CHAPITRE 6 Modélisation des risques de désertification par type paysager dans le bassin versant

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CHAPITRE 6
Modélisation des risques de désertification par type paysager dans le
bassin  versant  de  l’oued Oum Zessar

Introduction
Notre objectif dans ce chapitre est d’évaluer  le  risque  de  désertification dans le bassin
versant   de  l’oued   Oum  Zessar  et   d’analyser  la  part  respective  des   différentes  causes  
anthropiques (via les activités agricoles, pastorales, forestières) et des conditions du
milieu biophysique.  Plus  précisément,  nous  allons  élaborer  des  diagnostics  sur  l’état  et  les  
causes de vulnérabilité de la phytomasse.
Nous utilisons la fonction « intégratrice » du paysage, dans le sens qui intègre les
dynamiques socio-environnementales et biophysiques. Autrement dit, nous essayons
d’interpréter  des paysages « reconstruits » dans le contexte de désertification à travers une
démarche décomposée afin de comprendre la part respective des causes anthropiques et des
conditions du milieu.
L’approche  spatiale  et  intégrée est utilisée en valorisant les résultats de la typologie et de
l’analyse  des  fonctionnements  socioéconomiques  et  biophysiques  développés  dans  le  chapitre  
4.  L’outil  utilisé  pour  réaliser  cette intégration spatiale est le modèle environnemental SIEL
adapté et développé dans  le  cadre  de  cette  thèse  pour  qu’il  tienne  compte  des  aspects  
climatiques et correspondre à notre cadre systémique CHER.
Dans  ce  chapitre  nous  présenterons  les  résultats  de  l’application du SIEL développé au cas du
bassin  versant  de  l’oued  Oum  Zessar,  en  évoquant  à  chaque  étape  de  la  modélisation  l’intérêt  
de ces résultats, nos critiques et les limites du modèle.
3.2.1. Une activité agricole structurante
Dans le territoire du bassin  versant  de  l’oued  Oum  Zessar,  l’agriculture  est  l’activité  humaine  
qui détermine la structure fondamentale du paysage, dont dépend partiellement le
fonctionnement  spatial  des  autres  activités  (pastorale  et  forestière).  En  fait,  depuis  l’extension  
des  superficies  cultivées  au  dépend  de  l’activité  pastorale  dès  les  années  soixante  (cf.  chapitre  
4),  la  zone  d’étude  est  caractérisée  par  une  activité  agricole  qui  devient  de  plus  en  plus  
structurante  d’un  point  de  vue  occupation  de  l’espace
Le choix de la période  de  modélisation  a  été  pris  sur  la  base  d’une  concertation  avec  cinq  
chercheurs   de   disciplines   différentes   de   l’IRA   (pédologie,   hydrologie,   agroéconomie,  
écologie,  géographie).  Cette  période  s’étend  du  début  janvier  2001  jusqu’à  la  fin  de  l’année  
2004.  Elle  correspond  à  un  rythme  périodique  d’une  année  pluvieuse  sur  quatre,  suivi  d’un  
mode  d’exploitation  des  terres  homogène  tous  les  quatre  ans.  Elle  coïncide  avec  une  période  
de  sécheresse  sévère  qui  traduit  le  contexte  aride  de  la  zone  d’étude.  Elle  correspond aussi à la
période pendant laquelle les enquêtes et les investigations de terrain ont été réalisées dans le
cadre du projet ROSELT/OSS (2004-2005) ; par conséquent elle correspond à la période la
plus récente où les données disponibles sont les plus complètes.
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3.2.2.  Identification  des  Centres  d’Activités
Le travail avec les supports cartographiques (telle que la carte topographique), les images
satellites, Google Earth,  en  plus  des  transects  effectués  sur  le  terrain,  ont  permis  d’identifier  
les  principaux  types  de  centres  d’activités  existants  dans  le  bassin  versant  de  l’oued  Oum  
zessar. Quatre types de  centres  d’activités  (CAs)  ont  été  finalement  identifiés  :  les  villages  ou  
agglomérations, les forages collectifs, les routes principales et les principaux oueds. Seuls les
agglomérations, villages et forages ont été considérés dans le cadre de notre application du
modèle  SIEL  au  niveau  de  la  zone  d’étude,  étant   donné  leur   rôle  majeur  en  termes  de  
structuration  de  l’espace,  leur  lien  direct  avec  les trois routes principales qui traversent le
territoire (GP1, Mareth-Jorf et Oum Ettamer-Toujène) et les oueds, mais aussi dans un souci
de simplification des calculs.
Les  transects  sur  le  terrain,  ainsi  que  l’utilisation  des  images  Google Earth (2009) ont permis
d’identifier  16  CAs  dans  la  zone  d’étude.  Parmi  ces  CAs,  deux  seulement  sont  de  type  
« forage »  et  les  autres  sont  des  villages  ou  des  agglomérations.  La  localisation  des  CAs  s’est  
faite en se basant sur Google Earthet la prise des coordonnées GPS sur le terrain (cf. carte 21,

p.240).
Notre dépouillement des données du recensement national de 2004 et les entretiens que nous
avons effectués avec les chefs des villages (enquête Unités administratives), nous a permis
d’enregistrer   les   informations   sur les populations des Cas, notamment la population (en
nombre  d’habitants)  et  le  nombre  de  ménages  par  CA  (tableau  23).
Type Population (nombre
Imada CA Ménages
CA d’habitants)
Menzla Ksar El Hallouf Village 850 145
Bhaira Village 550 102
Bhaira Msalekh Village 250 44
Battouma Village 400 60
Chouamekh Village 1700 340
Hmaima
Halg Jemel village 900 130
Seikha village 600 120
Oum Ettamr ouest Allamet Machlouch village 600 150
Loudeyette village 180 45
Koutine 1 village 1200 200
Koutine2 village 600 100
Koutine
Forage 1 Oued
forage 720 120
Moussa
Ragouba Est Ragouba Est village 2800 470
Ragouba Ouest Ragouba Ouest village 2000 400
El Gosba village 2700 430
El Gosba Forage 2 GIC Oum
forage 200 33
Zessar
Total BV 16250 2889
Tableau 23 : Caractéristiques des centres  d’activités  (CA) identifiés dans le bassin versant de
l’oued  Oum  Zessar

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3.2.3.  Étendue  spatiale  et  potentielle  de  l’exploitation  des  terres  autour  des  centres  d’activités
Plusieurs types de délimitations  territoriales  peuvent  être  distingués  dans  la  zone  d’étude  
(chapitre 4).
Les territoires qui correspondent aux délimitations administratives (imadas) sont gérés par les
chefs des villages (omdas) et les conseils de gestion villageois. À ce niveau, l’État  intervient  
en termes de projets de développement et de lutte contre la désertification (infrastructures,
aménagements  de  CES),  mais  aussi  en  termes  d’actions  d’attribution  à  titre  privé  des  terres  
collectives. Les contours géographiques de ces territoires,  gérés  en  réalité  par  l’État,  sont  
reconnus officiellement et disponibles.
Les territoires correspondant aux terroirs ethniques ou tribaux sont définis comme l'ensemble
des  terres  cultivées  ou  non  sur  lesquelles  les  chefs  des  tribus,  mais  aussi  l’ensemble des
groupes sociaux, ont le pouvoir d'attribution et de gestion des terres. Leur délimitation est liée
à l'extension des terres de la tribu jusqu'aux bordures des terres de tribus avoisinantes. Elle est
très difficile à mettre en évidence, suite aux conflits intertribaux sur la propriété de la terre.
Les contours géographiques de ces terroirs ethniques ou tribaux ne sont pas cartographiés
officiellement  et  disponibles.  Pour  les  besoins  de  l’étude,  nous  les  avons  tracés  nous-mêmes à
partir  d’enquêtes  et relevés GPS sur le terrain.
La  délimitation  des  territoires  potentiels  d’exploitation  (TPE)  par  la  modélisation  (SIEL)  doit  
tenir   compte   de   ces   réalités   déterminantes   en   termes   d’accès   à   la   terre.   La dynamique
d’installation  et  de  croissance  des  populations  locales  (résidant  dans  un  village,  autour  d’un  
forage,  ou  sur  le  long  d’une  route  ou  d’oued),  leurs  stratégies  de  recherche  et  d’exploitation  
des terres agricoles pour subvenir aux mieux à leurs besoins, sont aussi des déterminants de la
spatialisation de  ces  territoires  potentiels  d’exploitation.  C'est à cette échelle que nous opérons
pour la modélisation spatiale d'utilisation des terres agricoles.
Les limites des TPE sont en effet fonction de plusieurs critères, notamment les transactions
foncières (vente et achat des terres entre les différentes tribus et groupes sociaux), la taille de
la  population  dans  chaque  centre  d’activité,  l’âge  du  village,  le  niveau  de  richesse  des  groupes  
sociaux.  Ces  critères  font  qu’à un ou plusieurs villages (ou centres d’activités)  est  associé  un  
territoire  potentiel  d’exploitation.  
Trois  réalités  dans  la  zone  d’étude  ont  posé  des  difficultés  particulières  pour  la  spatialisation  
des  territoires  potentiels  d’exploitation :
- La dynamique de transactions foncières (achat des  terres  d’une  tribu  à  l’autre)  qui  ne  cesse  
de  se  développer  dans  la  zone,  ce  qui  pose  le  problème  d’instabilité  et  de  chevauchement des
limites de ces territoires ;
- Le  problème  survenu  lors  de  l’élaboration  de  la  carte  tribale  et  d’occupation  de  l’espace, lié
à des conflits sur les limites par les différents groupes sociaux ;
- Le  fait  que  plusieurs  villages  (d’une  même  tribu)  peuvent  exploiter  les  mêmes  espaces  ;;  ce  
qui pose un problème68 pour connaître, au sein d'un même territoire tribal, la limite
d'exploitation de l'espace entre les villages.

68 Dans le cadre de cette thèse, nous considérons les points des villages comme des CAs. En parallèle, nous
cherchons avec des spécialistes en SIG, des solutions pour intégrer les différents points des villages en un seul
point (multipoints).
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Dans  le  cas  de  notre  zone  d’étude,  nous  avons  pu  tenir  compte  d’un  minimum  des  réalités  
susmentionnées avec  la  prise  en  compte  d’un  paramètre  spécifique  dans  le  calcul  du  poids  de  
chacun des villages : « l’étendue de la propriété foncière de(s) tribu(s) » (appelé « coefficient
de distance tribale » pondéré en fonction de la distance entre les centres des villages et les
limites des terroirs tribaux correspondants qui a été appelée « d_tribu »).
En fait, nous avons tenu compte de deux paramètres de pondération :  le  nombre  d’habitants  
des villages, exprimant leurs besoins agricoles sur le territoire et le coefficient de distance
tribale.  D’autres  paramètres,  comme  l’âge  du  village,  le  revenu  moyen  des  ménages,   la
proportion  d’actifs  agricoles  par  village,  la  pluviométrie  moyenne  annuelle  localisée  peuvent  
potentiellement  jouer  un  rôle  dans  l’extension  spatiale  des  territoires  potentiels  d’exploitation  
(cf.  chapitre  4).  Nous  n’en  avons  pas  tenu  compte  dans  le  cadre de ce travail de thèse, car cela
nécessitait  des  recherches  spécifiques  que  nous  n’avons  pas  pu  mener.  Nous  prévoyons  d’ores  
et déjà cependant des investigations supplémentaires à mener au-delà de la thèse en
interactions  avec  d’autres  chercheurs.
Chaque point de l'espace a été ainsi associé au village dont la valeur :
(√population + d_tribu/ distance au village) est maximal (adapté de Loireau, 1998).
Ainsi,  le  centre  d’activité  ayant  plus  de  population  et  une  étendue  tribale  la  plus  grande  va  
avoir  un  territoire  potentiel  d’exploitation  plus  grand  que  l’autre.
Nous avons intégré la carte de localisation des 16 CA, ayant parmi les attributs la population
et  d_tribu  associée,  afin  de  construire  les  16  territoires  d’exploitation  élaborés  par  le  modèle  
autour de ces CA (carte 21, p.240).
Une validation des TPE a été effectuée en utilisant un module de calcul proposé dans le
logiciel SIEL. Le test de validation permet de calculer le « taux de parcelles (ou sites de
renseignement au sol) légitimes »   sur   le   territoire   potentiel   d’exploitation   issu   de   la  
modélisation. Une parcelle est légitime si les informations collectées sur le terrain (par
exemple :  nom  de  l’exploitant  et  nom  du  centre  d’activités  auquel  il  est  rattaché),  selon  un  
dispositif  d’enquêtes  approprié  à  l’approche  spatiale  (ROSELT/OSS,  CT2,  2005),  permet  de  
rattacher cette « parcelle » au CA du TPE dans lequel elle se situe. La validité de construction
d’un   territoire   potentiel   d’exploitation   est   alors   le   rapport   entre   le   nombre   de   parcelles  
incluses  (d’un  point  de  vue  spatial)  et  légitimes  et  le  nombre  de  parcelles  incluses.
Ce  travail  de  validation  s’est  basé  sur  un  travail  spécifique  de  terrain.  Le  long  de  transects  de  
l’amont  à  l’aval  du  bassin  versant  de  l’oued  Oum  Zessar,  nous  avons  localisé  220  parcelles  
(coordonnées GPS) et les avons renseignés en termes de rattachement aux CAs. La prise des
coordonnées  GPS  des  différents  angles  des  parcelles  renseignées  permet  d’élaborer  sur  une  
carte la répartition spatiale de ces parcelles renseignées (cf. carte 27, p.267). Dans le cadre de
notre application, le modèle SIEL fait le calcul du nombre de parcelles renseignées
correctement inclus dans les TPE modélisés. Ce calcul montre que le niveau de recouvrement
est très satisfaisant avec une valeur moyenne de 87 %. Pour arriver à ce résultat satisfaisant,
nous avons dû effectuer plusieurs allers-retours entre le résultat de la modélisation et les
paramètres du modèle de délimitation des TPE que nous avions fixés (notamment pour la
pondération des CAs).

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Carte 21 :  Localisation  des  centres  d’activités  dans le bassin versant de l’oued Oum Zessar et
délimitation des territoires  potentiels  d’exploitation
3.2.4. Spatialisation des pratiques agricoles au sein des territoires  potentiels  d’exploitation  et  délimitation  
des Unités des Pratiques Combinées
La distribution   spatiale   des   pratiques   répond   à   une   logique   commune   à   l’ensemble   des  
exploitants   appartenant   à   chaque   centre   d’activité.   Le   choix   d’affectation   de   la   terre,  
correspondant  aux  différents  centres  d’activités,  est  le  résultat  de  la  prise  en  compte  des
critères  spatiaux  d’application  des  pratiques  sur  les  territoires  potentiels  d’exploitation.
3.2.4.1. Typologie des pratiques combinées (PC)
Nous cherchons à établir ici une typologie des pratiques combinées. Cette typologie est basée
sur les acquis des projets de recherche et la bibliographie, mais aussi sur des transects de
terrain, des entretiens (enquêtes) avec des personnes ressources de chaque village et des
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traitements des photos aériennes et images satellites (pour la détection des occupations des
sols, des dynamiques éoliennes et des changements) que nous avons spécifiquement effectués.
Rappelons   que   pour   les   pratiques   combinées,   il   s’agit   de   s’affranchir   d’un   seul   centre  
décisionnel de gestion agricole pour définir des secteurs (supérieurs à la parcelle agricole et à
l’exploitation   agricole),   qui,   en   moyenne,   subissent   des   pratiques   agricoles   identiques,  
quelque  soit  l’exploitant,  selon  des  règles  d’organisation  spatiale  spécifiques  aux  groupes  
sociaux ou villages. Chaque classe de PC est spécifique et correspond à une certaine logique
d’exploitation  agricole  (Loireau,  1998).  Elle  détermine  des  proportions  de  l’espace  (en  %)  
occupées  par  les  types  d’occupation  du  sol  caractéristiques  des  pratiques  qui  la  composent.
Ces proportions varient selon le type  paysager,  mais  aussi  selon  l’unité  climatique UC.
L’identification  des  pratiques  combinées  retenues  pour  notre  application  de  la  modélisation  
SIEL  au  bassin  versant  de  l’oued  Oum  Zessar  émane  donc  de  plusieurs  réflexions  menées  en  
collaboration avec des  chercheurs  de  l’IRA  et  de  l’IRD  (5  chercheurs : un pédologue, un
agroéconomiste, un géographe, un spécialiste en télédétection et un hydrologue en
Conservation des Eaux et des Sols (CES).
Chaque classe de pratiques combinées comprend au moins une pratique  liée  à  l’activité  
structurante  du  territoire  considéré.  Elle  est  liée  au  type  d’exploitation  et  à  ses  facteurs  de  
production. Comme   l’agriculture   structure   le   paysage   sur   notre   zone   d’étude,   le   degré  
d’artificialisation  mesure  essentiellement  l’intervention  de  l’Homme  à  travers  les  pratiques  
agricoles et leurs associations ou non à des pratiques pastorales (aménagements préalables,
techniques  de  travail  et  de  gestion).  Plus  il  est  élevé,  plus  le  paysage  est  modelé  par  l’Homme,  
marqué  par  l’emprise  des  cultures de plus en plus intensives. Ce  degré  d’artificialisation  varie  
selon  la  classe  de  pratiques  combinées.  Il  a  été  déterminé  selon  la  méthode  à  dire  d’expert  en  
collaboration  avec  les  chercheurs  multidisciplinaires  de  l’IRA.
Dans le cas du bassin versant  de  l’oued  Oum  Zessar,  la  typologie  des  pratiques  combinées  
distingue 5 classes : steppe dominante avec céréaliculture épisodique (pratique 1),
arboriculture plein champs (pratique 2), jessour (pratique 3), tabias (pratique 4) et irrigué
(pratique 5). Le   calcul   des   proportions   d’occupations   du   sol   par   pratique   combinée   est  
effectué sur la base de nos investigations de terrain et précisément à partir de données
collectées  sur  les  unités  d’exploitation)  (figure  68, p.243).
Les cinq pratiques combinées identifiées sont présentées ci-dessous.
- Pratique 1 : Steppe dominante avec céréaliculture épisodique : cette classe de PC est
rencontrée dans les zones de parcours destinées essentiellement au pâturage. Elle est présente
dans tous les types des paysages de la  zone  d’étude.  L’occupation  du  sol  au  niveau  de  cette  
pratique  est  dominée  par  les  steppes  qui  occupent  60  %  de  l’espace.  La  partie  restante  de  cet  
espace  est  en  majorité  des  sols  nus  (20  %  de  l’espace)  avec  possibilité  de  cultures  céréalières  
dépendantes de  la  pluviométrie  de  l’année  (5  %  céréales  et  10  %  jachère).  L’arboriculture  est  
marginalisée  dans  la  pratique  1  (5  %)  et  l’irrigué  est  absent.  Le  niveau  d’artificialisation  
correspondant à cette pratique est généralement faible à très faible selon la zone et les
dynamiques  d’emprise  agricole.
- Pratique 2 : Arboriculture plein champs : cette classe de PC se trouve généralement dans
les plaines où la pente est quasiment nulle, mais aussi dans les bas fonds. Les cultures sont
pratiquées sans aménagement de conservation des eaux et du sol (jessour ou tabias). Cette
pratique  n’est  pas  présente  dans  tous  les  types  de  paysage,  seulement  à  l’entrée  de  l’oued  
Oum Zessar dans les sebkhas côtières (paysage 1), dans les cultures et les parcours steppiques
autour de l’oued  et  des  ravins  affluents  (paysage  2),  sur  le  faisceau  urbanisé  de  la  route  
nationale  GP  1  (paysage  3)  et  sur  la  plaine  aux  parcours  dominants  (paysage  4).  L’occupation  
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du sol de cette PC est dominée par le système jachères-céréales qui occupe 60 % de l’espace  
avec une proportion moyenne de 15 et 45 % respectivement pour les céréales et les jachères
sur les quatre ans. Les steppes (parcours) viennent en seconde place avec une proportion plus
ou moins importante (20 %) et qui représente le double de celle occupée par les cultures
arboricoles (10 %). Les friches et les sols nus représentent la même proportion que pour
l’arboriculture.  Enfin,  comme  pour  les  PC  précédentes,  le  sous  système  « irrigué » est absent.
Le  niveau  d’artificialisation  correspondant  à cette pratique est moyen et il est aussi variable
selon  le  type  de  l’année.  Le  travail  du  sol,  la  mécanisation,  le  creusage  des  trous  de  plantation  
des  arbres  fruitiers,  les  intrants,  la  main  d’œuvre,  sont  très  répandus  en  années  pluvieuses.  En  
années sèches,  d’autres  interventions  sont  enregistrées,  surtout  l’irrigation  d’appoint.
- Pratique 3 : Jessour : cette classe de PC est formée par deux systèmes étroitement liés : le
jesser (chapitre 1) et le système arboricole basé sur la culture oléicole. Elle est rencontrée
généralement dans la partie amont du bassin versant sur les terres en pente forte. Cette classe
de  PC  est  présente  seulement  dans  les  cultures  et  les  parcours  steppiques  autour  de  l’oued  et  
des ravins affluents (paysage 2), sur la plaine aux parcours dominants (paysage 4) et sur le
djebel,  les  parcours  de  versants  et  les  jessour  (paysage  7).  L’occupation  du  sol  dénote,  en  
moyenne, une dominance des steppes qui occupent 30 % de son espace. En deuxième place,
se  rencontre  l’arboriculture  (25  %  de  l’espace),  malgré  que  le  système  jachère-céréale montre
aussi sa prédominance dans cette PC. En fait, la surface occupée par la culture céréalière est
très  variable  selon  l’année  et  elle  occupe  27  %  de  la  surface  de  la  PC  seulement  en  années  
pluvieuses, sinon  elle  est  remplacée  par  des  jachères  en  années  sèches.  La  probabilité  d’avoir  
une  culture  céréalière  sur  l’espace  de  la  PC  est  une  année  sur  quatre,  ce  qui  fait  que  les  
proportions moyennes annuelles des occupations sont égales à 5 et 22 % respectivement pour
les  céréales  et  les  jachères.  Les  friches  et  les  sols  nus  occupent  18  %  de  l’espace.  Les  cultures  
annuelles, comme par exemple le petit pois, le pois chiche, la fève, peuvent être rencontrées
sur la partie cultivée du système, généralement en année pluvieuse, en intercalaire avec
l’arboriculture.   Le  système   « irrigué »,   caractérisé  par  l’installation  des  cultures  irriguées  
notamment les cultures maraîchères, est absent dans le cas de cette PC. Le niveau
d’artificialisation  correspondant  à  cette  pratique  est  moyen  à  fort  selon  le  type  de  l’année.  Le  
travail  du  sol,  les  intrants,  la  main  d’œuvre,  l’entretien  de  l’aménagement  (jesser)  sont  très  
répandus  en  années  pluvieuses.  En  années  sèches,  d’autres  interventions  sont  enregistrées,  
surtout  l’irrigation  d’appoint.
- Pratique 4 : Tabias : cette PC est formée par deux systèmes étroitement liés : la tabia
(chapitre  1)  et  le  système  arboricole  basé  sur  la  culture  oléicole  qui  occupe  30  %  de  l’espace.  
Elle est rencontrée généralement sur les piémonts où la pente est faible et dans les zones plus
en aval. Elle est présente dans tous les paysages sauf celui de type 7 (djebel, parcours de
versants  et  jessour).  En  plus  des  oliviers,  les  friches  et  les  sols  nus  gagnent  30  %  de  l’espace  
et les cultures céréalières marquent leur présence surtout en année pluvieuse en occupant 35
%  de  l’espace  (10  et  25  %  en  moyenne  respectivement  pour  les  céréales  et  les  jachères).  Le  
reste  de  l’espace  est  occupé  par  les  steppes  (5  %  de  la  superficie).  Le  système  « irrigué » est
absent.  Le  niveau  d’artificialisation  correspondant  à  cette  pratique  est  aussi  moyen  à  fort  selon  
le  type  de  l’année.  Le  travail  du  sol,  la  mécanisation,  le  creusage  des  trous  de  plantation  des  
arbres  fruitiers,  les  intrants,  la  main  d’œuvre,  l’entretien  de  l’aménagement  (tabia)  sont  très  
répandus  en  années  pluvieuses.  En  années  sèches,  d’autres  interventions  sont  enregistrées,  
surtout  l’irrigation  d’appoint.
- Pratique 5 : Irrigué : les systèmes irrigués sont représentés par deux principaux types du
système irrigué :  le  système  privé  qui  utilise,  dans  la  majorité  des  cas,  l’eau  de  la  nappe  
phréatique, et le système public (collectif), organisé autour des forages publics qui utilisent
l’eau  de  la  nappe  profonde.  Cette  pratique  est  rencontrée  dans  tous  les  paysages, mais elle est
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souvent  très  localisée.  Le  secteur  d’irrigué  connaît  plusieurs  problèmes,  dans  le  territoire  
d’étude,  liés  surtout  à  la  disponibilité  et  à  la  qualité  des  eaux  d’irrigation.  Cette  PC  combine  
généralement les cultures maraîchères qui occupent  35  %  de  l’espace,  les  cultures  céréalières  
avec  une  proportion  moyenne  de  30  %,  l’arboriculture  (20  %)  et  les  friches  et  les  sols  nus  (10  
%). Les steppes sont quasi-absentes et elles occupent une proportion faible de 5 %. Le niveau
d’artificialisation correspondant à cette pratique est fort à très fort, car elle nécessite un travail
continu  du  sol,  une  mécanisation  très  présente,  des  grandes  quantités  d’intrants,  en  plus  de  la  
main  d’œuvre.

Figure 68 : Occupation des sols par classe de pratiques combinées
3.2.4.2. Les règles de spatialisation des classes de pratiques combinées
Les règles du fonctionnement spatial des exploitations agricoles (accès, stratégies des
exploitants, revenus) sont celles qui vont déterminer la distribution spatiale des pratiques
agricoles sur un territoire donné. Plusieurs paramètres enregistrés sur le terrain permettent de
déterminer   cette   distribution   spatiale.   Ils   sont   liés   à   deux   niveaux   d’organisation   ou   de  
décision  d’affectation  parcellaire  :  le  niveau  des  centres  d’activités  (village,  route,  oued,  
forage)  qui  organisent  spatialement  les  pratiques  à  l’échelle  du  territoire  associé,  et  le  niveau  
de   l’exploitant   qui   distribue   les   pratiques   selon   les   conditions   socio-environnementales
(socioéconomiques,  biophysiques)  et  ses  propres  décisions  à  l’échelle  de  la  parcelle  et  de  son  
exploitation.
Un certain nombre de corrélations statistiques, issues des informations recueillies sur le
terrain (enquêtes UA et UE) sont testées, pour mettre en évidence les grandes tendances
d’organisation   spatiale   d’exploitation   des   terres   dans   la   zone   d’étude   et   du   niveau  
d’artificialisation  afin  de  guider  les  règles  adoptées  in  fine  dans  le  modèle.  Les  critères  retenus  
pour la spatialisation des pratiques agricoles dans notre  cas  d’étude  sont :  le  type  d’exploitant,  
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ses besoins agricoles, la distance au village de ses parcelles (accessibilité), la qualité du sol, le
climat et le revenu. Le choix de ces critères est basé sur notre dépouillement des données des
enquêtes unités administratives.
Influence   des   types   d’exploitants   sur   le   choix   des   pratiques   agricoles   et   niveaux  
d’artificialisation
Comme  toute  typologie,  nous  sommes  partis  d’un  choix  de  variables  pour  déterminer  les  
différents   types   d’exploitants.   Ce   choix   est   basé sur   les   données   de   l’enquête   UE.   La  
typologie  des  exploitants  est  en  rapport,  essentiellement,  avec  l’importance  des  différents  
domaines  d’activités.  Les  variables  choisies  par  activité  sont  présentées  dans  le  tableau  24.
Activités agricoles Élevage Irrigation Activités extra Autres
agricoles
Superficie exploitée/UE Effectif Pratique de Activité source Activité
ovins/UE cultures principale du revenu principale
irriguées monétaire du ménage agricole
Superficie des Effectif Superficie - Activité
cultures/UE caprins/UE irriguée/UE principale et
secondaire
Superficie arboricole/UE Utilisation - - Revenu
de parcours agricole
Nombre de jessour/UE - - - -
Nombre de Tabias/UE - - - -
Nombre  d’actifs   - - - -
familiaux/UE
Tableau 24 : Variables choisies pour la typologie des groupes stratégiques humains
Une Analyse Factorielle en Correspondances Multiples (A.F.C.M.) a été réalisée sur ces
données  avec  le  logiciel  Statbox  en  collaboration  avec  un  statisticien  du  LESOR  de  l’IRA.  
Les résultats obtenus ont été couplés à une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH)
appliquée sur les modalités des variables, ce qui a permis de mettre en évidence 4 groupes
distincts. Une typologie en 4 classes a été ensuite réalisée aussi sur le logiciel Statbox, à partir
des  coordonnées  des  ménages  sur  les  4  premiers  axes  factoriels  résultant  de  l’AFCM.  Les  
groupes de ménages obtenus ont été rattachés aux données brutes sur lesquelles nous avons
réalisé ensuite un tri à plat afin de déterminer les pourcentages de présence de chaque
modalité  de  variable  dans  chaque  groupe.  L’utilisation  du  SIG  a  permis  la  superposition  des  
données  de  l’enquête  avec  les  résultats  de  la  cartographie.
En utilisant ces méthodes, six groupes stratégiques ou  types  d’exploitants  ont été déterminés :
les agriculteurs moyens (AgrMoy), les éleveurs (Elv), les extra agricoles (ExAgr), les irrigants
(Irrg), les agriculteurs pratiquant exclusivement le système pluvial Jesser (AgrJes) et les
agriculteurs pratiquant exclusivement le système pluvial Tabia (AgrTab). Leur répartition
spatiale est représentée sur la carte 22, p.245.
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Carte 22 : Répartition spatiale des groupes stratégiques humains par TPE
L’analyse  des  enquêtes  montre  que  le  choix  des  pratiques  combinées diffère  d’un  groupe  
stratégique  à  l’autre.  La  figure  69, p.246,  montre  l’importance  de  la  pratique  de  jessour  dans  
le cas des groupes AgrJes, AgrMoy et ExAgr (la pratique Jessour occupe respectivement 52
%,  44  %  et  37  %  de  leurs  activités  au  sein  de  l’unité  d’exploitation).  La  pratique  combinée  
« steppe dominante avec céréaliculture épisodique » est beaucoup plus pratiquée par les
éleveurs et les exploitants des jessour (représente respectivement 56 % et 40 % de leur activité
globale). Cette pratique est moins pratiquée par les agriculteurs moyens, les extra agricoles et
les irrigants à cause du nombre réduit du cheptel en propriété, mais aussi des superficies
pastorales limitées.
D’après  l’analyse  des  niveaux  d’artificialisation  des  terres  par  groupe  stratégique, basées sur
la  méthode  à  dire  d’expert,  nous  constatons  que  le  groupe  des  irrigants  enregistre  des  niveaux  
d’artificialisation  forts  à  très  forts  sur  au  moins  80  %.  Les  terres,  en  propriété  des  éleveurs,  
sont les moins artificialisées (en moyenne 58 % de leurs terres sont à un niveau très faible à
faible  d’artificialisation).
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