La religion védique d'après les hymnes du Rig-Veda / par Abel Bergaigne

521 Pages·2016·25.53 MB·French

by  Bergaigne, Abel (1838-1888)

La religion védique d'après
les hymnes du Rig-Veda / par
Abel Bergaigne,...
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Bergaigne, Abel (1838-1888). La religion védique d'après les
hymnes du Rig-Veda / par Abel Bergaigne,.... 1878-1897.
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CINQUANTE-TROISIEME FASCICULE
LA RELIGION VÉDIQUE D'APRES LES HYMNES DU Jlîli-VEDA
l'Ail AIIEI. BËIIfiAICNË
Tome
11
PARIS
LIBRAIRE-ÉDITEUR
F. VÏËWËG,
C7, IÛCilELlEtl, 67
RUE DE
1883
LA
VEDIQUE
RELIGION
fllfi-VEDA
D'APRÈS LES HYMNES DU
iuhis, larniMsntB ciuix, succi;ksaie saint-ouki(> 36,
DE
LA
VÉDIQUE,
RELIGION
D'APRÈS
LES HYMNES DU RIG-YEDA
PAR
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IMtçb'de conférences FACULTÉ paris
A LA DES LETTRES DE
l'école études
ET A DES HAUTES
Il
TOME
PARIS
LIBRAIRE-ÉDITEUR
VIEWEG,
F.
67, 67
RUE DE RICHELIEU,
1883
L'ÉDITEUR
AVERTISSEMENT DE
Nous rappelons le premier volume de la Religion
que
védique a paru à notre librairie en 1878, et que le
troisième, l'auteur l'avait était
annoncé,
comme aux
trois quarts imprimé depuis 1877. La quatrième partie
de l'ouvrageavait, effet, servi à M. Bergaigne de thèse
en
de doctorat, introduction et conclusion
avec une une
qui ont été fondues dans l'introduction du premier
volume. Le titre de la thèse était celui de cette
qua-
trième partie, Les Dieux souverains de la Religion védique.
Le tome III comprend, en outre, une conclusion nou-
velle, pour l'ouvrage entier, deux Indero et des Additions
Corrections. L'ouvrage est aujourd'hui complet.
et
CHAPITRE IV
RAPPORTS DES ÉLÉMENTS MALES ET DES ÉLÉMENTS FEMELLES.
RAPPORTS DES ÉLÉMENTS DE MÊME SEXE ENTRE EUX.
SECTION PREMI ÈRE
ELEMENTS
LE SOLEIL ET LES FEMELLES
Nous déjàl'occasion dans le chapitre précédents
avons.eu
et pour constater le sexe attribué au ciel et à la terre, de
qu'ils étaientappelés, tantôt pitarâ, tantôt niâtarâ;
remarquer
que de ces deux termes, le second ne signifiait pas nécessai-
»,
rement les deux mères mais pouvait le premier2
comme
«
être appliqué à un couple de parents désigné, selon un usage
bien connu de la langue védique, par le duel de l'un ou de
l'autre des des. objets formant le couple; enfin qu'il était
noms
néanmoins incontestable le ciel,, la terre, avait
que comme
été quelquefois considéré femelle. Que le ciel et la
comme
terre forment d'ailleurs couple; de femelles et même de
un
mères (la mythologie védique ne recule pas devant ce para-
doxe) ce qui est certainement la conception la plus
ou,
ordinaire, un couple de parents, nous ne pouvons, pour
l'étude de leurs rapports avec les éléments mâles, trouver de
meilleureplace que. la première de la série comprenant les
divers éléments femelles c'est du reste celle que nous leur
avions assignée déjà dans le chapitre III.
Le soleil, fils ciel, X, 37, 1, aussi être
du a pu conçu comme
le fils ciel et de la terre, qui, l'avons dit déjà sont
du nous 3,
le père et la mère de tous les phénomènes qui se produisent
dans l'espace ou vert entre eux. Je crois donc que dans les
1. I, p. 2M-239.
3. Dont le sens n'est jamais les deux pères ».
«
iil-
3. 1, p.
formules que nous rencontrerons plus loin', l'Agni et le
Soma donnés fils du ciel et de la terre peuvent repré-
comme
senter le soleil aussi bien les autres formes du Soma
que
du feu. Le soleil d'ailleurs remplit les deux mondes de
ou ses
IX, 41, 5, cf. I, 84, I; c'est lui qu'Indra fait
rayons, par a
briller les parents, VI, 32, 2, c'est-à-dire le ciel et la
encore
terre. On exprime aussi la même idée disant le soleil
en que
croire
a fait » les deux mondes, VIII, 12, 7, et, dans le
«
langage mythologique, il n'y loin de là à dire qu'il les
a pas
engendrés. Nous qu'en effet Agni, dont l'une des
a verrons
formes est le soleil, passe pour le père des deux mondes en
même temps leur fils.
que pour
C'est naturellement l'aurore le soleil les rela-
avec que a
tions les plus étroites. L'aurore conduit le cheval blanc
»,
«
l' œil des dieux », VII, 77, 3, c'est-à-dire précède le soleil
«
qui, lorsqu'il brille à l'orient, paraît sortir de l'aurore, I,
121, 6, selon l'expression déjà plus caractéristique du
ou,
Vers VII, 63, 3, du sein » des aurores. On a donc dit de
«
l'aurore, seulement qu'elle enfante la lumière, III, 61,
non
4, mais qu'elle fait briller, VII, 80j 2; et, termes,
en propres
3.
le
qu'elle « enfante» soleil, VII, 78,
Fils de l'aurore, le soleil est aussi amant et époux.
son son
I,
D'abord il la poursuit, 56, 4; IX, 84, 2, comme un homme
qui poursuit femme, I, 115, 2. Puis s'unissent
une ses rayons
à de l'aurore, VIII, 9, X, 111, 7, cf. Il 113,9; 123;
ceux 18
12; 124, 8; 137, 2; VII, 91, 1; X, 35, 5. Aux vers 11 et 12
à il
de l'hymne I, 92 l'aurore, est dit tour à tour qu'elle
brille l'éclat de amant et qu'elle apparaît
« avec son » « avec
les du soleil Ces deux formules sont évidemment
rayons n.
équivalentes.. Quand dit qu'elle vient du même lieu
on que
amant, VII, 76, 3, il est clair cet amant peut
son qua ne
être le soleil. J'en dirai autant de amant de
encore que l'cc
l'aurore auquel Agni est comparé pour son éclat, I, 69, 1
et 9; VII, 10, 1, cf. 2. Enfin l'aurore est appelée expressément
l'«
épouse du soleil », VII, 75, 5.
Certains déjà cités, qui peuvent signifier
passages que
l'aurore brille en même temps que » le soleil, par exemple
e« t
I,
les vers 113, 9; VII, 91, 1, pourraient aussi s'entendre
121.
par
qu'elle brille le soleil, le soleil la fait
en ce sens » que
briller, et de fait, le soleil est considéré le père des
comme
1. P.
4
aurores au vers II, 23, 2, où on lui compare Brahmanaspati,
père des prières. Ailleurs il est dit, sinon qu'il
encore
engendre, moins qu'il lâche VII, 36, 81, 2, des
au », 1
«
vaches qui paraissent représenter les aurores.
Quoique l'élément mâle dont les formules védiques
men-
tionnent
les relations diverses avec les eaux du ciel doive
représenter principalementl'éclair, peut nier des
on ne que
rapports analogues n'aient été conçus aussi entre les eaux
I,
et le soleil. Les qu'il «dépasse», 141, 13; X, 77, 3,
nuages
les eaux qu'il couvre de ses rayons, VII, 47, 4, cf. IV, 38, 10;
X, 178,3, l'ont d'abord tenu enfermé. Le soleilaété caché dans
la mer (céleste), X, 72, 7. C'est de là que Brihaspatile fait sor-
tir,X, 67, 5. C'est là Soma l'engendre, IX, 42, 1. Enfin, les
que
unique
rivières qui ont l'œil IX, 9, 4, peuvent
accru », ne
«
être les du ciel considérées les nourrices du
que eaux comme
Napât.'le
soleil. On voit par là que le personnage d'Apâm
«fils des identifié tour à tour à
eaux », que nous verrons
Agni et à Soma, pourrait représenter le soleil aussi bien
que
l'éclair.
La formule célibataire marié appliquée soleil,
ou », au
V, 44, 7, pourrait aussi faire allusion à union intermit-
une
tente du soleil avec les aussi bien qu'à union déjà
eaux, son
constatée avec les aurores'.
Enfin, si le soleil n'est formellement appelé le fils
pas
des prières comme Agni et Soma, on dit du moins de lui,
en vertu de l'action attribuée aux divers éléments du sacri-
les
fice sur phénomènes célestes, que la prière l'a fait briller,
X, 138, 2.
II
SECTION
et
L'ÉCLAIR ÉLÉMENTS
LES FEMELLES
Nous ne faisons figurer ici l'éclair que pour mémoire.
n'a
On pas oublié que c'est par le nom d'Agni ou de Soma
qu'il est désigné dans les formules védiques. C'est donc dans
les sections suivantes devront être étudiées celles de
que ces
formules qui paraissent concerner.les rapports mythiques de
l'éclair, soit le ciel et la terre, soit les du
avec avec eaux
ciel.
1. Même observation sur l'épithète venu, donnée au soleil au vers 1, 83, 5,
si, comme nous le supposerons plus loin, elle signifie « amant n.