Table Of ContentHYMNES SUR lE PARADIS
SQu n CES CHR~TIENNES
ÉPHREM DE NISIBE
HYM NES SU it LE PAItADIS
..
THAI)UCTIO~ DU SYRIAQUE
,
Ra'" LAVENANT, 8.j.
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do UI>. .... u-.)
INTIIODUCTION lIT "'OTES
•••
J'u n90la GRAFFIN, 8. j.
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U<:s ItoITIOSS DU tER!'. ~, IID n '-'1"Oca·lh1:00c",". 1'. ....· 7.
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rNTRODUtï l0N
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1.,_. 10 ~ dé<oml> .. 1\l67 11<yr<>ath. .. 29 _b. . llMl7
O. >lo~oa. ...., "-.1. Sa"'" KU", \. Sain~ Éphrem
f'n<p. Prov. Pro1dm~O"""""
Saint I1:phrcm. diacre d'f:desse, docteur dca l2:gJises
de langue syrinque. vécut au nord de la M~soJX>tamie,
il la fronlière mouvante des empires romnin et pc=.
au cou!"!! du siècle, de 306 environ li 373. Cc fut
IV'
une de troubles incessant., , (l'ubord,
Ly .. , 1. l~ 1""ler '008 ~poquc politiq\l~s
J .." ,," a,-eC les invasions, le. sièges, les dcstructiolls qu'cn
Il''UVILL~
'p.
VI<. dri ... trainent les guc~; troubles religieux nuui, 0\ cause
dl'$ attaques conlre le christianisme, enraciné
~pélé<ls
pourtant dans cette region depuis plusieuT!l dêcadC!l
- attaques venant il la fois des juifs et des .sectes
héretiques nombreuses : ariens, manichéens,
d~j(a
marcinnites, gnOO!tiquC!! ct zoroastriens. I!:phrcm est
ainsi le témnin d'une époque tourmentée.
Mai, il est également - et c'est Un plus
privil~ge
rare - le liimoin d'une Ëglise tolite proche de i\e,'
origine, s<imitiques, pure de toute innuence occiden
tale oU méditerranéenne, celle de ln philosophie
mtm~
grecque.
Le centre de celle est la ville d'J::desse;
~glisc
liluu sur la roule de l'Orienl reliant Antioche
~
l'Inde ct ft la Chine. elle fut. si l'on en croit la tradi
tion, de bonne heure. C'est li quelque
é\'a118~lisU
œnt de là, dans la ville de Nlsibe, qne
kilomèt~
•
INTRODUCTIOS ŒIJVfll:.S o'!lPlmllM
naquit Bphrem nrs l'an 306. Ce qu'on n01l5 raconte blemcnt Légendaires', Cependant son influence cl sa
des premières années de sa vie n'cst l'os sO, : il aurait N'nommée a'ttendirent rapidement bien au-delà de
Hé le fils d'un prêtre paTen el d'une mère chretienne. ce cerele étroit.
el çe n'cst qu'fi l'Age adulte qu'on l'aurait ÎMlruil
de la 101 cllro!ti~nDe et baplÎ5l!. Alti~ par la vic .... li_
taire, il ne fit pourtant que de MUru a.!jonrs dans 2, ~ d·tphrem
plusieurs ennitages et fut "nTloul awx;it l'nposlolat
~
de l'ê''~ue du lieu, Jacques de Nisibe, ainsi que de Precul'$tur dQu~ d'uoe intuition rare. ~phrem avait
ses Successeurs. En même lemp •. il se mOllira toujours 5U retuurner et faire scrvir ~ sa cause l'anne des h~ré
soucieux d'étudier l'J!:criture sainte, de J'expliquer tiques qu'il combnttnit. Il savoir le. hymnCOl ascétiques
(lUX fidèles et de grouper tlèves dans une sorte ou dogmatiques chanlées par les fidèles depuis le
~es
d'école. temp" de Banlesnne ct de .• on f,ls Harnwnius, un
AdOllné à ces occupations et vivant ~ Ni.ibe, il siècle nupamvout. Ces c"onu d'f:phrcIIl se gravaient
traversa lcs épreuves de plusieurs guerres, jusqu'à dans la mémoire des auditeur.!, grllce à leur forme
la l1Iort de l'cmpu''IIT Julien l'Apostat Cn 363. Sous rytbmée, à la splcndcII r de leun images et à ln chaleur
Jovien, (lui c~da Nisibe il la Per$tl, Bphrem se vit de leurs 3.e<:enU; ila étaient répétés, avec une fervenr
oblig~ «Imme beaucoup de chrétiens degngner edeMe. jamais laMée. aux r~tes liturgiques.
en territoire romain, C'est là qu'il poursuivit $On Leur aucœs fut tel, que, du vivant de leur
m~me
œuvre d'instruction cl jusqu'à sa auteur. on en fit des venionsgrttqu,," ctannéniennes;
d'évang~Jîsalion
mort en 373; il tomoo victime de $(In Mvouement plus tard un le. traduira encore en goorgieo, en Hhio
au coun d'une de peste. pien, en latin et en slavon,
~piMmie
Ni h~que ni pretre. il n'eul peu~lre jam,,;' la Saint J~rôme nnlnne. dans SOn Catalogue d,," etri
pleine =ponsabilitéd'une chrêtienté on d'une commu ecclésiastiques (115), que dans certaines
'~us ~glises
nauté monastique; mais, au:< côth! des évêques. pen On les lisait en publie après les leçons de l'Ëcritnre
dunt près de cinquante ans, il ilIulilra, comme jamais sainte.
nul autre peul-Hre,la fonction qui incombe nu diacre. Seuls toutefois. les sermons a"cétiqucs et parénl:_
devenant tour à tour miui.tre de ln parole, professcur tiques, notamment sur la componction, furent trnns
qui el1!11'-igne ou qui réfute, animateur de ln liturgie, mis avcc succès au:< moines du Moyen Age. tnmlis que
chef de la prière et rnalLre de chan l, collecteur des restaient dallsl'oubli œuvres d'é:<égèsc ct surtout
lc~
olTrandes pour les pauvres, pour les mnlndCOl ct lcs cette partie ln plus imj)Qrlante de sun œuvre, les
étrangers. ct. de surcroît, modèle de vic astHique ct d'hymne$, dont le nombre s'élève il près de
~cueils
contemplative. 450, traitMlt de la liturgie - telles les hymnes lur
Son champ d'action fut aS$<!', l'I!lItreint. limité /1
quelques villes à l'est d'Antioche : Nisibc, Amid.
...rn
1. Cf. H, J, f'OUInn, • 1"011_ ..... R.I. . AID1>'"'' O<IM,
edesse. enlre autres, car 5C.'I voyages en ~gypt.e ou Wi. Il (11133). 28-274 : 0, Ro ........u •• L.a, oui ... d~ S. F:pI> ....
méme il as,nJ'ée auprès de saint Basile. $(Int proba-
.. de $. BoooJI. ~ l,'Orl<n/ S"Û" Il (19li7~ 251·=: III (IVM). n.~I,
" I!<TJ<OPUCTIOS l':D1TIO:-.' CIlITIQUE J)]'.S unnq;s "
la Nativitê. ]'J!:piphanie, le cye1e pascal, - ou portant
Iur d'autres $ujeta. comme les hymnes lur la Foi. sur
le Paradis. lur J'f:glise, sur la Virginité •• Contre les
Ilêreliques " ct celles qui se rnpportent en partie il
$(In ~îour Il 1\isibe, les Carmillll Ni,i~n(l. C'est pourquoi on ne sanrnit Lrop féliciter et n'mer_
Trois Ou quatre siècles ap""" la mort d'Éphrem, on cier dom Edmund Beck d'avoir entrepris ct presque
plul la d..,. achevé, au cour!! de ces vingt derniéres années, ln
U~ comme,~"::":';~':~~~O:,"::;'~:
hymreueeosp' iuc n choix litusérgriieq ue Il êté fpit. première édition critique dt'S hymne!l authentiques de
par Ics lectionnaire"; un cllolx est saint É'.phrem à partir du mnnU!ICrits tes plus andens.
cx~SHique
dans les chalnes, eommc œlle du • moine Sévère De l'IlL'!, il n0\13 donne une Lrès fidèle traduction en
d" IX' siècle. celle d']sn'dad de Merw, O,'j Éphrem :::: allemanrl ~t ulle ~rie d'éludes, parues dan~ rlivcr:scs
cité pnrmi les Pères grecs. Le r~sLe de l'œuvre re>'lIes. qu'oll e~JI"re voir complétées et réunies daliS
uu ouvrage d'ensemble',
oubli~.
C'est au siècle.
XV!!!"
'ro""",
plus ancicn8 man;",~,;;';,i";~;~,,~' 1, v.,; .. " li". d .. +.UIo .. ~. !,::, U""k ('ul• •y ri.q""."
clell, qu'on voit,' uo. ol!<mlUldt) d.o~ ... CSCO, 1. .....1 . ,
m
d'~p"rem daM 1 1!>< (Of" 73) 0. F1d., p - lM (.l". l'), ~j? p., 19M.
J.-S. Assemani lA (0,... 7(0) Co.lra Il ........ ln p. _ 110 (')'1". 71), 2011 p .• 10.\1.
174 (OY'. 78) 0. - . < I<,,!IS p. _ '15 (.,.,. ~), 113 P. 11167.
non critique
tM (')'3". 52) Do Sot. .. l.'plph., 232 JO. - 187 ('}T. S3). :znp., lm.
bien infidèle. _i,
UII ('lT $4) ()o J;.ocI<JIa, "2 p. _ 19\1 ('}T. lB). 146 p .• 11160.
Au x,x. siècle. il D'y anra que des 1I~ (1)'1". III) Sena. do 1'Id .. .!>4 JO. _ 213 ('lT. ~ $2 p., 1l1li1.
catiou : en allemand. les lrnductions de P. 118 (.,• . !n) Catml<>.:<bIII. l, al p. _ 21V ('}T. 113). II~ p., 1l1li1.
1 de P.-S. Landcrsdorfer el r Z23 (.~ •. ~) 1>< VI",.)t'I" 11. p. _ :ni (')"J. 95). 180 p., t!lll2.
J,a ('Y" 102) C&nolno NIoIl>. Il, 1< 1 p. _ Z< 1 (.y'. ' 03), 133 p., 1M3.
13tin~, d .... C~rmina Nilibtna
"6 (oyr. lOS) D. J,)~",O, 48 p. _ Z<1 (01" 11);), 37 p., 1_.
en anglais, les e:<Lrni\.$" ~,O<l~.,~ ,~ ('J" 108) 0. 1'00h., .te. . &8 p. _ 2,g ('}T. 109). U p .• I~.
de J.-fi. MOrN cn 1847 ct
Ic.,
En ellorta ~:',bo"· MU<I .. ' " S. ~ph ..m ,
J"'>&I"'"'" "" 1<",.,,,
de Caillau '~~ne oh ..." I,h, "or"lItt' tu ~'" P.,"'''lco T "
Q'i,nl. tJv(". 1",(0./. !~,8, ~~g·4().', ("'p'!', cf. hymn' VIT).
,1)<, Th""!..:I. d" hl. Ilph .... m ln ..I n,n Ji)"m",. !Iber d •• GI,ub. . ~
.Ç,udi~ "",,'ml~ .. 21 (19' 9), 116 p.
, Eph. ...n u UY".'. QI. .. O• • P. ... dl ... Cb<""t.ung un~ "'omm,."
.... '. SJwli~ A ....I "'I~"" i$ (I~I). lH p .
• ~"'-m. RodoD Ob .. d .. GI.~I><. ~ Slll414 AnMlmi<>rut:l.'t (lg:.3~
132 p .
• D .. Bild , ..... SplQOI btI Il. ~ OCP I~ (l~). ~1'.
dans cct onvrage de nQ$
, 0;" Il''''-.I. .... !!. ~ 0._ CIVf""", ... 33 (195<). .,,,,,.
IF. .... _ ... ___. J
IN1.1WDUCTIO'l DATE ET TITnE
La traduction fra'lçaise que nouS presentons ici lies 6 ct 15. Cest pourquoi l"éditeur s·en tenait à ces
Hymnes snr le Paradis est raite directement sur cdte donze hymnes SUIlS même signaler les dernières
troi~
édition critique dn tcxte syrinquc parue il Louvain du ms. I ll.
en 19:'>7 dans le Corpus Scrip/omm ChriS/taI/Qru", Un siècle pins tard, le British Museum acquérait,
Orien/aNa"', vol. 174 (Scriplorts syri, t. 78). édition dans ce même couvcnt de l',·otre-Oame-des-Syriens de
qui marque un progrès décisif sur ]iJll éditions précé Scété, rI·a utres manuscrits, que le catalugue de Wright
dentes'. En efTet la première tdition des Hymnes Snr devait faire connaltre en 1870. Parmi eux l'Addi
le Paradis avait paru dans r Edilio Romollo des tionnel 115ïl était plus ancien de trois ailS que le
œuvreS de saint f:phrem en 1743 au troisième volume 111 dn Vatican, pnisqu·il était daté de 519, ct il
de la partie syriaque-latine avec ce titre : Sancli comprenait à la fin du codex, uux foHos 105_114, le
Palris nos/ri Ephraem syri, De Para(/iso Eden, sermoll".. recueil entier des quinze h}·mnes Sur le Paradis,
rI",,,ütim. p. 562--.'';98, par Steph,,"us Evodius Ass purfaitemcnt dans unC helle écriture estran
lisible~
m~ni. Cette édition avait été établie d'après deux ghe.lo. J. Josephus Overbeck, en "on livre S. Ephraem
manuscrits seulement, mpporlès du désert de Kitrie Syd, [Iabu/ae episcop; Edessen;, 8a/ad aliormnque
a
cn f:gypte vers 1707 : le premicr était le ms. Vatican opera se/ecla. Oxollii 1865. édita ce qui manquait
syriaque Ill , daté de 522 : nos hymne. s'y trouvent l"Edi/io ROlliano : de l'hymlle 12. les strophes 5 à 21 ;
il la fin, aux folios 129 ct suivant..~; malhcureusement, les hymnes 13, l-I et 15: mais la traduction latine, pro
par suite d'un naufrugc dans le Kil, \es dernières mise dan" la préface, page x, nc devait jamais paraitre.
hvmnes 12 à 15 sont )Jresque illisibles. L·autre mannS C"iJllt snr ce manuscrit Adrl. 14571 D) du
(~igle
e;it, Vaticnn syriaque 112, presque contemporain British Muscum que dom Beek a établi son édition,
pllisqu·il e.t daté de 552. n'était hélas 1 d·ancun y ajoutant les variantes des deux manuscrits du
eil
seconrs ponr compléter le premier, car il s'arrêtait Vatican syr. I II (sigle B) et syr. 112 (sigle G) cités
à l'hymne 12 ct n'en contenait que les versets 1-4, plus haut, et celles de deux autres manuscrits dn
British Museum, où l'on trouve des extraits de !lOS
• L. ".pllon. che< ,.'n, f; . .. L·O';ml Syrl," r ('99;). 111·136. hymnes, rAdd. 17141, folio 61k16 du Vlll-lX' siècle
, DI. )I>riologi< u" man S<;hMIl<n Epl".m. '. 0'. ChI. 40 (191)6 ("gle E); et r Add. 14500, fol. 36' à 37', et 56' Il 58'
22·39. (sigle J). On trouvera plus de détails sur ccs manns
, t.;'"
B""." "" T"m'nOl,,~le de< Alte>t<n ,yri"'hen M~nch\"m. ~
erits dans la preface de dom Beek (CSCO. 174).
SIw1ia .... ""'lmloM 33 ('~56J, 254·267.
• S}·mOOl"m."y.l<rluon bel ... p". ... \ ""d EphreJl' '. O,im. ChIj ..
li""'" 42 (19&8). '9·.0.
• .... ~et<n'"'n und M~neM"m "ci Ephttm ~ U MO"",!>'.i,"" 0,/,"101, 4. Date et titre des Hymnes 8Ul" le Paradi.
nom.
1953. 3·"·~60.
• "'"10""0'
und Ep"""' , O,j"" n",lionw <6 (1%2). 61·76.
Après avoir établi l'authenticité de nOS Ilymms sur
1. Le< prlo,'p","" """,ecUOIlS ""n' nOl"" CSCO 11~. p. n . noie 12: /_ Paradis grâce il la d~couvcrte des manuscrits Ics
36. n. " ; 37. n. 2(!: 3~. n. ~~ ; ~l. n. 13: .~. o. 7.
plus anciens. peut-on faire un pas de plus et déter_
To"t.'o" • I·b,.ru •• v. I~. 1. Il t"., lin j,~," el Mn '''no (t"ul
miaer leur date au cours de la vie de saint f:.pbrem?
d·lmp,....,on).
" I;<TROl>UCT10N STROPHIQUe "
Pou, répondre li cette question, un élément essentiel rnre - est de ln m~me facture : chaque strophe
nous mm.que, il ""voir quelques allusions, dans comprend doute ven de cinq syllabe$ groupés deu"
l'œ.wfC m~me. Il des é ... ~nemcn!$ historiques. 11 7~1 par dcu", ft\'ee toutefois. situé après le milieu de la
en n pal. Cependan!., le fait de n'y pas renconl strophe, un vers de deu" syllabes pour rompre la
de références au Saint--E.spril., fait penser que ŒS monotonif. Ce qui donne le sch~ma sUivant :
lIymnu "" Parodi! sont ellCi)re assez éloi8nêes
l~ 5/5, 5/5, 5/5, 5(1.. 5/5, 5/5
du concile de Constantinople (381) el qu'clles dOi"cn!
une œuvre de jcunrssc, contemporaines des Ce cas n'cst pas unique dans l'œuvre de .... int
~tre
lIymnts Su, la F~i. €phrem lui-mélll" !t]oble confir_ Ëphrem : OD r~trou"c cette m~me disposition de
mer cctte supposition. au début de son Commentai strophes tians les Carminu Niû!mza 2-3, ,13-49 ct
S'" la Gtnè.!t , cn a!firmant ne pas vouloir repHer ce dons le Contra Ihureu$ 1-10. L'air indiquant la
'Ill'il ~ déjà dit auparavant: • Cédant Ill'X inslnnees mu.i'Jue est appdé d1ni! d-ÏIurbiil1i ,. le jug~ment des
de mes ami~, dit-il, je met. . ici Cil abr<!l1~ ce que j"ai nations; Il est désigné ,,\( début de la première hymne:
dit plus longuement dans mes mtmrt (di!C<lurs) e pour toute. les autres. il est "'~!ltionné au Mbut :
mes madràj, (hymnes) (CSCQ 1$2. p. 3 ct '!>3. p. 1. bar qii/th. sur le m~mc Qir.
(d. B._M. Tonneau. 19.')5). Or. si nous n'Rvon. plu. On .... it que le principe de l'hymnographie "yrinque
les mun~ auxquels il est fail allusion nouS avons les est 3SMZ différent de la poésie religieuse cl1l»ique
mllllril.ii : c'est précisément notre recueil. grecque. qui repose IUr III qU3"lil1 tics syllabi:$ et
Don sur la rime; en 'yriaque, il y a un nombre fixe
de syllabe$ ftVee un retour regulicr de l'accent: c'est
5. Vers et Stropbe un genre moins 5a\':mt, mais plus accessible il UII
3~ditoire simple, Cest préci!l4!ment le s~cei:s de ce
Madraill: lei est le titre même de nos hymnes da genre de poésie syria'jue qui fera traduire 1!phrem
plusieurs manuscrits. Le mot m(lliruia. de la raein en grec ct donnera naisMllce ~ l'hymnographie by~~n
dOrû triturer, Hudicr. désigne uu traité o~ les vc tinc, iIlustree par Romanos le ~Iélode et ses suc
sont groupés par sur un air donné, av ces-'<eU rs.
stroph~s,
un refrain. c'est·à-dire une b~ve acclamation 'lu'
vient scander le développement de l'instruction cl 'lu'
Il. .... "l,,,,, ""'u'u
'":,,"<1 ,
maintieT\t l'attention ct la participation des Audite\,.,,,, Jo no ..! Iv. quo (!. " ') <1 ctl"'. .
PO". 'OU""'
(XI, 8. 2). e" <~e!uoOl X,~. 6. d. 1• • mot le pl", <0'
Cest Ce qui les disting"e d<l!i m_mrè, Cn vcrs eux aussi """'po
~ p.ro.dh, ."'pIO)" 112 101• • ""nt .. 18 poo' Wn " "'.
,u""u'
mais d'un même nombre de syllabes ct non grou
~ Il "" q" ... lon 0",01 O. .. eh.,..ue hYIn"< .. ~lJI' 1.
en strophes. Toute la série des quinze lIymnu su k,..._ II! e\ IV do J~I • • t do J-!I~ '" w.. "*'''''
Pllfadi,l, SlIns exception - c'est un fait Quon. o~. !lt,blto." du .......... il> "",t,--ml< .-b. ..
I~ asI\Ç
.i. ...... , J. ..... tl·M .. _~, ...l IIqu""", md''!J-'''~, ho_
e,
.. PI'''·U ldrl. Il1o oSe I~m_ l, L; ' ••• ; -. VIII. 211. ';
1 Poo, dfolpt' ",m. mmt ~. , "'rodl> '. ~_ ...... "'" .-......... , ". .... uv,,u. VI. I~. ~ (.n •• au'''' ""_. ..... mot .-....l'e~l ...
omplGylio po' F-i'h.- f tA _ <Id '-.. .. _ Mttl'4o .. "". .... 1. 1).
" U;TI<ODlJttION DOCTIIISE "
II va de soi duclion des autl'1lS lIymnes. M. Jean-Claude Renard,
originale, le donl 011 COIUlatt l'œuvre ~ti(lue. I<\duit par la 'ra!
peuvent être cheue de poésie orientale. voulut hien !"tlire
cctt~
ration~. aux ' , nux 1 tout .... cc~ pages ct suggérer un certain nombre
ces vers h une vnriéui .. ~;:~::~:; d'améliorations du style el du rylhm~. Finalemcnt
hannonie inimitables' et presque il j'ai dit assurer la mise au poinl de lout l'ouvrage, en
poser dans une langue étrangère. revoyant encore tone fois la lr.lducLion et en y ajoutant
notes et introduction.
N'C8t-il téméraire d'uvoir osl:
p~5
Th.-J. Lamy déjà, Les Hymnu sur /. Pl1rl1t!.is c(m.titucnt un recueil
18!l3 • p. 167), qu'il était de qu;nu hymn."" de lougueur inégale, comprennnt
d, traduction la en moyenne de quinze à vingt strophes, au lQwl
en somm .... bien 267 otrophes de douze ve~, c'esl-fl-t!ire 3 21).1 vc~.
,,'~", ~
HYlltnu •• •.
cienb; .' Ni 1.,. donn~ de J'.Ë.criture sur le Paradis _ surtout
si J'on remarque que l'Apocalypse n'Hait pas reçuc
dans le conon, :1 cette époque el dan, cette région _ ,
ni cc (lue pouvait connan..., f:phrcrn <les écrits cllru
tiens antérieUr!, préscnlaient des développements
nC
aussi abondnnts.
Cette ampleur découle soit du nombre des tMmes
trailk!l. soit du mode de leur prtsentation. Il ne s'agit
pa. seukmcnt en dTet. comme on pourrait s'y attendre,
du Pan>!!i. primitif, de la cllute d'Adam et de son
expulsion de l'f:den, mais Aussi, il l"autre extrémité
KIIl<l!
~~u4!~
111'1"1 bJ<"v<I/d du \cmps, du Purndis il vtllir, du sort des homme.
'mWI ü"'1!4l.a après la mort ct après la lin du monde. De pJUti,
""'1>0[
He/Id'" (1. ~ et 6) .nlm ces deux nu cour! du dialogue entre
c,:t~mes,
Y,""",
u.."",,~
r .. Oieu ct l'hQmme, dans l"ancitnne comme dnll$ ln
_1"~",l,'Uh fil" Il
nouvelle alliance, f:pluem recherche tout ce 'lui est
' ..1 "o!"iI 1 .." " "ql' ,1
ri ,jrl'_ (2. ~ .. ti) ur", ......f I (14. ~ .. Il figu ..., et du Paradis perdu cl du Paradis futur : si
~ien que, pour lui, le Paradis n'est pas sculcmcut un
~. L<o ..... V<Ii. ~ .... l' I"'''''''<LI/M cl<."o •m. porl."t " ... <Mn ... heu myst~ritux du p3M<l QU du fUlur, ou un fnit
hymn., ••1 , ... po.
.lo<>p~ ~ro.J>O\'
J. VI (1!I<lOl), p. JJ.46 , hymn .. J, II .t VII. dkers du dl:bul de l'histoire du ",onde, mai6 il ~,S l,
INT"OIll)CTION CltRlSTOLOGIE
dans la structure cosmologique du monde, le sommet Esprit, comme OIOUS l'avons déjà dit'. La troisième
ct le celltrc de l'univers et, dans l'hisloire du plan peNonne de la sainte Trinilé n'est jamais nommée,
de Dieu, une réalité capitale qui apparaît cl réappa. car rU!,â m<quddaSlil de XI, 4, 6 doit s'entend...., d'un
rait au temps de Noé comme au temps de Moise, vent rln Paradis qui rend saint, ct nOn pas du Saint
dans la construetion du tcmple aussi hien que dans Esprit rah!i d'q"ds(j. 11 n'c~t pas non plus fait mention
mystère de la Croix et dans l'organisation d", de lui, cornille on s'y il propos du parfum
l~ att~ndrait,
l'Église , le Paradis, pour Éphrem, est la notion cssel, de Paradis répandu le jour de la PentecMe au Cénaclc
tielle de la cosmologie, de la sotériologie ct de l'escha (XI, 14),
tologie,
C'est pourquoi notr~ aulenr aborde lour à tour 1 Au contrairc la pCNonne du
CltrJ"o!o~Ve
plupart des questions importantes' création, exég~ Christ, nouvel Adam, domine
des premiers chapitres de la Genèse, péché originel toutes les hymnes, plusieurs des refmil\s s'adres~ent
gréee et liberté, sort de l'lime après la mort, jugemeu au Christ qui par Sa croix (VI, 1), SOn cœur trnnspercé
particulier et général, rèsurrection des corps, vie a (JI, 1), ses d és (VII, 1), a ouvert le Paradis,
paradi~ ct inégalité des rélributions, shéol, enfer e VerLe créateur (V, 1, 1) qui a tout tiré du néant
SOu éternité, sorl des cnfants morts prématurémen (V, 1, 6), P....,mier·né par qui se répand la splendcur
Mais qu'on n'attende pas une solution Mfinitiv du Père (IX, 2_1, 2), auquel il est seul égal en magni.
de ces problèmes 1 Ëphrem procède par allusion. pa licence (IX, 25, 6). JI ne but pas chcrcher à scruter
touches successives, au moyen d'images varié"s, Il 1 sa générntion (IV, 11, fl), p3r~e qu'il est le Tout·~aché,
manière de saint Jean da"" son évnngile, Comme 1 le Tout·secret, digne d'être entouré d'une frontière
dit avec justesse le P. I.-H. Oalmais' : • Celui (l'li de silence (ibid,).
la patience de suivre ces lents méan(lres s'imprégner L'unirl" e sanveur a comme deux visages: il est
peu Il peu du mystère de la foi, qui se découvre li lui le Bon el il est le Juste, Mais, sans conte,te, c'est sa
par.delà les notions, dans la lumière discrète de 1 Bonté et sa miséricorde qui sont çhantées le plus
contemplation, • i!phrem fait entrevoir, il suggè...., .ouvent. Trois rdrains l'fxaltent (IV, 1: Xli, 1;
il émeut, il enthousiasme. XIII, 1) et rlans chaque hymne il y a une 011 plusieurs
En tenant compte de ces remarques, relevons quel allusions il ce' ~ttributs (l, 10, 2, 15. 4: 16. 5:
'lues thè",e~ développés par Itphrcm dans ~s Ifymf! Il,2,6; IV, 4:VI, 9; VII, 25, VlIl, 1; IX, J, 6:
SUr Paradis, X, 14; 15: XI, 6: 15; XII, 8, 3; 12 ; XIII, 2, 6 :
l~
8,5;9,6; 10, I;XIV, 14,5et6: 15, l;XV, 17,:;),
',a En CC qui concerne la Trini C'est lui qui répanrll3 joie par ses promtsses (VI. 7,
Trinité
il n'est fait qu'u"e seule allusio 5), consolt par sa bonté (VII, 27, 6), essuie toute
à la prés~ncc invisible de Celui pour lequel on chan larme (XI\', 12,5), ouvre avec compassion (XII, 9, 6),
• trois fois saint . (V, 11). De mêmc sur le Saint guide avec sollicitudc (XV, 17,4). Il eslle lIliséricor.
1. I.'O,'u" Sy"<n Il (1%'1, l'_ 2~1. '. CI. 'up"'. ". H.
"
,,<TRODUCT '0); A~'T""O''O~OO 'l':
l'annuTe de l'Adam vaintu (XII, 6), il nlnd A ce
dieux (V Il, 25, 6), descendu au ~hCol a la rocherthe
d'Adam et de Moj..e, afm dt les conduire au Para dernier par le bap~me ~ tunique perdue (VI, 9, 3)
et lui donne le breuvage de vie (VI, 8, 3),
di. (VI [1, 10, !Hl); SOli amour veut &IIuver 10us les
hommes (X [l, 8, 6) sans en perdre ull seul (V Il, 25, 2) ;
il se laiMe toueher par le bon larron (Vll l, 1,4), ct
Anthro 10,1 Si Ëphrem exalte la douceur
&II pitié, telles des goutru de rosée, se dêvene même po e du Christ et sa oonlk envers les
sur la I~gioll des démons (X, 15, 3 el XII, 8), il l'5t auui plein pour l'homme et
créatu~, d'~ards
Mais c'est aussi le Juste (VI, 19,2; \'11, 25, 5)
le situe sans Ilki!tr au centre du Paradis, qui est
qui, 1Il0nlk sur le char de la croix (VI. 5, 6), inspire
au centre du C05mO$.
lui-m~mc
ln crainte par ses menaces, 53 pui!5Qnce ct sa force Celle place unique, l'homme la tient de .'<On privi
(V 1l , JO, [; et V 1l , 27, 5) : il t~nce vigo\' reusenlclIl le. lège unique pnrmi toutes les créatures, qui esl {j'être
d~!llolls ct les scribes, au'!si bi~n que Ic~ pores et les il l'image de SOli créateur; et ressemblance
cctt~
IIguiers (XI!, 13), JI châtie, ccrl'!'!, mais ell vue du l. avant tont pour ~ph",m dans Je privilège de
bien (XH I, 10, 1-6), sall~ courroux et S<I'I$ haille libertk (Vil, . , 5) ,lu lihre discernement, Les
(XIII, 13 et 14), pour rappeler Il l'homme ses privi
déoordant de la volonté
lèges (XIII. 10). S'il cha'12 Adam du Paradis, il le liberté, condition
place le moills loin possible (l, 10,2) afin que par des
défaut de
peinn mesurtes et passagères, le coupable puisse
, 2),
s'aequitler de sa dette (XIV, 14, 3): eRr le Christ
dêsire eulter l'homme (XII, ]8, 4), l'oider ", être
victorieux (l, l, refrain: XI!, 17) et le faire accMer
au rang des ange; (XII, 18,5 et 6),
l'j/lDoronce
Ainsi le Christ est 110 l'image de l'arbre de la science.
devoir
qui inspire ces mêmes sentiments opposés (III. 3,
der'" r.ecoller le
$ el 6; 15, 3) : rocher dur et sec, c'est pourtant de lui c'est l'homme - ct non
que jaillit l'cau vivifiante, les torrents ct les oeéans
astres _ q\li est monde
respol>~ablc
(V, 1. 2 et 6); porte du Paradis (1 l,l et 2), radieuse (XV, Il), cl il e.,t cnlJOble de le vcut
et accueillante pour les élu" il e.t aussi ln porte qui
(XII, 18),
• aune. d qui juge chacun des invil~1 : il rejette les
indill"es, comme l'océan le. cadavres. Il rotribue scion
III).,." ,
les œuvres ct selon s.a miséricorde (ib,'d.). La vraIe Les artisans ~e cette libê:A-
hon du mal, quo fomlent
Le (hri.lest aussi le $O!cond ,\dmm qui doit s'étend", d~JII,
sur tout runjvers (VI, 21, 6) dans un mouvement dès cetw vic, au scin de ]'Ëglise comme UII parad~
SUr wrre, ce sont les hommes dont le ..... Ie est de Doua
J>l'ral1~le ", «lui du moment de la crtat,on, quand le
révéler, par leur ellseignement, que nous sommes des
premier Adam résumait toul le cos,no! (VI, 21, 6).
captifs ici·bas (X IV, 3): ce sont enCOre ceux qui
Nouvel Adam, vi~torieux du Molin en revHant