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Aujourd'hui, les cabin ·ts d ·uriosit sr ·st nt un • sourc • d'inspiration impol'
tantc, tant pour l'art cont ·m1 Ol'ain qu' n d ·oration : m ·Jang• d •s ·al •gol'i •s,
métis ag des arts, goût pouf' la oil •cti n t sa mi n sc\n ', •sth ltiqu du d sordl'c ...
Autantd citations ont'ml?orain·sd · tt « hambr• cl •s m•rv•ill S•,qui s'av I''
un magnitiquc supp rt à la r~v rie t à la réation.
Christine Davenne est maître de onffr nccs n arts plast iqu s t s i n' s d
l'art ji l'université de llord aux IV. Titulaire d'un thcsc en art et s ·i n s d l'art.
meq,tion arts plastiques, clic a publié !Undemité du mhù,el rJe mrti1,1it1{1 aux éditions
L'Harmattan en 2004.
Christine Fleurent s'est orientée vers la photographi après des études litLéraires.
Elle s'est spécialisée dans l'univers de l'art de vivre, travaille régulièrement pour
la presse et a publié plusieurs ouvrages illustrés aux éditions du Chêne (La C111:1ù1e
deJ pa,:fwnJ, Le.1 Promenade,, de Chopin, L'ALhwn Ge(//:r;e Sand) et Aubanel-La Martinière
(La GmnJe Hi.Jtoire ÔeJ ar/J Je La tahLe, SerreJ deJ jardÙ1J b11la11iq11eJ d'Europe).
À ma mère Jacqueline.
« Marche doucement, car tu marches sur mes rêves. »
William Butler Yeatd
Remerciements à tous les amis de l'été joyeux,
et spécialement à José.
Christine Davenne
© 2011, Éditions de La Martinière, une marque de La Martinière Groupe, Paris.
Connectez-vous sur www.editionsdelamartiniere.fr
Textes Christine Davenne / Photographies Christine Fleurent
C a b i n e t s
@uRiOSités
La
passion de la collection
Légendes Charlotte Blum/Stylisme Véronique Méry
"
Editions
de La Martinière
Le cabinet de curiosités, d'hier à aujourd'hui I 12
Les studioli, entre gloire et mélancolie I 44
Portrait: Malplaquet House / 74
Le cabinet de curiosités comme théâtre du monde I 82
Portrait: Jacques Garcia I 116
Des monstres venus d'ailleurs : les exoticae I 124
Portrait: Joan Fontcuberta I 156
Les cabinets scientifiques scientificae I 160
Portrait: Henri Cueco / 198
Un laboratoire de mutations I 202
Carnet d'adresses I 227
Bibliographie I 230
Crédits photographiques I 231
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Dresser! 'inventaire du monde en rassemblant des objets sous la forme d'encyclo
pédies tant livresques que visuelles, voilà un projet qui a animé de nombreux honnêtes
hommes. Le cadre de ces collections fut nommé, selon leur destination, «muséum»
(histoire naturelle), «glyptothèque» (pierres gravées), « pantothèque », «grotte»,
« cabinet de merveilles» ou « de curiosités». La fortune de ces collections anciennes
était liée au devenir des arts et des sciences, aussi les cabinets de curiosités furent-ils
véritablement des chambres d'écho de la culture renaissante, dont la voix porte
encore jusqu'à nous. Car aujourd'hui, le cabinet de curiosité est à la mode, on le voit
renaître au travers d'expositions, et des magasins en utilisent le principe. Apparu en
muséographie dans les années 1990 avec des expositions comme L'Ânu au corp.J, art.i
et .Jcience.i, 1793-1993 aux galeries nationales du Grand Palais, ou la collection d'art
contemporain « Curios & Mirabilia » (Curiosités et merveilles) du château
d'Oiron, le cabinet de curiosités tend désormais à s'imposer dans les manifes
tations publiques et privées.
Depuis la Renaissance jusqu'à la Révolution, le cabinet de curiosités a présenté
dans un lieu unique des objets hétérogènes par nature, et aujourd'hui encore, la
culture contemporaine rassemble des pluralités en un lieu singulier. Le centre d'art
adopte un sigle, tels les CAPC, MAM ou MoMA, comme l'industrie, ce qui semble
illustrer la rapidité des échanges contemporains. On sent confusément que l'emploi
réitéré de la locution « cabinet de curiosités» renvoie à un dispositif désuet qui appa
raît énigmatique. Pourquoi, aujourd'hui, faire mention du cabinet de curiosités?
Cette démarche procéderait-elle d'une référence nostalgique aux rangements d'objets
éclectiques où brillaient les médailles et les nacres? Ou encore de la poésie des
~I regards croisés qu'évoquait le comte de Lautréamont dans les Chant.ide Ma/Joror:
« La rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un
Le cabinet désigne à la fois parapluie»? Ou invoque-t-elle une valeur refuge qui protégerait des mutations
un meuble et une pièce contenant
les curiosités. Ce meuble en acajou, contemporaines?
surmonté d'un crâne humain
arborant un grand sourire, Sans doute peut-on déceler dans la renaissance du cabinet de curiosités la volonté
est consacré aux naturaliae.
d'établir des liens entre les métissages d'hier et d'aujourd'hui, entre les collectionneurs
En arrière-plan, reproduction
du Couronnement d'épines et les artistes. En effet, le collectionneur, arrangeur de mondes, n'était pas considéré
ou La Dérision du Christ
d'Antoon Van Dyck (1559-1641) autrefois comme un artiste, mais comme un amateur, « celui qui aime» selon le sens
(Malplaquet House, Londres,
exact de l'étymologie. L'artiste, au contraire, s'était identifié depuis la Renaissance
Royaume-Uni).
à un concepteur d'œuvres a nihilo, selon l'expression latine signifiant «à partir de rien».
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On assiste aujourd'hui à une dilution de ces frontières, et le concepteur d'expositions
et l'artiste entreml\lcnt leurs missions, l'un proposant des principes d'organisation,
devenant curateur, l'autre dépendant du musée pour légitimer son travail. Le métis
sage actuel dan les pratiques de l'art asso ie objets et techniques pour constituer
diverses installations nettement affranchies des catégories académiques que sont la
peinture, la sculpture, l'architecture. Or, cette désagrégation des frontières entre arts
décoratifs et arts plastiques, entre arts européens et extra-européens, entre amateurs
et artistes a existé en un autre temps, à la Renaissance, son lieu étant alors le cabinet
de curiosités ... que l'on ne cite pas, de nos jours, par hasard.
Les collections anciennes, installées dans les demeures princières, composaient
un théâtre. Miroirs du monde tentant de capter en une vision panoramique les savoirs
du temps, elles étaient aussi le miroir du sujet qui les constituait, à la fois intime et
universel: le cabinet de curiosités se situe quelque part entre l'infmiment petit et
l'infmiment grand. Théâtre du monde tentant d'ordonner des collections diverses,
le cabinet avait plusieurs missions. Il était élaboré par les puissants dans leur résidence
même, où il s'inscrivait dans la généalogie familiale afin de doter les héritiers d'un
savoir encyclopédique. Ainsi, dans tous les cabinets, les ancêtres de la famille côtoyaient
les figures pensantes de !'Antiquité. C'est pourquoi, dans le Jtu'Jw!o que le duc de
Montefeltre fit construire à Gubbio, vers 1479-1482, son portrait est entouré des
figures des docteurs de l'Église autant que des sages de !'Antiquité: saint Grégoire
et Platon y font face à Dante et I Iippocrate, Moïse et Cicéron à saint Thomas et Homère.
Le cabinet de curiosités conçu de la sorte n'était pas une pièce décorative, mais
bien un théâtre des connaissances et des légendes alliant savoirs antiques et chrétiens
dans un désir de concorde. Différents classements qui y furent tentés, empruntés
aux penseurs de !'Antiquité ou aux observateurs, qui permirent d'élaborer des outils
d'analyse. En effet, comment organiser ce fatras d'objets et de commentaires mêlés?
Le classement le plus fréquemment retenu fut celui du passage de la nature à l'arti
le loup est le thème central de ce
fice, qui permettait de concilier la pensée chrétienne et les balbutiements scientifiques cabinet de curiosités, reconstitué dans
le musée de la Chasse et de la Nature,
des humanistes: l' œuvre de Dieu, la nature, était continuée par les œuvres artificielles sous forme, notamment.d'un tableau
du x,x• siècle de François Grenier
des hommes, et le lien qui les attachait était aussi profond que la Genèse elle-même.
de Saint-Martin, Petits Paysans surpris
Les œuvres artificielles étaient donc autorisées, dans cette continuité temporelle, à par un loup, 1833 (dépôt du musée
des Beaux-Arts de Nantes) J
s'ouvrir à des observations nouvelles. Et ce n'est pas le moindre des paradoxes de et des souliers du Petit Chaperon rouge
par l'artiste contemporain
ces chambres de merveilles, dont le plafond était constellé de poissons rangés autour Françoise Pétrovitch.
d'un crocodile triomphant, d'avoir produit des outils d'analyse de l'observable!
Entrée dans l'univers des curieux