Table Of ContentBEIHEFTE ZUR
ZEITSCHRIFT FÜR ROMANISCHE PHILOLOGIE
BEGRÜNDET VON GUSTAV GRÖBER
FORTGEFÜHRT VON WALTHER VON WARTBURG
HERAUSGEGEBEN VON KURT BALDINGER
Band 212
ANTHONIJ DEES
Atlas des formes linguistiques
des textes litteraires
de Pancien frangais
avec le concours de
Marcel Dekker
Onno Huber
et
Karin van Reenen-Stein
MAX NIEMEYER VERLAG TÜBINGEN
1987
Les recherches qui ont abouti ä la publication de cet Atlas ont profite d'une subvention
accordde, par l'interm6diaire de la Socidte de Linguistique, par l'Organisation neer-
landaise pour le ddveloppment de la recherche pure (ZWO).
CIP-Kurztitelaufnahme der Deutschen Bibliothek
Dees, Anthonij:
Atlas des formes linguistiques des textes litteraires de l'ancien frangais / Anthonij Dees.
Avec le concours de Marcel Dekker ... — Tübingen : Niemeyer, 1987.
(Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie ; Bd. 212)
NE: Zeitschrift für romanische Philologie / Beihefte
ISBN 3-484-52212-7 ISSN 0084-5396
© Max Niemeyer Verlag Tübingen 1987
Alle Rechte vorbehalten. Ohne Genehmigung des Verlages ist es nicht gestattet, dieses
Buch oder Teile daraus photomechanisch zu vervielfältigen. Printed in Germany.
Druck: Weihert-Druck GmbH, Darmstadt.
Einband: Heinrich Koch, Tübingen.
TABLE DES MATIERES
PRELIMINAIRES VII
CARTES 1
TEXTES LOCALISES ET ANALYSES 519
INVENTAIRE DES FORMES TROUVEES 535
INDEX DES FORMES EXAMINEES 683
PRELIMINAIRES
A) Une nouvelle enquete dialectologique: la documentation
primaire
Comme nous avons essaye de le montrer recemment^, la supposition
qu'un frangais ecrit commun serait en train de se repandre sur le
domaine d'oll des avant 1300 est incompatible avec la
constatation empirique que toute une serie de caracteristiques
regionales se revelent etre parfaitement intaetes, lorsqu'on les
etudie dans un vaste ensemble de chartes. Un argument qui a
souvent ete invoque pour corroborer l'hypothese d'une koine
ecrite pour la periode de l'ancien frangais merite qu'on s'y
arrete un instant. II s'agit de 1'observation que dans tel texte
ou dans tel dialecte on trouve frequemment des graphies variees
pour un seul et meme mot. Persuade, sur la foi de l'ideologie
courante, que la langue de la capitale exerce une pression
constante sur les dialectes de la province, on n'a ete que trop
tente de considerer un manque d'homogenelte comme le resultat de
1'intrusion des formes du dialecte prestigieux du Centre. Cette
interpretation generale - et lnsuffisaniment controlee - risque de
faire perdre de vue que des circonstances diverses peuvent
expliquer que le copiste medieval ne choisisse pas
automatiquement une graphie unique pour toutes les occurrences
d'un mot donne et que 1'ensemble des copistes d'une
region ne recourent pas spontanement a une seule et meme
forme ecrite.
Ainsi un melange de formes heterogenes peut facilement se
produire lorsqu'un copiste transcrit un texte litteraire a partir
d'un modele de provenance etrangere. Quand on constate que le
'Perceval' de Chretien de Troyes a survecu dans une quinzaine de
versions, comportant tantot un ensemble de traits anglo-normands,
tantot un ensemble de traits poitevins ou franc-comtois, comment
ne pas accepter que les rejetons de ce texte primitivement
champenois puissent refleter les adaptations auxquelles les
migrations des manuscrits ont donne lieu? Remarquons, dans ce cas
particulier, que des traductions en anglo-normand,en poitevin et
1) 'Dialectes et scriptae a l'epoque de l'ancien frangais', Revue
de Linguistique Romane, tome 19 (1985), p.87-117
VII
en franc-comtois semblent attester la vitalite de ces dialectes
plutot que leur declin mena$ant.
Compte tenu des deplacements imprevisibles des manuscrits, on
comprendra que sur le plan des textes litteraires les
explications generales sont inutiles: 11 n'y a que des
explications particulieres, qui font intervenir, si la verite ne
nous echappe pas entierement, les peregrinations anterieures de
la version qui nous occupe. Ainsi, en analysant la version A1 de
la 'Vie du Pape saint Gregoire', nous avons trouve qu'une couche
de formes saintongeaises s'y est superposee a une couche
primitive de formes wallonnes^).
Laissant de cote desormais le cas des textes litteraires
expatries, on peut se demander si les textes restes sur place ne
seraient pas necessairement exempts de variations graphiques et
done, si un dialecte ne devrait pas etre, idealement, homogene.
Certains commentateurs ont formule cette prevision theorique, tel
L. Remade, qui cite avec approbation Ch. Bonnier: 'Nous avons
vu plus haut les raisons qui empechaient de voir dans les Chartes
une source scientifique pour 1'etude des dialectes; ces raisons
sont: 1) les doubles formes qui se presentent en trop grande
abondance pour les memes mots...' et G. Wacker: '...les mots ä
doubles formes, qui sont frequents, ont eu dans le dialecte une
forme unique, qui leur etait particuliere', avant de conclure
lui-meme: 'Le raisonnement est clair. Aujourd'hui, dans le patois
d'une meme personne, il est tres peu de mots qui aient deux
formes differentes. Or, dans les chartes, meme originales, il
s'en rencontre beaucoup. C'est que la langue des chartes ne
reproduit pas le parier vulgaire de leur auteur... Ne craignons
done pas de l'affirmer et de le repeter: la scripta medievale,
qu'il s'agisse de la langue des chartes, meme des chartes
originales, ou qu'il s'agisse de la langue des oeuvres
litteraires, meme autographes, est naturellement composite; elle
offre naturellement des formes doubles ou multiples, meme sans
1'intervention des copistes'^. Avant d'ajouter foi ä ces
2) 'Regards quantitatifs sur les variations regionales en ancien
frangais', in: H. Goebl, Dialectology, Quantitative Linguistics,
vol. 21, Bochum 1984, p.102-120
3) L. Remacle, Le probleme de l'ancien wallon, Liege 1948, p.148-
149
VIII
affirmations peu nuancees, considerons de plus pres la realite
qui s'offre ä nous dans les chartes du 13e siecle. On peut, en
effet, se demander si 1'observation que de nombreux mots
comportent deux ou plusieurs formes peut Justifier la conclusion
que tous les mots sont sujets a ces variations, 1'autre
possibility etant que l'instabilite se limite a une partie du
vocabulaire.
Lorsqu'on considere les frequences enumerees dans notre 'Atlas
des chartespour une longue serie de phenomenes regionaux, on
constate pour la Hallonie par exemple que 58 phenomenes ont une
frequence de 0$, et 4 phenomenes une frequence de 100$; ces
frequences signifient que les phenomenes concernes sont soit
totalement absents, soit uniformement presents en wallon et
traduisent done une invariabilite absolue. D'autres phenomenes
ont un tres leger degre de variabilite, avec des pourcentages
estimes a 1? (17 phenomenes), a 2? (9 phenomenes), etc. Une nette
variabilite se constate lorsque le pourcentage se situe entre 40?
et 49? (16 phenomenes) ou entre 50? et 59? (18 phenomenes). Ces
indications suggerent que les frequences des phenomenes decrits
ont tendance a se concentrer sur les valeurs extremes, situees
par exemple dans les intervalles allant de 0? a 9? ou de 90$ a
100?. On peut done conclure que la non-variabilite est la loi
normale dans les documents wallons du 13e siecle et 1'affirmation
de Remade selon laquelle la langue des chartes offre
naturellement des formes doubles ou multiples doit etre nuancee
dans ce sens qu'un certain degre de variabilite coSxiste avec une
stabilite globale.
Une question importante se pose maintenant: la variabilite
observee pour le wallon du 13e siecle doit-elle etre attribuee a
1'influence de pressions externes, et plus specialement ä
1'intrusion de formes etrangeres de provenance centrale, ou bien
peut-on considerer qu'un dosage d'elements variables et
d'elements invariables est naturel pour un dialecte medieval?
Les dialectologues qui ont, sans hesitation, opte pour la
premiere solution, ont probablement neglige de verifier si le
dialecte du Centre, qui 6chapperait par definition ä 1'influence
4) Atlas des formes et des constructions des chartes franQaises
du 13e siecle, Beihefte zur Zeitschrift für romanische
Philologie, Band 178, Max Niemeyer Verlag, Tübingen 1980
IX
d'une koine ecrite d'origine centrale, est naturellement
homogene. Le tableau sulvant permet de comparer la distribution
des frequences trouvees pour la Wallonie et pour la region
parisienne:
frequences region parisienne Wallonie province de Liege
0? - 9? 149 122 128
90? -100* 18 12 17
167 131» 145
10? - 19? 19 24 17
80? - 89? 14 13 15
33 37 32
20? - 29? 8 12 12
70? - 79? 6 17 11
14 29 23
30? - 39? 7 11 9
60? - 69? 11 5 5
18 16 14
40? - 49? 5 16 6
50? - 59? 8 18 13
13 34 19
245 250 233
La distribution des pourcentages sur les intervalles indiques
revele que le comportement du dialecte du Centre η'est pas tres
different de celui du dialecte wallon. II est vrai que pour le
francien les intervalles extremes sont mieux remplis que pour le
wallon, mais une analyse plus poussee montrerait sans doute que
cette difference est due au fait que le domaine wallon est plus
fractionne du point de vue linguistique que ce n'est le cas pour
la region parisienne. II suffit de considerer la langue de la
province de Liege pour voir apparaitre une distribution plus
comparable ä celle obtenue pour le Centre.
La comparaison de la distribution des frequences observees au
Centre et en Wallonie permet de supposer que la variabilite
constätee en wallon n'est pas due ä une importation de formes
non-autochtones, mais reflete les conditions normales de la vie
d'un dialecte medieval. Imposer aux dialectes du moyen age
χ
