Table Of ContentISBN 978-2-02-130631-6
© Éditions du Seuil, février 2016
www.seuil.com
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À mon grand-père Michel,
qui aurait pris plaisir à pointer
les approximations de ce livre.
TABLE DES MATIÈRES
Copyright
Dédicace
Remerciements
Introduction
Pour aller plus loin
Chapitre 1 - Les parasites font de la résistance
Antibiotiques et résistance
Dynamique des populations et résistance
Origine des souches résistantes
Transferts de résistance des bactéries
Épidémiologie de la résistance
Le futur scandale des peptides antimicrobiens ?
L’étrange orthodoxie de la forte dose
Tragédie des biens communs ?
Pour aller plus loin
Chapitre 2 - Pourquoi les parasites nuisent-ils à leur hôte ?
La théorie de l’avirulence et sa remise en cause
La théorie du compromis évolutif
« La malédiction du pharaon »
E(cid:63)fets variables des infections multiples
Évolution à courte vue
Pourquoi notre système immunitaire est-il imparfait ?
Di(cid:63)(cid:64)(cid:65)culté des applications : la grippe de 1918
En guise de conclusion partielle…
Pour aller plus loin
Chapitre 3 - De l’origine des maladies infectieuses
Des chasseurs-cueilleurs aux navetteurs
Lire l’histoire du paludisme dans les crottes
Histoire et évolution de la tuberculose
Pourquoi la grippe revient tous les ans
Phylodynamique
Pour aller plus loin
Chapitre 4 - Prévoir les prochaines pandémies ?
Le rôle du hasard
Mathématiques de l’émergence
D’où vient vraiment la menace ?
Les maladies émergentes sont-elles plus virulentes ?
Émergence par sauvetage évolutif
Émergence de maladies infectieuses dans un monde globalisé
Pour aller plus loin
Chapitre 5 - Maladies infectieuses et évolution humaine
Superdominance
CCR5-∆32
Évolution du système immunitaire
Parasites et reproduction sexuée
Course aux armements et phénotype étendu
Pour aller plus loin
Chapitre 6 - Vers des traitements evolution-proof
Phagothérapie
Infecter des moustiques pour les protéger d’autres parasites ?
Parasites et sénescence
En sera-t-il des vaccins comme il en est aujourd’hui des antibiotiques ?
Pour aller plus loin
Conclusion
Glossaire
Acronymes
Index
Table des (cid:64)(cid:65)gures
Remerciements
Le principal coupable dans cette a(cid:63)faire est Nicolas Chevassus-au-Louis : il m’a poussé à
écrire et m’a fait rencontrer son complice l’éditeur Jean-Marc Lévy-Leblond. Merci à eux
pour leur enthousiasme.
Si ce livre est lisible, c’est grâce aux relectures (et réécritures) minutieuses d’Hélène et aux
corrections d’Anne pour certains de mes errements scienti(cid:64)(cid:65)ques.
Ce qui suit est avant tout un pillage d’idées et de faits rapportés par des collègues. Un
merci en particulier à Boris, Carmen Lía, Cécile, Christophe, Emma, Franck, François,
Marco, Mathieu, Matty, Minus, Mircea, Nacho, Olivier, Pierre-Olivier, Phil, Rémy, Seb,
Thomas, Troy et Yannis pour avoir fourni cette matière première.
Introduction
Les années 1960 marquent l’apogée de l’optimisme dans la lutte contre les parasites***11 11. Les
antibiotiques avaient alors conquis la planète, permettant de faire décroître massivement la
mortalité due aux infections bactériennes. Ils avaient été aidés en cela par la mise au point
de vaccins contre des « (cid:88)(cid:89)éaux » tels que la variole ou le tétanos. Cet optimisme transpire
dans une déclaration célèbre attribuée au responsable de la santé publique des États-Unis
en 1967 : « Il est temps de refermer le livre des maladies infectieuses, d’annoncer que la
guerre contre la pestilence a été gagnée et de basculer les ressources nationales vers des
problèmes chroniques tels que le cancer et les maladies cardio-vasculaires. »
Le demi-siècle qui s’est écoulé a prouvé le contraire. Certes la lutte contre les maladies
infectieuses a connu de grands succès, telle l’éradication de la variole de la surface du globe
en 1979 après une campagne internationale de vaccination. Malheureusement, la balance
penche clairement du côté des échecs avec la généralisation des phénomènes de résistance
aux traitements ou l’émergence de la pandémie22 de syndrome d’immunodé(cid:64)(cid:65)cience acquise
(SIDA) causée par le virus* de l’immunodé(cid:64)(cid:65)cience humaine (VIH). Il se trouve que les
optimistes avaient oublié une variable dans l’équation : l’évolution*.
En biologie, l’évolution est le plus souvent associée aux dinosaures ou aux premiers
hominidés. Pourtant, les microbes, et en particulier les microbes parasites, évoluent bien
plus rapidement que les animaux. Depuis l’apparition de l’homme moderne, il s’est écoulé
environ 7 500 générations. Le même nombre de générations est atteint par le VIH au sein
d’un patient après vingt années d’infection car chaque jour une cellule infectée donne
naissance à de nouveaux virus. Sachant que le VIH est apparu il y a environ un siècle, on
mesure l’importance de son histoire évolutive.
L’évolution des maladies infectieuses est ce qui les rend si di(cid:63)(cid:64)(cid:65)ciles à éradiquer. D’une part,
elle fait d’elles une cible mouvante. D’autre part, elle peut conduire à l’émergence de
nouvelles maladies. Comme le résume Andrew Read, l’un des experts mondiaux de la lutte
contre le paludisme, il faut espérer que si le XX e siècle a été marqué par le développement
de nouveaux traitements, le XXI e siècle sera celui de la prise en compte de l’évolution dans
les politiques sanitaires. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) semble lui
donner raison puisqu’en 2006 elle a reconnu qu’à grande échelle l’échec des traitements
donner raison puisqu’en 2006 elle a reconnu qu’à grande échelle l’échec des traitements
était inéluctable du fait de l’évolution de la résistance. Le seul moyen d’échapper aux
résistances, c’est de ne pas utiliser un médicament.
Un des soucis est que la biologie de l’évolution tend à être ignorée, en particulier par les
médecins. Ceci peut paraître être une boutade mais les chi(cid:63)fres le prouvent. En 2007, Janis
Antonovics, un professeur connu pour ses travaux sur les pathogènes des plantes et
l’évolution du sexe, et son équipe de l’université de Virginie à Charlottesville aux États-
Unis ont comparé la sémantique d’articles traitant de la résistance aux antibiotiques selon
qu’ils étaient publiés dans des revues de biologie évolutive ou dans des revues médicales. Si
plus de 60 % des articles issus de revues de biologie évolutive utilisent le mot
« évolution », moins de 5 % des articles provenant de revues médicales en font autant. Les
auteurs remarquent d’ailleurs que lorsqu’ils considèrent le mot « émergence », le résultat
s’inverse puisque ce mot est cinq fois plus utilisé dans les articles issus des revues médicales.
À noter que, selon les auteurs, les articles médicaux sont par ailleurs tout aussi rigoureux
que les articles de biologie évolutive. Pourquoi cet évitement du e-word ? La conclusion
des auteurs est que, pour les médecins, l’évolution est associée à un processus lent qui n’a
pas d’implications à une échelle contemporaine. Cette esquive sémantique n’est pas
totalement neutre. En plus d’analyser les articles scienti(cid:64)(cid:65)ques eux-mêmes, Janis
Antonovics et ses collègues ont étudié la manière dont ceux-ci avaient été relayés dans les
grands médias tels que The New York Times, Fox News ou la BBC. Ils trouvent que le
choix des mots est très corrélé entre les articles scienti(cid:64)(cid:65)ques et le traitement médiatique, de
telle sorte que les journalistes tendent à n’utiliser le mot évolution que si les scienti(cid:64)(cid:65)ques le
font.
Certes, les choses s’améliorent avec par exemple le lancement en 2012 d’une revue
scienti(cid:64)(cid:65)que internationale qui regroupe à la fois des médecins et des biologistes de
l’évolution et porte ce titre évocateur : Evolution in Health and Medicine (« Évolution en
santé et médecine »). Cette phrase est souvent présentée comme extraite d’un discours que
William H. Stewart aurait donné à la Maison Blanche (Washington DC). On en cite même
parfois la date (le 4 décembre 1967). En fait il ne l’a jamais prononcée (il a même plutôt
prôné le contraire). Après un travail d’enquête minutieux, Brad Spellber, professeur et
médecin à Los Angeles, est parvenu à montrer que cette phrase extrêmement citée est une
légende urbaine qui provient d’une citation (erronée) faite à un congrès en 1989,
probablement par Stephen S. Morse, et reprise par le New York Times. Impossible de dire
si la déformation était une maladresse ou une stratégie pour valoriser ses recherches en
si la déformation était une maladresse ou une stratégie pour valoriser ses recherches en
déformant celles des autres. Toujours est-il que lorsque William Stewart est décédé en
2008, la chronique nécrologique du prestigieux journal de médecine le Lancet cita la
phrase. Mais le chemin à parcourir est encore long, comme l’illustrent ces propos récents,
et eux authentiques, d’un médecin chef d’un service en biothérapie à Paris : « L’homme a
toujours aspiré à vaincre la maladie. En 2070, on pourra sans doute vaincre les maladies
infectieuses, et beaucoup de maladies génétiques, mais il restera bien d’autres pathologies,
comme certains cancers […] » (propos rapportés dans Télérama, no 3155, 30 juin 2010).
Le but de ce livre est de contribuer à la prise en compte de la biologie de l’évolution dans la
lutte contre les maladies infectieuses.
Pour aller plus loin
Dajoz R., Précis d’écologie, Dunod, 8e édition, 2010. [Ouvrage de référence sur l’écologie
scienti(cid:64)(cid:65)que.]
Thomas F., Le(cid:97)èvre T., Raymond M. (éd.), Biologie évolutive, Bruxelles, De Boeck,
2007. [Ouvrage de référence sur la biologie de l’évolution.]
RRééfféérreenncceess cciittééeess ddaannss llee cchhaappiittrree ((eenn aannggllaaiiss))
Antonovics J. et al., « Evolution by any other name : Antibiotic resistance and avoidance
of the e-word », PLoS Biol., 5 (2), 2007, e30. [Comment les médecins évitent le mot
évolution dans leurs articles.]
Read A. F., Day T., Huijben S., « The evolution of drug resistance and the curious
orthodoxy of aggressive chemotherapy », Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 108, Suppl. 2, 2011,
p. 10871-10877. [Un article sur l’importance des résistances parasitaires.]
Spellberg B., Taylor-Blake B., « On the exoneration of Dr William H. Stewart :
Debunking an urban legend », Infect Dis. Poverty, 2013, 2:3. [Une enquête sur une
citation célèbre (mais apparemment apocryphe).]
*1.
Les termes suivis d’un astérisque sont dé(cid:64)(cid:65)nis dans le glossaire en (cid:64)(cid:65)n d’ouvrage.
1.
J’utilise le terme de parasite dans son contexte évolutif a(cid:64)(cid:65)n de décrire un mode de
vie (celui qui se fait aux dépens d’un hôte). Ce terme regroupe donc à la fois les
microparasites (virus, bactéries et protozoaires) et les macroparasites tels que les
vers et autres animaux multicellulaires.
2.
Une pandémie est une épidémie qui s’est propagée sur plusieurs continents.