Table Of ContentVolume 8
Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1973 ;
sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette
édition numérique a été spécialement recomposée par
les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF
pour la bibliothèque numérique Gallica.
La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 8
tion et rotation interne. La respiration contractions musculaires involontaires au membre inférieur en débutant au
épilepsie
est bloquée, le visage congestionné. mais conscientes, de durée très brève, gros orteil puis en diffusant vers la
Après quelques secondes, les explosives, de quelques dixièmes de racine de la cuisse.
Nom réservé aux manifestations cli- seconde, souvent bilatérales, intéres-
muscles s’animent d’une vibration de
y L’épilepsie occipitale est constituée
niques (attaques convulsives) en rap- sant surtout les membres supérieurs,
plus en plus ample et rapide : la phase
par des hallucinations de caractère
port avec la décharge hypersynchrone survenant assez électivement dans les
clonique a débuté. Elle est marquée par
élémentaire (cercles colorés, sco-
(simultanée) d’une population de cel- minutes qui suivent le réveil ou lors
des convulsions qui ne sont en fait que
lules cérébrales (ou neurones). de stimulations visuelles ou auditives tomes scintillants...) latéralisées ou
la poursuite de la phase tonique, entre-
non dans les champs visuels opposés
L’épilepsie est connue depuis la coupée de périodes de décontraction intenses et inopinées (claquement de
porte inattendu, éblouissement). L’in- au foyer épileptique. Des secousses
plus haute antiquité. On la trouve venant interrompre rythmiquement la
tensité de la contraction musculaire et des yeux (nystagmiformes ou oculo-
mentionnée par les auteurs anciens contracture tonique.
l’amplitude du mouvement qu’elle pro- gyres), avec ou sans déviation conju-
sous les noms de haut mal, mal sacré,
Peu à peu, ces périodes de relâche-
mal caduc, mal de Saint-Jean. De tout voque sont très variables. guée de la tête, sont fréquentes.
ment s’allongent, et les convulsions
c) Le petit mal akinétique se définit
temps, son allure terrifiante la faisait s’espacent, puis cessent. C’est alors y L’épilepsie pariétale par atteinte
comme une suspension très brève,
considérer comme infligée par le cour-
la résolution musculaire complète. de la circonvolution pariétale ascen-
involontaire mais consciente, du
roux des dieux. À Rome, les assem-
Le coma est calme et profond, la res- dante réalise l’épilepsie jacksonienne
tonus postural. Localisé au niveau des
blées du Forum étaient dissoutes quand
piration ample, profonde et bruyante. sensitive homologue de la crise B.-J.
muscles du cou, elle entraîne une chute
un épileptique venait à tomber, et Plu-
Puis le coma s’atténue, la conscience motrice.
soudaine de la tête : l’enfant « pique
tarque nous apprend que César était
réapparaît, mais le sujet reste déso-
du nez » ; aux membres supérieurs, y L’épilepsie temporale est beaucoup
sujet à de telles crises.
rienté, confus et fatigué. Il n’est pas
elle entraîne le lâchage des objets ; plus complexe du fait de l’hétérogé-
rare qu’une céphalée persiste plu-
aux membres inférieurs, elle se traduit
néité de ce lobe, de la multiplicité de
Formes cliniques
sieurs heures après la crise. Au cours
par un brusque dérobement des jambes
ses fonctions, de la complexité de ses
de la crise, l’hypersécrétion salivaire
Schématiquement, l’épilepsie se pré- avec chute brutale.
liaisons. Le lobe temporal comporte
donne la fameuse « bave », qui est
sente sous deux aspects : les crises
plusieurs zones de projection senso-
sanglante lorsque existe une morsure
généralisées et les crises focalisées. Si Les crises d’épilepsie focales
rielle (auditive, olfactive, vestibu-
de la langue. Enfin, la perte des urines
les crises sont rapprochées et presque Les crises d’épilepsie focales, ou par-
et plus rarement des matières accom- laire) ; il joue un rôle important dans
ininterrompues, on dit qu’il y a « état tielles, sont des crises dont la symp-
pagne le relâchement musculaire de la l’élaboration du langage. La crise peut
de mal ». tomatologie clinique et électrique
phase résolutive. être marquée par des hallucinations
permet d’incriminer l’atteinte de cer-
La perte de conscience est un argu- visuelles : scènes, tableaux, visages,
Les crises généralisées taines zones du cerveau. Elles corres-
ment fondamental dans le diagnos- objets déformés. Il peut s’agir aussi
idiopathiques pondent souvent à une cause précise,
tic de l’épilepsie généralisée. Elle de crises auditives élémentaires (per-
dont la mise en évidence est plus ou
Depuis l’introduction de l’électro-
est complète, immédiate. Elle a pour moins difficile à faire. Quelle que soit ception de ronflements, sifflements)
encéphalographie*, l’habitude a pré-
conséquence une amnésie totale de la la forme réalisée, elles se caractérisent ou complexes (thèmes musicaux,
valu de distinguer deux grandes varié-
crise et de son début. par l’existence de signes initiaux, iden- discours). Les crises olfactives se
tés de crises généralisées : le grand
y On désigne sous le nom de petit mal tiques chez un même malade, surve- définissent par la perception d’odeurs
mal, tonico-clonique, et le petit mal, à
trois types de crises : les absences, les nant en pleine conscience. La crise se presque toujours désagréables. Les
type d’absence, de myoclonie (contrac-
crises myocloniques, les crises aki- développe ensuite rapidement. Elle troubles paroxystiques du langage
tion musculaire involontaire) ou d’aki-
nétiques. Elles se rencontrent surtout peut rester localisée à un segment du
nésie (arrêt de mouvement). Ces crises sont marqués par l’existence fugace
dans l’enfance. corps, mais peut aussi se généraliser,
sont dites « idiopathiques » lorsque au- d’un jargon indifférencié, par l’in-
a) Les absences du petit mal sont ca- avec perte de conscience. Dans ce
cune cause ne peut leur être rapportée. compréhension du langage d’autrui,
ractérisées par une brève suspension cas, il n’y a pas d’amnésie du début
qui apparaît comme étranger. Enfin,
y La crise tonico-clonique du grand
de la conscience et du mouvement conscient de la crise.
plus caractéristique encore de l’épi-
mal se déroule en trois phases suc-
pendant quelques secondes. Leur appa- y Dans l’épilepsie frontale, la dé-
cessives, devenues très classiques : lepsie temporale, la crise psycho-
rition est soudaine, leur durée brève, charge épileptique au niveau de la
tonique, clonique et résolutive. Le motrice est marquée par un certain
avec un retour immédiat et complet du circonvolution frontale ascendante se
début de la crise est marqué par une nombre d’activités automatiques sté-
niveau de conscience. Il n’y a aucun traduit par la crise dite « Bravais-jack-
brusque perte de connaissance avec, réotypées élémentaires (se frotter les
souvenir de la crise. Ainsi, le malade sonienne » (crise B.-J.), marquée par
lorsque le malade est assis ou de- mains, boutonner et déboutonner son
interrompt brutalement son activité, la flexion invincible du pouce dans la
bout, une chute brutale sans retenue s’arrête au milieu de son geste, de sa main, puis la survenue de secousses vêtement) ou plus élaborées (traver-
et souvent aggravée par une brusque phrase ; il reste figé, comme pétrifié, les de flexion-extension à ce niveau. Ces ser une rue, prendre le train, faire une
décharge myoclonique. Un cri stri- yeux fixes, hagards, ne semblant rien secousses cloniques peuvent gagner fugue).
dent n’est pas rare à ce moment ; il
voir ni entendre. Au bout de quelques l’avant-bras, le bras, l’épaule. Ail-
correspond au spasme des muscles secondes, il reprend sans transition leurs, la crise est localisée à la face, L’état de mal épileptique
expirateurs. Après une brève phase l’acte interrompu exactement au point avec attraction de la commissure
On désigne sous ce nom une forme par-
en demi-flexion, le corps se tend où il l’avait laissé en suspens, comme labiale, fermeture des paupières, se-
ticulière d’épilepsie qui se trouve réa-
(phase tonique) en hyperextension, la lorsqu’on arrête le déroulement d’un cousses musculaires de l’hémiface.
lisée chaque fois qu’une crise persiste
tête rejetée en arrière, le visage et la film sur une image puis que l’on re- Au niveau de la frontale moyenne,
suffisamment longtemps ou se répète
mâchoire crispés. Les membres supé- prend. Ces absences surviennent électi- l’expression typique en est la dévia-
avec des intervalles suffisamment brefs
rieurs légèrement élevés au-dessus du vement dans l’enfance, le plus souvent tion conjuguée de la tête et des yeux
pour créer une condition épileptique
corps sont en rotation interne, pro- vers 5 ou 6 ans, disparaissant après vers le côté opposé, avec conservation
nation forcée, coudes à demi fléchis, la puberté, où des crises généralisées de la conscience. L’atteinte du lobule fixe et durable. Dans ces conditions,
poings fermés, les doigts recouvrent peuvent leur succéder. paracentral donne lieu à la crise cru- on pourrait décrire autant d’aspects
le pouce dans la paume. Les membres b) Le petit mal myoclonique est ca- rale, crise B.-J. identique à celle du sémiologiques d’état de mal qu’il y a
inférieurs sont en extension, adduc- ractérisé par la survenue soudaine de membre supérieur mais qui se déroule de variétés de crises épileptiques.
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Convulsions du nourrisson peuvent être en cause (médicaments, pro- part, des manifestations paroxystiques problèmes sociaux et peut aller de pair
duits d’entretien). localisées survenant sur ce tracé déjà avec des troubles caractériels.
et de l’enfant
Le spasme du sanglot va quelquefois altéré. J. E.
On doit entendre sous ce terme toutes les
jusqu’à des secousses convulsives, mais en
J. A. Chavany, Épilepsie. Étude clinique, dia-
crises paroxystiques d’origine cérébrale
général se limite à un spasme tonique avec gnostique, physiopathogénique et thérapeu-
liées à l’activité excessive et hypersyn- Causes des épilepsies
perte de connaissance fugace. tique (Masson, 1958). / J. Guerrant et coll., Per-
chrone de l’ensemble ou d’une partie des sonality in Epilepsy (Springfield, Illinois, 1962).
Il n’y a pas d’affection cérébrale qui
neurones corticaux ou sous-corticaux. En / A. Grasset, l’Enfant épileptique (P. U. F., 1968).
dépit de l’unité neurophysiologique des ne soit susceptible, à un moment / R. Delaveleye, le Problème de l’hérédité dans
Diagnostic de l’épilepsie
crises convulsives, les problèmes posés donné de son évolution, de se traduire les syndromes épileptiques (Expansion scien-
tifique française, 1969). / R. Bouchard et coll.,
varient considérablement selon l’âge de
L’électro-encéphalographie a été à par une crise d’épilepsie : tumeurs,
l’Épilepsie essentielle de l’enfant (P. U. F., 1975).
l’enfant.
l’origine des progrès les plus specta- traumatismes cérébraux, alcoolisme,
Les convulsions néo-natales sont soit
culaires en matière d’épilepsie. Son accidents vasculaires en demeurent
des crises toniques, très souvent par-
rôle ne consiste pas exclusivement en cependant les grands pourvoyeurs. Il
tielles, segmentaires, plusieurs segments
pouvant battre à des rythmes différents, la détection de l’épilepsie, mais aussi n’en reste pas moins vrai que les mé- Épinal
soit des accès cloniques de courte durée, dans la recherche d’une origine à celle- ningites, les abcès, les encéphalites, un
également segmentaires. L’hémorragie ci et dans la surveillance de l’efficacité
certain nombre de maladies dégénéra-
F VOSGES.
cérébro-méningée néo-natale (due à l’ac- de la thérapeutique en cours.
tives (qu’elles soient familiales ou non)
couchement) en est la cause la plus fré-
L’épilepsie étant avant tout un s’accompagnent très fréquemment de
quente ; viennent ensuite les méningites
trouble paroxystique, l’enregistrement manifestations épileptiques. Une place
néo-natales, le traumatisme et l’anoxie
néo-nataux, l’hypocalcémie, l’hypogly- électrique est très habituellement fait particulière est réservée aux cicatrices épiphytes
cémie, certaines maladies métaboliques en dehors d’une crise. Dans l’intervalle cérébrales, car, si elles peuvent succé-
(plantes)
rares comme l’hyperprolinurie, maladie des crises, des anomalies peuvent se der à une lésion directe connue du tissu
des urines à « odeur de sirop d’érable ».
rencontrer. Il peut s’agir de véritables
nerveux (intervention chirurgicale,
D’autres crises peuvent être en rapport
« crises électriques » sans manifesta- traumatisme crânien), bien souvent Végétaux fixés sur d’autres plantes
avec des malformations cérébrales ou des
tions cliniques. C’est surtout le cas du mais qui ne prélèvent aucune nourri-
foetopathies acquises (toxoplasmose). elles apparaissent comme primitives
petit mal ; il s’agit plus communément ture sur leur hôte, ce dernier leur ser-
Les convulsions du nourrisson et du et sont alors souvent rapportées à des
d’accidents paroxystiques isolés. vant uniquement de support.
jeune enfant sont très fréquentes. La pro- affections de l’enfance passées inaper-
pension du petit enfant à réagir par des D’autre part, dans certains cas, le çues, à des traumatismes obstétricaux, L’alimentation des épiphytes est
convulsions à des modifications, même
tracé intercritique obtenu est normal, voire à une atteinte cérébrale au cours entièrement prise dans l’air. Ils doivent
légères, de ses constantes biologiques est
mais certaines techniques d’activation de la vie foetale intra-utérine. C’est dire y trouver l’eau, les sels minéraux et
remarquable. Ce fait est important, car une
assez grande part de crises convulsives permettent parfois de faire apparaître qu’aucune cause, si évidente soit-elle, aussi le gaz carbonique, comme tous
observées à cet âge n’a pas la signification ces anomalies. Ce sont les épreuves ne saurait être retenue comme étant les végétaux verts.
d’une épilepsie. On doit donc distinguer à de stimulation lumineuse intermit-
à l’origine de la crise tant que l’on Ces plantes possèdent toutes de la
cet âge les convulsions qui sont appelées tente (S. L. I.) et d’hyperpnée, l’enre-
n’aura pas éliminé toutes les autres chlorophylle ; elles n’ont pas d’autre
à se renouveler pendant tout ou partie de
gistrement sous sommeil spontané
possibilités. Si l’épilepsie dite « essen- source d’aliments carbonés que la pho-
la vie (épilepsie) des convulsions occasion-
ou provoqué, l’utilisation de produits
nelles, qui ne représentent que le mode tielle » représente une entité morbide tosynthèse. Sur ce point, elles ne dif-
pharmacologiques (pentétrazol). La
d’expression particulier d’une maladie bien individualisée dans l’état actuel fèrent guère des autres végétaux verts.
sémiologie électrique de base, dans
aiguë métabolique, infectieuse ou autre. Par contre, en ce qui concerne la nutri-
de nos connaissances, la multiplicité
l’épilepsie, est faite de deux éléments :
Les plus fréquentes des convulsions du tion minérale, réalisée chez les autres
des affections susceptibles d’entraîner
la pointe et l’onde. Celles-ci peuvent
nourrisson sont cependant les convulsions plantes à l’aide des racines, les épi-
l’apparition ou la répétition de crises
fébriles, dites encore « hyperpyrétiques ». se rencontrer isolément ou associées de
phytes, portées soit par d’autres êtres
d’épilepsie rend bien compte de la di-
Leur réputation de bénignité a pour corol- façons diverses.
vivants, soit même parfois par un sup-
laire un diagnostic fondé sur des critères versité des thérapeutiques proposées.
Dans le petit mal, les complexes port inerte tel qu’un fil de fer, utilisent
rigoureux : absence de crise en dehors Lorsqu’une cause a pu être mise en
pointes-ondes se succèdent avec une uniquement les substances apportées
de la fièvre, apparition de la crise dans évidence dans la genèse de ces crises
les 24 heures qui suivent la poussée ther- remarquable régularité à un rythme par l’air : minuscules poussières arra-
d’épilepsie, il va sans dire que le trai-
mique, absence de maladie du système proche de trois cycles par seconde. Ils chées au sol ou dissoutes au passage
tement médical de celle-ci se confond
nerveux, durée courte (10 à 15 minutes) et apparaissent brusquement sur un tracé par les gouttes de pluie.
apparition dans le tout jeune âge, absence avec celui de cette cause, les autres
jusque-là normal. Leur répartition est
À cette fin, les plantes épiphytes
enfin d’anomalies électro-encéphalogra- thérapeutiques n’étant qu’un adjuvant
bilatérale et symétrique.
phiques à distance de la crise. Le maximum possèdent des organes spécialisés. Cer-
dont l’importance est variable.
de fréquence de ces convulsions hyperpy- Dans le grand mal, des pointes se taines, comme Tillandsia, portent sur
Le traitement de l’épilepsie essen-
rétiques se situe vers 12-24 mois ; elles succèdent à un rythme proche de qua- leurs tiges et leurs feuilles des poils
tendent à disparaître après 5 ans. torze cycles par seconde au cours de la tielle doit obéir à un certain nombre de absorbants pluricellulaires, assez com-
Les convulsions du nourrisson peuvent phase tonique. La phase clonique est règles telles que la continuité et la pro- pliqués, qui, d’une part, s’enfoncent
être liées à une méningite aiguë, purulente marquée par l’apparition de grandes longation. Toute suspension brusque dans les tissus et, d’autre part, s’étalent
ou non, à des méningo-encéphalites, à des
ondes lentes polymorphes. Enfin, pen- de la thérapeutique expose non seule- à la surface de la tige. La paroi externe
hémorragies méningées.
dant la phase résolutive, le tracé est ment à la réapparition des crises, mais des cellules est couverte d’un mucilage
Au cours des déshydratations aiguës,
constitué d’une activité (delta) très aussi à la création d’un état de mal. hygroscopique épais, capable de rete-
on observe fréquemment des convulsions.
lente, très ample. Ces activités sur- Le traitement de base est représenté nir l’eau de pluie, la rosée et même la
Elles sont très probablement engendrées
viennent de façon bilatérale, symé- par l’administration de barbituriques, vapeur d’eau de l’air ambiant.
par des facteurs complexes, au premier
rang desquels il faut citer les troubles de trique et synchrone. auxquels on peut adjoindre d’autres D’autres, Monocotylédones pour la
l’osmolarité (concentration osmotique du médicaments si le contrôle des crises
Dans l’épilepsie focale, l’enregistre- plupart, laissent pendre vers le sol de
plasma), la fièvre et l’anoxie. L’hypocalcé-
ment permet parfois de distinguer deux n’est pas obtenu de façon satisfaisante. longues racines aériennes dépourvues
mie (baisse du calcium sanguin) est une
ordres d’anomalies. D’une part, celles L’épilepsie maladie ne représente pas de poils absorbants, mais qui sont re-
cause importante de convulsion apyré-
tique chez le nourrisson, et le rachitisme en qui sont en rapport avec le processus exclusivement un problème médical ; couvertes de tissus morts réduits àleurs
est la raison habituelle. Des intoxications lésionnel proprement dit, et, d’autre dans certains cas, elle se complique de membranes squelettiques ; les cellules,
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vides de cytoplasme, sont remplies appartenant à tous les groupes auto- Les rois qui régirent si longtemps la Rome, et ce jusqu’en 750. Elle par-
d’air. L’eau de pluie, la rosée et même trophes (Mousses, Fougères, Angios- contrée surent de même se draper des tagea, quoique à un degré moindre,
le brouillard y pénètrent, et c’est dans permes). Ce mode de vie permet à des splendeurs de la légende épique. Néop- toutes les tribulations dont souffrit la
cette structure que les tissus vivants in- plantes de petite taille de se hausser à tolème, dit Pyrrhos, le fils d’Achille, péninsule balkanique : invasions ger-
ternes puiseront l’eau indispensable à une hauteur où, dans la grande forêt, les fut le premier à s’y installer, accom- maniques au Ve s. et slavonnes du VIe
la plante. Ce velamen joue en somme le rayons lumineux pourront les atteindre. pagné d’Andromaque, la veuve d’Hec- au VIIIe s., razzias bulgares de Siméon
rôle d’une éponge. On connaît de telles En effet, dans ces zones, la densité de tor, qui lui donna des fils, descendants et de Samuel aux IXe et Xe s., invasions
dispositions chez certaines Orchidées la végétation est telle que seuls les d’Héraclès. Ce n’est pourtant que sous normandes de Robert Guiscard le 1081
(la vanille par exemple), Broméliacées, grands arbres reçoivent les rayons lu- le règne de Tharypas, à la fin du Ve s. à 1085, de Bohémond Ier en 1107-08
Aracées : certains Monstera exploités mineux directement, les plantes plus av. J.-C., que les tribus de l’Épire et de Guillaume II le Bon en 1185-86.
au Mexique pour leurs fruits et connus basses se contentant de la faible lueur furent véritablement groupées en un
Après l’entrée des croisés àConstan-
en Europe comme plantes ornemen- des rayons qui ont filtré à travers cette seul royaume, dont les rois n’étaient
tinople en 1204, beaucoup de notables
tales de serre peuvent vivre fixés aux première couche. Mais l’adaptation des d’ailleurs guère puissants : leur gou-
byzantins se réfugièrent en Asie et en
arbres après avoir perdu leur liaison épiphytes à ce milieu leur permet de vernement pouvait passer pour consti-
Grèce, cependant que d’autres cher-
avec le sol, et dans ce cas leurs longues tourner la difficulté et de subsister dans tutionnel, limité par des institutions
chèrent fortune en aidant les croisés à
racines pourvues de voile assurent des conditions difficiles. qui garantissaient l’autonomie et les
conquérir les territoires de l’Empire :
seules le ravitaillement en eau. J.-M. T. et F. T. particularismes des diverses parties
parmi ces derniers, Michel Ange
Ier
du peuple épirote ; ils surent pourtant
Un autre dispositif réalisé dans la Doukas Comnène († 1215), fils du
jouer les chefs de guerre et unir leurs
nature s’observe chez certaines Bro- sébastocrator Jean Doukas, qui se nit
sujets dans de vastes expéditions qui
méliacées qui portent des feuilles en au service de Boniface de Montfer-
Ier
Épire
leur assurèrent la réputation de valeu-
forme de coupe. Certaines recueillent rat, roi de Thessalonique ; mais, frus-
reux soldats. On vint même d’Ita-
ainsi un demi-litre d’eau. Chez Nidu- tré dans ses ambitions, il déserta en
larium, les feuilles forment une coupe Province grecque qui, longtemps lie, à la fin du IVe s., pour s’assurer le Épire, qu’il érigea en État indépendant
concours d’Alexandre le Molosse.
rouge qui entoure les fleurs ; l’eau sta- isolée, devint pour peu de temps, Ier (1204-1215).
gnante pénètre par les poils absorbants à l’époque hellénistique, un grand La puissance nouvelle que la mo-
Environné d’ennemis, il manoeu-
portés par la surface foliaire. Pour cer- royaume. narchie épirote sut acquérir à l’époque
vra avec une rare diplomatie : il tint
taines espèces, cette eau n’est pas un hellénistique tient peut-être à ce que,
en échec Vénitiens et barons francs
simple appoint, mais est strictement L’Épire antique vers 357 av. J.-C., Philippe II de Ma-
et parvint à élargir peu à peu l’aire
indispensable à la vie et au développe- cédoine épousa une fille de la famille
L’Épire, au nord-ouest de la Grèce, est de sa principauté. Après son assassi-
ment de l’individu. Des citernes, sou- régnante, Olympias, qui devint en
séparée de la Thessalie par la chaîne nat, il fut remplacé par son demi-frère
vent en forme de bulbe, existent aussi 356 la mère d’Alexandre le Grand,
du Pinde, si difficile à franchir. Si elle Théodore (1215-1230), dont tous les
chez certaines Orchidées. et l’Épire ne resta pas étrangère aux
touche vers le sud au golfe d’Ambracie efforts visèrent à accaparer le royaume
luttes des diadoques qui tentaient de
Enfin, de nombreuses épiphytes ac- (auj. Arta), elle est baignée à l’ouest latin de Thessalonique, qui tomba entre
s’approprier l’héritage de son empire.
cumulent entre elles et leur support un par la mer Adriatique, et sa côte est ses mains en décembre 1224. Fort de
La dynastie ancienne faillit y périr. En
peu d’humus, qui se gorge de l’eau des des plus inhospitalières. La contrée ce succès et de la couronne impériale
317 av. J.-C., le roi Eacidas fut chassé
précipitations et maintient de l’humi- resta ainsi très longtemps isolée du qu’il s’empressa de ceindre (1227-28),
de son royaume, et son fils Pyrrhos,
dité à la base de la plante. Il semble que reste du monde grec, malgré certains il ambitionna de s’emparer de Constan-
âgé de deux ans, fut emmené par de
ce soit le rôle du prothalle persistant efforts des Corinthiens pour s’instal- tinople, mais son rêve s’évanouit à la
fidèles serviteurs en Illyrie, où le roi
de certaines fougères épiphytes comme ler dans la région (au VIIIe s. av. J.-C., bataille de Klokotnica (printemps
Glaucias l’éleva jusqu’en 307, puis il
Platycerium ; si, après développement ils avaient créé dans l’île de Corfou 1230), où il fut battu et capturé par les
fit un séjour à la cour de Démétrios
du sporophyte, on arrache cette lame, la colonie de Corcyre, qui devint très Ier Bulgares.
Poliorcète, qui l’initia aux finesses de
de taille importante, la plante dépérit ;
vite une puissante cité commerçante). la guerre moderne et l’emmena jusque Il fut remplacé à Thessalonique par
le prothalle, même mort et apparem-
L’intérieur du pays est rude ; des ravins son frère Manuel (1230 - v. 1237),
sur le champ de bataille d’Ipsos, où se
ment desséché, garde son rôle.
escarpés, des vallées profondes qu’il décida le sort de l’Asie (en 301). cependant que Michel II (v. 1231 - v.
L’eau ainsi obtenue est bien pauvre est souvent impossible de remonter, 1277), fils de Michel assoyait son
Ier,
Roi d’Épire de 295 à 272, Pyr-
en éléments minéraux par rapport à séparés par d’abrupts chaînons rocheux autorité sur une vaste portion de la
rhos* II échoua dans son grand des-
celle que les plantes enracinées dans parallèles, le découpent. Y vivaient de péninsule des Balkans, résistant obs-
sein de la conquête de l’Italie. Après
le sol utilisent. L’absorption par les solides montagnards, Molosses, Thes- tinément aux souverains rivaux de
sa mort, l’Épire devint (v. 233?) une
feuilles des poussières contenues dans protes, Chaoniens..., qui se groupaient Nicée, qui revendiquaient pour eux
fédération démocratique qui s’allia aux
l’atmosphère est, dans le cas d’un épi- en clans, en tribus souvent hostiles, seuls les droits à l’héritage de l’Empire
Romains, avant d’encourir leur colère
phytisme vrai, la seule explication de sans connaître l’organisation des cités byzantin. Son espoir de les supplanter
pour avoir pris le parti du roi Persée
l’alimentation minérale du végétal. Or, qui sont la marque de la civilisation s’écroula avec l’avènement (1258) de
dans la troisième guerre de Macédoine.
des Tillandsia, vivant sur un support grecque.
Michel VIII Paléologue, qui s’empara
En 168, soixante-dix localités épirotes
minéral, subsistent fort bien et ont Un pays si particulier n’était pas de Constantinople en 1261. À la mort
furent pillées, détruites, leurs habitants
une composition chimique (analyse
sans charmes : les Grecs, qui en aperce- de Michel II, la principauté d’Épire
furent vendus en esclavage. L’Épire
de cendres) semblable à celle des in- vaient de loin les sommets embrumés, fut divisée entre ses fils : Nicéphore
pouvait devenir province romaine.
dividus fixés sur support vivant. Cela
en avaient fait un pays de légendes. obtint l’Épire et Jean la Thessalie. Le
J.-M. B.
exclut donc tout apport éventuel de la
C’est au coeur même de l’Épire, à meurtre du dernier despote grec, Tho-
plante hôte.
Dodone, que se trouvait l’oracle de mas, en 1318, auquel succédèrent les
L’Épire médiévale
Les épiphytes sont le plus souvent, Zeus (le premier sans doute des oracles comtes de Céphalonie, Nicolas et Jean
sous nos climats, des Mousses et des panhelléniques), qui parlait en faisant Après la division de l’Empire romain Orsini, fut suivi d’une période d’agita-
Lichens, qui encombrent les troncs et bruire la ramure de chênes millénaires à la mort de Théodose (395), l’Épire tion et de confusion qui dura environ
les branches de certains arbres. Dans tandis que les selloi, prêtres aux pieds releva des empereurs d’Orient au un siècle, le pays étant tour à tour et
les régions tropicales, on en trouve nus, interprétaient les prescriptions point de vue administratif, mais, pour parfois simultanément convoité par les
un bien plus grand nombre d’espèces, divines. le spirituel, continua de dépendre de Paléologues, les Angevins de Naples,
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les Serbes, les Albanais et des dynastes sie épique est particulièrement apte d’Orange dans les chansons de geste, qui constitue une « métaphysique » au
italiens. Un point final fut mis à cette à transmettre, sans le support d’écri- ou Dietrich von Bern et Attila dans les sens propre, comme dit Roger Bas-
division par les Turcs, priés d’interve- ture, un corps de récits traditionnels et épopées germaniques ; il y en a d’autres tide. Une fois organisés en système,
nir en Épire par des membres rivaux de que des peuples, un peu partout dans qui sont sans doute des produits pure- toutefois, ces cadres peuvent agir très
la famille des Tocco : Murat II enleva le monde et à diverses époques, l’ont ment littéraires. Il arrive souvent aussi bien aussi au niveau subconscient, en
Ioánnina en 1430, et Arta tomba en utilisée effectivement à cette fin, soit à la poésie épique de traiter de hauts conditionnant les oeuvres de la pensée
1449. L’Épire passa alors progressive- parce que l’usage d’une graphie n’était faits accomplis par des personnalités dans tous les domaines. Cependant, on
ment sous contrôle ottoman, à l’excep- pas suffisamment répandue chez eux, vivantes et dont le poète a même pu peut les étudier particulièrement bien
tion d’une bande côtière administrée soit parce que la tradition ainsi trans- être parfois un témoin oculaire. En dans les épopées, qui, étant de longs
par Venise. mise avait un caractère ésotérique qui Inde, en effet, les fils d’un katriya récits coordonnés, composés de divers
P.G. interdisait sa mise par écrit. La matière et d’une brahman, ou d’un vaiya et épisodes où se confrontent des person-
F Balkans / Byzantin (Empire) / Grèce / Ottoman d’une telle poésie orale traditionnelle d’une fille katriya, qui constituaient nages représentant des types variés,
(Empire). est constituée généralement, d’une une caste particulière de poètes de donnent à observer leur fonctionne-
P. Lévêque, Pyrrhos (De Boccard, 1957). / part, par des mythes relatifs aux ac- cours, les stas, étaient en même temps ment de multiples façons.
D. M. Nicol, The Despotate of Epiros (Oxford,
tions divines qui créent et maintiennent les cochers du roi, qu’ils accompa- L’histoire de la guerre de Troie, par
1957). / E. Lepore, Ricerche sull’ antico Epiro,
l’ordre actuel de l’univers et, d’autre gnaient à la guerre et à la chasse, de
le origine storiche e gli interessi greci (Naples, exemple, qui constitue, comme on le
1962). / N. G. L. Hammond, Epirus (Oxford, part, par des légendes concernant les façon à voir ses exploits. Chez les sait, la matière la plus importante de
1967). exploits des héros des temps passés. Noirs foulbés du Soudan, lorsqu’un l’épopée en Grèce, pourrait perpétuer le
Encore convient-il de noter que la dis- guerrier part en quête d’aventures, il
souvenir d’un événement produit vers
tinction est loin d’être nette entre ces emmène comme porteur de son bou- 1190 av. J.-C., la destruction de Troie
deux catégories. Les gestes de certains clier un poète (mabo), qui célébrera par VIIa, qui aurait pu être causée réelle-
épistémologie
héros, comme celles de Väinämöinen la suite ses actions héroïques dans un ment par une armée grecque conduite
dans le Kalevala, par exemple, ou poème épique appelé baudi. par un roi de Mycènes. La tradition
F SCIENCE. celles de Maui dans la tradition poly- Mais en fait les héros des épopées, épique l’a pourtant refondue complè-
nésienne, peuvent avoir fréquemment quelles que soient leurs origines, tement de façon à la conformer à des
la valeur d’un mythe cosmogonique. présentent en règle générale plus ou schèmes mythiques et idéologiques
Les héros font d’ailleurs souvent l’ob- moins d’affinité avec les dieux des que les Grecs avaient hérités de la civi-
Épîtres des
jet d’un véritable culte, comme en Inde mythologies. C’est qu’une poésie lisation commune des Indo-Européens.
Apôtres notamment, ou dans la Grèce ancienne, épique, même lorsqu’elle relate des C’est ainsi que les épopées présentent
et les poèmes relatant leurs exploits événements historiques ou contempo- cette guerre comme ayant été organi-
sont considérés comme des textes sa- rains, ne vise jamais à reproduire avec sée par deux frères, Agamemnon et
F TESTAMENT (Nouveau).
crés, dont le maniement peut produire exactitude les faits réels. Elle tend tou- Ménélas, en vue de récupérer la femme
des effets magiques. Ainsi, il est dit en jours plutôt à présenter des faits exem- de ce dernier, qui avait été enlevée.
Inde que « le simple fait de la lecture plaires, qui serviront de paradigmes On reconnaît là aisément l’influence
du Mahbhrata remet tous les péchés aux comportements de ses auditeurs, d’un mythe indo-européen bien connu,
épopée
sans exception » et que « quiconque lit et, partant, à constituer ses récits et ses concernant les fils jumeaux du Ciel (les
ou entend le Rmyaa est libéré de personnages en conformité de modèles Avin Divo napt dans le Rigveda ;
Long poème narratif. tout péché ». En Mongolie, on croit que prototypiques, que l’on retrouve aussi Dieva deli dans les chants folkloriques
Une définition plus détaillée ne la récitation d’une épopée (üliger) par dans les mythes. Certains de ces mo- lettes ; Dievo suneliai dans ceux des
pourrait correspondre ni à l’epo- un barde professionnel peut attirer la dèles sont des archétypes, qui font par- Lituaniens) entreprenant la délivrance
poiia (de epos, « parole », et poiein, présence réelle de dieux et de héros, tie sans doute de la structure d’un in- d’une fille du Soleil (Sry ou Duhit
« faire ») grecque, qui désignait en qui accordent toutes sortes de bienfaits conscient commun à tous les hommes, Sryasya en Inde ; Saules meitas chez
fait un poème écrit en hexamètres, lorsque le poème est dit exactement puisque leur fonctionnement en tant les Lettes ; Saules dukterys en Litua-
quel qu’en fût le contenu, ni au sens et à des moments où sa récitation est que schèmes ordinateurs de représen- nie), qui est à la fois leur soeur et leur
large que l’on donne généralement à ce autorisée. Autrement, celle-ci peut pro- tations se laisse déceler non seulement épouse commune.
voquer au contraire leur colère et avoir
terme en français. Certains proposent dans les mythes, légendes et contes Certes, les motifs de l’inceste et de
de dangereuses conséquences.
d’identifier l’épopée avec une poésie folkloriques d’un grand nombre de la polyandrie, qui faisaient partie inté-
orale héroïque, qui pourrait être créée, Certains héros semblent du reste peuples à travers le monde, mais aussi grante du mythe, ont été épurés appa-
dit-on, seulement à l’« âge héroïque » avoir été réellement des divinités à dans les images oniriques de n’importe remment de l’épopée. Mais en fait la
d’une nation. Mais si l’on acceptait l’origine. C’est le cas, notamment, des quel sujet. D’autres appartiennent en fable conserve des traces de ces élé-
cette définition, il faudrait exclure deux plus illustres personnages dans propre à une nation ou civilisation, soit ments. D’après une légende, en effet,
alors du genre épique tant de grandes l’épopée Narte du Caucase du Nord : parce qu’ils sont donnés directement Hélène, lorsqu’elle était encore jeune
oeuvres représentatives, comme celles, Batraz et Soslan-Sozyryko ; le premier, par des mythes ou types divins origi- fille, fut enlevée par Thésée, qui la
à titre d’exemple, d’Hésiode, de Vir- en effet, comme l’a montré Georges naux, soit parce qu’il s’agit des cadres conduisit àAphidna pour la confier à sa
gile, de Dante et de John Milton. Un Dumézil (né en 1898), prolonge clai- conceptuels que cette nation ou civili- mère Aethra : elle fut sauvée ensuite par
poème que l’on peut qualifier d’épique rement le dieu guerrier fulgurant des sation a créés pour saisir le réel dans ses frères, les Dioscures. Dans l’Iliade
peut être composé aussi bien avec que Scythes, qu’Hérodote identifie avec un nombre limité de grandes catégories même (III, 236-244), du reste, ignorant
sans l’aide d’écriture et traiter des Arès, et le second se montre nettement constituant un système cohérent. Les la mort de ceux-ci survenue après son
sujets très variés : non seulement des comme un dieu solaire transformé en ethnologues ont montré en effet que départ de la Lacédémone, elle s’étonne
mythes et des légendes héroïques, mais héros. Il va sans dire toutefois que chaque civilisation invente pour son de ne pas les apercevoir dans les
aussi des faits historiques, des hagio- tous les héros qui figurent dans les compte un tel système classificatoire rangs des Achéens, en les considérant
graphies, des fables d’animaux, etc. Il épopées ne sont pas d’anciens dieux — on en trouvera un bon exemple, comme les vengeurs les plus naturels
est même des épopées qui sont pure- déchus ; loin de là. Il existe en effet des celui des Indiens Zuñis du Nouveau- de l’atteinte à son honneur. La femme
ment philosophiques ; il en est d’allé- héros dont on peut établir avec certi- Mexique, dans un beau livre de Jean d’Agamemnon, Clytemnestre, d’autre
goriques, de satiriques, et bien d’autres tude l’historicité, comme par exemple Cazeneuve, Les dieux dansent à Cibola part, est une soeur jumelle d’Hélène,
encore. Il reste cependant que la poé- Charlemagne, Roland et Guillaume le shalako des Indiens Zuñis (1957) —, son doublet en quelque sorte.
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Certains textes font en outre état schème fourni par l’« idéologie tri- Or, ce signalement collectif de la sistent en outre au premier niveau un
d’une tradition qui donnait Hélène partie » des Indo-Européens, qui était nation troyenne contraste avec celui prophète (Calchas) et deux conseillers
pour une fille, non pas de Zeus, mais leur « métaphysique » au sens que nous de l’armée achéenne, qui lui oppose incarnant respectivement une sagesse
du dieu du Soleil, Hélios. avons défini plus haut. Ils tendaient, un tableau exactement complémentaire conservatrice (Nestor) et une intelli-
en effet, comme nous le savons au- dans le cadre d’une structure trifonc- gence imaginative (Ulysse). Le person-
Ce thème mythique, qui convient
singulièrement au traitement dans le jourd’hui grâce aux travaux de Georges tionnelle. En effet, si l’on reconnaît nage de Nestor, dont la longévité extra-
cadre d’une légende héroïque, a été Dumézil, à articuler leurs spéculations parmi les Grecs quelques représentants ordinaire lui permet de connaître toutes
exploité parallèlement par plusieurs dans tous les domaines à l’aide de trois de la troisième fonction, en particu- les générations de la race héroïque de
autres traditions épiques des peuples grandes catégories, correspondant aux lier dans leurs médecins, les deux fils la mythologie grecque et d’accumu-
fonctions sociales des prêtres-gouver- d’Asclépios, Machaon et Podaleirios, ler une somme énorme d’expériences,
indo-européens. Dans le Rmyaa,
en effet, Rma réussit à récupérer nants, des guerriers et des producteurs. ceux-ci n’assurent en fait qu’un seul qu’il met volontiers au profit des
sa femme St, que Rvaa, roi des En choisissant le cadeau d’Aphrodite, des multiples services que le système Atrides, reproduit manifestement un
démons (rkasa), avait emmenée de Pâris se procura la bénédiction de la indo-européen attend du troisième ni- type divin indo-européen, que Dumézil
force dans l’île de Lank, avec l’aide troisième fonction, à laquelle les Indo- veau, de sorte que la présence de celui- a proposé d’appeler le « dieu-cadre »
de son frère Lakmaa et d’une armée Européens associaient tant le concept ci est nettement déficiente chez eux. Ils (Dyau dans l’Inde ; Heimdal en Scan-
de singes. Dans l’épopée germanique, de beauté que ceux de volupté et de forment essentiellement un groupe de dinavie). Ulysse, que sa mère Anticlée,
Gudrun, l’héroïne, enlevée par Hart- féminité, en même temps que richesse, combattants, conduits par deux souve- d’après une tradition bien attestée chez
mut, qui la met sous la surveillance nourriture, fécondité, santé, paix, etc., rains (Agamemnon et Ménélas) qu’as- les auteurs classiques, aurait conçu en
de sa mère, est sauvée de sa captivité mais il rejetait celles des deux fonc-
par son fiancé Herwig et le frère de ce tions supérieures, lesquelles devaient
dernier, Ortwin. Dans l’épopée Narte travailler désormais conjointement à
des Ossètes, la femme de Soslan, qui sa perte.
n’est autre qu’une fille du Soleil, est On pourrait dire cependant que ce
ravie par un certain seigneur qui la dé- choix était en fait dicté à Pâris par
tient dans sa forteresse. Soslan, cepen-
sa nature troyenne. Dans la tradition
dant, grâce surtout à une prouesse de épique, en effet, la ville de Priam se
son cousin germain Batraz, parvient à
montre nettement comme constituant
détruire celle-ci et à reconquérir son dans son entier un représentant de la
épouse.
troisième fonction, dont les biens et les
L’enlèvement d’Hélène n’est ce- femmes sont convoités par l’ennemi.
pendant qu’une cause apparente de la Même ceux des Troyens qui exercent
guerre de Troie. Car ce fut en fait Zeus des offices sacrés ou combattants sont
lui-même qui l’avait provoquée pour marqués visiblement par des signes qui
réaliser un dessein bien arrêté. D’après les attachent au troisième niveau du
un fragment d’une épopée cyclique système indo-européen. Leur roi Priam
perdue, les Chants cypriens, en effet, se distingue surtout par sa richesse et
conservé dans une scolie, Zeus, ayant sa force procréatrice, qui lui a permis
pitié de la Terre, obligée de supporter d’avoir plusieurs dizaines d’enfants
des myriades d’hommes débordant sur (cinquante d’après la tradition) avec
sa surface, décida de lancer parmi eux ses femmes et ses nombreuses concu-
la discorde de la guerre d’Illion, afin bines. Leurs prophètes, Helenos et Cas-
de faire un vide par la mort dans cette sandre, sont des jumeaux (ce trait était
lourde masse. Or, ce récit prolonge une marque distinctive de la troisième
sûrement lui aussi un thème indo-euro- fonction chez les Indo-Européens). Ils
péen ; on lui trouve, en effet, un exact sont d’ailleurs totalement inefficaces
parallèle dans le Mahbhrata, qui dans leur domaine propre, parce que
explique à plusieurs reprises l’origine les Troyens ferment l’oreille à leurs
de la grande bataille de Kuruketra par oracles (une prophétie d’Helenos pro-
une décision de Brahman de soulager fitera même finalement aux Grecs).
la Terre, accablée d’un surpeuplement. Énée, d’autre part, qui est un des chefs
L’exécution du plan de Zeus com- guerriers les plus illustres chez eux, est
mença au cours des noces de Thétis un fils d’Aphrodite. Ainsi, malgré la
et de Pélée, lorsque Eris provoqua la présence parmi eux d’un commandant
dispute entre Héra, Athéna et Aphro- aussi brave qu’Hector, qui est du reste
dite en jetant au milieu de l’assemblée foncièrement pacifique et ne combat
divine la pomme d’or destinée à la plus que parce qu’il y est obligé, c’est en
belle, amenant ainsi le jugement de somme grâce à leur richesse et aussi
Pâris, où le prince troyen devait faire à la beauté des nombreuses filles de
le choix néfaste pour sa cité en pré- Priam, qui leur permettent d’acheter le
férant la plus belle femme offerte par service de champions étrangers, que les
Aphrodite à l’empire et à la suprématie Troyens peuvent résister pendant dix
militaire que lui promettaient respecti- ans à leurs assiégeants, en suppléant
vement Héra et Athéna. Cette histoire, l’insuffisance des vertus des niveaux
que contaient aussi les Chants cypri- supérieurs, qui se fait sentir gravement
ens, est organisée conformément à un chez eux.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
réalité de Sisyphe avant son mariage La légende troyenne s’articule ainsi mythe, mais directement par un fonc- il exécute ensuite magistralement
avec Laërte, est doué abondamment, nettement dans le cadre trifonctionnel tionnement autonome du système indo- son plan en présentant une réplique
tout comme son vrai père, d’un type de l’idéologie indo-européenne comme européen. On a pu démontrer, en effet, au voyage d’Ulysse dans la première
particulier d’intelligence, une finesse une lutte entre les représentants des par l’analyse de plusieurs morceaux moitié de son poème, qui concerne les
s’approchant de la ruse et de l’astuce, fonctions supérieures et ceux de la troi- épiques qui reflètent clairement l’idéo- pérégrinations d’Énée, et en faisant du
que les Grecs désignaient sous le nom sième ; et ce, non seulement au niveau logie des trois fonctions — le mythe reste de l’Énéide (les chants VII-XII),
de mêtis. Cette intelligence est person- humain, mais aussi dans le monde hésiodique des races, la description du où il relate l’histoire d’une guerre, le
nifiée, au niveau divin, par la déesse divin, où les divinités les plus ferme- bouclier d’Achille dans l’Iliade, etc. — pendant de l’Iliade. Et la description
Mêtis, qui, après avoir été engloutie ment engagées aux causes des deux que celle-ci continuait à agir en Grèce, de cette guerre, tout comme celle du
par Zeus, continue à guider celui-ci camps sont, en effet, Héra et Athéna jusqu’à l’époque archaïque et au-delà, voyage, abonde en emprunts au mo-
par ses conseils du fond des entrailles d’un côté, Aphrodite de l’autre. Car ces comme un cadre classificatoire, qui dèle homérique. Vénus, par exemple,
du souverain des dieux. Elle a en outre trois grandes déesses règlent en fait, s’imposait naturellement à l’esprit des de même que Thétis dans l’Iliade,
transmis sa mêtis à sa fille Athéna, qui par le truchement des hommes, leurs poètes. obtient de Vulcain qu’il forge pour
affectionne ainsi tout spécialement comptes personnels, engendrés par le La transposition en épopée de ce son fils une armure comprenant un
Ulysse parmi les hommes. Au niveau jugement de Pâris. Peut-on reconnaître mythe, qui relatait le conflit fonction- bouclier aussi magnifiquement ciselé
des combattants, l’aspect plus « che- dans cet ensemble une transposition nel entre les deux catégories de dieux, que celui d’Achille. La mort de Pallas,
valeresque » de la fonction guerrière, d’un mythe indo-européen que Dumé- a été réalisée en tout cas à Rome, qu’Énée venge en égorgeant comme
placé sous la tutelle d’Athéna et qui zil a reconstitué : mythe relatif à un dans l’Énéide de Virgile. Certes, les victimes funéraires de jeunes prison-
s’oppose, dans la tradition grecque, à conflit qui aurait opposé primitivement Romains avaient perdu presque com- niers, répond manifestement à celle de
l’aspect « sauvage et terrible » que pa- les dieux souverains et guerriers à ceux plètement leur mythologie au sens Patrocle. Le dernier combat singulier
du troisième niveau, jusqu’à ce que les propre avant l’époque historique et ils entre Énée et Turnus est modelé sur
tronne Ares, est représenté notamment,
deux groupes fusionnassent en fin de ne possédèrent pas une poésie épique celui d’Achille et d’Hector, dont il re-
comme l’a signalé récemment Francis
compte en se réconciliant afin de for- digne de ce nom avant le IIIe s. av. J.- produit fidèlement plusieurs éléments :
Vian, par Achille et Diomède. Les
mer ensemble une grande famille di- C., où la possibilité du genre leur fut Jupiter pèse sur sa balance les destins
figures particulièrement intéressantes
vine ayant une structure idéale ? Cette révélée par un Grec de Tarente, Livius des deux combattants ; Énée fait cinq
à étudier sont, cependant, celles des
intéressante théorie a été proposée Andronicus, dans une traduction en fois le tour du champ de bataille, en
deux Ajax. Ce nom (Aias en grec) est
récemment par un savant américain. latin de l’Odyssée. Cette Odyssia incita poursuivant son ennemi ; etc. À propos
à rapprocher de celui du dieu des Vents
C. Scott Littleton. À l’appui de cette quelques décades plus tard C. Naevius de cette course, Virgile traduit même
Éole (Aiolos) et de l’adjectif aiolos,
thèse, on pourrait noter qu’il existe une à écrire, avec l’intention de donner aux mot à mot la remarque du poète de
qui signifie à la fois « rapide, agile »
analogie assez remarquable entre la lé- Romains une Iliade qui fût vraiment l’Iliade : « Il ne s’agit pas d’un prix
et « scintillant, bigarré ». Or, l’agilité
gende grecque, d’une part, et l’histoire « romaine », le Poenicum Bellum, où il futile comme dans les jeux publics ; il
et le port d’ornements étincelants sont
des deux batailles de Mag Tured entre racontait déjà plusieurs épisodes de la s’agit de la vie et du sang de Turnus. »
des traits typiques des dieux des Vents
les Tuatha Dé Danann et les Fomoiré légende d’Énée afin d’expliquer l’ori- Et l’épopée se termine par une autre
des Aryens (Vyu et les Marut), qui se
dans l’épopée irlandaise, d’autre part, gine de l’inimitié entre les descendants citation homérique : « Le froid de la
distinguaient par ailleurs par une pro-
laquelle constitue sans aucun doute romains des fugitifs troyens et une na- mort glace les membres de Turnus, et
digieuse force physique et étaient les
une version du mythe en question. Car tion qui avait été créée par Didon. Et, son âme indignée s’enfuit en gémissant
patrons et prototypes des guerriers sau-
l’état-major de ces « tribus de la déesse à l’extrême fin du siècle, Ennius, qui chez les ombres. »
vages du type berserk. Et ces caractères
Dana », qui sont en fait d’anciens dieux était un adepte de la doctrine pythago- Cependant Virgile, en consacrant
des dieux indo-iraniens du Vent et de
celtiques, comprend un médecin (Dian- ricienne de la métempsycose et croyait les dix dernières années de sa vie (de
la Guerre se trouvent partagés précisé-
cecht) et un forgeron (Goïbniu) à côté que l’âme d’Homère, qui lui avait 29 à 19) à cette Énéide, qu’il devait
ment entre les deux Ajax, qui forment
des dieux magiciens et guerriers, tout paru, en effet, en songe pour révéler laisser d’ailleurs inachevée et qu’il
pour ainsi dire à eux deux une synthèse
en manquant, cependant, des représen- ce secret, revivait véritablement en lui, demandait dans son testament de dé-
presque complète de la deuxième fonc-
tants de la fécondité, de l’agriculture, défricha définitivement la voie à Vir- truire, ne visait pas seulement à com-
tion « à l’état natif ». C’est, en effet, la
de l’élevage, etc., qui constituent le do- gile en adoptant l’hexamètre à la place poser la légende d’Énée en adroites
rapidité et l’impétuosité agressive qui
maine des Fomoiré, et, en particulier, du traditionnel rythme saturnien, pour répliques aux deux épopées homé-
caractérisent Ajax, fils d’Oïlée ; ne por-
de leur chef Bress. Les Grecs, comme mettre en vers, dans ses Annales, l’his- riques. Pour réussir si bien à faire de
tant qu’un armement très léger, il est le on le sait, comptaient eux aussi parmi toire nationale de Rome depuis ses ori- son opus magnum une véritable épo-
premier à assaillir l’ennemi, lorsque les leurs chefs non seulement les deux gines troyennes jusqu’aux événements pée nationale, il a su combiner ce plan
Grecs passent à l’offensive (l’Iliade, fils d’Asclépios, mais aussi l’artisan les plus récents. avec plusieurs autres desseins, dont
XIV, 442-3). Beaucoup plus calme et
Epeios, qui devait apporter sa contri- Cette influence prépondérante celui, par exemple, d’y réaliser, par
persévérant que son homonyme, l’autre
bution à la victoire finale en fabriquant qu’exerçait Homère sur la naissante un savant jeu d’allusions et d’évoca-
Ajax intervient essentiellement dans la
le fameux cheval de Troie. Il faut faire poésie épique latine fait que Virgile, tions de toutes sortes, la présence de
défensive. Le symbole par excellence remarquer, toutefois, que la légende pour donner à Rome et à Auguste une l’histoire romaine entière depuis l’éta-
de ce fils de Télamon — ce nom signi- grecque ne reproduit pas exactement épopée consacrée à leur gloire — Énée blissement d’Évandre sur le Palatin
fie le « baudrier » — que l’on appelle tous les éléments originaux du mythe est, en effet, à la fois le fondateur de la jusqu’à Auguste. Et, comme Dumézil
« gigantesque rempart des Achéens » que Dumézil a dégagés. Elle en diffère, nation romaine et l’ancêtre de la gens l’a montré, l’histoire des six derniers
(III, 229), c’est son bouclier aux di- en particulier, sur un point capital. Car Julia —, prit lui aussi pour modèle les chants est organisée plus fondamenta-
mensions surhumaines, que lui seul les Grecs, au terme de la guerre, exter- poèmes du vieil aède grec. En fait, par lement d’après un autre modèle, pris à
peut porter grâce à l’immense force de minent les Troyens au lieu de les faire les premiers mots de l’Énéide : Arma une source romaine : la légende de la
ses bras. Et ce fameux bouclier, avec participer à la création d’une nouvelle virumque cano (« Je chante les armes fondation de Rome par Romulus, qui
lequel il s’identifie même presque com- société unitaire, où se réaliserait enfin et le héros »), il annonce clairement conserve, sous un déguisement histo-
plètement — lui-même, tout de même une entente harmonieuse des trois son ambition de réaliser dans son rique, le mythe indo-européen sur la
que son bouclier, est appelé purgos, la fonctions. D’ailleurs, la structure tri- oeuvre une sorte de synthèse de l’Iliade constitution de la société divine com-
« tour » (l’Odyssée, XI, 556) —, est fonctionnelle aurait pu être apposée en et de l’Odyssée, dont la première est plète. Ainsi Énée et ses Troyens, qui
qualifié d’aiolon, « étincelant » (VII, fait à l’ensemble de la matière troyenne l’épopée d’une guerre et la seconde apportent en Italie les dieux d’Ilion
222 et XVI, 107). sans passer par l’intermédiaire d’aucun celle des aventures d’un homme. Et et une promesse de l’empire mondial,
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correspondent à Romulus et aux Proto- impuissant (baa), ainsi Pu est Kria. En effet, lorsque, à la fin de la Les milieux naturels
Romains de la légende annalistique lui aussi maladivement pâle et il se bataille de Kuruketra, les deux armées
La région andine, ou Sierra, se divise
en tant que représentants de la pre- voit contraint à l’abstinence sexuelle, ont été déjà presque entièrement exter-
ici en deux grandes chaînes, Cordillère
mière fonction. Et de même que ceux- de sorte que, pour avoir des descen- minées, Avatthman, qui est en réalité
occidentale et Cordillère orientale. La
ci, pour combattre les riches Sabins, dants, il est obligé de laisser ses deux le dieu destructeur Rudra-iva incarné,
Cordillère occidentale, plus récente,
dont ils avaient enlevé les filles, appe- femmes s’unir à des dieux. L’aveugle voue la lignée des Pava à l’anéan-
est moins élevée. Elle porte des vol-
laient en renfort le corps de troupes de Dhritarra est chargé par Pu de tissement en frappant d’avance par une
l’Étrusque Lucumon, qui leur apportait la distribution de la richesse de son arme magique tous leurs descendants cans importants, dont le plus haut som-
ainsi un soutien du deuxième niveau, royaume et agit, en outre, tout le long à naître. Kria fait alors son inter- met des Andes équatoriennes, le Chim-
de même Énée obtient l’aide de guer- du poème comme l’incarnation même vention pour atténuer l’effet de cette borazo. Dans la Cordillère orientale,
riers d’élite tyrrhéniens conduits par du Destin. Il reproduit ainsi très fidèle- malédiction, de sorte qu’un embryon ou Cordillera Real, l’altitude moyenne
Tarchon afin de se défendre contre l’at- ment le type de Bhaga, le divin distri- que porte une bru d’Arjuna puisse res- est plus élevée. Entre ces deux chaînes
taque des Latins. Ceux-ci sont décrits buteur des lots, qui est un dieu aveugle susciter après être né mort. s’étend un haut plateau dont la lar-
clairement comme des paysans et des (andha). Vidura travaille constamment C’est ainsi que le genre de l’épopée geur ne dépasse jamais 70 km et dont
pâtres — c’est-à-dire des hommes de pour préserver la cohésion de la famille nous apparaît comme tissant un réseau l’altitude moyenne avoisine 2 500 m. Il
la troisième fonction —, que l’action royale d’une manière qui rappelle de de correspondances profondes entre les comprend une série de bassins, dont la
d’une Furie envoyée par Junon avait près Aryaman, dont la fonction est diverses civilisations. plupart sont drainés vers le Pacifique.
transformés occasionnellement en sol- de promouvoir l’entente des hommes Les Andes tombent brusquement à
A. Y.
dats (VII, 503-521), et leur roi Latinus au sein de la société rya. Les cinq l’ouest sur la plaine. Celle-ci est for-
F Arioste (l’) / Assyrie [littérature assyro-baby-
est présenté comme un vieillard très fils putatifs de Pu, Yudhihira, lonienne] / Aubigné / Camos / Dante / Edda / mée d’un alignement de collines et de
Firds / Folklore / Homère / Hugo / Japon / Mil-
riche (praedives) et pacifique. Et, bien Bhma, Arjuna et les jumeaux Nakula la vaste baie de Guayaquil. Elle se pré-
ton / Virgile.
que l’Énéide telle que Virgile l’a lais- et Sahadeva, sont engendrés en réalité sente comme une bande de 80 000 km 2.
H. M. Chadwick, The Heroic Age (Cam-
sée se termine par la mort de Turnus, respectivement par Dharma, Vyu, C’est une sorte de piémont qui descend
bridge, 1912 ; 2e éd., 1926). / G. Dumézil,
peu avant ce dénouement, Jupiter pro- Indra et les Avin, et ils se présentent graduellement du pied du massif andin
Légendes sur les Narres (Champion, 1930) ; le
met déjà solennellement à Junon que, à comme des répliques épiques de leurs Livre des héros (Gallimard, 1965) ; Mythe et jusqu’à la mer. Cette plaine est affectée
l’issue de cette guerre, il y aura bien la pères divins. Le dieu Dharma (« la Loi, épopée (Gallimard, 1968-1971 ; 2 vol.) ; Heur et de quelques petits reliefs isolés, col-
malheur du guerrier (P. U. F., 1969) ; Du mythe
fusion des Latins et des Troyens, qui, la Justice ») est ici manifestement une lines ou coteaux, qui alternent avec les
au roman (P. U. F., 1971). / R. Carpenter, Folk
ensemble, devront constituer désor- forme rajeunie du souverain juriste Tale, Fiction and Saga in the Homeric Epics grandes zones alluviales dues à l’élar-
mais une race latine (XII, 832-839). Mitra ; et Yudhihira, dont la nature (Berkeley, 1946). / C. M. Bowra, Heroic Poetry gissement des vallées qui descendent
(Londres, 1952 ; 2e éd., 1961). / J. Cazeneuve,
Le Mahbhrata, enfin, que l’on a douce et pacifique contraste nettement des Andes. Les types de climat, de sol
Les dieux dansent à Cibola (Gallimard, 1957). /
comparé souvent à l’Iliade et parfois avec l’impétuosité de Pu, res- R. A. Stein, Recherches sur l’épopée et le barde et de végétation permettent de distin-
aussi à l’Énéide, est lié effectivement semble effectivement à Mitra, dont un au Tibet (P. U. F., 1959). / G. S. Kirk, The Songs of guer trois secteurs dans cette région cô-
Homer (Cambridge, 1962). / J. de Vries, Heroic
à ces deux grandes épopées de l’Occi- hymne du Rigveda (III, 59) loue l’ami- tière. La partie qui borde les Andes est
Songs and Heroic Legend (Londres, 1963). /
dent par une affinité : son histoire est tié et la bienveillance. Draupad, enfin, D. Ward, The Divine Twins : an Indo-European affectée de pluies très abondantes pen-
organisée elle aussi dans une large étant la femme commune de ces cinq Myth in Germanic Tradition (Berkeley, 1968). / dant 6 mois de l’année et plus modé-
J. Puhvel, Myth and Law among the Indo-Euro-
mesure dans un cadre trifonctionnel. frères représentants des trois fonctions, rées pendant le reste du temps. Le total
peans (Berkeley, 1970).
Ses héros principaux, les cinq frères réalise, de cette manière particulière, pluviométrique dépasse 3 m par an. La
Pava, forment en effet, conjointe- une synthèse de ce système. Et, comme température moyenne avoisine 24 °C.
ment avec leur père Pu, leurs deux Dumézil l’a montré par une compa- Les conditions climatiques sont à peu
oncles Dhritarra et Vidura ainsi que raison avec les matières iraniennes et épuration près les mêmes dans la zone côtière,
leur épouse commune Draupad, une scandinaves, le conflit qui oppose les au nord ; cependant, la température est
équipe bien structurée dont l’agence- Pava à leurs cousins, Duryodhana plus élevée, et les pluies un peu moins
F EAU.
ment correspond exactement à celui et ses quatre-vingt-dix-neuf frères, qui abondantes. Le climat est beaucoup
d’une liste traditionnelle des divini- sont en fait des incarnations des dé- plus sec dans le sud de la plaine. Les
tés qui représentaient les principaux mons, Kl et les Paulastya, n’est autre températures sont élevées et les pré-
aspects des trois fonctions dans le qu’une transposition épique d’un mythe
Équateur cipitations annuelles n’atteignent pas
panthéon des Indo-Européens. Dans indo-européen relatif à une lutte entre 1 m (environ 700 mm à Machala).
une forme archaïque de la religion le Bien et le Mal qui doit conditionner
Le contraste est aussi brutal à l’est
indienne qui conservait encore intégra- l’histoire de notre univers jusqu’à sa En esp. ECUADOR,État de l’Amérique
entre les Andes et la plaine amazo-
lement la structure indo-européenne, destruction sous l’effet d’une grande du Sud.
nienne, dont l’altitude ne dépasse pas
cette liste comprenait quatre dieux de bataille eschatologique, où les dieux L’Équateur est un État de l’Amé-
150 m. Petit fragment de la grande
la première fonction, Varua, Mitra, et les démons devront s’entretuer. Ce- rique andine, le plus petit en superficie.
dépression amazonienne, la partie
Aryaman et Bhaga ; deux dieux du pendant, au dernier moment, un dieu Comme la Colombie et le Pérou, il ap-
équatorienne est drainée par les petites
deuxième niveau, Vyu et Indra ; les (Viu dans l’Inde ; Vidar en Scan- partient à trois grands milieux naturels :
rivières qui descendent des Andes.
jumeaux divins de la troisième fonc- dinavie) fera son intervention afin de la plaine pacifique, la montagne andine
Avec un climat chaud et humide toute
tion, les Avin ; enfin, une déesse triva- sauver l’espace du danger de l’anéan- et le bassin de la haute Amazone,
l’année, elle appartient à la zone typi-
lente, Sarasvat, qui réunissait dans sa tissement en le couvrant entièrement auquel se rattachent les basses terres
quement équatoriale, recouverte de
nature les vertus des trois fonctions et de son corps, dont il peut augmenter orientales. La population traditionnelle
grandes forêts.
se présentait ainsi comme la synthèse la taille à volonté. Ainsi sera préservé s’est installée presque exclusivement
même de tout ce système théologique. le cadre pour la création d’un nouveau dans les Andes ; les migrations se Les hauts bassins bénéficient, par
Dans le Mahbhrata, Pndu est, tout monde où un petit nombre de dieux dirigent en revanche aujourd’hui vers suite de leur altitude, d’un climat plus
comme Varuna, un roi terrible qui châ- qui auront survécu au désastre pour- la plaine côtière. L’Équateur, dont tempéré. Les différences de tempéra-
tie impitoyablement ses ennemis. Et de ront établir un règne idyllique. Dans les ressources se limitent à quelques ture sont considérables entre le jour,
même que Varua est représenté dans le Mahbhrata, ce rôle mythique grandes cultures d’exportation, a un chaud, et la nuit, fraîche, quelle que
certains rituels comme étant extrême- du sauveur de l’espace est transposé des plus bas niveaux de vie de l’Amé- soit la saison. Les précipitations ne
ment blanc (ukla) et sexuellement dans une action d’un avatar de Viu, rique du Sud. dépassent pas 1,50 m par an. Les plus
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
hauts sommets de la Cordillère sont cée d’annexion par le Pérou, tandis que
couverts de neiges éternelles. la Sierra redoute la Colombie.
Il faut rattacher à cet espace conti-
nental l’archipel des Galápagos (ou Le XIXe siècle
de Colón), situé dans le Pacifique à y La guerre civile. En 1845, ce sys-
1 000 km des côtes. Sa superficie totale tème d’arbitrage, exercé par des mili-
approche 8 000 km 2, et il est peuplé de taires étrangers entre les deux groupes
3 000 habitants.
maîtres de l’économie et de la société,
M. R.
s’effondre ; la réapparition de Flores,
à la tête d’une expédition mal organi-
L’histoire
sée par l’Espagne, déchaîne la guerre
civile et provoque une réaction contre
La colonie
le « militarisme étranger ».
L’audiencia de Quito est marquée dès
y Les libéraux : 1845-1859. Le libé-
ses origines (1563) par l’opposition,
encore actuelle, entre la côte et la mon- ralisme, fort de l’appui de Guayaquil
tagne. La côte, c’est-à-dire la vallée (les commerçants et les planteurs sont Le XXe siècle toujours d’un courant de popularité
du Guayas, vit de l’agriculture tropi- partisans du libre-échangisme, qui va y 1895-1930 : libéraux et conser- lié à la personne du caudillo ; sans
cale, et ses plantations, exploitées par dans le sens de leurs intérêts), fait pas- vateurs. En 1895, le caudillo libéral lui, il perd de sa force. Opposé aux
une main-d’oeuvre servile, produisent ser des mesures juridiques (libération Eloy Alfaro (1842-1912), fort de partis, nationaliste intransigeant, res-
du cacao pour l’Europe. En 1781, on des esclaves) qui ne changent rien à la l’appui de la côte, renverse l’hégé- pectueux des libertés démocratiques,
y compte 17 000 Noirs, 9 000 Indiens réalité sociale du pays et ne modifient monie des conservateurs de Quito Velasco a toujours été seul contre
et 5 000 Blancs. La Sierra, dirigée pas son bipartisme économique. pour laïciser l’État (Constitutions de tous : les conservateurs, les libéraux,
par l’aristocratie politique et foncière 1897 et 1906). Le libéralisme auto- les étudiants, les officiers. Renversé
y Les conservateurs. De 1859 à
de Quito, renferme 400 000 habitants ritaire d’Eloy Alfaro, paralysé par en 1961, il est revenu au pouvoir en
1875, l’Équateur connaît une solu-
(68 p. 100 d’Indiens et 26 p. 100 de les notables du parti, est obligé de 1968, par la voie électorale, après que
tion originale sous la dictature pro-
Blancs) et vit repliée sur elle-même. se limiter à l’anticléricalisme et à les militaires eurent fait la preuve de
gressiste et théocratique de Gabriel
Cet isolement explique la survie de la l’exécration de la mémoire de Gar- leur incapacité et que les civils eurent
García Moreno (1821-1875), fils de
langue indienne, le quechua. repris leurs féroces luttes de clans.
cía Moreno, tandis que demeurent
riches commerçants de Guayaquil,
inchangées les structures sociales du Quarante ans d’agitation et de fracas
libéral comme les hommes de sa
L’indépendance ne dissimulent pas une stabilité déses-
pays, dont la position internationale
classe, passé au catholicisme socio-
Le 10 août 1809, le président-inten- s’affaiblit : le libéralisme accentue la pérante : si Velasco est indispensable,
politique le plus intransigeant. Il lutte
c’est qu’il incarne la seule espérance
dant est renversé par une conspiration dépendance extérieure (monoexpor-
d’abord contre Flores, puis contre les
de changement face aux partis iden-
d’aristocrates vite écrasée par le vice- tation de cacao), tandis que les trai-
militaires libéraux entre 1846 et 1859
roi de Nouvelle-Grenade. À partir de tés avec le Brésil et la Colombie, en tifiés à la défense des intérêts créés,
et prend le pouvoir à la faveur de la
1817, le rêve de Simón Bolívar* de 1904 et 1916, font perdre à l’Équateur face à des groupes révolutionnaires
guerre avec le Pérou. Après s’être ap-
créer une Grande-Colombie, allant 300 000 km 2 en Amazonie (la moi- sans audience populaire. Il n’a pas pu
puyé sur l’aristocratie de Quito pour
de Caracas à Guayaquil et de Panamá tié du territoire). À partir de 1924, le détruire le régime seigneurial qui op-
à Bogotá, prend forme. En 1821, le mater Guayaquil, García Moreno, système fondé sur l’opposition libé- prime les paysans indiens de la Sierra,
congrès de Cúcuta unifie, sous l’auto- président de la République de 1861 raux-conservateurs est remis en ques- ces serfs que l’on appelle huasipungos,
rité de Bogotá, la Nouvelle-Grenade, à 1865 et de 1869 à 1875, s’impose à tion, et, en 1932, apparaît José María il n’a pas pu diversifier l’économie de
le Venezuela et Quito, que le lieute- elle et construit un État moderne qui Velasco. plantations de la côte, condamnée à la
nant de Bolívar, le général Sucre, a lui permet, avec l’appui populaire, de banane (il est renversé en 1961 parce
y Après 1932 : le vélasquisme. La
libéré des forces royalistes. Dès cette museler les élites. Ce dictateur thé- qu’il cherche des marchés à l’Est). La
permanence des problèmes nationaux
époque, le Pérou affirme son droit à la ocratique entreprend de moderniser vie politique reste limitée à Guayaquil.
(opposition côte-Sierra, monoexpor-
domination sur le futur Équateur. La et de civiliser son pays : des prêtres
tation, sous-développement, ambi- En juin 1970, Velasco, pour préve-
Grande-Colombie ne survivra point français sont chargés d’alphabétiser et
tions du Pérou, qui annexe le tiers nir un coup d’État, procède lui-même
aux guerres avec le Pérou, et, en 1830, d’éduquer à tous les niveaux ; l’armée
de l’Équateur en 1942) et l’incapa- à son renversement pour assumer les
suivant l’exemple du Venezuela, Quito est disciplinée et mise au service de
cité des classes et groupes dirigeants pleins pouvoirs. De président consti-
fait sécession. L’Équateur est né, sans l’État ; la grande entreprise, c’est la
à y remédier expliquent la pérennité tutionnel, il devient dictateur, révélant
que ses habitants y soient pour quelque construction du chemin de fer Guaya-
du chef charismatique José María ainsi le désespoir et la hâte d’un vieil
chose. De 1816 à 1845, les maîtres quil-Quito, destiné à débloquer la
Velasco Ibarra (né en 1893). Repré- homme fatigué, paralysé par la coali-
de la vie politique sont des généraux
Sierra. sentant les forces politiques nouvelles tion des révolutionnaires et des immo-
d’origine vénézuélienne, les « janis-
En 1875, García Moreno est assas- qui refusent le jeu traditionnel appuyé bilistes. De fait, le 15 février 1972, il
saires noirs ». L’un d’eux, Juan José
siné, et les conservateurs traditionnels par Guayaquil, Velasco se heurte à est renversé par le général Guillermo
Flores (1801-1864), président de la
prennent sa succession pour vingt ans. l’opposition des partis et de l’armée. Rodríguez Lara, lui-même démis par
République de 1830 à 1834, puis réélu
Ils abandonnent son style dictatorial, Cinq fois porté au pouvoir à partir de une junte militaire le 11 janvier 1976.
en 1839, exerce une véritable dicta-
mais, en même temps, son progres- 1934, il ne pourra mener à son terme Le présent est incertain, et, comme
ture de 1843 à 1845. Ces militaires se
sisme. C’est l’oligarchie de la Sierra qu’un seul de ses mandats (1952- le faisait dire le président Velasco par
taillent des fiefs dans la Sierra et ar-
bitrent l’opposition entre les planteurs qui est au pouvoir. García Moreno, 1956) ; il sera renversé par l’armée en son ministre de la Guerre : « Le pays
et les commerçants de Guayaquil et les qui fut détesté et calomnié, a pourtant 1935, 1947, 1961 et 1972. doit se socialiser, le peuple ne peut plus
notables de la montagne, riches de leur inspiré de l’admiration jusque chez Quelles que soient ses tendances vivre dans l’incertitude et la misère. Le
domination sur les Indiens endettés. Si ses ennemis, par son honnêteté abso- (conservateur en 1933, libéral et so- moment est venu d’être ou de ne pas
l’opposition ne conduit pas à la guerre lue et par son dévouement à la cause cialiste en 1944, vélasquiste depuis), être. »
sans merci, c’est que la côte est mena- publique. le mouvement vélasquiste bénéficie J.M.
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La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 8
La population la montagne, qui impose une émigra- Un recensement effectué dans les cultures de canne à sucre et de riz.
tion vers les basses terres. montagnes équatoriennes a révélé Les compagnies américaines tendent
La population, dont la densité dépasse
l’existence de 900 communautés actuellement à revendre leurs planta-
20 habitants au kilomètre carré, est
La vie économique traditionnelles. tions aux grands propriétaires équato-
caractérisée par une croissance très
riens et se contentent de contrôler la
La plaine côtière reçut les premières
rapide. Le taux annuel moyen d’ac- L’Équateur reste, avant tout, un pays
commercialisation de la banane. La
plantations de cacao, dont l’Équateur
croissement de 1942 à 1968 est de agricole. L’agriculture est fondée sur
culture du café, qui se pratique sur le
3,2 p. 100, tandis que celui des dix l’opposition de la grande propriété, fut le premier exportateur mondial
piémont andin, reste, contrairement
dernières années atteint 3,4 p. 100, un consacrée aux cultures d’exporta- jusqu’au début du XXe s. Ensuite, les aux autres cultures d’exportation, aux
des plus forts du monde. Il s’explique tion, et d’une toute petite propriété cultures se diversifièrent : une partie mains de petits propriétaires. Dans la
par un taux de natalité extrêmement individuelle ou communautaire. La des plantations de cacao fut transfor- montagne andine, ce sont les cultures
élevé (45 p. 1 000) et par la diminution, petite propriété individuelle est due à mée en plantations de banane avec vivrières qui prédominent. La diver-
lente mais constante, de la mortalité, la colonisation récente, la petite pro- la pénétration des compagnies amé- sité des conditions naturelles entraîne
malgré la faiblesse du niveau de vie priété communautaire à la survivance ricaines, et en particulier de l’United des différences considérables de mise
rural. Cette population est composée d’anciennes communautés indiennes. Fruit Company. On trouve aussi des en valeur et une variation de la combi-
essentiellement d’Indiens et de métis.
Tandis que le métis s’adapte progressi-
vement aux formes de la vie moderne,
l’intégration de la masse indienne est
beaucoup plus difficile. À la faiblesse
du niveau de vie s’ajoute ici la struc-
ture de la propriété terrienne. Les
grands propriétaires ont besoin, pour
maintenir leur forme actuelle d’exploi-
tation, d’une main-d’oeuvre qui reste
en dehors de l’économie monétaire.
L’Indien ne reçoit effectivement en
échange de son travail qu’un salaire
dérisoire, l’essentiel restant pour lui le
droit d’utiliser une parcelle de terre sur
laquelle il installe sa cabane et pratique
quelques cultures d’autosubsistance. Il
est par ailleurs astreint à des corvées
personnelles, l’endettement très lourd
qu’il a contracté auprès du propriétaire
l’attachant à la ferme. Cette masse in-
dienne, analphabète, est un frein puis-
sant à une éventuelle modernisation du
pays. La population se répartit encore
aujourd’hui en fonction des localisa-
tions traditionnelles. La montagne an-
dine, occupant seulement 15 p. 100 de
la superficie du pays, abrite 61 p. 100
de la population, tandis que la plaine
côtière n’en abrite que 32 p. 100, et la
plaine amazonienne 7 p. 100. Des mi-
grations internes importantes tendent à
modifier cette situation. Aux déplace-
ments saisonniers qui dirigent chaque
année plusieurs milliers d’habitants
des régions andines vers les grandes
fermes de cultures d’exportation de
la plaine côtière s’ajoutent des tenta-
tives d’installation définitive dans la
plaine. Très nombreux entre 1940 et
1960, les paysans qui migrent occupent
les terres libres de la zone littorale,
qu’ils transforment en petite propriété
plus ou moins marginale par rapport
à l’économie moderne. Dans la plaine
amazonienne, la colonisation des terres
proches de la Sierra s’opère en dehors
de toute intervention des services de
l’État. Ces migrations sont nécessitées
par l’augmentation considérable du
noyau traditionnel de peuplement dans
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