L'autonomie alimentaire par la diversification des activités

252 Pages·2009·1.19 MB·French

UNIVERSITE MONTPELLIER 1
Faculté des Sciences Économiques

L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE PAR LA DIVERSIFICATION
DES ACTIVITES : LE CAS DES MENAGES AGRICOLES DU
BASSIN ARACHIDIER AU SENEGAL

Thèse présentée pour obtenir le grade de :
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ MONTPELLIER 1
École Doctorale d’Économie et Gestion de Montpellier (EDEG)
Groupe des disciplines Sciences Économiques du CNU
Section n°5
Soutenue publiquement le 15 janvier 2009
par
Maam Suwadu SAKHO JIMBIRA

JURY :

M. Michel Benoit-Cattin Chercheur, CIRAD Directeur de thèse
Melle Céline Bignebat Chargée de Recherche, INRA Co-encadrante
M. Ahmadou Lô Gueye Chargé d’Enseignement, Université de Saint-Louis Co-directeur
M. Kako Nubukpo Professeur, Université de Lomé Rapporteur
M. Thomas Reardon Professeur, Michigan State University Rapporteur
M. Guy Delande Professeur, Université Montpellier I Examinateur
M. Jean-Claude Deveze Chargé de projet, AFD Examinateur
« La faculté n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions
émises dans cette thèse ; ces opinions doivent être considérées comme propres à
leur auteur ».
A mes parents et à mes frères pour leurs prières,
A mon mari pour sa patience et sa compréhension.

i
Remerciements

Je tiens tout d’abord à exprimer toute ma gratitude à Michel Benoit-Cattin, directeur de cette
thèse. Je le remercie pour ses conseils, sa bienveillance et le dévouement qu’il n’a cessé de
manifester pour que je puisse mener à bien cette recherche. Je tiens aussi à remercier Céline
Bignebat pour avoir accepté de co-encadrer cette thèse. Je la remercie vivement pour sa réelle
implication et sa rigueur, qui m’ont permis d’avancer et de valoriser les résultats de ce travail.
Mes remerciements vont à l’endroit d’Ahmadou Lô Gueye qui, malgré ses obligations
professionnelles, a toujours été présent pour donner des orientations pertinentes et assurer le
co-encadrement de cette thèse.
Je remercie les professeurs Kako Nubukpo et Thomas Reardon qui, malgré un calendrier
chargé, ont bien voulu évaluer ce travail en tant que rapporteurs. Mes remerciements vont
également aux autres membres qui ont accepté de faire partie du jury de thèse, en l’occurrence
Messieurs Devèze et Delande.
Que tous les membres de mon comité de thèse - Jean-Philippe Colin, Geneviève Nguyen et
Johny Egg- soient également remerciés pour la pertinence de leurs conseils et leur
disponibilité tout au long de ce travail.
Je tiens à exprimer toute ma gratitude au CIRAD et l’UMR MOISA de France, qui ont assuré
le financement de cette thèse avec de bonnes conditions de travail. J’associe à cette
reconnaissance l’AUF, l’ISRA-BAME, l’ANCAR et le SGEE du Sénégal, qui ont également
contribué au financement et au bon déroulement de ce travail. Que tout le personnel de ces
institutions soit remercié pour l’accueil, les encourgaments et surtout l’aide qu’il m’a
apportée. En particulier, je tiens à témoigner ma reconnaissance à Pape Nouhine Dièye, Djiby
Dia, Ibou Faye, Monsieur Dieng ainsi que Mesdames Sané, Wane et Dièye.
Mes remerciements s’adressent aussi à Samuel Bobo, Abdoulaye Diarra, Foued Cheriet,
Raphaël Soubeyran et Idrissa Wade qui ont bien voulu assurer la relecture de certains
chapitres.
Je tiens également à exprimer ma reconnaissance à Assane Sow et Mame Fatou pour
l’enthousiasme et le sérieux dont ils ont fait preuve durant les enquêtes ; leur aide m’a été
d’une grande utilité.

ii
Je remercie vivement Laurent Tezenas du Moncel pour la mise en forme de ce document ainsi
que pour sa disponibilité et ses encouragements.
Je confonds dans ces remerciements toutes les personnes qui m’ont facilité le travail de
terrain, en particulier mes fidèles amis Borom njël qui ont bien voulu m’accueillir et répondre
à mes questions. Plus particulièrement, je tiens à remercier Serigne Birane Cissé de Ouanar
pour sa sollicitude et ses prières, messieurs et mesdames Touré (Ibra Touré et Fatou Dieng) de
Kanène, Ndong de Sagatta, et Fall de Kébémer, pour l’hospitalité et la disponibilité qu’ils
m’ont accordées tout au long de mon séjour.
Je veux aussi vivement remercier Paul Kleene, mon parrain comme j’aime bien l’appeler, il a
toujours été là pour m’encourager et me soutenir sur tous les plans : sincères remerciements
Paul.
Je remercie toutes les personnes qui n’ont cessé de m’encourager à des moments difficiles :
Adja, Aklii, Aurélie, Astou, Borgui, Dali, Didier, Elodie, Fatou, Foued, Gaëlle, Gamou,
Ibrahima, Jean-Louis, Khady, Mademba, Madické, Mamy, Mané, Manoel, Marcelline,
Mossane, Perrine, Samba, Samuel, Sandra, Sihem, Soda, Sylvaine et Tonton Sidaty.

iii
Acronymes

ANSD: Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
BAME: Bureau d'Analyses Macro-Economiques
BM: Banque Mondiale
BNDS: Banque Nationale de Développement du Sénégal
CNCAS: Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal
CRAD: Centres Régionaux d'Assistance au Développement
DPEE: Direction de la Prévision et des Etudes Economiques
DPS: Direction de la Prévision et de la Statistique
FMI: Fonds Monétaire International
INSEE: Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
NELM: New Economics of Labour Migration
NPA: Nouvelle Politique Agricole
OCA: Office de Commercialisation Agricole
ONCAD: Office National de Coopération et d'Assistance pour le Développement
SATEC: Société d'Aide Technique et de Coopération
SODEVA: Société de Développement et de Vulgarisation Agricole
SONACOS: Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal
SONAGRAINES: Société Nationale de Commercialisation des graines d'Arachides
SONAR: Société Nationale pour l'Approvisionnement du Monde Rural

iv
Glossaire

Borom njël : chef de l’unité de production-consommation
Borom keur : chef de concession
Mbindanes : travailleurs saisonniers
Njël : unité de production-consommation ou exploitation agricole
Navétanes : travailleurs saisonniers
Santané : travail collectif villageois
Wolof : ethnie au Sénégal
v
Sommaire

Introduction générale....................................................................................................................................................................1
1 Chapitre 1 : Quelle unité pour l’analyse microéconomique dans un contexte en dégradation ?...........................................9
Introduction..............................................................................................................................................................................9
1.1 Un contexte en dégradation.........................................................................................................................................9
1.2 L’unité d’analyse.......................................................................................................................................................23
1.3 Les statuts individuels...............................................................................................................................................27
2 Chapitre 2 : Méthodologie, dispositif de collecte des données et résultats des enquêtes....................................................33
Introduction............................................................................................................................................................................33
2.1 Présentation de la zone d’étude.................................................................................................................................33
2.2 Méthodologie et dispositif de collecte des données...................................................................................................36
2.3 Caractéristiques relatives à la démographie, la production et la consommation........................................................43
Conclusion..............................................................................................................................................................................71
3 Chapitre 3 : Autonomie alimentaire des njël : les Borom njël sont-ils toujours capables d’honorer leur obligation
alimentaire ?.....................................................................................................................................................................................72
Autonomie alimentaire des njël ?...........................................................................................................................................72
3.1 Analyse multivariée..................................................................................................................................................73
3.2 Analyse économétrique.............................................................................................................................................83
Conclusion..............................................................................................................................................................................91
4 Chapitre 4 : Diversification des activités des njël : la migration et la diversification locale sont-elles complémentaires ou
substituables ?……………………… …………………………………………………………………………………………….93
Introduction............................................................................................................................................................................93
4.1 Diversification locale et migration comme stratégies de gestion du risque...............................................................95
4.2 Migration et dotation en ressources.........................................................................................................................100
4.3 Modèle empirique, méthode d’estimation et résultats.............................................................................................107
Conclusion............................................................................................................................................................................121
5 Chapitre 5 : L’impact de la migration et des transferts monétaires sur l’activité productive des résidents : une analyse
intra-familiale......………………………………………………………………………………………………………………123
Introduction..........................................................................................................................................................................123
5.1 Impacts de la migration dans la littérature...............................................................................................................126
5.2 Organisation des activités productives et système de droits et obligations..............................................................131
5.3 Modèle empirique, méthodes d’estimation et variables...........................................................................................143
Conclusion............................................................................................................................................................................163
Conclusion générale..................................................................................................................................................................166
vi
vii
Autonomie alimentaire par la diversification des activités, bassin arachidier du Sénégal

INTRODUCTION GENERALE

La crise alimentaire de l’année 2008 a mis en évidence la vulnérabilité de certains
pays africains quant à la couverture de leurs besoins alimentaires en général, et
céréaliers en particulier. Cette vulnérabilité est due à la dépendance de ces pays par
rapport aux importations pour satisfaire une demande en céréales de plus en plus
forte suite à une croissance démographique. Le Sénégal en est un exemple. En effet,
avec une production nationale de riz ne couvrant que 20% des besoins (Fall, 2008),
le recours aux importations s’est avéré nécessaire à cause d’une consommation
reposant fortement sur cette céréale. C’est ainsi que les dépenses d’importations -
dominées par le riz- ont augmenté de plus de 50% ces dernières années en passant de
de 326,9 milliards à 506,6 milliards de Fcfa1 entre 2004 et 2008 (DPEE, 2008). Le
riz est plus consommé en milieu urbain2 qu’en milieu rural3. Cependant, avec un
secteur agricole en crise, il constitue l’une des céréales composant l’alimentation des
ménages en milieu rural. Ce secteur agricole repose sur une principale culture
d’exportation, à savoir l’arachide, mais qui souffre d’une gestion déficiente de sa
filière aboutissant à une chute de la production (Courade et Deveze, 2006). Compte
tenu de la croissance démographique sur une surface cultivable limitée4, les
conditions de vie des populations rurales se sont dégradées. Cette dégradation
conduit la population à l’exode rural qui concerne les villes, au niveau national pour

1 1 euro correspond à 655,957 Fcfa
2 Où il représente 54 % des céréales consommées (Kelly et al., 1993, Fall et al., 2007, cités par Fall,
2008).
3 Où il représente 24 % des céréales consommées (Kelly et al., 1993, Fall et al., 2007, cités par Fall,
2008)
4 En milieu rural, la population est passée de 3 millions en 1970 à 6 millions en 2005 (République du
Sénégal, 2005). La surface cultivable, elle, tourne autour de 3,8 millions d’hectares (FAO, 2005).
SAKHO-JIMBIRA Maam Suwadu, 2008