Table Of ContentCristina Campo
Poésies
Le tigre absence
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PASSO D'ADDIO
PAS D'ADIEU
For last year's words belong to last year's language
For last year's words belong to last year's language
and next year's words await another voice.
and next year's words await another voice.
Si ripiegano i bianchi abiti estivi
On replie les blanches robes d'été,
e tu discendi sulla meridiana,
et toi, tu descends sur le méridien,
dolce Ottobre, et sui nidi.
doux Octobre, et sur les nids.
Trema l'ultimo canto nelle altane
Le dernier chant tremble sur les terrasses
dove sole era l'ombra ed ombra il sole,
où l'ombre était soleil et ombre le soleil,
tra gli affanni sopiti.
parmi les angoisses apaisées
E mentre indugia tiepida la rosa
Tandis que tiède s'attarde la rose
l'amara bacca già stilla il sapore
déjà l'amère baie distille la saveur
dei sorridenti addii.
des souriants adieux.
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Nous mourrons éloignés. Et ce sera déjà beaucoup
Moriremo lontani. Sarà molto
se poserà la guancia nel tuo palmo si je pose ma joue dans ta paume
au jour de l'an; et si dans la mienne tu contemples
a Capodanno; se nel mio la traccia
contemplerai di un'altra migrazione. la trace d'une autre migration.
Dell'anima ben poco De l'âme nous savons
sappiamo. Berrà forse dai bacini
bien peu. Elle boira, peut-être, aux bassins
delle concave notti senza passi, des nuits creuses, sans pas,
poserà sotto aeree piantagioni
ou reposera sous d'aériennes plantations
germinate dai sassi... germées parmi les pierres...
0 signore e fratello ! ma di noi
Ô seigneur et frère ! Mais de nous
sopra una sola teca di cristallo sur une seule châsse de cristal
popoli studiosi scriveranno
des peuples studieux écriront,
forse, tra mille inverni: peut-être, dans mille hivers:
«nessun vincolo univa questi morti
«aucun lien n'unissait ces morts
nella necropoli deserta». dans la nécropole déserte».
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Ora che capovolta è la clessidra, Maintenant que la clepsydre est retournée,
che l'avvenire, questo caldo sole, que l'avenir, ce chaud soleil,
già mi sorge alle spalle, con gli uccelli déjà monte derrière moi, avec les oiseaux
ritornerà senza dolore je reviendrai sans douleur
a Bellosguardo: là posai la gola à Bellosguardo: là, j'ai posé ma gorge
su verdi ghigliottine di cancelli sur les vertes guillotines des grilles,
e di un eterno rosa et d'un rose éternel
vibravano le mani, denudate di fiori. vibraient mes mains, privées de fleurs.
Oscillante tra il fuoco degli uliveti, Oscillant dans le feu des oliviers,
brillava Ottobre antico, nuovo amore. brillait Octobre ancien, nouvel amour.
Muta, affilavo il cuore Muette, j'aiguisais mon c(cid:176)ur
al taglio di impensabili aquiloni au fil d'impensables aquilons
(già prossimi, già nostri, già lontani): (déjà proches, déjà nôtres, déjà lointains):
aeree bare, tumuli nevosi cercueils aériens, tumuli neigeux
del mio domani giovane, del sole. de mon jeune lendemain, du soleil.
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È rimasta laggiù, calda, la vita, Elle est restée là-bas, chaude, la vie,
l'aria colore dei miei occhi, il tempo l'air couleur de mes yeux, le temps
che bruciavano in fondo ad ogni vento que brûlaient au fond de chaque vent
mani vive, cercandomi... des mains vivantes, me cherchant...
Rimasta è la carezza che non trovo Restée là-bas la caresse que je ne trouve plus
più se non tra due sonni, l'infinita qu'entre deux sommeils, en miettes
mia sapienza in frantumi. E tu, parola mon infinie sagesse. Et toi, parole
che tramutavi il sangue in lacrime. qui changeait le sang en larmes.
Nemmeno porto un viso Je n'emporte pas même avec moi
con me, già trapassato in altro viso un visage, passé déjà dans un autre visage
come spera nel vino e consumato comme sphère dans le vin et consumé
negli accesi silenzi... dans les brûlants silences...
Tomo sola Seule je reviens
tra due sonni laggiù, vedo l'ulivo là-bas entre deux sommeils, je vois l'olivier
roseo sugli orci colmi d'acqua e luna rose sur les jarres pleines d'eau et de lune
del lungo invemo. Torno a te che geli du long hiver. Je reviens vers toi qui gèles
nella mia lieve tunica di fuoco. dans ma légère tunique de feu.
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à m. c. à m. c.
A volte dico: tentiamo d'esser gioiosi, Parfois je dis: tentons d'être joyeux
e mi appare discrezione la mia, et ceci me semble modestie
tanto scavata è ormai la deserta misura tant est creusée désormais la déserte mesure
cui fu promesso il grano. à laquelle fut promis le grain.
A volte dico: tentiamo d'essere gravi, Et parfois je pense: tentons d'être graves,
non sia mai detto che zampilli per me qu'il ne soit jamais dit que jaillisse pour moi
sangue di vitello grasso: le sang du veau gras;
ed ancora mi appare discrezione la mia. et cela encore me semble modestie.
Ma senza fallo a chi cosi ricolma Mais assurément, à qui comble ainsi
d'ipotesi il deserto, d'hypothèses le désert,
d'immagini l' oscura notte, anima mia, d'images l'obscure nuit, mon âme,
a costui sarà detto: avesti la tua mercede. à celui-là il sera dit: tu as reçu ta récompense.
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Ora non resta che vegliare sola
Maintenant il ne me reste plus qu’à veiller seule
col salmista, coi vecchi di Colono; avec le psalmiste, avec les vieux de Colone;
il mento in mano alla tavola nuda
le menton dans la main sur la table nue,
vegliare sola: come da bambina veiller seule: comme dans mon enfance,
col califfo e il visir per le vie di Bassora. avec le calife et le vizir, dans les rues de Bassorah.
Non resta che protendere la mano
Il ne me reste qu'à tendre la main
tutta quanta la notte; e divezzare tout au long de la nuit; puis à sevrer l'attente
l'attesa dalla sua consolazione,
de sa consolation,
seno antico che non ha più latte. sein flétri qui ne donne plus de lait.
Vivere finalmente quelle vie
Vivre enfin ces voies
— dedalo di falà, spezie, sospiri — dédale de fanaux, d'épices, de soupirs,
da manti di smeraldo ventilato —
ventilé de robes d'émeraude —
col mendicante livido, acquattato avec le blême mendiant, blotti
tra gli orli di una ferita. entre les lèvres d'une blessure.
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La neve era sospesa tra la notte e le strade La neige était suspendue entre la nuit et les rues
come il destino tra la mano e il fiore. comme le destin entre la fleur et la main.
In un suono soave Dans un doux son
di campane diletto sei venuto... de cloches, tu es venu, mon aimé...
Come une verga è fiorita la vecchiezza di queste Comme un rameau a refleuri la vieillesse de ces
scale. marches.
0 tenera tempesta Ô tendre tempête
notturna, volto umano ! nocturne, visage humain !
(Ora tutta la vita è nel mio sguardo, (Maintenant toute la vie est en mon regard,
stella su te, sul mondo che il tuo passo richiude). étoile sur toi, sur le monde que délimite ton pas).
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Maintenant tu passes au loin, au long des croix du
Ora tu passi lontano, lungo le croci del labirinto, labyrinthe,
lungo le notti piovose che io m'accendo au long des nuits pluvieuses que j'allume pour moi
nel buio delle pupille, dans le noir des pupilles,
tu, senza più fanciulla che disperda le voci... toi, sans plus de jeune fille qui disperse les voix...
Strade che l'innocenza vuole ignorare e brucia Routes que l'innocence veut ignorer et brûle
di offrire, chiusa e nuda, senza palpebre o labbra! d'offrir, close et nue, sans paupières ni lèvres !
Poiché dove tu passi è Samarcanda, Puisque là où tu passes est Samarcande,
e sciolgono i silenzi tappeti di respiri, que les silences déroulent des tapis de souffles,
consumano i grani dell'ansia — et se consument les grains de l'angoisse —
e attento: fra pietra e pietra corre un filo di sangue, attention: entre pierre et pierre court un filet de
là dove giunge il tuo piede. sang,
là où ton pied arrive.
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