé de Saint-Gilles « de ne pas trop s’avancer », lui faisant
ainsi comprendre qu’une cérémonie religieuse dans l’enceinte du temple
paroissial, même pour le repos de l’âme d’un ancien curé de la paroisse,
serait sans doute contraire aux vœux des autorités du diocèse.
En dépit de la réhabilitation officielle des patriotes par les évêques du
Québec, le curé Étienne Chartier, plus de cent cinquante ans après sa mort,
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continue toujours d’être la victime de cet « absolutisme » qu’il reprochait
à l’Église de son époque. Si cet homme de cœur et de courage, si ce prêtre
dévoué, à la vie irréprochable et totalement au service de ses semblables
continue de déranger les autorités et de susciter la méfiance, il devient du
devoir de ses « héritiers » de défendre sa mémoire et de rétablir la vérité et,
pourquoi pas, de faire connaître son message dans la mesure du possible,
en n’oubliant pas que le patriotisme dont il se disait l’apôtre et le défenseur
était un « patriotisme religieux ».
Le jour est venu de revoir nos jugements sur celui qu’on a appelé parfois
l’« aumônier des patriotes », ci-devant curé de Saint-Benoît au moment des
« troubles de 1837 ». C’est le but ultime de cet ouvrage que de revoir l’image
que nous avons toujours eue de ce personnage hors du commun pour qui la
justice et la liberté étaient des principes de vie. S’il lui a fallu parfois entrer
en conflit avec ses supérieurs pour veiller au respect de ses droits et de ceux
de ses semblables, il reconnaissait néanmoins avoir toujours obéi à ses
seigneurs les évêques « quand leurs ordres étaient justes et raisonnables ».
Ce prêtre, citoyen du Bas-Canada avant tout, avait l’amour de son pays
chevillé au cœur et n’avait jamais accepté de vivre dans une « province
conquise ».
Il y a malheureusement des « erreurs historiques » comme il y a dans
notre société des erreurs judiciaires regrettables. Le sort que de nombreux
évêques du Bas-Canada, et d’autres, ont fait subir au curé Étienne Chartier
en constitue une preuve irréfutable. En ce domaine, la hargne que lui a
manifestée Mgr Lartigue vient en tête du palmarès.
Avec des documents d’archives, des journaux d’époque et d’autres pièces
de première main, dont une grande partie de sa correspondance de 1825
à 1852, nous avons tenté de suivre le curé Chartier tout au long de sa vie,
aussi bien dans ses nombreux combats et ses années d’exil que dans ses rares
moments de bonheur.
Les relations que les auteurs de ce document ont établies avec le curé
Chartier remontent fort loin dans le temps, et ce sont des relations de respect
et d’affection. Depuis plus de vingt ans, au moins, Léo Chartier – arrière-
petit-neveu du curé Étienne – suit les traces de ce grand-oncle, écumant les
centres d’archives, transcrivant, interrogeant, comparant, accumulant les
pièces à conviction. C’est grâce à sa foi, à sa ténacité et à sa générosité que
tout le peuple du Québec peut maintenant aller se recueillir sur sa tombe,
à Saint-Gilles-de-Beaurivage, et dire à ce prêtre trop longtemps oublié sa
sincère reconnaissance.
C’est après avoir consacré au curé Chartier un modeste essai, en 1999,
que j’ai fait la rencontre de Léo Chartier. De cette rencontre est né ce livre.