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REPUBLIQUE DE GUINEE
INSTITUT POLYTECHNIQUE « GAMAL ABDEL NASSER >>
CONAKRY
AHMED SEKOU TOURE
A LA JEUNESSE
( Textes choisis )
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CONAKRY 1978
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Ahmed Sékou Touré
A LA JEUNESSE
(Textes choisis )
Conakry 1978
AVANT PROFOB
Le présent ouvrage réunit des textos du Camarado Ahmed
Sékou TOURE publiés à différentes oc0a810ns et portant sur le
role et l'action de la Jeunesse de la Révolution Dénooratique
Africaino ( J.R.D.A.)
D'emblée, la pensée de l'autour porte len narques vioi
bles d'un souci, celui de parvenir à la préparation 10éologi
que des forces de l'avenir, los jounouses d'Afrique notamment,
on vuo d'impulsor un plus grand développement de la lutto do
11bération du Continent. Cet intérêt élové du pensour révolu
tionnaire pour la formation de la joune8.6 témoigno do sa sol
licitude constante envers ce que lui-mêmo considère comme le
levain d'une société nouvelle à bâtir sur la base solido do
rapports sociaux nouveaux, égalitairos.
L'auteur a une vision aiguë de la complorité du proces
BUG d'évolution de la pensée politique, socialo ot économique
en Guinée. C'est pourquoi son analyso dos problèmes porto par
fois sur les différentes nuances de l'état d'esprit au soin doo
ma88e8, sur les agissemento de la contre-révolution soutonant
la nécessité d'un compromis avec les systèmes d'oppression et
d'exploitation de l'homme par l'hommo.
Pour la J.R.D.A. , los nombreu888 idées contonues dano
cet ensemble de tortes, constituent autant de leçons de moralo
révolutionnaire qui sont à la fois des éléments d'une mise en
garde, et une somme de directives permettant d'orienter do ma
nière efficace l'action de la jeune886. En aidant à la justo
compréhension des véritables problèmes de l'Afrique, ces idées
du Responsable Suprême de laRévolution matérialisées sur le
terrain de la pratique,de l'action révolutionnaire par l'ol
fort créateur de la jeune986, aident en même temps à la cono
truction d'un type nouveau de société libérée de toute forme
d'aliénation.).
Note de l'éditeur
POUR UNE JEUNESSE CONSCIENTE
ET RESPONSABLE
Aux martyrs anonymes qui jonchent la route de la libéra
tion de l'Afrique, la jeunesse a payé et paye encore un lourd
tribut qui accroît d'autant, par delà nos peines et nos déchi
rements, notre volonté de liquider à jamais toutes les causes
d'asservissement, toutes les pratiques d'oppression, toutes
lesformesde l'exploitationetde ladisqualificationde l'homme.
Si c'est un lieu commun d'affirmer que notre destin sera
à la mesure de nos efforts et de nos sacrifices, on se doit de
préciser que la qualité de ceux-ci sera fonction du degré de
conscience politique qui nous animera, de la valeur humaine
de notre détermination, du désintéressement dont sera em
preinte notre action et de la confiance que nous placerons
dans les capacités créatrices et les vertus humaines de nos
peuples.
Placée au centre de sensibilité de l'histoire de l'Afrique,
la jeunesse africaine est non seulement le trait d'union actif
entre le passéet l'avenir du continent, mais elle est également
une part vive de notre commun présent, un élément impor
tant de nos forces combattantes, le vivant symbole de nos
espérances et le porte-parole des légitimes aspirations de nos
peuples en marche vers des objectifs légitimes de réhabilita
tion de notre civilisation et de nos valeurs culturelles, de
progrès dans notre situation économique et sociale.
Le privilège de la jeunesse d'Afrique, c'est de se trouver
étroitement associée à la période révolutionnaire de l'histoire
africaine, principalement marquée par la libération simul
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tanée de nos différents pays des emprises étrangères qui
pesaient et pèsent encore sur les conditions de vie de nos
peuples. Ce privilège est aussi le pouvoir exercé par la jeu
nesse d'Afrique en imprimant à l'action révolutionnaire de
nos masses populaires une confiance lucide, un dynamisme
conscient, une volonté de progrès démocratique qui sont
pour l'avenir de celles-ci, des forces d'entraînement, d'impul
sion et de création.
Aucune phase de notre histoire n'a pareillement sollicité
la jeunesse à s'engager dans l'action consciente et consé
quente comme celle marquée par la libération de notre
Patrie commune et par l'édification d'une vie nouvelle inspirée
par les nobles vertus de fraternité, de justice sociale et de
dignité humaine qui caractérisent notre société, animent ses
activités et ses rapports sociaux.
C'est également un autre privilège de la jeunesse d'être
tout entière tendue vers l'avenir et d'incarner, à travers son
ardent désir, l'unanime et enthousiaste volonté de progrès
de nos peuples.
Mais si la jeunesse africaine représente effectivement le
riche levain social de la promotion humaine de l'Afrique,
cela lui impose de choisir avec conscience et fermeté les
formes rationnelles d'une action efficace et décisive et la
nature révolutionnaire de son engagement, au service exclusif
de l'émancipation de la Patrie africaine.
Par ces conditions spécifiques, la jeunesse constitue une
couche sociale ayant ses particularités, ses problèmes propres
et ses caractéristiques singulières, mais il convient de souligner
ici, avec force, que ces particularités, pour aussi réelles
qu'elles soient, ne sauraient dissocier lajeunesse de l'ensemble
du peuple, ni en faire un élément social antagoniste aux
intérêts supérieurs des populations.
Si la mobilisation populaire est indispensable à l'édifica
tion nationale, ce n'est que l'unité réelle du peuple qui peut
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lui assurer son caractère indépendant et lui garantir un
contenu parfaitement conforme aux besoins, aux intérêts,
aux aspirations du peuple. A défaut des assises historiques
qui servent de fondement aux nations, etqui furent détruites
en Afrique par la conquête et la domination coloniales,
chacun de nos Etats, créé dans le contexte de la domination
étrangère, est directement issu de la lutte de libération de nos
peuples, lesquels constituent ainsi, par delà toutes les divisions
et tous les regroupements arbitraires suscités ou imposés par
la domination coloniale, la base historique de la reconstruc
tion de nos pays.
C'est pourquoi l'unité du front de lutte des peuples
d'Afrique est l'un des principaux moyens pour faire de l'Etat
un instrument actif de l'édification nationale. L'unité du
peuple, c'est la matérialisation de la réalité physique de la
Nation, c'est l'expression de son existence et de sa personna
lité politique, l'attestation de l'identité desobjectifs assignés
à l'action des classes et couches sociales le composant et la
manifestation concrète de leur volonté consciente d'opérer
toutes les modifications radicales qu'impose la transformation
de l'Afrique coloniale et post-coloniale en une Afrique véri
tablement libre, effectivement unie, entièrement maîtresse de
son destin et replacée dans l'intégralité de ses droits humains
et de ses responsabilités internationales.
Mais l'unité du peuple ne saurait être imposée sans perdre
ses caractéristiques actives et ses vertus créatrices. Pour être
un instrument conscient et efficace du développement histo
rique de l'Afrique, l'unité populaire, l'unité démocratique
de nos masses, l'unité nationale de chacun de nos pays, l'unité
de l'ensemble de nos Etats est celle qui résultera d'une même
mobilisation, d'une même option politique, d'un même élan
vers un avenir de bonheur pour tous. C'est celle qui se tra
duira par la mobilisation populaire des militants engagés dans
le combat rénovateur et engendrera ses propres forces de
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progrès, de justice et de démocratie; c'est également celle qui
affermira la personnalité de nos Etats, concrétisera et conso
lidera les bases de la Nation et, enfin, fera prévaloir, dema
nière constante et ferme, l'intérêt commun des populations
sur les intérêts mesquins ou égoïstes des groupes de per
sonnes ou des individus.
Pour être un élément mobilisateur des forces créatrices,
des énergies, des volontés et des consciences, l'unité du
peuple doit reposer exclusivement sur l'intérêt populaire,
sans aucune espèce de substitution, sans aucune sorte de
compromis, sans aucune forme de limitation. C'est cette
unité, et cette unité seule, qui engendrera sa propre légalité,
ses propres disciplines, qui imposera les droits politiques,
économiques, sociaux et culturels du peuple, au détriment de
l'égoïsme des groupes réactionnaires.
Nousdevons affirmer que l'unité africaine ne se réalisera
pas en dehors du peuple, elle ne s'imposera pas à lui, elle sera
au contraire un des aboutissementsde salutterévolutionnaire,
elle se fera par le peuple et pour le peuple.
L'unité africaine ne résultera donc pas de la suprématie
d'un peuple sur les autres peuples, pas plus que l'unité natio
nale ne sera le fait de la suprématie d'une couche sociale,
d'un groupe ethnique ou d'une force religieuse.
L'unité réelle de l'Afrique se réalisera lorsque la per
sonnalité et les intérêts de l'individu s'effaceront devant la
personnalité et les intérêts de nos peuples, pris séparément ou
collectivement.
Ainsi l'unité de l'Afrique est-elle directement liée, tant
au pouvoir d'expression et d'action de nos peuples, à la
qualité de leur conscience, au degré de leur mobilisation
militante, qu'à la nature du régime de nos Etats.
C'est pourquoi chaque couche sociale, chaque homme,
chaque femme, chaque jeune, chaque vieux d'Afrique est
directement concerné par tout ce qui influe politiquement,
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économiquement, socialement ou culturellement sur l'avenir
de l'Afrique, et se doit d'auvrer positivement à l'accélération
du processus d'évolution humaine de nos peuples. Quel est
l'homme conscient d'Afrique qui puisse rester actuellement
insensible devant toutes les tentatives faites, en Afrique, pour
perpétuer la domination étrangère et l'exploitation ?
A l'heure de la Révolution africaine, qui, en dehors des
néo-colonialistes et des néo-impérialistes, oserait affirmer que
les syndicats ouvriers, les mouvements de jeunesse et les
mouvements de femmes d'Afrique doivent être politiquement
démobilisés ?
Au moment où notre continent reprend en mains les
rênes de son destin, qui peut prétendre confisquer au niveau
exclusif de telle couche ou de telle catégorie sociale du
.
peuple ses droits souverains ?
Si l'indépendance de nos Etats est bien la conséquence de
la lutte consciente et courageuse de nos peuples, c'est à nos
peuples qu'il revient d'exercer l'ensembledes pouvoirs de la
souveraineté nationale; ce sont eux qui sont les bénéficiaires
désignés des immenses possibilités de développement et de :
progrès social attachées à l'indépendance nationale. Ce sont
eux qui détiennent toutes les potentialités créatrices, toutes
les capacités intellectuelles ettoutes les énergies physiques et
morales nécessaires à la reconstruction de l'Afrique.
L'unité que l'Afrique exige pour réaliser pleinement son
destin historique, ce n'est pas l'unité formelle, l'unité passive,
l'unité pour l'unité ou l'unité en tant que fin en soi, mais
plutôt, une unité de combat, une mobilisation révolutionnaire
générale qui rassemblera fraternellement et solidairement
dans un même mouvement ascendant, le pauvre et le riche,
l'homme et la femme, l'ouvrier et le paysan, le jeune et le
vieux, l'intellectuel et l'analphabète; c'est l'union construc
tive de nos peuples, l'association créatrice de nos pays liés
et animés par une même volonté de progrès, un même souci