Table Of ContentDEBBIE MACOMBER
Linda et le rebelle
COUP DE CŒUR
Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa
couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il
est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur
n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ».
Cet ouvrage a été publié en langue anglaise
sous le titre :
THREE BRIDES, NO GROOM (GRETCHEN)
Traduction française de
ZOÉ DELCOURT
HARLEQUIN®
est une marque déposée du Groupe Harlequin
et Coup de Cœur® est une marque déposée d’Harlequin S. A.
Originally published by SILHOUETTE BOOKS,
division of Harlequin Enterprises Ltd.
Toronto, Canada
Illustrations de couverture
Couple : © CORBIS STOCK MARKET / LWÀ / DANN TARDIF
Femmes : © GETTY IMAGES / ROMILLY LOCKYER
Homme : © GETTY IMAGES / DAVIIl VANCE
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une
contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
© 1997, Debbie Mucomher.
©2002, Traduction française : Harliqulfl S A
83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75013 Paris Ŕ Tel : 01 42 16 63 63
Service Lectrices Ŕ Tel ; 01 4.1 82 47 47
ISBN 2-280-15149-9 Ŕ ISSN 1159Ŕ4837
Prologue
La fontaine. Située au milieu du campus de l’université privée
Nelson Lord, à Seattle, elle en était considérée comme le cœur.
C’était là que les amoureux se retrouvaient en pleine nuit, émus et
tremblants d’émotion. Là que des mots passionnés étaient échangés
entre deux baisers fiévreux, là qu’étaient faites toutes les promesses
Ŕ et hélas, là qu’elles étaient rompues. Dans son ombre se
succédaient depuis des générations rires et pleurs, joies et chagrins.
C’est vers cette fontaine que convergeaient trois femmes en ce
bel après-midi d’été, toutes venues de directions différentes, toutes
perdues dans leurs souvenirs. Quinze années s’étaient écoulées
depuis leur dernière visite au témoin silencieux de leurs émois
étudiants, mais, pour ces trois femmes, les souvenirs du passé
n’avaient jamais été aussi vivaces qu’en cet instant.
La première à arriver fut Linda Wise. La fille la plus populaire de
la classe, déléguée des élèves, belle et intelligente à la fois… Mais
pas intelligente au point de deviner quel genre d’homme était Roger
Lockheart avant d’accepter sa bague de fiançailles.
La seconde fut Carol Furness, la majorette, toujours pleine
d’enthousiasme, d’énergie et d’optimisme. Elle avait bâti son avenir
autour d’une star : du football américain Ŕ pour être cruellement
déçue.
Et enfin, Maddie Cobain les rejoignit. Maddie, la « rebelle » de
la classe, qui comme tant d’autres avant elle avait cherché l’amour
au mauvais endroit… Mais de fait, qui aurait pu penser que John
Theda, le professeur de mathématiques, lui volerait bien plus que
son cœur ?
Linda Wise s’approcha lentement de la vieille fontaine, un
sourire nostalgique aux lèvres. Si elle fermait les yeux, elle pouvait
presque entendre les échos des rires d’autrefois. Comme elle avait
été heureuse alors ! Jeune, sans soucis, et follement amoureuse Ŕ de
la mauvaise personne. Quinze ans plus tôt, elle avait à peine été
capable d’apprécier sa propre remise de diplômes, tant elle avait été
excitée par la préparation de son mariage avec Roger.
Roger Lockheart, l’amour de sa vie. L’homme de ses rêves…
Le salaud.
Il lui arrivait encore de penser à lui parfois, un instant, et c’était
toujours avec un soupçon de tristesse. Elle ne pouvait s’empêcher de
se demander ce qui se serait passé si-Comme il était séduisant, son
ancien amoureux ! Sûr de lui, de son avenir, de son succès. Il devait
passer l’examen du barreau deux semaines avant leur mariage, et
son père lui avait promis un poste dans son prestigieux cabinet
juridique.
Le jour où Roger lui avait offert sa bague de fiançailles avait été
l’un des plus beaux de la vie de Linda. Celui où elle l’avait ôté de
son doigt, l’un des plus tristes.
Combien d’après-midi avait-elle passés à prendre le soleil près
de la vieille fontaine ? Les étudiants se rafraîchissaient sous le jet ou
barbotaient pieds nus dans l’eau. La fontaine était aussi ancienne
que l’université elle-même, et toutes les brochures éditées par la
vénérable institution au cours de ses cent ans d’histoire
comprenaient au moins une photo d’étudiants réunis autour du
bassin. Assise sur le rebord de pierre, Linda laissa son regard errer
en direction du bâtiment de la faculté de droit. L’immeuble de deux
étages en briques rouges, avec son large escalier et sa porte à double
battant, n’avait pas changé. Seul le lierre qui recouvrait à présent la
façade témoignait du passage du temps.
À maintes reprises, assise au même endroit, elle avait attendu
l’arrivée de Roger. Jamais elle n’aurait deviné d’où il venait,
lorsqu’il la rejoignait…
Le jour où elle avait parlé à Josh Morrow pour la première fois, il
faisait beau, comme aujourd’hui. Sans se préoccuper des strictes
règles de l’école, Josh avait descendu l’allée pavée conduisant à la
fontaine à califourchon sur sa Harley Davidson, et il lui avait
proposé de l’emmener avec lui. Il ne manquait certainement pas
d’audace ! Pour une fois, il n’était pas accompagné d’une de ces
blondes pulpeuses qui, d’ordinaire, le suivaient partout. Lorsque
Roger avait surpris Josh en train de flirter avec Linda, il avait vu
rouge. Comme si elle lui avait jamais donné de raisons d’être
jaloux ! Peut-être aurait-elle dû, songeait-elle avec le recul.
Linda sourit à ce souvenir. Josh Morrow avait été le rebelle de
l’école. Il buvait, jurait et jouait, sur un campus conservateur qui
l’interdisait formellement. La légende voulait qu’il vécût de bière et
de cigarettes. Il défiait tous les professeurs qui avaient le malheur de
l’avoir dans leur classe, luttait contre l’establishment de l’université
et ne ratait pas une occasion de se faire remarquer. Josh aimait flirter
avec le danger, et Linda le trouvait fascinant…
Tout était différent, et pourtant rien n’avait changé. Carol
Furness s’engagea sur l’herbe impeccablement tondue en direction
de la fontaine. Seigneur, était-il possible que quinze années se
fussent écoulées ? À bien des égards, elle avait l’impression que la
remise des diplômes avait eu lieu la veille.
Toutes les filles de la classe avaient été jalouses de Carol. Peu
après Noël, durant sa dernière année d’études, elle s’était fiancée
avec Eddie Shapiro. Eddie était une véritable légende, à Nelson
Lord. Une star du football américain. Personne ne s’était étonné de
le voir sortir avec la majorette en chef ; à l’époque, Carol était
athlétique, brillante, talentueuse. D’ailleurs, elle l’était toujours.
Mais certainement pas grâce à Eddie.
Le minable.
Cependant, elle était reconnaissante à Eddie d’une chose : s’il ne
l’avait pas plaquée, elle ne se serait peut-être jamais liée d’amitié
avec Clark Rusbach, le cerveau de la classe, un surdoué de
l’informatique, un génie. Clark était trop séduisant pour être qualifié
de « premier de la classe » au sens péjoratif du terme, mais cela
n’avait pas empêché Eddie de le mépriser royalement. À posteriori,
il était aisé de deviner qu’Eddie avait en réalité été jaloux de leur
camarade.
Clark savait tout ce qu’il y avait à savoir sur les ordinateurs, mais
pratiquement rien sur les femmes. Néanmoins, Carol l’admirait de
loin, et s’efforçait toujours de se montrer aussi amicale que possible
durant les quelques cours qu’ils prenaient ensemble. Sa gentillesse
avait porté ses fruits Ŕ mais sur le moment, elle n’avait pas eu la
présence d’esprit de s’en apercevoir…
*
* *
Tandis qu’elle traversait le campus de Nelson Lord en direction
de la fontaine, Maddie Cobain se demandait si ses anciens
camarades allaient la reconnaître. Elle avait changé. La rebelle
d’autrefois, prête à tout pour attirer l’attention, n’était plus.
Elle ralentit en apercevant la fontaine. C’était près de cette même
fontaine, quinze ans plus tôt, qu’elle avait vu John Theda pour la
dernière fois.
Le traître.
Une foule d’autres qualificatifs, tous moins flatteurs les uns que
les autres, lui vinrent à l’esprit, mais elle les chassa, refusant de
penser plus longtemps à son ancien professeur de mathématiques. Il
l’avait séduite, ensorcelée par ses mots tendres et ses gestes
romantiques Ŕ tout cela en secret, naturellement, de peur que
quiconque apprît qu’il fréquentait une de ses étudiantes. Il lui avait
juré son amour et lui avait demandé de devenir sa femme. Folle de
bonheur, Maddie avait accepté, sans bien sûr cesser de jouer le jeu
de l’indifférence et de la distance pour ne pas attirer l’attention sur
sa relation avec son prof.
Mais si elle avait réussi à tromper tout le monde, Brent Holliday,
lui, avait deviné la vérité. Comment il avait découvert son secret,
Maddie ne l’avait jamais su… Le fils du pasteur avait espéré la
remettre sur le droit chemin en lui parlant, mais il s’était trompé.
Maddie avait encore bien des leçons à apprendre, alors.
*
* *
ŕ Linda ?
En entendant son nom, Linda se retourna et sourit. Une camarade
de promotion ! Mais comment s’appelait-elle, déjà ? La nouvelle
venue vint à son secours.
ŕ C’est moi, Carol. Carol Furness. Tu te souviens ?
ŕ Carol !
Linda se leva d’un bond et serra son ancienne amie dans ses bras,
surprise et ravie de la trouver là, près de la fontaine, plusieurs heures
avant le coup d’envoi officiel des festivités. Les deux jeunes femmes
s’assirent sur le bord de la fontaine.
ŕ Je me demandais s’il était possible que ce soit toi, dit Carol.
ŕ J’ai donc tant changé ? demanda Linda. N’hésite pas à
mentir !
Carol rit de bon cœur, et une lueur espiègle brilla dans ses yeux
bleus.
ŕ Pas du tout, tu es exactement comme le jour où nous nous
sommes quittées. Je t’aurais reconnue n’importe où. Tu n’as pas
vieilli du tout.
ŕ Toi non plus, Carol. Je n’ai pas pu résister à la tentation de me
promener un peu sur le campus avant la grande réunion de
retrouvailles, ajouta-t-elle en souriant.
ŕ Moi non plus. Je n’étais jamais revenue ici.
ŕ Tu vas au dîner et au bal, tout à l’heure ?
ŕ Au dîner, sans aucun doute, mais je ne sais pas si j’arriverai à
convaincre mon mari d’assister au bal.
ŕ J’ai le même problème, avoua Carol. Mon mari danse très
bien mais refuse de le croire.
ŕ Linda ? Carol ?
Une superbe jeune femme rousse approchait de la fontaine. Linda
se demanda de qui il pouvait s’agir, et se tourna vers Carol, quêtant
son aide du regard. Sa camarade secoua la tête d’un air perplexe.
La nouvelle venue sourit.
ŕ Il y a deux minutes à peine, je me demandais si on me
reconnaîtrait. J’ai ma réponse, à présent. Je sais que j’ai changé…
C’est moi, Maddie Cobain.
ŕ Maddie ?
Linda n’en croyait pas ses oreilles. La Maddie Cobain dont elle
se souvenait n’avait rien de commun avec la jeune femme élégante
et sophistiquée debout devant elle en cet instant. Maddie avait
toujours cultivé une apparence étrange, décalée. C’était une non-
conformiste, têtue et rebelle, même si, sous ses dehors sauvages, elle
avait un cœur d’or.
Linda se rappelait que, durant leurs études, Maddie avait été très
proche de John Theda, un professeur de mathématiques. C’était
censé être un secret, mais tout le campus avait fini par être au
courant de leurs fiançailles. Cela avait fait un scandale, à l’époque Ŕ
mais de fait, « Maddie » et « scandale » étaient quasiment
synonymes, alors.
ŕ Tu es superbe ! s’exclama Carol en se levant pour embrasser
Maddie.
Linda fit de même, puis toutes trois se rassirent.
ŕ Je suis contente de ne pas être la seule à avoir pensé à
m’arrêter à la fontaine, déclara Maddie.
ŕ Ça fait resurgir plein de souvenirs, n’est-ce pas ? murmura
Carol, pensive.
Toutes trois demeurèrent silencieuses un moment, prisonnières
du passé.
ŕ J’espérais que tu serais là, Carol, dit enfin Maddie. Je parie
que tu as passé quinze années incroyables ! Je ne suis pas vraiment
les résultats de football, mais dès qu’on en parle à la télévision, je
repense à Eddie.
ŕ Eddie Shapiro ? demanda Carol avec une moue méprisante.
Ce type est un minable.
Maddie parut choquée.
ŕ Tu n’étais pas fiancée avec lui ?
ŕ Si, à une époque, mais il m’a laissée tomber comme une
vieille chaussette dès qu’il est devenu joueur professionnel.
Elle croisa les bras sur sa poitrine.
ŕ Changeons de sujet, voulez-vous ?
ŕ Bien sûr, s’empressa d’acquiescer Maddie, embarrassée.
Un silence gêné s’ensuivit tandis que Linda s’efforçait
d’absorber cette information. À l’instar de Maddie, elle avait été
persuadée que Carol avait épousé Eddie.
ŕ Et toi, Maddie ? Devenir la femme d’un professeur a l’air de
t’avoir transformée !
Aussitôt, une vive rougeur enflamma les joues de la jeune
femme, et ses yeux étincelèrent de colère.
ŕ Je ne me suis pas mariée avec John Theda. Ce type est un
traître.
ŕ N’étiez-vous pas fiancés ?
ŕ Oh, si Ŕ jusqu’à ce que John ait obtenu ce qu’il voulait. Et ce
n’est pas ce que vous croyez ! Nos fiançailles ont sûrement été les
plus brèves de l’histoire.