Nouvelles inscriptions de Phrygie

94 Pages·1978·5.349 MB·French

by  Thomas Drew-Bear

Nouvelles Inscriptions
de Phrygie
STUDIA AMSTELODAMENSIA
AD EPIGRAPHICAM,
IUS ANTIOUUM ET
PAPYROLOGICAM PERTINENTIA
Moderantibus
J.A. ANKUM,
H.W. PLEKET et
P.J. SIJPESTEIJN
XVI
Thomas DREW-BEAR
NOUVELLES INSCRIPTIONS DE PHRYGIE
Terra Publishing Co. Zutphen, Ho/land 1978
Nouvelles Inscriptions
de Phrygie
par
Thomas DREW-BEAR
Ouvrage publié avec le concours du
Centre National de la Recherche Scientifique
Zutphen, 1978
PARENTIBUS OPTIMIS
ISBN 90 6255 200 5
ISBN 90 6255 209 9
IMPRIMERIE CULTURA • WETTEREN • BELGIQUE
PRÉFACE
Ce livre présente une centaine de documents épigraphiques de Phrygie. Ils sont en
grande majorité inédits, et chaque pierre est accompagnée de sa photographie.1 La publica
tion d'une photographie est souvent le seul moyen de fixer le souvenir de pierres antiques qui
en dehors des musées sont sans protection et souvent exposées au risque d'une destruction
assez rapide; en outre, il convient de remarquer que la redécouverte de textes depuis long
temps connus, qui permet l'étude non simplement des lettres gravées mais aussi du monument
lui-même, avec sa forme et ses reliefs, peut mener à des conclusions nouvelles (voir par exem
ple Chapitre IV no. 20).
Cette illustration ne sera point reprise dans le Corpus des inscriptions grecques et latines
de la Phrygie, pour lequel ce volume constitue un ouvrage préliminaire. Les dédicaces de
Nakoleia et les inscriptions d'Eumeneia2 entreront dans le recueil des inscriptions classées
par villes, qui comprendra aussi l'ensemble des témoignages littéraires et la liste des magistrats
et cultes attestés par les monnaies. Déjà ce livre fera connaître les monnaies assez nombreuses
que j'ai pu identifier, soit dans des villages soit dans des collections locales de la région d'Eu
meneia, qui nous permettent de former une idée sur la circulation monétaire dans l' Eumenetica
regio. Chacun des villages modernes mentionnés dans les Chapitres III ou IV figure sur la
carte des environs de Nakoleia ou sur celle de la région d'Eumeneia établies par M. Christian
Naour, qui a dressé aussi pour accompagner les Chapitres I et II une carte générale de la
Phrygie, dont le but n'est point de situer toutes les villes antiques mais plutôt de permettre au
lecteur de localiser facilement celles dont il est question ici.
On trouvera ainsi dans ce livre une petite sélection des résultats que j'ai obtenus par une
série de voyages épigraphiques et topographiques effectués dans les diverses parties de la
Phrygie depuis 1968. Cette documentation est rassemblée en vue du Corpus, dont le plan a
été décrit dans la communication que j'ai fait au VII• Congrès international d'épigraphie
grecque et latine; son premier tome sera consacré aux documents des Xenoi Tekmoreioi,
une association religieuse qui a fait graver de longues listes de ses membres dont chacun est
pourvu de son ethnique ou démotique, ce qui nous conserve un très grand nombre de vieux
--1-. L~a lis-te -des- do-cu-me-nts~ inéd~its co~mpr-end- le~s num"ér-os -suiv~ants-: C~hapi-tre ~I nos~. 2, 3-, 4~, 5, 6-, 8-, 9~, 10,
11, 12, 15; Chapitre II nos, 1, 4, 5; Chapitre III nos.1, 2, 3, 4-, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19,
20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30; Chapitre IV nos. 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18,
autres, déjà connus, ont ici leur photographie publiée pour la première fois (et souvent leur texte amélioré).
2. La série des épitaphes païennes et chrétiennes d'Eumeneia publiées dans ce livre est classée selon l'ordre
alphabétique du premier nom qui paraît dans chaque texte. Le rassemblement complet des épitaphes d'Eu
meneia dans le Corpus permettra un classement par types (inscriptions datées, épitaphes portant le mot
8V(!a, textes mentionnant un nom de métier etc.) avec un nombre appréciable d'exemplaires dans chaque
catégorie.
X PRÉFACE
toponymes authentiquement phrygiens. Mon travail a été poursuivi grâce à l'aide et
l'autorisation des instances compétentes en Turquie, parmi lesquelles je remercie, pour ce qui
concerne le présent ouvrage, particulièrement M. Hikmet Gürçay, Directeur Général des
Antiquités et Musées, et son adjoint M. Çetin Anlagan; M. Hasan Uçanku~, ancien Directeur
du Musée d'Afyonkarahisar; MM. Halil Bayluz et Durmu~ Acar, Directeurs successifs du TABLE DES MATIÈRES
Musée de Kütahya; M. Mehmet Mutlu, Conservateur du Musée de Seyitgazi. Je tiens à
remercier aussi M. Behiç Galip Yavuz, fondateur de la collection d'antiquités au lycée de
Çivril, ainsi que les fonctionnaires locaux et tous mes amis dans les villes et villages de Phrygie.
C'est aussi un agréable devoir de dire ma gratitude à M. Piet Sijpesteijn, qui m'a proposé Préface IX
d'inclure ce livre dans la série Studia Amstelodamensia, et à mes autres amis qui en ont facilité
l'impression. Le système de signes diacritiques utilisé ici est celui de Leyde. Enfin je remer CHAPITRE I : Inscriptions relatives à la présence romaine en Phrygie
cie mon maître M. Louis Robert, qui a bien voulu annoncer mon Corpus de la Phrygie à Sénatus-consultes 1
plusieurs reprises' et qui a tant fait avancer l'étude de l'épigraphie grecque de l'Asie Mineure.
Synnada 8
Qu'ils considèrent tous ce livre comme une première expression de ma vive reconnaissance 1 Akmonia 12
Sébastè 14
Eumeneia 16
Métropolis 19
3. Voir notamment son Discours d'introduction au VIe Congrès international d'épigraphie grecque et Apameia 25
latine (Munich 1972; Vestigia 17, pp. 22-23) et le Journal des Savants 1975, p. 160 n. 31.
Sanaos 27
CHAPITRE II : Dédicaces au dieu Men
Nakoleia 29
Les Appolénoi 30
Kadoi 31
Kotiaeion 31
CHAPITRE III : Dédicaces de Nakoleia
Dionysos 32
Borne entre deux villages 35
Le Saint et Juste 38
Le Saint 39
Le Saint et Zeus Bronton 40
Le Saint et Juste et Apollon 40
Le Dieu Très Haut, le Saint et Zeus . 41
Apollon 42
Méter Kallippou 42
Sanctuaire de campagne 43
Zeus Alsenos 47
Zeus Thymelikos Euchodotès et Apollon 48
Zeus des Perses, Brol)ton et Astrapton 48
Homonoia 50
Cybèle 51
Statuette votive 51
Méter de Kranosmegalou 52
XII TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE IV : Inscriptions d'Eumeneia
Géographie historique 53
Onomastique 55
"La porte" . 59
Circulation monétaire 62 CHAPITRE I
Dédicace 66
Inscriptions honorifiques 67 Inscriptions relatives à la présence romaine en Phrygie
Inscription métrique 75
Épitaphes païennes 79
Épitaphes chrétiennes 106
Plaque de chancel 111
Dans Historia 21 (1972) pp. 75-87 j'ai traité du senatus consultum Popillianum, par
Paysage et site d'Eumeneia 112
lequel le Sénat ratifia en bloc les actes des monarques attalides après la mort d' Attale III en
133 et sa cession par testament du royaume de Pergame à Rome. Ce document nous est
INDEX
préservé par une inscription (OGIS 435) trouvée dans les fouilles de Pergame, dont le texte,
Noms de personnes 115 avec les restitutions généralement acceptées, se présente ainsi:
Divinités 118
[ - - - - - - - - - - - JE[ - - - - - - - - - - - - - - - l
Ethniques et noms de lieux 118
Evvid[1rov o6yµa]
Mots grecs 119
[I']&ioç Ilon/Hioç I'aiov v[àç a[-rear11yàç rfj, av,"J.n]-
Mots latins . 127
4 [r]w, avve{JovÀevaaro neà ,jµ[eefo - - - - - - - - ]
Noms de lieux turcs 127
[ ... ]eµ{Jeiw, · nee/ div Myovç ln[ o,n - neel -rwv lv Ileey&]
[µ]w,(?) neayµ&-rwv, r/veç lnoÀ[al laov-rai roïç slç]
PLANCHES 1-37
['A]aia, noeevoµéYo,ç a-rea-r11yoïç, éi[ aa l, 'Aaiai l]-
8 [w]ç -rfjç 'AnaÀov uÀevrfjç vnà rw, [{Jaa,Mw,]
CARTES n,J
[o,]we0w011 lowd011 àrpé0ri lCriµ,w[0ri éinwç -ravra
La Phrygie Pl. 38 [u'VJeia, Vnie ro'Vrov rift avvxÀ1}rwt oih·[wç lOoÇe · .n:eel]
Les environs de Nakoleia Pl. 39 [d iv I']&ioç IIo n/Hioç I'aiov v[àç a-rearri[yàç Myovç l]-
La région d'Eumeneia . Pl. 40 12 [no,1]aaro, neel rov-rov -rofi ne&yµaro[ç oi!-rwç loo~e] ·
[8n]wç o'aa {Jaa,Àevç "A-rra},oç o1 u Ào[,nol {Jaa,]-
[Àeiç] o,we0waay lC11µiwaav fi [ârpfj"aY lowenaav]-
fil
[ro, 8]aa -rovrwv lyévero neà µ,aç [,jµéeaç nelv
16 ["An]aÀov uÀevrfjaai, é/nwç raifr[a "veia rj, area-rri]-
[yo]L re o[ elç 'Aalav :n:oeev6µev[ot µ'Y) XtYWa1, r'Y)v Om]
[01"(?)]riv, à.Hà lwa, "veia µéveiv [&navra "a0wç ,j av,"À1J]-
roç lné"eiv[ ev ].
Dans mon article j'ai montré que les cinq premières lignes d'une inscription copiée par W. -M.
Ramsay en 1886 au village d'Ar,zh, qui se trouve au sud-est de $uhut, site de la ville de
Synnada, sont en fait une deuxième copie de la portion finale de ce même texte, ce qui per
met de restituer le début de l'inscription d'Arizh (OGIS 436) comme suit:
1. [arean7ydç .À6yovç hcot'Yjàaro, neel roVrov roV ne&yµar:oç o]Vrcoç
u
[loo~e · élnwç éiaa {Jaa,J.evç "Ana?.oç o1 Àomol low"a]! o,we0w-
3 [aav l/;'Yjµlwaav 1} - - - - - - - - - - ,_ !Jaa roVrwv] èyévero neà
[µtêiç· 1]µéeaç nel'V 1} "ArraÂov reÂevrfjaat, 8n]wç I._a'Vra xV(!ta ~
[>n--------------~----- o6y]µa avv"À1rov.
2 NOUVELLES INSCRIPTIONS DE PHRYGIE SÉNATUS-CONSULTES 3
Sur la même pierre vient ensuite un second document, que j'ai distingué du premier; Or j'ai pu retrouver à Anzh cette inscription. La photographie sur la Pl. 1 permettra
cette partie de l'inscription nous conserve un deuxième sénatus-consulte, voté après la mort d'en étudier la forme des lettres, parmi lesquelles on remarquera les oméga "cursifs";? il de
du roi du Pout Mithridate V en 120, qui ratifie ses actes au moment de l'annexion de la vient évident du premier coup d'œil qu'on a affaire certes à un document du 2• siècle mais
Phrygie à la Province d'Asie. Le texte universellement admis pour cette portion de l'in qui est conservé par une inscription gravée, elle, à l'époque romaine. Malheureusement la
scription se présentait ainsi:1 pierre a beaucoup souffert, surtout en haut et à droite, depuis le moment où Ramsay l'a vue
en 1886; dans les transcriptions des deux sénatus-consultes ci-dessus les lettres aujourd'hui
6 [neel àiv K6wr:oç <Pa/Jwç--viàç MM,µoç (?) I']awç Ai,dvvioç IlonJ.iov
perdues sont soulignées.8
[viàç I'fraç fina,o, (?) Myovç lno,~aav]w, neel wvrov neayµawç oi!
Le premier des deux documents, conservé pour l'essentiel par l'inscription de Pergame,
[-rwç lbo;ev · fJaa /Jaa,Âevç M,0eaMnll,: lyea'JJEV ~ lbw"év uaiv :I}_ O:_rpEi-
laisse apparaître que le Sénat a voté au sujet de la succession des rois attalides, dans la même
9 [xev, lva -caVra xVem µe[,vn oV-rw xa0Wç] ~c5we1Îcra1:o elç èux6:r7JY iJµéeav,
session, deux propositions de suite, dont chacune a recueilli l'assentiment de la majorité des
[neei u ,wv ).o,nwv Zva "eivwaw oi M"a (?)] "eea/Jevoal Elç 'Aaiav b,a/30.vuç
membres présents et entrait donc en vigueur.9 En conformité avec cette interprétation, il
Mais j'ai fait disparaitre le nom de Q. Fabius Maximus et j'ai montré que C. Licinnius Geta faudrait à la 1. 10 du texte de Pergame remplacer la virgule après [" v]eia par une ponctuation
n'était pas consul lors de la rédaction de ce sénatus-consulte: en fait il était préteur,2 et le plus forte, puisque les mots qui suivent résument Je sénatus-consulte lui-même (cf. Historia
1972 pp. 78-79) qui n'était pas différent de la relatio de C. Popillius. Ensuite vient une deuxième
document date donc non pas de 116, année du consulat de Q. Fabius Maximus et C. Licin
proposition, qui ajoute la précision que parmi les actes des monarques attalides seront ratifiés
nius Geta,3 mais plutôt de 119, l'année après l'assassinat du roi du Pont.<
seulement [éi]aa w-6-rwv lyévno neà µ,ii.ç [~µéeaç nelv 1 "An]aÀov TEÂev,ijaai.10 On re
Toutes les nombreuses éditions de ce texte dépendent de la copie en majuscules publiée
marquera aussi que les instructions données aux [ar,gar17yo]t re ol elç ~Aatœv :iio,gevôµev[ot
par Ramsay' en 1887. En 1930 W. H. Buckler, W. M. Calder et W. K. C. Guthrie visitèrent
dans la deuxième proposition sont plus détaillées et explicites que dans la première.
le village d'Ar,zh à la recherche de cette inscription, mais sans succès; dans MAM~ I_V
L'inscription de Pergame porte aux Il. 13 sqq. la clause iiaa /Jaa,).evç "AnaÂoç ol TE Âoi
p. xii ils écrivent: "At Aresli we Jooked in vain for CB no. 710 [ce texte]. The fountam m
[nol /JaaiÂEiç] bube0waay l(riµiwaav ~ [àrpij"av lbwdaavw], à laquelle correspondent
which it was still preserved in 1911 had been dismantled and rebuilt; the inscription may
dans la 1. 2 de l'inscription de Phrygie les lettres N iJIQP0Q, pour lesquelles j'ai suggéré la
survive inside the masonry." R. K. Sherk a remarqué dans son édition de ce texte6 que "Un
restitution [fJaa /JaaiÂsvç "AnaÂoç ol TE Âoinol lbw,,a]v biwe0wl [aav l(riµiwaav ~ - - ].
fortunately, no adequate description of the stone has ever been reported, and for the lettering
Si la longueur des lignes le permettait, je crois qu'il serait préférable de restituer ici [of u Âoi
one must rely upon the transcription first given by Ramsay."
nol /Jaa,ÂEiç lbw,,a]v, suivant de plus près la restitution dans Je texte de Pergame.11
En fait les lignes de la deuxième portion de cette inscription, avec les restitutions proposées,
1. On notera que la restitution de la dernière ligne en particulier est loin d'être assurée. A la 1. 9 on
attendrait µévn (Mommsen) plutôt que µeivn d'après le parallèle fourni par les deux lettres conservées à la 7. Dans Historia 1972 p. 86 j'ai écrit: "In line 4 of the inscription from Phrygia Ramsay read the first
fin de la l. 4. letter as omicron, but our restoration requires an omega. The explanation is as follows: the inscription copied
2. Un préteur pouvait convoquer le Sénat en l'absence des deux consuls: voir Th. Mommsen, ROmisches by Ramsay had "lunate" letter forms (omega thus: w); the break ran through the middle of the letter, and
Staatsrecht3 II.1 pp. 129-130. Ramsay therefore saw what appeared to be an omicron."
3. La date de 116 pour l'annexion de la Phrygie à la Province d'Asie, d'après ce document, avait été 8. Au début de la partie conservée de la première ligne du deuxième document, on voit encore le bas
universellement admise depuis son editio princeps par Ramsay (voir n. 5 infra): aux auteurs que j'ai cités de la haste verticale du gamma, qui n'a pas été noté par Ramsay.
dans Historia 1972 pp. 83-84 ajouter p. ex. G. Bloch et J. Carcopino, Histoire romaine II.1 (Des Gracques à 9. Ainsi M. Caelius Rufus envoya à Cicéron (Ad Fam. VIII.8.5) les textes de quatre propositions suc
Sulla) 1940, p. 419; W. W. Tarn et G. T. Griffith, Hellenistic Civilisation3 1952, p. 44; et Th. Liebmann cessives (un sénatus-consulte et trois senatus auctoritates) votées dans un même jour en 51 av. J.-C., dont les
Frankfort ' La +,. -rontière orientale dans la politique extérieure de la République romaine (Acad. de Belgique, deux premières traitent du même sujet.
'
Mémoires 59:5) 1969, pp. 150, 160,190,327 etc. (cf. surtout p. 156: "si la succession des événements ne parait 10. Sur cette expression, qui relève de la terminologie juridique romaine, voir Historia 1972 p. 79;
guère douteuse, en revanche l'explication de leur espacement est plus difficile à découvrir ... l'opération Dittenberger, OGIS 435 ad loc.; J. Hopp, Untersuchungen zur Geschichte der letzten Atlaliden p. 139 avec les
[l'annexion de la Phrygie}, délicate il est vrai, dut s'accomplir en trois temps" etc.). ouvrages cités dans la n. 83 (on a suggéré que le prétendant Aristonikos avait forgé une déclaration, au nom
4. On pourrait aussi à la rigueur dater ce sénatus-consulte déjà de 120, immédiatement après la mort d' Attale III, que ce monarque aurait rédigée le dernier jour de sa vie pour lui transmettre son royaume).
du roi, puisque l'année où C. Licinnius Geta a exercé la charge de préteur n'est pas autrement connue (119 est En revanche la clause qu'on trouve dans le senatus consullum Licinnianum, [xa0Wç] è6wrp}daw elç èaxd1:17v
la dernière année pendant laquelle il aurait pu assumer cette fonction: voir Historia 1972 p. 84 n. 34). iJµieav, a été interprétée par P. Viereck, Sermo Graecus (diss. Gôttingen 1888) p. 83, comme une traduction
5. JHS 8 (1887) p. 496, sans transcription suivie ni commentaire. Dans Glass. Rev. 2 (1888) p. 396 littérale de l'expression latine usque ad diem supremum.
Ramsay a publié une note au sujet de ce texte, pour dire que "l did not fully appreciate its historical impor 11. On remarquera que le Sénat confirma non seulement les actes d'Attale III, dont le règne fut court,
tance, until soon after Prof. Mommsen wrote tome on the subject. The date is B.c. 116" etc. Cf. lvlommsen mais aussi ceux de ses prédécesseurs, qui avaient pour l'essentiel organisé le royaume tel ·qu'il se trouvait lors
und Wilamowitz: Briefwechsel pp. 347-354 nos. 269, 271, 273, où ces deux savants élaboraient la doctrine qui de la mort du dernier souverain (sur les circonstances de cette confirmation voir Hopp, loc. cit. supra; mais
allait devenir la communis opinio. cf. maintenant F. S. Kleiner et S. P. Noe, The Barly Cistophoric Coinage p. 81, qui soulèvent une objection
6. Roman Documents from the Greek East, no. 13 p. 74. majeure).
4 NOUVELLES INSCRIPTIONS DE PHRYGIE SÉNATUS - CONSULTES 5
arrivent à être un peu plus longues que celles de la première partie (v. infra); si l'on veut, il du Pont, elle fut annexée à la Province d'Asie," comme on peut d'ailleurs Je déduire de la
serait possible de garder le même nombre de lettres qu'auparavant dans la 1. 2 en supprimant phrase sans équivoque du résumé de Tite-Live, Per. 77, décrivant le début de la guerre menée
devant le nom d'Attalos le titre {Jacr,).evç, qui ne paraît pas être absolument nécessaire dans par Mithridate VI Eupator contre Rome: Mithridates, Ponti rex, Bilhynia el Cappadocia
cette position (cf. la discussion de la 1. 5 du nouveau texte ci-dessous).12 occupatis el pu/so M.' Aqui/io legato Phrygiam, prouinciam populi Romani, cum ingenli exer
A la deuxième ligne du sénatus-consulte ratifiant les actes du roi Mithridate V, la pierre citu intravit.
porte les mots ·neel -ro'Vrov ne&.yµaroç. Cette tournure n'est certainement qu'une haplo Nous possédons donc deux copies (la seconde très fragmentaire), à Pergame et en Phry
graphie, ou une mauvaise traduction en grec, à la place de l'expression courante nsei ro'V-rov gie, du senalus consultum Popillianum de 133 av. J.-C., et une copie en Phrygie du senalus
roV neâyµaroç qu'on retrouve p. ex. à la deuxième ligne du senatus consultum Popillianum consultum Licinnianum de 119 av. J.-C. Lors de ma visite à Anzh j'ai relevé encore un autre
comme dans de nombreux autres sénatus-consultes;13 mais peut-être vaut-il la peine de document qu'il faut verser au même dossier. Il s'agit d'une inscription gravée sur un frag
relever qu'on rencontre la même tournure neel roVrov ne6.yµaroç dans le sénatus-con ment de marbre blanc brisé en haut, à droite et à gauche et mouluré en bas: h. 0,295, 1. 0,325,
sulte concernant la dispute entre Magnésie et Priène.14 ép. 0,165, lettres 0,02. On y lit le texte suivant:
J'ai noté (Historia 1972 p. 82 n. 22) que la cession de la Phrygie à Mithridate V par Ma 2. LIJ\LII
nins Aquillius après la guerre d'Aristonikos / Eumène III n'était pas nécessairement une ]oi -ce of elç ~Aalav noeevoµ[
preuve de sa corruption, mais plutôt une manifestation de la politique arrêtée du Sénat.15 l uve,[al µé,ew ua0wç ,j crv;(
Après la mort de Mithridate V, l'annexion de la Phrygie à la Province d'Asie fut réalisée, 4 ] -ra 'An,Hov cpvM.crf11JTat ne[
selon l'explication généralement admise, par l'influence des publicains.16 L'analogie frappante ] Myovç eno,,jcra-.:o neel [ ·
entre les clauses préservées du senatus consultum Licinnianum, d'une part, et celles du sena ] ,~ç 'Acr/aç v lyyempe,' fj lbw[
lus consultum Popillianum d'autre part, rend très probable la conclusion qu'il s'agit dans le · · ]e,jcra,o elç ëcrx,fr'Jv ,jµe(
premier document justement de cette annexion:17 quand la Phrygie fut enlevée au royaume 8 fra, elç 'Acriav bta{Jav;eç [
]etTe feuille
Ligatures: aux 11. 3 et 6 eta sigma. La réduplication de gamma à la 1. 6 est un fait de langue
12. Mais au contraire on pourrait aussi augmenter le nombre de lettres par ligne dans le premier docu banal; le vacat d'une lettre à la même ligne ne paraît pas correspondre à une pause dans la
ment en ajoutant vloç au début de la l. 1 et en écrivant ,BaatÂeVç "Ai:-raÂoç o'l Te Âoinol /JaaiJ.elç à la 1. 2 et phrase. Pl. 1.
,BaaiJ..éa "Ar-raÂov à la 1. 4, ce qui supprimerait l'écart entre la longueur des lignes dans les deux portions de Nous avons ici sans aucun doute une copie encore des deux sénatus-consultes qu'on vient
cette 1in3s. crIilp stuioffni;r am daei sr eiln vseoryaeirt và ali'inn ddeex p deen sSehre qruk',o Rno pmeaunt dDeo ccuemtteen ftasç po.n 3 r8é0t asb.vli.r n meoet_l (àF )m. ot le texte original. d'étudier, d'abord (atlx li. 1-4) celui de 133 concernant la création de la Province d'Asie, et
14. SJG3 679 IIb; Sherk, op. cil. no. 7 p. 45, 1. 57. Cf. Forschungen in Ephesos IV.3 p. 281 no. 24 Vnèe ensuite (aux li. 4-8) celui de 119 concernant l'annexion de la Phrygie à la province. Cette
i:aVi:17ç leewaVv17ç (traduction d'un document romain). inscription aussi a certainement été gravée à l'époque romaine: les formes des lettres, qu'on
15. Voir dans le même sens F. C. Thomes, La rivolta di Aristonico e le origini della provincia romana pourra examiner sur la Pl. 1, ne laissent pas de doute à ce sujet. A partir des textes conservés
cpde'u Asbssliiiocana ,ip nv.s o)6i 3re tLe pitep Lb. mi1e5ab2nm-n3a- n(Flner a-dFnérksafinor krdtf' oaprv.t o,1 i4or8p u . n(lc eéi ltd.a é(ts-siturap mdreap lonan. p s3au)r rtp l.da e1f r5co0en.r ttiaSèirunesr dlseeés nl aar atPeirsuoorvns isdn eqc eul iid mo'Aintseti rep )lu.e s mbéontiévfeicre sc edtetes t-udteiounx g céonpéireasl ed ude p lrae mnoieurv edlolec uimnsecnrti,p teiot nu,n nea ctoupreiel ldemu ednetu axvieècm reé-soernv ep,e puut ipsrqoupeo sde'ur nuen ep arerts tlie
16. Voir Historia 1972 p. 81 n. 21 et Liebmann-Frankfort pp. 157-8. Déjà Th. Reinach, Mithridates caractère très fragmentaire des inscriptions d'Arizli, et d'autre part les différences, existantes
Eupator: KOnig von Pontas p. 38, expliquait l'annexion de la Phrygie par le souci du Sénat pour "das politische et possibles, entre les rédactions des diverses copies, ne permettent évidemment pas de ré-
Gleichgewicht Asiens und das finanzielle Interesse Roms." Il est intéressant de noter que Reinach, qui
acceptait comme tout le monde la date de 116 fixée par Mommsen pour le sénatus-consulte à Arizh (pp. 46,
73), ressentait néanmoins la difficulté causée par l'intervalle ainsi créé entre la mort de Mithridate V et l'an
nweaxri oson odfef elnab Pahr,r ydgaises; dcaasr riôl mesisscahyea iVt odl'ekx spilcihq ueerrs tc ne adcéhl ami eahinrsjâi h(rpi.g e3m8) :Z "ôDgeiern T irmeu Jloashirgek e1i1t 6d, iaelsse sw Vedeerira Ghrreancs 1972 pp. 82 sqq.: il est très peu probable que l'objet du sénatus-consulte trouvé à Arizh était de "libérer" la
nchaut sa vnaoicth m Macithhinraéd, adt'easc cEouredr agveetecs l am reehinr ea Lma oLdeibceen, lw'aasrs,a sdsaiznua te dnet sMchiltohsrsid."a teR Vei nafaicnh ds'uegng pèrroef (ipte. r3 p9o) uqru aen lnee xSeé r pPrhorcyogn1is8eu. ldaCuiro ecn otdrne'tA rôsl'ilheey rppo.o mt4ha6èi0ns e.( esnacnosr e fcohnedze mHe.n Ht, . aScccuelplatérde , pFarro mex ethme pGler apccahri Vto. NCehroa3p opt,. 4L1a), pqruo'vaipnrcèes r1o1m6a ainve.
lalpJcaalluu la suPpdstssihoileinrnl1osoy n 7nn gp.e me àiore L a sdc.àise ioe é tutrbd tpenaeuma n tasa t neuPdesnetxh rsepree xyrnd egir eosoilusaenYixmu sad r uvd eaaemé dlrscabeesi ismusP(i rosehqaunrrnuirsynte g ltd eq liu(aseuc efPdqS. hiuélvHeraneyuinarsrgsdtsti eo éesiarl t vif apaluaaio ttni1s stdas9sain'e7bag n2iieMlle slipxte ié.ntéu hsee8r rs 1 viàs do eencaisre.rtsa e ei2mL en0Vnoit)eiIt:me b pslàmel.ea en Jsampat n, lr elaneeinim-mtntF didilrsteraoe enen m nokcd ên fuqcmo uafrpeuateo,,si ulteope r.q b. r Suat1Jeéie5utnn 1sliaae)trts,ri nlgaseR uuo (omsr3iomta8e uil.ant5at iit .pne3eluasn)r i sqssfdsaiouebeiiestrit tzJSmDi.uto-iaumCenid n .P . aSt rl eBcaofnheu vPawecinni/h ndzytr e iylfeaerügal urlpriae so.un w1lnéda1àattta1abve:igh r t1e3 ":di g.Pjdneçoh egc(urrli[ vygaJrerg gOeervirmndayklé iafMlseraçc e rhapnetej,a,'on erira sn ,Knu t w dWpanhia essisi eercf akreéhztmld teihéecisatrhs )atdtk.oét eib oaSihetnve eag lanvoden enehgt ôrlfRva'roéitenlrpelimte noeeseaqds dc u ltzih eobua, ir rn1meo - PspHap,.r pétovchrpviioralaii.inndl r(eaa zs Ht(g ueArepsiises rVotinaoef snur otui..fha "r 1P e c16 oeCp9) n ufr7p.to o2u.Av w,s 3i.,p6n8 Hv.c,w ec8.a" h2oMsPe fhzo.n Ar n.JJy s o.2ig itnD5aisee: e mnrsije, nuu wsiAsucnuqnhmgrua edpa'rleàs .,
libre, comme le déclare Sylla chez Appien (Mithr.12.57). Contre cette hypothèse voir pourtant Historia Greece was loosely attached to Macedonia."