Table Of Contenta
Connaissance et Libération gi Francis Farrugia
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L’ouvrage procède à une lecture croisée des théories n
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sociales de Marx, Freud et Marcuse, qui constitue le point r
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Connaissance
focal de l’analyse. Cette interprétation nouvelle démontre
que la théorie critique de Marcuse repose sur un double
renversement épistémologique jusqu’ici inaperçu : du
et Libération
matérialisme économique en idéalisme social, et de la
psychanalyse fataliste, adaptative et fonctionnelle en
psychologie politique critique et normative.
Quatre autres concepts jusque-là restés dans l’ombre sont La socio-anthropologie
aussi révélés fondamentaux par cette approche originale :
de Marx, Freud et Marcuse
l’infrastructure de l’homme, qui transgresse le concept
marxiste fétiche d’infrastructure sociale, la Loi naturelle et
le Droit naturel, tirés de Rousseau, et enfi n la connaissance n
o
vraie, et la vie dans la vérité, hérités de Platon ; quatre
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concepts emboîtés sans lesquels toute critique politique a
étant infondée devient impossible, ainsi que toute Libération. r
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« La vérité est un état de l’Être en même temps qu’un état b
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de la pensée, puisque la pensée manifeste l’Être et l’exprime, L
accéder à la vérité reste un projet virtuel, tant que l’homme ne t
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vit pas dans la vérité et avec la vérité. »
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Francis FARRUGIA est professeur émérite de l’université, ancien s
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professeur de psycho-pédagogie et de philosophie, historien des a
n
systèmes de pensée, socio-anthropologue de la connaissance et des
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valeurs sociales.
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Collection « Logiques Sociales »
dirigée par Bruno Péquignot
Illustration de couverture :
photo de l’auteur prise lors des manifestations
anti-austérité d’Athènes, en juillet 2011.
ISBN : 978-2-343-10470-6
17 € L O G I Q U E S S O C I A L E S
série Socio de la connaissance
Connaissance
et Libération
Logiques Sociales
Série Sociologie de la connaissance
dirigée par Francis Farrugia
En tant que productions sociales, les connaissances possèdent
une nature, une origine, une histoire, un pouvoir, des fonctions,
des modes de production, de reproduction et de diffusion qui
requièrent descriptions, analyses et interprétations sociologiques.
La série vise à présenter la connaissance dans sa complexité et
sa multidimensionnalité : corrélation aux divers cadres sociaux,
politiques et institutionnels qui en constituent les conditions
empiriques de possibilité, mais aussi , de manière plus théorique,
analyse des instruments du connaître dans leur aptitude à
produire des « catégorisations » savantes ou ordinaires, à tout
palier en profondeur et dans tout registre de l’existence.
Attentive à la multiplicité des courants qui traversent cet univers
de recherche, ouverte à l’approche socio-anthropologique,
intéressée par les postures critiques et généalogiques, cette série
se propose de faire connaître, promouvoir et développer la
sociologie de la connaissance. Elle s’attache à publier tous
travaux pouvant contribuer à l’élucidation des diverses formes de
consciences, savoirs et représentations qui constituent la trame
de la vie individuelle et collective.
Dernières parutions
MOUCHTOURIS Antigone, La métamorphose. Sociologie de la
perception, 2015.
NAMER Gérard, La mémoire sociétale et la démocratie. Texte
posthume, élaboré, composé et préfacé par Francis Farrugia,
2014.
MOREAU DE BELLAING Louis, Des sociologues dans la soute,
2009.
NAMER Gérard, Machiavélisme et mondialisation en crise,
2009.
CHARMILLOT Maryvonne, DAYER Caroline, SCHURMANS
Marie-Noëlle (dir.), Connaissance et émancipation, 2008.
JANNE Henri, Le système social, 2008.
MOREAU DE BELLAING Louis, L’enthousiasme de Madame de
Staël, 2007.
NAMER Gérard, Karl Mannheim, sociologue de la
connaissance. La synthèse humaniste ou le chaos de l’absolu,
2006.
Francis Farrugia
Connaissance
et Libération
La socio-anthropologie
de Marx, Freud et Marcuse
Du même auteur
Ouvrages individuels
La crise du lien social. Essai de sociologie critique,
L'Harmattan, 1993.
Archéologie du pacte social. Des fondements éthiques
et sociopolitiques de la société moderne, L'Harmattan, 1994.
La reconstruction de la sociologie française (1945-1965),
L'Harmattan, 2000.
La construction de l'homme social.
Essai sur la démocratie disciplinaire, Syllepse, 2005.
Critique de la raison sociologique.
Le conflit des formes de la connaissance, L'Harmattan, 2012.
Sociologies. Histoires et théories,
CNRS Editions, collection Libris, 2012.
Direction d'ouvrages collectifs
La connaissance sociologique.
Contribution à la sociologie de la connaissance (éd.),
L'Harmattan, 2002.
Le terrain et son interprétation.
Enquêtes, compte rendus, interprétations (éd.),
L'Harmattan, 2006.
L'interprétation sociologique.
Les auteurs, les théories, les débats (éd.), L'Harmattan, 2006.
Emotions et sentiments une construction sociale.
Approches théoriques et rapports aux terrains
(en codirection avec Charmillot, Dayer, Schurmans),
L'Harmattan, 2008.
© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
[email protected]
ISBN : 978-2-343-10470-6
EAN : 9782343104706
SOMMAIRE
Introduction ___________________________________ 11
Chapitre I. Les assises de la théorie critique __________ 19
1. La dialectique historique de Marx
Première assise de la théorie critique _________________ 19
2. L’anthropologie politique de Marcuse
Une Aufhebung du matérialisme historique
vers « l’idéalisme social » _________________________ 34
3. La théorie psychanalytique de Freud
Deuxième assise de la théorie critique ________________ 41
4. Le freudo-marxisme anti-révisionniste de Marcuse
Une psychologie-politique de la Libération ____________ 68
5. Les assises ontologiques de la théorie de la Libération
La loi naturelle et le droit naturel ____________________ 74
Chapitre II. Les obstacles idéologiques à la libération des
consciences ___________________________________ 85
1. Un premier obstacle à la Libération
L’univers truqué du discours dominant _______________ 85
2. Un deuxième obstacle à la Libération
Les approches fonctionnelles de la société_____________ 92
3. Un troisième obstacle à la Libération
L’empirisme radical du positivisme _________________ 102
Chapitre III. Combattre les obstacles ______________ 105
1. Une théorie critique de la société
Pour combattre les obstacles à la Libération __________ 105
2. Une praxis émancipatrice et rédemptrice
Œuvre d’une « avant-garde » d’intellectuels éclairés ___ 109
3. Un combat théorique et pratique d’intellectuels pour la
vérité _________________________________________ 119
Chapitre IV. Dépasser les obstacles _______________ 125
1. Quelle Libération possible hors de la « démocratie
totalitaire » ? ___________________________________ 125
2. Une inversion des valeurs et une praxis collective ___ 131
3. La voie de la Libération
Un gauchisme libertaire ni spontanéiste ni anarchiste ___ 137
Conclusion. Cinquante ans plus tard _______________ 143
Bibliographie _________________________________ 149
« En lutte contre cet état social, la critique
n’est pas une passion de la tête, mais la tête
de la passion. Elle n’est pas un bistouri, mais
une arme. Son objet, c’est son ennemi,
qu’elle veut, non pas réfuter, mais anéantir. »
Karl Marx
« Le langage n’est pas seulement un moyen
de communication, c’est aussi et surtout un
mode d’appréhension de la réalité. »
Herbert Marcuse
INTRODUCTION
« Le problème central pour moi est
toujours de savoir comment on peut
obtenir ce changement radical des
hommes avant le changement
révolutionnaire des institutions de
base, sociales et politiques. »
Herbert Marcuse
À l’encontre de la « philosophie positive1 » qui
impose sa fausse rationalité oppressive et son principe de
rendement à une « société close2 », la théorie critique
(Kritische Theorie) revendique le « pouvoir du négatif »,
et l’irruption d’une contre-culture de la connaissance
réalisant l’humain et « l’élargissement du domaine de la
liberté3 ». Elle révèle et dénonce le maintien de
l’ignorance et le caractère irrationnel caché de la
1 « En dernier ressort, la philosophie positive encourage l’abdication de
la pensée devant tout ce qui existe et a la force de se maintenir dans
l’expérience. Comte déclare explicitement que la dénomination de “positif”
qu’il attache à sa philosophie suppose que l’on apprenne aux hommes à
adopter une attitude positive à l’égard de l’état de chose existant. La
philosophie positive, dit-il, a pour mission d’affirmer l’ordre établi contre
ceux qui prétendent vouloir le “nier” », Marcuse, 1968c, p. 376.
« La philosophie positive a mené sur deux fronts sa contre-attaque
contre le rationalisme critique. Comte lutte contre la version française de la
philosophie négative, c’est-à-dire contre l’héritage de Descartes et des
Lumières . », Ibid., p. 374.
2 « Close parce qu’elle met au pas et intègre toutes les dimensions de
l’existence, privée et publique. […] Car le processus d’intégration se déroule,
pour l’essentiel, sans terreur ouverte : la démocratie consolide la domination
plus fermement que l’absolutisme ; liberté administrée et répression
instinctuelle deviennent des sources sans cesse renouvelées de la
productivité. », Marcuse, 1968b, p. 7.
3 Marcuse, 1969, p. 11.
12 Francis Farrugia
rationalité instrumentale triomphante, car « c’est le
rationnel qui est devenu le support le plus efficace de la
mystification. »
Contre l’univers établi du discours établi, la « théorie
critique4 » revalorisant la pensée libre, activant la raison
dialectique non instrumentale en re-connexion avec l’Eros
refoulé, projette et dessine une transformation radicale de
l’être-là répressif du monde politico-techno-marchand se
soutenant d’un Logos trompeur, de ce Logos dévoyé de sa
fonction intellective première - apparu dans la Cité
grecque du V° siècle av. J.-C. - liée à sa puissance initiale,
aujourd’hui dégradée en outil de contention sociale5.
En cette critique de la domination actuelle : de
l’homme sur l’homme, et de l’homme sur la nature
(dominations dialectiquement imbriquées), Marcuse
retrouve les analyses produites par Nietzsche dans la
Généalogie de la morale, en laquelle il identifie le
processus de civilisation comme entreprise d’élevage et de
domestication de l’homme par l’homme sur le temps long
de la civilisation, domestication s’opérant à l’aide de cet
instrument de contrainte psychique et de contention
4 « Elle a été dès ses débuts plus qu’un simple catalogue et qu’une
simple systématisation de faits, car son dynamisme venait précisément de
l’énergie avec laquelle elle attaquait les faits et opposait à l’insuffisance de la
réalité ses potentialités meilleures. Comme la philosophie, elle s’oppose au
verdict de la réalité et au positivisme satisfait. Mais, contrairement à la
philosophie, elle ne puise ses objectifs que dans les tendances du processus
social. C’est pourquoi elle n’a pas peur de l’utopie que l’on dénonce comme
caractérisant l’ordre nouveau. », Marcuse, 1970, p. 158.
5 « Qu’elles qu’aient été, à l’origine, les implications de la conception
grecque du Logos en tant qu’essence de l’être, depuis la canonisation de la
logique aristotélicienne, ce terme se confond avec l’idée d’une raison qui
ordonne, classifie et dirige. […] Le Logos se présente comme logique de la
domination. […] Le Logos de la satisfaction contredit le Logos de
l’aliénation. », Marcuse, 1963, pp. 108-109.