Table Of ContentDE MÉMOIRE INDIENNE
La vie d’un Sioux, voyant et guérisseur
par
Tahca Ushte
et
Richard Erdoes
TERRE HUMAINE/POCHE
CIVILISATIONS ET SOCIÉTÉS
COLLECTION DIRIGÉE
PAR JEAN MALAURIE
TRADUCTION DE JEAN QUEVAL PLON
Cet ouvrage a paru en langue anglaise sous le titre :
LAME DEER SEEKER OF VISIONS
© 1972 by John Fire/Lame Deer and Richard Erdoes
© Librairie Plon, 1977, pour la traduction française
ISBN : 2 – 266 – 03050 – 7
Ce livre est écrit en hommage à
Frank Fools Crow
Pete Catches
George Eagle Elk
Bill Schweigman
Leonard Crow Dog
Wallace Black Elk
John Strike
Raymond Hunts Horse
Charles Kills Enemy
Godfrey Chips
et tous les autres voyants-guérisseurs de la nation Sioux
CHAPITRE PREMIER
SEUL AU SOMMET DE LA COLLINE
J’étais seul au sommet de la colline. J’étais assis dans la fosse de voyance, un trou
creusé dans le sol, les genoux entre les mains, à regarder le voyant-guérisseur qui m’avait
conduit en ce lieu, le vieil homme Le Torse, disparaître vers le fond de la vallée. Pas plus
gros qu’un point noir, il se faufilait parmi les pins ; il fut bientôt hors de vue.
J’en étais désormais réduit à moi-même, quatre jours et quatre nuits à passer au haut
de la colline, sans nourriture ni eau, attendant qu’il vienne me chercher. Vous savez, il
n’en va pas de nous autres Indiens d’Amérique comme de certains Blancs : dès que les
parents sont chez des amis tous les enfants et la garde ont les yeux vissés sur le récepteur
de télévision.
Les enfants des Indiens d’Amérique ne sont jamais seuls. Ils sont environnés de
grands-parents, d’oncles, de cousins, de toutes sortes de proches, qui les entourent,
chantent pour eux, et leur content des histoires. Si les parents vont quelque part, les
enfants les accompagnent.
Je me tenais donc là, accroupi dans la fosse de voyance, livré à moi-même pour la
première fois de ma vie. J’avais alors seize ans, je portais encore mon nom de garçon, et,
j’aime autant vous le dire, j’avais très peur ; je tremblais et pas seulement en raison du
froid. L’être humain le plus proche était à des kilomètres de là, et quatre jours et quatre
nuits, c’est bien long. Pour sûr, quand ce serait fini, je ne serais plus un jeune garçon,
mais un adulte. La vision serait venue à moi. On me donnerait mon nom d’homme.
Les Sioux n’ont pas peur d’endurer la faim, la soif et la solitude : dans seulement
quatre-vingt-seize heures je devais être un homme. La couverture marquée d’une étoile
dans laquelle le vieil homme Le Torse avait enveloppé ma nudité m’était une source de
consolation. Ma grand-mère l’avait tissée spécialement pour la circonstance – pour ma
première hanblechia, pour mon ascèse de voyant. C’était une couverture piquée,
magnifique, avec, sur le fond blanc, une grande étoile du matin faite de nombreuses
pièces d’étoffe de couleurs vives. Cette étoile était à elle seule presque toute la couverture.
Que Wakan Tanka, le Grand Esprit, me donne la vision et le pouvoir, et, vêtu d’elle, je
deviendrai voyant, guérisseur et célébrerai de nombreuses cérémonies. Je suis vieux
désormais, et plusieurs fois grand-père, mais j’ai gardé la couverture étoilée que ma
grand-mère m’avait faite. Je la vénère ; un jour on m’en enveloppera et avec elle, je serai
enterré.
Le voyant-guérisseur m’avait également laissé un calumet de la paix ainsi qu’une
blague à tabac de kinnickinnick – notre propre tabac fait avec l’écorce de saule rouge. Ce
calumet me fut encore plus secourable que la couverture étoilée. À nos yeux, le calumet
est comme une bible ouverte. Aux Blancs il faut l’abri d’une église, un prêcheur et un
orgue pour être en humeur de prier. Il y a tellement de distractions pour détourner
l’attention : qui d’autre est à l’église, si ces autres gens se sont aperçus de votre présence,
les images aux murs, le sermon, l’argent de la quête, et si vous avez de la monnaie sur
vous. Nous pensons que, de cette manière-là, la vision se dérobe.
Pour nous Indiens, il n’y a que le calumet, la terre sur laquelle nous nous tenons assis
et l’immensité du ciel. L’esprit réside quelque part. Parfois il se manifeste dans un animal
ou un oiseau, ou dans les collines boisées. Parfois sa parole provient des hauteurs
abruptes des Badlands, ou d’une pierre, ou même de l’eau. Cette fumée du calumet de la
paix s’élève droit vers le monde de l’esprit. Mais il s’agit d’une force qui existe dans les
deux sens. Le pouvoir descend en vous avec la fumée, par le tuyau du calumet. Vous
sentez ce pouvoir en tenant le calumet dans la main, et du calumet il se répand dans votre
corps. Il fait se dresser les cheveux sur la tête. Ce calumet n’est pas un objet ordinaire ; il
est vivant. À fumer le calumet, je me sens mieux et je surmonte mieux mon effroi.
À passer les doigts dans le fourneau de pierre lisse et rouge, rouge comme le sang de
mon peuple, mon effroi se dissipait. Ce calumet avait appartenu à mon père et à son père
avant lui. Il passerait un jour à mon fils, et par lui à mes petits-enfants. Aussi longtemps
qu’il serait en notre possession, survivrait la nation sioux. À presser le calumet sous mes
doigts, à le sentir, après un aussi long usage, doux au toucher, je ressentais que mes
ancêtres, qui avaient autrefois fumé cette longue pipe, se tenaient à mes côtés sur la
colline, ici-même, dans la fosse de voyance. Je n’étais plus seul.
Outre le calumet, le voyant m’avait également laissé une gourde. Il y avait quarante
petits carrés de chair que ma grand-mère avait prélevés sur son bras avec une lame de
rasoir. Je l’avais vue faire. Le sang avait coulé de l’épaule au coude pendant qu’elle
déposait soigneusement chaque morceau de chair dans un mouchoir, seulement attentive
à ne pas en perdre un seul. De quoi rendre fous les anthropologues. Imaginez une
cérémonie aussi ancienne, accomplie, non avec un couteau en silex, mais avec une lame
de rasoir ! Pour moi, aucune importance. Une personne qui m’était chère avait souffert
pour moi, pour me donner quelque chose d’elle-même, une partie de son corps, pour
m’aider à prier et à m’endurcir le cœur. Comment aurais-je eu peur avec tant d’êtres –
vivants et morts – pour me venir en aide ?
Un point me tracassait. Je voulais devenir un voyant-guérisseur, un yuwipi, un
empirique suivant les anciennes coutumes de la nation sioux. Mais vous n’apprenez pas à
devenir voyant-guérisseur comme un Blanc suit des études de médecine. Un saint
vieillard peut vous enseigner les herbes et les rites judicieux d’une cérémonie, où chaque
objet doit être placé exactement à l’endroit voulu, où chaque mouvement, chaque mot ont
leur signification propre. Ces règles-là, vous pouvez les apprendre – comme l’orthographe
ou comme le dressage d’un cheval. Mais en elles-mêmes, elles sont dépourvues de la
moindre signification. Sans la vision et le pouvoir, une telle connaissance ne sert à rien.
Ce n’est pas avec elle qu’on devient un voyant-guérisseur.
Et si jamais j’échouais, si la vision se refusait ? Si je rêvais aux Êtres du Tonnerre, ou
que la foudre frappe la colline ? Voilà qui ferait de moi sur-le-champ un heyoka, un
homme à l’envers, un « contraire », un clown rituel. « Tu le sauras, si le pouvoir t’est
donné », m’avait dit mon oncle Le Torse. « S’il ne t’est pas donné, tu ne mentiras pas sur
ce sujet-là, tu ne prétendras pas le contraire. Sinon cela te tuerait ou tuerait un de tes
proches, quelqu’un à qui tu portes de l’affection. »
La nuit venait. La tête me tournait à cause du premier bain de vapeur par lequel je
m’étais purifié avant de gravir la colline. Je n’avais pas pénétré jusque-là dans l’étuve
consacrée où l’on venait de me faire asseoir. Elle était en forme de ruche mais construite
avec des branches de saules recourbées et, pour garder la chaleur, recouverte de
couvertures. Le vieux Le Torse et trois autres voyants-guérisseurs étaient là avec moi. Je
me tenais le dos au mur, le plus loin possible des pierres chauffées au rouge qui luisaient
au milieu de cet abri. Le Torse versa de l’eau sur les pierres. Celles-ci, dans un
bruissement, dégagèrent une vapeur blanche dont je fus enveloppé et qui s’infiltra dans
mes poumons. Je crus que la chaleur allait me tuer, me brûler les cils, me défigurer !
Mais pendant que la vapeur se dissipait en tourbillonnant, j’entendis Le Torse qui
chantait. Ce ne devait donc pas être si terrifiant. Je me retins de m’écrier : « Tous les
miens ! » – ce qui aurait eu pour effet de lui faire entrouvrir la fente de la hutte, pour
laisser passer l’air frais. Je fus fier d’avoir résisté à la tentation. J’entendis Le Torse prier
pour moi : « O, saintes pierres, nous recueillons votre souffle blanc, la vapeur. Elle est
l’haleine de la vie. Que ce jeune garçon la respire. Qu’elle le rende fort. »
Le bain de vapeur m’avait préparé à mon ascèse de voyance. Et même alors, une heure
plus tard, la peau m’en cuisait toujours. Et on aurait dit que j’avais la tête vide. Peut-être
était-ce bien ainsi, peut-être était-ce faire place à des intuitions nouvelles.
L’obscurité était tombée sur la colline. Je savais que s’était levé le hanhepi-wi, le soleil
nocturne – la lune, ainsi qu’on l’appelle. Replié sur moi-même, comme dans une caverne
exiguë, je ne le voyais pas. Les ténèbres m’enveloppaient tel un manteau de velours. Elles
semblaient me couper du monde extérieur, et même de mon propre corps. Aussi je me
mis à écouter mes voix intérieures. Je pensais à mes ancêtres qui s’étaient accroupis sur
cette colline avant moi, parce que les voyants-guérisseurs de ma famille avaient choisi cet
endroit comme lieu de méditation et de voyance – cela, depuis le jour où ils avaient
franchi le Mississippi pour chasser le bison au pays du Fleuve Blanc, à peu près
deux cents années plus tôt. J’avais l’impression d’éprouver leur présence à même la terre
sur laquelle je reposais. Je pouvais les sentir dans mon corps, les sentir s’agiter dans mon
esprit et dans mon cœur.
À travers les ténèbres, des sons me parvenaient : les mugissements du vent, le
murmure des arbres, les voix de la nature, les cris des animaux, le hululement d’une
chouette. Soudain, je sentis une présence irrésistible. Là, dans mon antre étroit, à mes
côtés se tenait un grand oiseau. Le trou était à mes dimensions, et j’étais un garçon avec
tout juste la peau sur les os, et cet oiseau immense voltigeait autour de moi comme si le
ciel lui appartenait. Je pouvais entendre ses cris, parfois très proches, parfois très
lointains. Je sentais des plumes ou une aile me frôler le dos ou la tête. Cette impression
était si forte que j’en tremblais, mes os se glaçaient. Je m’emparai de la gourde qui
résonnait des quarante morceaux de chair de ma grand-mère. Il s’y trouvait aussi de
nombreuses pierres minuscules, des restes de fossiles ramassés sur une fourmilière. Les
fourmis les accumulent. Personne ne sait pourquoi. On attribue un pouvoir à cette menue
pierraille. Je secouai la gourde qui résonna comme une douce crécelle. Elle émettait un
son apaisant, comme celui de la pluie sur les rochers. Ce bruit me parlait, mais sans
calmer ma peur. Je pris de l’autre main le calumet sacré et me mis à chanter et à prier :
« Tunkashila, esprit grand-paternel, secours-moi. » Mais en vain. Je n’aurais pas su dire
ce qui m’arrivait ; je n’étais pourtant plus moi-même. Je commençai à pleurer. À pleurer,
ma voix s’altéra. On aurait dit celle d’un homme âgé, je ne pouvais même pas reconnaître
cette voix étrange. Je me servis dans mes prières des expressions d’autrefois – des mots
qui ne sont plus en usage aujourd’hui. J’essayai d’essuyer mes larmes, mais je ne pouvais
me retenir de pleurer. À la fin, je m’enveloppai complètement dans la couverture.
Pourtant je ne cessais de sentir les ailes de l’oiseau qui me frôlaient.
Peu à peu, je percevais une voix qui voulait entrer en communication avec moi. C’était
le cri d’un oiseau, mais laissez-moi vous dire, je commençais à le comprendre un peu.
Cela se produit quelquefois. Je connais une femme qui avait un papillon sur l’épaule. Ce
papillon lui parlait. C’est ce qui a fait d’elle une guérisseuse remarquable.
J’entendis aussi une voix humaine, bizarre et haut perchée, une voix qui ne pouvait
pas émaner d’un être ordinaire, bien en vie. Je fus, d’un coup, transporté dans les airs
parmi les oiseaux. La colline et sa fosse de voyance se tenaient incroyablement loin au-
dessus de tout. Je pouvais même baisser les yeux vers les étoiles, et voir la lune proche, à
ma gauche. C’était à croire que la terre et les étoiles se mouvaient au-dessous de moi. Une
voix me disait : « Tu te sacrifies afin de devenir un voyant-guérisseur. Tu en seras un le
moment venu. Tu enseigneras ceux qui, à leur tour, le deviendront. Nous sommes le
peuple des oiseaux, le peuple ailé, les chouettes et les aigles. Nous sommes une nation et
tu seras notre frère. Tu ne tueras jamais ni ne blesseras aucun des nôtres. Tu peux
t’attendre à être compris de nous chaque fois que sur cette colline tu exerceras ton don de
voyance. Tu apprendras les herbes et les racines, et tu guériras tes semblables. En retour
tu ne leur demanderas rien. La vie d’un homme est brève. Que la tienne soit noble et
féconde. »
Je me rendais compte que ces voix me faisaient du bien, et lentement la frayeur se
retira de moi. J’avais perdu le sens du temps. Je ne savais plus si c’était le jour ou la nuit.
Je dormais, et pourtant j’étais éveillé. Puis je distinguai une forme devant moi. Je me
dressai dans l’obscurité et le brouillard tourbillonnant qui envahissaient mon antre. Je
reconnus mon arrière-grand-père, Tahca Ushte, Cerf Boiteux, le vieux chef des
Minneconjou. Je pouvais voir le sang s’écouler de sa poitrine, là où un soldat blanc l’avait
tué. Je compris que mon arrière-grand-père souhaitait que je prenne son nom. Je conçus
une joie indicible.
Nous autres, Sioux, croyons qu’il y a dans le plus profond de notre être quelque chose
qui nous gouverne, quelque chose de presque semblable à une personne. Nous l’appelons
nagi, d’autres parlent d’âme, ou d’esprit ou d’essence. On ne peut le voir, le sentir ou le
goûter, mais cette fois-là sur la colline – cette fois seulement – je sus que nagi se tenait
en moi. Je le sentis se répandre dans mon corps, m’inonder. Cela, je ne peux le décrire,
mais j’en fus pénétré jusqu’au plus intime de mon être. J’étais sûr désormais de devenir
un wicasa wakan, un voyant-guérisseur. Je me repris à sangloter, mais de joie cette fois.
Je n’aurais pas pu dire combien de temps je m’étais tenu sur cette colline – une
minute ou le temps d’une vie.
Je sentis soudain une main se poser doucement sur mon épaule. C’était le vieux Le
Torse qui était venu me chercher. Il me dit que j’étais resté quatre jours et quatre nuits
dans la fosse de voyance et qu’il était temps de redescendre. Il allait me donner à manger
et de l’eau à boire, et ensuite j’aurais à lui dire tout ce qui m’était advenu pendant ma
hanblechia. Il interpréterait mes visions pour moi. Il me déclara qu’elles m’avaient
transformé d’une façon que je ne pouvais comprendre sur le moment. Il me dit que
désormais je n’étais plus un jeune garçon, mais un homme. J’étais Tahca Ushte, Cerf
Boiteux.
CHAPITRE II
CE FUSIL DU MUSÉE DE NEW YORK EST À MOI
Au Museum of the American Indian à New York, se trouvent deux vitrines ainsi
présentées : « Fusils ayant appartenu à des chefs indiens illustres. » On peut voir six
fusils, dont celui de Sitting Bull. Une légende concernant une de ces armes détenues en
violation de la loi dit qu’elle appartint au célèbre chef Cerf Boiteux, tué dans une bataille
avec le général Miles, qui en fit généreusement don au musée de New York. Je me
demande ce qui put autoriser ce vieux Miles le Manteau d’Ours à disposer ainsi du bien
d’autrui. Ce fusil ne lui appartenait pas. Il m’appartient à moi, le seul Cerf Boiteux en vie
en ce moment.
Je suis un voyant-guérisseur et je désire parler de visions, d’esprits et de choses
sacrées. Mais il faut que vous compreniez quelque chose de l’homme Cerf Boiteux avant
de comprendre le voyant Cerf Boiteux. Aussi je vais commencer par l’homme, et le garçon
en lui, et plus tard nous en viendrons au voyant-guérisseur.
Tahca Ushte – le premier Cerf Boiteux – était mon arrière-grand-père du côté
paternel. Il fut tué par erreur. Vous pourriez dire aussi bien qu’il fut assassiné. Un an
avant cette soi-disant bataille avec le général Miles, Cerf Boiteux avait conclu avec
l’homme blanc une paix définitive. Un accord avec le gouvernement des États-Unis.
D’après ce traité, un territoire de quatre miles carrés à l’ouest de ce qui est devenu la ville
de Rapid City, dans le Sud Dakota, devait être préservé. Il devait tenir lieu de réserve pour
le chef et pour son peuple, et cette réserve porterait son nom. Cette terre devait nous
appartenir à jamais – « aussi longtemps que le soleil brille et que l’herbe pousse ».
Aujourd’hui, la fumée des villes cache le soleil, et désormais l’herbe ne pousse plus
beaucoup à Rapid City. Peut-être les Blancs pouvaient-ils prévoir ce qu’il en serait quand
ils s’emparèrent de notre terre alors que l’encre du traité n’était même pas sèche.
Cerf Boiteux déclara qu’il signerait le traité une fois qu’on lui aurait laissé chasser le
bison, à lui et à son peuple, comme au bon vieux temps, pendant un dernier été. Après
cela, ils s’établiraient dans la nouvelle réserve et « emprunteraient la route de l’homme
blanc ». Les représentants de l’administration gouvernementale dirent que ça leur
convenait ainsi, et accordèrent à Cerf Boiteux la permission de chasser une dernière fois.
Une poignée de main scella l’accord.
Le gouvernement des États-Unis est un étrange monstre à nombreuses têtes. Chaque
tête ne sait pas ce que veulent faire les autres. L’armée avait donné à Cerf Boiteux sa
parole qu’il pourrait chasser en paix. Au même moment, elle déclarait à Miles le Manteau
d’Ours que tous les Indiens pris en train de chasser hors des limites de la réserve devaient
Description:« J'étais seul au sommet de la colline, j'étais assis dans la fosse de voyance, un trou creusé dans le sol, les genoux entre les mains… » C'est ainsi que le Sioux Tahca Ushte commence l'histoire de sa vie mouvementée. Son itinéraire, sa quête du savoir, dans ce « Tristes tropiques » siou