Dieu, Adonaï, Allah et moi livret pédag

58 Pages·2009·1.25 MB·French

Dieu,
Ado-naï,
Allah et moi
Livret
d’accompagnement
pédagogique du DVD
préparé par Guy Rainotte
Avant-propos
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UN FILM DE GUY RAINOTTE
Vers un nouveau rapport
à la spiritualité ?
On a coutume de penser que les lieux privilégiés
où se vivent les religions, sont les temples, les
mosquées, les églises ou les synagogues. Bon
nombre de jeunes assistent encore régulièrement
à des offices religieux, fréquentent des groupes #
#19 SÉQUENCES DE 5 À 10 MINUTES UTILISABLES SÉPARÉMENT.
d’animation spirituelle ou suivent des program- 19 QUESTIONS QUE LES JEUNES SE POSENT :
« La foi et le doute sont-ils compatibles ? »
mes catéchétiques et s’y sentent bien. Et c’est « Sans pratique rituelle, pas de religion ? »
« Qui dit la vérité ? »
parfaitement défendable ! « Croyants et incroyants partagent-ils les mêmes valeurs ? »
#« La spiritualité est-elle propre à la religion ? » .
Mais il est un fait – qui d’ailleurs ne concerne pas #U..N LIVRET D’ACCOMPAGNEMENT EN PDF.
DURÉE 139 MINUTES. !"!
que la jeune génération – l’interrogation religieuse
ne se vit pas uniquement dans et autour des
lieux de cultes. L’interrogation religieuse, ne se
té qui dépasse tout entendement humain puis-
limite à aucun lieu, à aucun cadre, pas même le
que révélée.
cadre institutionnel d’une religion particulière.
Or, pour bon nombre de nos contemporains,
La pratique rituelle du religieux ne recouvre
c’est désormais l’individu qui tend à fixer la
qu’une partie du rapport que les jeunes entre-
norme, un individu doté d’une raison critique.
tiennent avec le religieux et son questionnement.
C’est d’ailleurs au nom de sa raison et de la li-
Beaucoup d’entre eux ne se rendent plus – ou
berté qu’elle lui confère, que chacun se position-
rarement – dans des lieux de culte pour y expri-
nera face à l’institutionnel. L’institution peut
mer leur foi, leurs doutes, leurs interrogations.
énoncer des préceptes doctrinaux ou moraux,
Est-ce parce que leurs modes d’expression et de
mais c’est finalement moi qui décide d’y adhérer
fonctionnement ne leur correspondent pas ? Ce
ou non, de les mettre en application ou non.
n’est probablement qu’une partie de la réponse.
Ceci pose bien évidemment la question de la
Si la fréquentation des lieux de culte par la jeune
« pratique religieuse ». Dans ce contexte où l’in-
génération est en constante diminution, cela ne
dividu pèse à ce point sur le collectif, pratiquer sa
signifie pas pour autant qu’il y ait une perte d’in-
religion se résume-t-il encore à fréquenter un
térêt pour le religieux ou le spirituel chez tous
groupe et à se fondre avec lui dans un rituel ?
ceux et celles qui ne franchissent pas ou plus la
porte des lieux de culte avec régularité, qui –
comme on a coutume de le dire –, ne « prati- L’histoire du primat de la raison individuelle n’est
quent » pas… bien évidemment pas neuve. Il y a près de quatre
siècles que Descartes en a écrit les premières
pages. Mais bien avant lui de nombreuses per-
Nous assistons aujourd’hui à un profond boule-
sonnalités se sont opposées à l’institution au
versement dans les rapports que la jeune géné-
nom de leur liberté de conscience. Philosophes
ration entretient avec le religieux. Il fut une épo-
et théologiens ont, au fil des siècles, mis leurs
que, non révolue encore, où le collectif (c’est-à-
discours en débat, aidé l’individu à se positionner
dire l’institutionnel voire, à échelle plus réduite, la
dans son interrogation spirituelle et questionné
communauté) dictait les règles de la pratique
abondamment le concept de vérité et les convic-
religieuse. Ce mode de fonctionnement remonte
tions liées à la détention de la vérité.
à une époque bien lointaine – mais qui est en-
core dans certains milieux d’une surprenante C’est une évidence : tout individu a des convic-
actualité – où la théologie prétendait détenir les tions. Que celles-ci intègrent ou non la foi en un
clefs d’un savoir global et ce, au nom d’une véri- ou des dieux. Or, conviction rime souvent avec
intolérance. En particulier, toute personne qui est
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Avant-propos
convaincue de posséder la vérité est presqu’invi- dernières décennies mais elle ne peut, à elle
tablement intolérante. Sans d’ailleurs que cette seule, résoudre les nombreuses questions éthi-
intolérance s’articule obligatoirement sur un sen- ques qu’elle n’a pas manqué de soulever.
timent hostile : comment supporter de laisser la
personne que j’aime dans l’erreur quand je suis
Nous sommes en plein cœur de la crise de la
convaincu de détenir la vérité ? … C’est le zèle
modernité. Cette crise résulte d’une part de
missionnaire qui a marqué, jusqu’aujourd’hui,
l’obligation de constater que le discours rationnel
plusieurs courants au sein du christianisme. Mais
ne peut prétendre à lui seul rendre compte de la
que l’on soit croyant ou non, l’intolérance ne se
vérité dans sa globalité, comme le prétendait la
limite pas aux frontières du religieux. Elle est
mystique de la fin du Moyen Âge – et comme le
étroitement liée à la prétendue possession de la
prétendent encore certains discours radicaux,
vérité.
qu’ils relèvent de la religion ou du scientisme…
Or que vivent les jeunes ? La majorité d’entre eux
D’autre part, au-delà des limites du discours ra-
aime les rencontres informelles entre copains. Au
tionnel, nous nous situons obligatoirement dans
gré de leurs discussions spontanées se révèlent
l’ordre de la pluralité. En effet, d’autres types de
quasi inéluctablement leurs différences culturel-
démarches doivent prendre le relais de la rationa-
les, identitaires, philosophiques ou religieuses. En
lité. Elles utilisent, elles aussi, la raison mais dans
même temps, force leur est de constater qu’ils
une visée beaucoup plus pratique de structura-
partagent souvent les mêmes questionnements,
tion du comportement humain, nécessairement
mais aussi les mêmes valeurs. Et s’ils se laissent
pluriel et différencié. Cette « raison pratique »
toucher par l’authenticité avec laquelle les autres
permet de poser la question du « pourquoi » des
défendent leurs positions, alors ils en viennent
actes que l’on pose. Elle est plurielle parce
immanquablement à être confrontés à la relativité
qu’inscrite dans la réalité concrète de la pluralité
de chacune de leurs approches comme à celle
des cultures et la multiplicité des choix indivi-
de la vérité.
duels.
À la fin du Moyen Âge, il était entendu que par la
C’est également une autre donnée incontourna-
raison, il était possible d’atteindre la vérité et
ble pour la jeune génération. Peu acceptent en-
c’est dans cette optique que furent élaborés bon
core de poser des actes sans en comprendre la
nombre d’énoncés théologiques et doctrinaux. Il
signification, sans que leur raison pratique ne leur
est d’ailleurs légitime de se demander si certains
ait permis d’en intégrer la pertinence ou qu’ils
discours institutionnels ne répondent pas, au-
entrent en résonances avec leur culture, leur vé-
jourd’hui encore, à cette même logique ?
cu, leur affectivité.
Mais un fait majeur marque notre modernité :
Il ne s’agit pas de sombrer dans un relativisme
malgré les levées de boucliers de certains milieux
absolu qui conduit inéluctablement à une tolé-
obscurantistes, aucun esprit moderne ne peut
rance qui devient très vite indifférente. Bien au
faire l’impasse sur les incontestables progrès des
contraire, construire sa propre conviction, tout en
sciences pour rendre compte du réel. C’est une
ayant conscience que les principes mêmes qui la
donnée incontournable pour la jeune génération :
fondent l’inscrivent obligatoirement dans la plura-
science et technologie structurent leur quotidien.
lité, prépare à s’ouvrir au dialogue. L’intolérance
En même temps, la démarche scientifique a pris traduit souvent la crainte de voir ébranlée, au
conscience des limites de son discours. Ce der- contact de la différence, ce qu’on pense être une
nier se doit d’être modeste dans son propre sys- universelle vérité. La conviction critique peut sans
tème explicatif, poser les limites de ses préten- crainte s’ouvrir au dialogue dont la fécondité
tions dans l’énoncé d’une possible vérité et pas- contribuera à sa propre construction.
ser le relais à d’autres types de démarches
quand il s’agit de s’avancer dans le champ des
Demeure encore la question de l’existence ou de
interprétations. La science peut expliquer bon
la non-existence de Dieu qui repose, selon le
nombre de « comment » – dont ceux des débuts
philosophe Bernard Feltz1 sur « un indécidable
de l’univers – mais jamais, elle ne pourra répon-
sur le plan de la connaissance, que l’on doit ce-
dre à la question du « pourquoi ». Autre exem-
pendant trancher dans le registre de la significa-
ple : la génétique a fait de fabuleux progrès ces
1 in Comprendre l'évolution. 150 ans après Darwin, Gérard Cobut (sous la dir. de), De Boeck, Louvain-la-Neuve, 2009.
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Avant-propos
tion ». La décision ultime repose immanquable- sonne qui est au centre de ces choix ne pour-
ment sur un a priori que personne ne peut tran- rait-il apporter quelques éléments de réponses à
cher parce qu’il est arbitraire. Cette décision ces questions ? Quelles situations de vie, quel
n’est pas incompatible avec la raison. Elle est contexte éducatif et quel type d’éducation, quel
donc raisonnable. Mais elle n’est pas non plus rapport à l’autorité, quelles rencontres ou lectu-
rationnelle : aucun être sur terre ne peut ration- res importantes, quelles joies et quelles décep-
nellement prouver l’existence de Dieu. tions  ? Autant d’expériences psycho-affectives
La prise de conscience de cet arbitraire est un qui façonnent l’individu et qui peuvent, à mon
élément essentiel pour la construction de l’identi- sens, expliquer les raisons parfois subjectives de
té religieuse de la jeune génération. Assumer cet choix que notre raison pratique nous aidera à
arbitraire ouvre la porte vers ce que B. Feltz ap- argumenter. Cela ne signifie donc pas que notre
pelle une « conviction critique », c’est-à-dire une raison pratique est aveuglément soumise à nos
conviction qui repose sur un a priori non rationnel affects, bien entendu. Mais dans l’histoire de la
mais ouvre la voie vers une démarche interpréta- construction de notre identité, de nos options
tive fondée sur des choix raisonnables mais né- philosophiques et/ou religieuses, c’est-à-dire
cessairement pluriels. dans la recherche du sens de notre existence ou,
dit encore autrement, dans le champ interprétatif
de nos significations, il y a des moments où la
Ne pas prendre la juste mesure de cet arbitraire
raison seule ne peut présider aux choix que nous
de la foi en Dieu comme pouvant être la résul-
posons.
tante d’une démarche raisonnable mais non ra-
Pourquoi l’un aura-t-il le profond sentiment d’une
tionnelle, c’est courir le risque de la confusion
présence divine et l’autre pas ? Pourquoi l’un se
des langages et faire de Dieu l’objet d’un impos-
sentira-t-il apaisé en franchissant le seuil d’un
sible savoir, c’est vouloir inscrire l’absolu dans la
temple, d’une mosquée ou d’une église et l’autre
rationnalité et s’engager dans une quête funeste
pas ? Pourquoi l’un aura-t-il besoin de la pré-
des “preuves de l’existence de Dieu”. C’est vou-
sence des autres pour vivre sa spiritualité et l’au-
loir faire de la foi un savoir, priver la spiritualité de
tre la solitude de la réflexion ou du recueille-
sa quête d’absolu et réduire une quête infinie à
ment ? Parce que l’un a la foi et l’autre pas ?
une impossible démonstration.
Cette réponse ne nous paraît vraiment pas perti-
Comment ne pas donner raison à ces jeunes qui,
nente et, à tout le moins, éminemment réductrice
une fois touchés par les progrès de la connais-
pour tous ceux qui vivent une spiritualité en de-
sance, rejettent d’un même geste ce que l’on
hors des cadres religieux traditionnels.
avait abusivement travesti en objets d’un savoir ?
Enfin, il ne serait pas juste de donner à penser
Comment ne pas leur donner raison de ne garder
que la spiritualité de demain ne se vivra que dans
de cette religion transmise avec l’assurance des
la sphère du privé, en dehors de toute référence
certitudes que quelques valeurs qui leur semble
communautaire. Ce serait passer sous silence les
répondre à la réalité de leur existence ?
succès de foule que rencontrent encore des lieux
Comment ne pas se sentir proches de leur lassi-
de rassemblement comme Taizé, les Journées
tude quand on prend connaissance de principes
de Taizé ou les Journées Mondiales de la Jeu-
éthiques énoncés par une hiérarchie institution-
nesse, pour ne citer que ceux-là. Un autre élé-
nelle si distante de leurs préoccupations quoti-
ment qu’il est aussi important de joindre à notre
diennes ? Comment ne pas les aider à rester
réflexion c’est le succès que rencontrent, auprès
sourds à des dictats moralisateurs de prédica-
des jeunes, des communautés chrétiennes dont
teurs aveuglés par une lecture littéraliste de leurs
les rassemblements cultuels sont animés par des
textes fondateurs ?
groupes de musiques plus modernes ou, dans
un autre registre, de gospel. Par ailleurs, les con-
Pourquoi choisir de croire ou ne pas croire en certs de « rock chrétien » rencontrent un succès
l’existence de Dieu ? Pourquoi choisir de conti- indéniable. S’y rend-on pour vivre une “commu-
nuer à adhérer à une religion qui nous a été nion” du même ordre que celle dont on peut être
transmise ou, au contraire, de s’en écarter  ? témoins dans les festivals et autres espaces de
Pourquoi choisir de s’inscrire dans un rituel concerts non religieux ? Il serait bien entendu
communautaire ou de poursuivre une interroga- déplorable d’en déduire qu’en installant une bat-
tion spirituelle en dehors de tout cadre institu- terie dans le chœur des églises on attirerait plus
tionnel ? Le parcours psycho-affectif de la per- de jeunes !… Mais il est important de souligner
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Avant-propos
que le besoin de vivre des moments forts en • provoquer le dialogue et la compréhension mu-
groupe est bien réel. tuelle ;
• permettre à toutes celles et ceux qui seront
confrontés à ces prises de paroles d’entrer en
Tout serait donc possible ? … Une foi sans rites
résonance ou contre-résonance avec elles ;
et sans communauté ? Une identité religieuse qui
• offrir une certaine légitimité aux questions que
défende une culture, des traditions et des valeurs
bon nombre d’entre eux se posent ;
tout en restant prudente sur l’assurance de la foi
• découvrir, peut-être, une nouvelle façon de
en Dieu ? Une spiritualité qui utiliserait d’autres
s’inscrire dans une identité religieuse ;
langages, d’autres symboles  ? Des temps de
• oser parler de soi, avec ses doutes autant
rassemblements plus rares où je me rends quand
qu’avec ses convictions.
je l’ai décidé ?...
• oser être soi sans crainte d’être en porte à faux
Nul ne connaît les contours des spiritualités de
par rapport à une prétendue vérité universelle-
demain. Une chose paraît certaine, la modernité
ment admise…
critique inaugure des voies nouvelles dans la
Notre but n’est bien évidemment pas de porter
construction des convictions. Dans quels cadres
un jugement ni de stigmatiser telle ou telle posi-
s’inscriront-elles ? Il est extrêmement difficile de
tion, pas plus que nous ne désirons apporter un
le dire. Mais il nous paraît urgent de se poser ces
quelconque message de « vérité ».
questions car… l’avenir des religions et des spiri-
tualités a peut-être déjà changé de mains… Certains des jeunes interrogés se disent, résolu-
ment catholiques, protestants, musulmans ou
juifs, d’autres de façon plus hésitante, d’autres
Nous sommes ici au cœur de la réflexion que ce
encore ne désirent pas s’identifier avec une iden-
DVD veut vous aider à construire. Comment les
tité particulière. Les uns fréquentent encore les
jeunes se positionnent-ils par rapport à un héri-
lieux de culte régulièrement, d’autres plus rare-
tage reçu ? Quels sont leurs questionnements ?
ment, d’autres pas, presque pas ou plus du tout.
Leur conviction critique est-elle compatible avec
Toutes et tous ont accepté de se prêter au jeu de
la tradition dans laquelle ils s’inscrivent ? Sont-ils
la caméra et ont osé apporter leur parole. Ils of-
en train d’initier un nouveau rapport au religieux ?
frent ainsi une image inévitablement plurielle du
Comment se positionnent-ils par rapport à la
rapport qu’ils entretiennent avec le religieux et la
représentation institutionnelle de leurs religions ?
spiritualité, parce qu’inscrite dans une démarche
Quels regards portent-ils sur les autres religions ?
d’une « conviction critique »
Qu’en est-il de ceux et celles qui ont choisi de ne
pas s’inscrire dans l’identité reçue en héritage ? Chaque prise de parole porte en elle sa légitimité.
Toutes ces questions et bien d’autres encore Par ce face à face avec la diversité des position-
sont ici posées. nements, par ce croisement de regards sur des
identités religieuses différentes, nous avons voulu
Ce documentaire que vous propose la fondation
contribuer au développement d’un dialogue qui
Eugène Bersier – Meromedia n’est donc pas un
prenne vraiment en compte la modernité critique
documentaire sur les religions mais bien sur le
de notre monde occidental qui ne peut que con-
rapport que les jeunes entretiennent avec la reli-
duire sur une diversité des positionnements phi-
gion dont ils ont hérité – le plus souvent – de
losophiques et théologiques comme des identi-
leurs parents. Nous avons rassemblé des témoi-
tés religieuses et culturelles.
gnages de jeunes chrétiens (catholiques et pro-
testants), juifs et musulmans, leurs réponses et
leurs interrogations. De courtes interventions
d’adultes  (théologiens, écrivain, anthropologue,
psychologue, sociologue, philosophe) viennent
compléter la réflexion, éveiller à la discussion.
19 séquences, de 5 à 10 minutes vous sont pro-
posées. Chacune d’entre elles constitue une uni-
té distincte qui peut être visionnée indépendam-
ment des autres. Notre objectif est multiple :
• inviter à la réflexion 
• bousculer des idées reçues et des a priori ;
Dieu, ado-naï, Allah et moi! page 5
Bon à savoir
Bon à savoir…
Les cadres d’utilisation Pas de positions extrémistes
L’objectif premier de ce documentaire est de Nous avons refusé de reprendre dans notre film
susciter la réflexion et d’ouvrir au dialogue. On des propos radicaux voire intégristes qui n’au-
privilégiera donc une utilisation pour une anima- raient rien apporté à la réflexion. Ouvrir au dialo-
tion de travail de groupe, dans les cadres sui- gue, à la compréhension mutuelle et au respect
vants : des différences. Se tenir à l’écart des replis iden-
titaires et de la stigmatisation facile de tel com-
la catéchèse ;
portement ou telle identité extrémiste, telles sont
l’aumônerie ;
les intentions de ce documentaire. La réalité dé-
les groupes et mouvements de jeunesse ;
peinte pourra paraître à certains trop édulcorée.
les cours sur le fait religieux ou les cours phi-
Dans les pistes de discussions auxquelles invi-
losophiques ;
tent plusieurs séquences, nous n’avons nulle-
une réflexion familiale, ...
ment nié les conséquences négatives des replis
Tranche d’âges : 15-18 ans… Mais aussi pour
identitaires. Mais nous avons pris le parti d’ap-
tous les adultes qui s’intéressent aux jeunes !…
porter le plus d’éléments positifs – et non naïfs –
C’est évidemment un plus si, autour de ce do-
pour alimenter une réflexion critique mais cons-
cumentaire sont réunies des personnes d’identi-
tructive.
tés religieuses ou philosophiques différentes.
Les identités représentées
De courtes séquences
L’identité des jeunes intervenants peut être re-
Le film est découpé en 19 courtes séquences de
connue par les couleurs utilisées pour les cadres
4 à 11 minutes. Le DVD est conçu de telle ma-
de fond sur lesquels s’affichent leur prénom.
nière qu’à la fin de chaque séquence, l’utilisateur
catholiques ;
soit renvoyé au menu de navigation. Nous dé-
juifs ;
conseillons fortement un visionnement ininterr-
rompu des 19 séquences du documentaire. Le musulmans ;
risque de plonger le spectateur dans la confusion protestants ;

et la lassitude serait important. sans identité religieuse. Cette dernière caté-

gorie fut créée pour les jeunes qui ont sou-
Susciter des questions haité ne pas être identifiés à l’une des identi-
tés précédentes.
Aucune séquence n’a l’intention de délivrer un
message particulier. Toutes ont été réalisées afin Des identités
de susciter un questionnement et ouvrir à la dis-
en nombre limité
cussion et au dialogue. D’ailleurs, chaque sé-
quence est ponctuée par un bouquet de quel-
Nous nous sommes limités à quatre identités
ques questions qui s’affichent à l’écran.
religieuses et en particulier à deux identités chré-
tiennes, catholique et protestante pour la simple
Pas une enquête
raison que nous avons imposé des limites à notre
tournage. Nous aurions pu interroger de jeunes
L’objectif poursuivi n’est nullement d’établir une
orthodoxes, des anglicans et à l’intérieur des
enquête sociologique. Nous pensons juste avoir
identités générales, créer des sous-catégories et
réuni un éventail assez large de positionnements
distinguer, par exemple, les protestants dits “ré-
pour que bon nombre de jeunes puissent se re-
formés” des protestants dit “évangéliques”. Nous
connaître ou se situer face aux témoignages re-
avons estimé que la multiplication des identités
cueillis. Aucun résultat statistique ne doit être
n’aurait pas été en rapport avec la pertinence
déduit de ce documentaire.
apportée à l’objectif premier de ce documentaire.
Dieu, ado-naï, Allah et moi! page 6
Bon à savoir
Comme nous l’avons exprimé ci-dessus, nous terpeller aussi des jeunes qui ont reçu une édu-
avons désiré offrir la possibilité à bon nombre de cation non-religieuse. Les séquences 16 Difficile
jeunes de se positionner face à des témoignages parfois de se comprendre, 17 Croyants et in-
suffisamment variés pour être représentatifs. croyants partagent-ils mes mêmes valeurs ? et
Nous avons pensé – peut-être à tort – que ce 18 La spiritualité est-elle propre à la religion ?
n’était pas en multipliant les identités que nous ouvrent le dialogue et la réflexion à des jeunes
aurions multiplié d’autant les positionnements. athées.
Pas un dialogue Les choix musicaux
théisme-athéisme
Chaque séquence se déroule sur un fond musi-
cal. Les morceaux ont été choisis dans les réper-
Enfin, nous nous sommes limités à interroger des
toires de Coldplay, Depeche Mode, Hooverpho-
jeunes qui avaient reçu certains éléments d’édu-
nic, McFly, Muse, Röyksopp, U2, pour ne re-
cation religieuse dans leur milieu familial. Nous
prendre que les principaux.
n’avons pas voulu inscrire cette réflexion dans un
L’objectif poursuivi est de capter l’attention dès le
dialogue d’opposition entre religion et athéisme.
générique de départ et de donner au documen-
Nous nous sommes délibérément limités au ca-
taire une tonalité d’ambiance non religieuse afin
dre suffisamment vaste de l’évolution du posi-
de montrer que la réflexion proposée s’inscrit
tionnement des jeunes à l’égard du religieux
dans la culture, en ce compris celle des espaces
qu’ils ont reçu en héritage.
de concerts.
Nous estimons cependant que les questions po-
sées par ce documentaire sont susceptibles d’in-
Dieu, ado-naï, Allah et moi! page 7
Pistes d’utilisation
Pistes d'utilisation
L’outil pour l’aider au maximum à enrichir les opinions
exprimées, rechercher la complémentarité des
Dieu, Ado-naï, Allah et moi a été spécialement points de vue, clarifier le sens des mots utilisés et
conçu pour une utilisation pédagogique. 02 h.15 des idées avancées, fonder les représentations
d’un matériau directement exploitable dans un utilisées et favoriser la rencontre et la compré-
cadre d’apprentissage à la réflexion critique, à la hension entre les diverses identités religieuses ou
confrontation des points de vue, au dialogue et à philosophiques.
la rencontre. Nous avons privilégié la forme de Il incombe donc à l'animateur de jouer pleine-
courtes séquences de 5 à 10 minutes. Chaque ment son rôle et de s’engager à aider le groupe à
séquence peut être visionnée indépendamment avancer dans une recherche de sens qui soit de
l’une de l’autre. Chacune se termine par un bou- plus en plus productive, entre construction et
quet de questions, offertes comme de premières auto-correction.
pistes de discussion. Ce livret propose en outre
des pistes complémentaires de discussion qui Communautés de recherche
ouvrent encore le champ du questionnement et
à visée philosophique
de la réflexion.
On l’aura bien compris, être animateur n’est pas
Le rôle de l’animateur
être seulement modérateur. Comment ne pas
faire référence ici à une méthode d’animation qui
Dieu, Ado-naï, Allah et moi n’a pas été conçu
se combine parfaitement avec l’utilisation de ce
pour apporter des réponses mais pour encoura-
DVD ? Cette méthode d’animation repose sur un
ger la construction d’une réflexion sur l’appro-
concept initié par Matthew Lipman, dans les an-
priation du religieux. L’animateur n’est pas là non
nées ’70, plus généralement connu sous le vo-
plus pour apporter la « bonne » interprétation ou
cable de « philosophie pour enfants ».
la réponse mais pour aider tous les membres du
Professeur de philosophie dans le New Jersey,
groupe à avancer dans la construction de leur
Matthew Lipman a pris conscience des enjeux
réflexion critique, à la mesure de ce que chacun
liés à l’importance de développer chez l’enfant,
aura décidé de mettre en commun pour y arriver.
dès le plus jeune âge, les capacités de jugement,
Il aura le souci de ne pas imposer au groupe ses
d’analyse critique et de formulation de son ques-
propres choix ou opinions et de ne jamais clore
tionnement. Il s’agissait de renouer avec d’anti-
un temps de discussion par ses conclusions per-
ques pratiques qui, pour des raisons encore à
sonnelles. C’est important que son rôle se limite
découvrir, avaient déserté le monde de l’éduca-
à engager le groupe dans un processus de co-
tion. Organiser une communauté de recherche à
construction de sa propre réflexion.
visée philosophique n’a rien à voir avec l’appren-
L’animateur tiendra donc une part active dans
tissage de l’histoire de la pensée philosophique.
tout le processus d’animation de la discussion
C’est encourager les jeunes, dès le plus jeune
afin de favoriser au maximum la libre participation
âge, à penser philosophiquement, c’est-à-dire de
de tous les membres du groupe. Mais il restera
façon rigoureuse, avec le plus possible d’objecti-
délibérément dans une posture de non-directivité
vité. C’est donc les aider à affiner leur capacité
quant aux contenus. Ceci, afin de se prémunir de
de de discernement critique et les éduquer à
toute tentation d’offrir au groupe des réponses
respecter l’argumentation avancée par leurs
qui ne résultent pas de sa propre argumentation
pairs.
et plus encore de toute tentation d’endoctrine-
Matthew Lipman a lancé la méthode en écrivant
ment…
un premier roman (La découverte de Harry) qui
Ceci ne signifie pas que l’animateur doive se limi-
raconte l'histoire d'un groupe d'enfants partis à
ter à distribuer simplement la parole. Il serait
la découverte des principes de l'art de bien pen-
dommage de ne prolonger ce documentaire que
ser. Destinée à des enfants âgés entre dix et
sur une mise en commun d’opinions non argu-
douze ans, l’histoire met en scène des person-
mentées. L’animateur accompagnera le groupe
Dieu, ado-naï, Allah et moi! page 8
Pistes d’utilisation
nages (enfants et adultes) en train de créer une thode verront dans ce DVD un outil directement
communauté de recherche au sein de laquelle exploitable.
chacun prend part activement à la discussion et Nous allons donner ici quelques suggestions qui
à la découverte des façons les plus efficaces de permettront à ces derniers d’adapter leur mé-
penser. Les bases de la méthode sont posées : thode pour l’utilisation de ce support. À toutes
créer des conditions qui permettent aux enfants celles et ceux qui n’ont pas cette pratique, nous
de penser par et pour eux-mêmes avec rigueur, entendons leur apporter ici quelques lignes direc-
cohérence et originalité. trices afin qu’ils puissent utiliser ce DVD en met-
Depuis lors, de nombreux autres contes et ro- tant en œuvre une méthodologie qui soit inspirée
mans philosophiques ont été créés, ainsi que par l’animation des communautés de recherche
des guides pédagogiques à l’usage des ensei- ou discussions à visée philosophique..
gnants et des parents, tous adaptés à des tran- Précisons cependant que nous ne prétendons
ches d’âges correspondant aux différents ni- nullement ici offrir une formation en raccourci à
veaux de la scolarité. Cette méthode fut maintes l’animation de communautés de recherche ou de
fois saluée. discussions à visée philosophique. « Diriger une
« Au-delà de toute participation d'ordre médiatique à discussion philosophique est un art qui exige de
une nouvelle vogue, l'intérêt de la philosophie pour savoir quand intervenir ou ne pas intervenir dans
les enfants rentre dans les préoccupations fonda- la discussion. Cela exige des habiletés pour faire
mentales de l'UNESCO. En vue de la promotion
surgir les points de vue et les opinions des en-
d'une Culture de la Paix, de la lutte contre la violence,
fants et pour les aider à découvrir les implications
d'une éducation visant l'éradication de la pauvreté et
le développement durable, le fait que les enfants logiques de leurs points de vue. La personne qui
acquièrent très jeunes l'esprit critique, l'autonomie à pratique la philosophie avec les enfants doit être
la réflexion et le jugement par eux-mêmes, les assure une sorte d'arbitre et de guide, les poussant à
contre la manipulation de tous ordres et les prépare à
prendre des risques, les aidant à découvrir le
prendre en main leur propre destin.
sous-entendu, les appuyant dans leur recherche
Yersu Kim, Directeur, Division de la Philosophie
de solutions plus compréhensives, plus péné-
et de l'Ethique, UNESCO, 1999
trantes. Elle a pour mandat d'encourager et d'ai-
La pratique de la philosophie pour enfants s’est
der les enfants à penser par et pour eux-mêmes.
largement répandue dans de nombreux pays. On
Elle ne peut le faire à leur place, mais son rôle
ne compte plus les initiatives prises dans ce sens
dans l'atteinte du but poursuivi est extrêmement
qui ont contribué à affiner la méthode et déve-
important et suppose l'acquisition progressive
lopper les outils pour l’appréhender. 2 Cette pra-
d'un art qui ne peut s'acquérir autrement,
tique, simple dans ses fondements, exige ce-
comme tous les arts, que par la pratique répétée
pendant des animateurs qu’ils se forment afin
des actes qui le définissent. »3
d’en acquérir la maîtrise.
Nous nous contenterons juste de nous inspirer
de cette méthode pour suggérer ce qui ne sont
La méthode
que quelques pistes méthodologiques.
Les communautés de recherche ou discussions
Principes fondateurs
à visée philosophique prennent donc souvent
leur point de départ dans un passage d’un ro-
Il est important de donner quelques principes
man ou d’un conte créé à cet effet. Mais ce n’est
fondateurs avant de se lancer dans la discussion.
pas une exclusive. Les séquences de Dieu, Ado-
naï, Allah et moi, sans être construites sur le mo- Parmi ceux-ci, nous pouvons suggérer un enga-
dèle de contes et romans philosophiques, peu- gement en sept points.
vent être utilisées comme points de départ de Je m’engage à…
communautés de recherche ou de discussions à 1. ne prendre la parole que quand l’animateur
visée philosophique. Les pédagogues et les pa- me l’a donnée.
rents qui sont déjà des familiers de cette mé-
2 Nombreux articles, liens et ressources sur : http://pratiquesphilo.free.fr ; www.philotozzi.com ; www.fp.ulaval.ca/philoenfant/ (ce dernier
site est une initiative de Michel Sasseville, intervenant dans notre documentaire. Il est responsable des programmes de formation en philo-
sophie pour les enfants à la Faculté de philosophie de l’Université Laval, Québec.
3 La pratique de la philosophie avec les enfants, Michel SASSEVILLE (dir.), Les Presses Universitaires de Laval, 20002, p. 6.
Dieu, ado-naï, Allah et moi! page 9
Pistes d’utilisation
2. écouter l’autre avec attention sans lui couper Puis choisir, avec l’accord du groupe, celui
la parole. qui a remporté le plus de suffrages.
3. m’abstenir de tout jugement spontané que je Avant de passer au visionnement de la sé-
ne suis pas prêt à argumenter. quence, il est possible d’introduire à ce stade un
4. respecter les autres intervenants et prendre premier temps de discussion sur :
en compte leurs idées sans a priori. le pouvoir évocateur du mot choisi ;
la motivation du choix ;
5. intégrer les autres interventions dans la cons-
une recherche de sens liée au mot choisi.
truction de notre réflexion.
6. laisser mes idées être interrogées par celles
Visionnement de la séquence
des autres.
7. aider le groupe à avancer dans la construc-
Le DVD est conçu de telle façon qu’en fin de
tion d’une argumentation sans la réduire à ma
séquence, l’utilisateur est renvoyé automatique-
seule expérience.
ment au menu de navigation. Inutile donc de se
Ces principes fondateurs pourront être rappelés stresser pour éviter le début de la séquence sui-
au début de chaque temps de discussion, voire vante !…
être affichés dans le local (vous pouvez utiliser le
Les séquences étant assez courtes, il est peut-
document de la page 57).
être préférable de laisser découvrir la séquence
sans trop donner de consignes préalables.
Dispositions élémentaires
Tout au plus rendre à attentif aux prénoms qui
s’affichent à l’écran au début de chaque inter-
Avant de se lancer dans un temps de discussion,
vention afin d’en faciliter ensuite l’identification.
il est idéal de prendre les dispositions élémentai-
res nécessaires pour que les membres du
Point de départ
groupe puissent se faire face afin d’entrer plus
aisément en dialogue les uns avec les autres. de la discussion
Choix d’une séquence Première piste
Poser les questions suivantes : De quelle(s)
Chaque séquence traite d’une thématique parti-
prise(s) de parole te sens-tu le plus proche ?
culière. Voir la liste des séquences et leur timing
Pourquoi ? ou a contrario : Dans quelle prise
sur la face intérieure du boîtier du DVD ou page
de parole te reconnais-tu le moins ? Pour-
23. On peut aussi avoir une idée plus précise de
quoi ?
la thématique de chaque séquence en parcou-
Laisser éventuellement la possibilité au
rant le relevé des Pistes de discussions en pages
groupe de revoir la séquence.
13 à 22.
Laisser éventuellement à chacun le temps de
Plusieurs possibilités
mettre par écrit ses réponses aux deux ques-
L’animateur choisit la séquence, parce qu’elle tions avant d’ouvrir la discussion.
est susceptible de répondre à une probléma-
Deuxième piste
tique traitée par ailleurs, ou à une question
posée par le groupe  ; Laisser le groupe choisir une des questions
qui s’affichent à l’écran en fin de séquence
Le choix de la séquence est laissé au groupe
afin de la prendre comme point de départ à la
Par la sélection d’un titre ;
discussion.
par le choix de mots-clés (croire, héritage,
Ces premières pistes de discussion sont reprises
foi, doute, identité, réponses, actes, quoti-
dans les pages 13 à 22 pour chaque séquence.
dien, lieu de culte, institution, esprit criti-
Troisième piste
que, vérité, dialogue, valeurs, spiritualité)
Donner la parole au groupe pour une collecte
qui orientent vers le choix d’une séquence.
de questions suscitées par le visionnement de
Pour cette seconde alternative, on peut
la séquence. On peut laisser le champ du
écrire les mots et inviter chaque partici-
questionnement ouvert : Quelle(s) question(s)
pant, à tour de rôle, à en sélectionner un.
désirez-vous mettre au centre de notre dis-
Dieu, ado-naï, Allah et moi! page 10